Le catéchuménat, une aventure spirituelle

En 2020, près de 4500 adultes seront baptisés durant le temps pascal, et non dans la nuit de Pâques comme traditionnellement. Et plus de 5000 adultes recevront le sacrement de Confirmation dans l’année. Ils proviennent des quatre coins de la France et sont d’origines diverses. Tous se sont mis en chemin pour découvrir ou redécouvrir la foi chrétienne.

Une mise en chemin

Au point de départ, il y a une initiative gratuite de Dieu. C’est Dieu qui pousse à se mettre en chemin. Un appel est entendu de manière ténue ou plus explicite, soudaine ou au contraire plus soutenue dans le temps. La rencontre avec Jésus passe le plus souvent par une rencontre personnelle de chrétiens. Nul besoin d’aller chercher très loin : il s’agit, dans nombre de cas, de membres de la famille : un conjoint, des grands-parents, une belle-sœur, un enfant qui témoignent de leur foi au Christ. L’amour, l’attention à l’autre, la joie font signe. L’église locale est également pour certains un lieu familier où l’on peut s’asseoir pour reprendre souffle, confier ses difficultés, faire brûler un cierge.

Frapper à la porte du presbytère ou se présenter à l’accueil de la paroisse représente une nouvelle étape qui nécessite courage. Cette démarche marque une première décision, celle d’entrer dans un parcours de préparation aux sacrements.

Le chemin du catéchuménat

Le chemin du catéchuménat est balisé par des étapes, marquées par des rites spécifiques qui introduisent progressivement à l’apprentissage de la vie chrétienne (cf. le parcours des catéchumènes p. 20 ).

Le chemin ne se fait pas seul, mais avec d’autres personnes qui découvrent elles aussi la foi chrétienne. Un groupe est généralement constitué pour permettre une catéchèse d’adultes. Baptisés ou futurs baptisés, tous sont en chemin pour approfondir ensemble leur relation à Jésus Christ. Des membres de la communauté chrétienne les accompagnent sur ce chemin de manière diverse : par la prière, par de simples salutations à la sortie de la messe, par des témoignages de leur foi ou dialogues… (cf. les acteurs du catéchuménat p.22  ). Le Pape François parle d’un « cheminement communautaire d’écoute et de réponse » à l’appel reçu de Dieu (La Joie de l’Evangile n. 166).

Ce chemin intègre « toutes les dimensions de la personne », dit encore le Pape François (ibid.). Il ne s’agit pas seulement d’acquérir des connaissances sur la foi chrétienne mais de faire de toute sa vie une vie habitée par la rencontre avec le Christ. On parle de « conversion ». Il s’agit de se tourner vers le Christ et d’examiner sa vie sous son regard : comment la rendre plus conforme à ses enseignements, à la vie qu’il a lui-même vécue ? Ce changement, dont témoignent souvent les nouveaux baptisés se réalise progressivement et dans la liberté. Chacun a une vocation propre.

Le baptême dans la nuit de Pâques, différé cette année pour cause d’épidémie

La nuit pascale constitue le sommet pour l’initiation chrétienne des catéchumènes. La célébration de la nuit du Samedi Saint au dimanche de Pâques est « une veille en l’honneur du Seigneur » durant laquelle les chrétiens célèbrent Pâques, passage des ténèbres à la lumière, victoire du Christ sur la mort.

Habituellement, c’est au cœur de la vigile que les baptêmes des adultes sont célébrés. Les catéchumènes sont plongés dans l’eau[1], signe du passage de la mort à la vie, du péché à la vie nouvelle en Christ. Ils sont baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Au sortir de l’eau, les nouveaux baptisés sont revêtus du vêtement blanc et reçoivent un cierge allumé, symbole du Christ qui est lumière.

La joie de Pâques, c’est la joie de la Résurrection de Jésus qui est célébrée dans cette fête. C’est aussi la joie d’accueillir de nouveaux chrétiens. Baptisés, ils naissent à une vie nouvelle dans le Christ et sont promis à la vie éternelle. Cette joie est communicative. Elle est celle des nouveaux baptisés, celle de leurs familles et de ceux qui les entourent, celle de l’ensemble de la communauté chrétienne réunie pour la Vigile pascale. La célébration de baptêmes d’adultes à Pâques est une invitation à l’espérance pour tous.

Le confinement lié à l’épidémie du Covid-19 a constitué cette année une épreuve pour les catéchumènes. En effet, ils vivent généralement de manière très intense le temps qui précède leur baptême et l’isolement physique des communautés paroissiales a pu les laisser  démunis. Pendant le carême, des rites spécifiques sont prévus (scrutins, onctions…) pour les aider à tenir fermes dans la foi au moment où le combat spirituel s’intensifie à l’approche de la réception des sacrements. Les services nationaux (Catéchèse et Catéchuménat ainsi que Liturgie) ainsi que les services diocésains ont adapté des propositions au fur et à mesure des étapes du confinement, dont de nombreuses propositions numériques.
Leur baptême aura bien lieu cette année, dès que possible.

[1] Pour des raisons pratiques, le plus souvent le célébrant verse de l’eau sur la tête du baptisé.

Un chemin qui dure toute une vie

Après le baptême, le chemin se poursuit. La route prend de nouvelles couleurs, dévoile de nouveaux paysages. De nouveaux compagnons de route apparaissent. Il s’agit de vivre au quotidien cette nouvelle existence de baptisé. L’intégration dans la paroisse se fait progressivement, le néophyte (nouveau baptisé) porte un regard neuf sur les célébrations liturgiques auxquelles il participe d’une manière plus plénière. Comme tout chrétien, le nouveau baptisé est aussi en conversion continuelle : comment mieux vivre sa foi dans sa vie familiale, professionnelle, associative ? Quels choix de vie faire ? Quels engagements prendre ? Les nouveaux baptisés sont heureux de témoigner de leur parcours avec le Christ, d’accompagner et d’aider à leur tour ceux qui viennent de se mettre en route sur le chemin. Ces nouveaux baptisés apportent un souffle neuf dans les communautés dans lesquelles ils sont engagés.

Témoignages de catéchumènes

Sofia, originaire du Pérou, appelée au baptême en 2020

J’écris ce témoignage pour vous faire part de mon ressenti suite au confinement et l’arrêt brutal du chemin du baptême. Et oui! J’utilise le mot brutal; lors de l’annonce du confinement la peur m’a envahie comme si j’étais un enfant, je me suis demandé quelle était la suite. Les scrutins devaient commencer le dimanche qui suivait, je devais être reçu parmi votre communauté dans quelques semaines à peine, et après une annonce faite à 20h.… plus rien ! Uniquement de l’incertitude, j’avais la crainte que ma foi s’affaiblisse, j’allais me retrouver seule avec mes questions, j’avais peur de ne pas être assez solide pour continuer mon chemin seule, je me suis tout naturellement tournée vers mon accompagnatrice qui m’a rassurée. Le père Marc et les responsables du catéchuménat ont été présents tout au long de ces doutes, de cette peur, aujourd’hui je ressens plus fortement l’appel du Seigneur, ça me rappelle le texte selon Saint Jean 3,6 « Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit », ainsi je suis chair, mais le souffle de l’Esprit a apaisé mon esprit, je suis impatiente de recevoir le sacrement pour lequel je me prépare.

A ce jour j’ai réfléchi aux paroles du père Marc lors de la retraite du mois de décembre : quelle est ma mission ? je suis consciente que le Seigneur est avec moi, il a fait disparaître mes craintes et accompagne ma réflexion quotidienne. Mon baptême étant reporté je profite de ce temps pour approfondir ma préparation pour l’accueillir. Je lis dans l’ Évangile selon Saint Matthieu chapitre 4, 16-19 « Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. A partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous car le royaume des Cieux est tout proche. » Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » ». Je me suis demandée comment je peux être l’outil du Seigneur pour partager sa parole, et à nouveau notre Père m’offre un début de réponse, il me donne l’opportunité de faire ce témoignage.

Donc pour revenir sur le fait que mon baptême soit reporté, en réalité je le vis plutôt bien, j’apprends chaque jour un peu plus sur ma foi et ma relation avec notre Seigneur. A chaque passage de la Bible que je lis je suis témoin de l’Amour qu’il a pour nous ; je fais face au Covid-19 en toute sérénité et confiance, le Seigneur est avec moi et avec nous tous.

Hervé, accompagnateur d’une catéchumène appelée au baptême en 2020

Accompagner en période de Covid-19, c’est une gageure puisque l’on ne peut se rencontrer, physiquement en tous cas, alors que la rencontre est un moment important de l’accompagnement (en tous cas pour moi), pour sentir, entendre, voir le catéchumène dans son humanité.

Je vis cela comme un jeûne dans mon chemin vers Pâques. Mais c’est une opportunité concrète de me tourner vers le Seigneur.

C’est arrivé après le moment fort de l’appel décisif ! Et Stéphanie me témoigne de sa tristesse (son blues comme elle dit) de ne pas vivre les scrutins et …pour le moment de réaliser que son baptême est reporté à une date indéterminée !  Elle en tire pourtant une certaine motivation « montrer à Jésus que je m’accroche ». Sic.

Mon souci : garder le lien, maintenir le désir, la confiance et l’écoute de son cœur où Dieu lui parle, rebondir sur le jeûne qui lui est donné de vivre.

Trois moyens sont à mon service :

Le téléphone, pour entendre sa voix les intonations, les soucis…et les joies. Le thermomètre de sa vie (confinée), en quelque sorte.

WhatsApp pour des petits verbatim, voire l’envoi d’un dessin humoristique sur la résurrection de Lazare en ce temps de confinement ! Partager aussi une info du diocèse ou du secteur.

Le mail pour des documents… des infos comme utiliser des sites internet pour se nourrir : SNCC, Notre-Dame du web pour elle ou Théobule pour son jeune garçon.

La prière et le dialogue avec le Christ pour lui confier Stéphanie, lui faire entendre combien elle est précieuse pour Lui et me soutenir dans ma marche à ses côtés.

Voilà, je dois reconnaître que c’est un jeûne mais aussi une belle motivation pour vivre les jours de confinement.

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