Christophe, diacre au service des jeunes

Christophe Astambide, diacre permanent pour le diocèse de Créteil

Ordonné diacre permanent pour le diocèse de Créteil le 28 mai 2017, Christophe Astambide vit sa mission au service de l’aumônerie des jeunes du Belvédère. Portrait. Par Florence de Maistre.

“J’aime dire que je suis un enfant du diocèse !”, lance Christophe Astambide, 49 ans, diacre permanent pour le diocèse de Créteil. Né en Martinique, Christophe arrive dans le Val-de-Marne vers l’âge de 5 ans. Il grandit à Alfortville et ne quitte plus le département. Il y a tout juste 20 ans, il épouse Aurore. Bien qu’ils déménagent souvent, ils restent toujours dans le sud du diocèse. Ils ont rejoint Limeil-Brévannes quelques mois avant le Covid avec leurs trois filles, Cécile, Madie et Sara, âgées aujourd’hui de 11 à 19 ans. Responsable d’une équipe technique “avec ses joies et ses galères”, prestataire dans le domaine de la maintenance, Christophe intervient actuellement au sein d’un hôpital pour le chauffage et la climatisation. “J’ai déjà reçu des propositions pour travailler sur des contrats dans toute la région parisienne même en province, mais je suis très attaché au Val-de-Marne. D’autant que je souhaite rester tout proche de ma maman, qui est en ehpad à Alfortville à la suite d’une embolie pulmonaire”, indique le diacre. Aurore vient du quartier populaire de Montfermeil dans le 93. Elle travaille d’abord au sein d’un cabinet d’avocats d’affaires, puis l’opulence financière de ce secteur professionnel l’embarrasse : elle devient assistante de la délégation du Secours catholique du Val-de-Marne. “C’est un choix qui la rend heureuse, qui correspond à ses engagements et ses opinions de militante”, précise son époux. Tous deux ont été formés à l’école de la Mission ouvrière.

Christophe découvre la JOC, Jeunesse ouvrière chrétienne, avant de faire sa confirmation. Il devient membre d’équipe, puis il prend différentes responsabilités au niveau du département et de la région. Après son mariage, il poursuit comme accompagnateur de la JOC, “comme les aînés, qui m’ont montré le chemin”, souligne-t-il. À la suite de son ordination diaconale, la Mission ouvrière l’interpelle et le confirme dans ce service sur une partie du Val-de-Marne. Mais le mouvement s’essouffle et il n’y a plus d’équipe de la JOC dans le diocèse. À son arrivée à Limeil-Brévannes, le diacre rencontre le curé de sa paroisse et exprime son désir d’un engagement local vis-à-vis des jeunes. “Il m’a répondu : c’est le Seigneur qui t’envoie ! On dit toujours cela dans l’Église !”, s’amuse Christophe. Justement, le prêtre qui s’occupait de l’aumônerie des jeunes vient d’être appelé ailleurs. Le diacre, membre de la pastorale des jeunes, prend alors la responsabilité de l’aumônerie du Belvédère. Un service qui rejoint une centaine d’adolescents de la sixième à la terminale, sans compter le groupe d’étudiants et de jeunes professionnels.

Célébrer avec les jeunes et les familles

“Je réfléchis avec les animateurs des groupes aux temps forts de l’année à vivre avec les jeunes. Je fais le relai avec le doyenné en fonction de leurs besoins. Les prêtres sont difficilement disponibles : j’accompagne parfois moi-même un groupe pour une retraite ou pour donner un enseignement. Mais nos jeunes souhaitent la présence d’un prêtre. Je le comprends, j’ai eu la chance de grandir à la JOC dans une relation fraternelle avec les prêtres. Cela manque aux jeunes, tout comme j’aimerais moi-même plus de conseils pour les accompagner”, partage le diacre. Christophe est également appelé par ses amis et sa famille pour célébrer les baptêmes et les funérailles. Les premières pour lesquelles il officie sont celles de sa grand-mère, en Martinique. Au départ il ne le souhaitait pas, mais il a accepté par esprit de service. “C’était un moment fort. J’ai été heureux de lui rendre cet hommage, heureux d’être tout proche d’elle juste après le Covid”, relève-t-il. Dernièrement, le diacre a été sollicité par un ami, ancien Jociste, qui a perdu son frère. La rédaction du commentaire après l’Évangile a été étonnamment fluide et Christophe a pu être pleinement attentif aux membres de l’assemblée, sensible à la façon dont chacun vit ces jours douloureux.

Comme tout diacre, il accompagne également des couples de la paroisse, les prépare au sacrement du mariage, avant de célébrer le grand jour. Le diacre avoue : “cela me bouscule dans ma propre vie de couple. Avec ma femme, il nous est toujours difficile de prier ensemble”. Christophe aime faire intervenir Aurore lors de ces rencontres. Elle rappelle aux fiancés l’importance de déléguer tous les soucis matériels afin de pouvoir vivre pleinement la célébration de leur union. Le diacre admire son épouse lorsqu’elle partage un mot sur l’Évangile en ouvrant une fenêtre qu’il n’avait pas d’emblée perçue. D’ailleurs pour les futurs mariés, les baptêmes ou les funérailles, Aurore donne toujours des coups de main, entre relecture et mise au propre des textes. “Nous travaillons bien ensemble. Peut-être le diocèse nous proposera-t-il un jour une mission commune ?”, souffle-t-il.

Au service de tout le peuple de Dieu

Comment articuler vie professionnelle, vie de famille et mission diaconale ? La priorité de Christophe reste ses enfants et sa mère. “Ce sont eux qui ont le plus besoin de moi. J’ai encore moins de 50 ans et du temps pour continuer ma formation de diacre, assure-t-il, souhaitant être un témoin auprès de ses proches, sans contraindre leurs rapports à l’Église. Il reste étonné par son aînée qui a souhaité devenir servante de la liturgie juste avant son ordination. Quelque peu ébahi aussi par la posture de ses filles, leur tolérance avec leurs amis musulmans, tout en étant des chrétiennes assumées. “Nous les éduquons à l’engagement, à s’y tenir sérieusement”, révèle le père de famille. Pour lui, être diacre, c’est être au service du monde, de tout le peuple de Dieu au-delà des chrétiens et des paroissiens. C’est ainsi qu’il a accueilli l’an dernier chez lui un ami d’origine musulmane qui, en phase de séparation, a quitté son foyer. “Il nous a accompagnés à la messe pendant six mois. Je n’en ai pas fait un chrétien, mais il était très heureux de découvrir notre paroisse dynamique et nous a demandé une Bible. De même, je ne parle pas de ma foi au travail, mais j’ai toujours le souci du service de l’autre”, poursuit Christophe.

Bien entendu pour le diacre brévannais, le but du diaconat n’est pas de suppléer les prêtres. Il est, dans sa mission, néanmoins confronté à ce besoin, à ce désir de prêtres, et fait face à leur absence. “C’est un défi ! Une question dont il faut nous saisir collectivement. Dans le service des sacrements, en dehors de l’eucharistie, les diacres peuvent prendre leur part. Mais c’est toute l’Église, y compris les laïcs, qui doit changer de regard sur les prêtres et accepter cet état de fait de la diminution de leur nombre”, pointe Christophe. Il relance : “nous sommes aussi appelés à former de vrais binômes pour vivre véritablement la fraternité entre les deux ministères de prêtre et de diacre, de façon à huiler les relations et éviter de s’appeler uniquement pour un besoin ou une urgence, mais aussi simplement pour prendre des nouvelles les uns des autres”.

Le diaconat répond à ce désir d’aimer les autres, de les accompagner sur ce chemin d’amour

Par amour des autres

À la suite de l’accident de sa mère, Christophe n’a pas repris son loisir principal : la pratique du théâtre amateur. C’était pourtant un bon espace de détente et de lâcher-prise. Pour se ressourcer, il compte surtout sur les vacances et sur sa bande d’amis fidèles. Les Antilles restent le lieu de son ressourcement. “C’est là que je recharge mes batteries. J’essaie de m’y rendre tous les trois ou quatre ans”, confie-t-il, en précisant qu’il devrait davantage écouter son épouse et reprendre le théâtre ou une activité sportive ! La Parole qu’il a choisi pour son ordination est tirée de l’Évangile de Saint Jean : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime”. Le diacre développe : “C’est pour moi, la source de tout engagement. Quand arrivent les difficultés, cette Parole me rappelle les raisons de mon action. Même si je m’accroche avec mon frère, même si nous sommes en désaccord : je l’aime de cet amour vient de Dieu et que je souhaite donner à tous. Pour moi, le diaconat répond à ce désir d’aimer les autres, de les accompagner sur ce chemin d’amour”.

Heureux dans sa mission, Christophe évoque les moments beaux et forts, tels que l’accompagnement des jeunes au Frat’ [rassemblement annuel des jeunes chrétiens d’Île-de-France]. Il ne nie pas non plus les difficultés de tous ordres ou les états d’épuisement dans lesquels il se retrouve après avoir donné tant d’énergie pour que les rencontres se passent bien. Les visages des jeunes, leurs joies, le confortent dans sa mission. Il aime encore encourager tous ceux qu’il rencontre, leur faire prendre conscience de ce qu’ils font de bien et les faire grandir. Le diacre ponctue : “quand les enfants adoptent un bon comportement, c’est important pour moi de dire aux parents : vous faites un travail génial, continuez ! Nous avons une parole spécifique à dire aux jeunes et aux aînés quant à ce que chacun peut apporter. Cet engagement en Église, que c’est beau” !

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