Vincent, diacre au service de ceux qui (re)découvrent la foi
Ordonné diacre permanent pour le diocèse de Tours le 2 juillet 2023, Vincent Darmendrail vit sa mission au service du doyenné de Chinon et de deux paroisses, en particulier auprès des catéchumènes et des recommençants. Portrait. Par Florence de Maistre.
“Je suis, actuellement, le plus jeune diacre du diocèse de Tours. D’ordinaire les hommes appelés au diaconat sont un peu plus âgés”, annonce Vincent Darmendrail, 49 ans, diacre permanent du diocèse de Tours. Originaire du Sud-Ouest, Vincent vient du monde de l’hôtellerie et a peu à peu évolué vers l’informatique de gestion et le développement au sein de grands groupes hôteliers et a naturellement choisi cette voie professionnelle, avant de migrer vers le développement de l’informatique de gestion pour de grands groupes hôteliers. En l’an 2000, il épouse Cécile. Mais les enfants tardent à venir agrandir leur foyer. “Notre fils Simon est né en 2009. Nous avons vécu cette longue attente d’un enfant comme une petite croix, et traversé les montagnes russes des émotions. Nous avons reçu un coup de main du Ciel et nous remercions grandement la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus pour son intercession ! Trois ans après la naissance de Simon, Mathilde est arrivée juste avant Noël”, rapporte l’heureux père de famille.
Lorsque le curé de sa paroisse de Château-La-Vallière dans la campagne tourangelle l’appelle au diaconat, il y a sept ans, Vincent est surpris et un peu perturbé. En vérité, le sujet le travaille depuis l’adolescence sans qu’il n’en ait jamais parlé à personne, pas même à son épouse. “Je me suis posé la question une première fois au cours de la préparation au sacrement de la confirmation. J’avais discerné que l’appel à la prêtrise n’était pas le mien, mais le diaconat peut-être”, avance le diacre. Sans esquiver la question, il règle à l’époque facilement le problème : tant que l’Église ne l’appelle pas, il est bien tranquille ! “J’appréhendais un peu la réaction de Cécile mais finalement c’est elle qui a dit oui la première dans son cœur. Tout au long du parcours, elle n’a jamais douté, alors que toute la famille, elle et les enfants, est de l’aventure. Elle m’a apaisé naturellement”, confie Vincent. La formation au diaconat bénéficie autant à Vincent qu’à Cécile qui trouve dans le parcours proposé la force d’accomplir un travail personnel d’introspection pour mieux envisager l’avenir.
Confiant en l’Esprit saint
Le 2 juillet 2023, Vincent est ordonné avec trois autres hommes du diocèse de Tours. Le fait d’être ainsi au milieu des autres, bien entouré, rassure sa grande timidité et sa forte crainte d’être sous le feu des projecteurs, même si sa jeunesse a été quelque peu valorisée. De cette belle journée, encore très forte dans son esprit, il retient surtout la bienveillance de toutes les personnes présentes dans leur diversité. “Cela fait chaud au cœur de sentir cette fraternité chrétienne. Et puis, l’onction, la consécration en elle-même est indicible. Avec l’Esprit saint, j’ai fait un pas dans l’abandon. Dans l’informatique, j’aime tout maîtriser. Là, je fais un effort particulier pour laisser le Seigneur conduire ma vie, dans la confiance”, partage le diacre.
Il est désormais missionné au service du doyenné de Chinon, et plus particulièrement des paroisses Sainte-Kateri-Tekakwitha (Château-La-Vallière) et Sainte-Joséphine-Bakhita (Langeais). “Cet envoi auprès du doyenné rappelle que nous n’appartenons pas à une paroisse mais que le diacre est d’abord au service de l’évêque”, précise Vincent. Ce doyenné court du Nord-Ouest au Sud-Ouest tout autour de la ville de Tours. Il faut deux heures de route pour le parcourir d’une extrémité à l’autre. L’organisation de ce territoire est récente et le diacre commence à créer des relations avec ses membres. Il assure la communication du doyenné et divers autres services. Il participera, par exemple, cet été au camp vélo pour les jeunes organisé par les paroisses du doyenné. Membre de l’équipe diocésaine du catéchuménat, il est heureux d’accueillir et d’accompagner les adultes qui demandent le baptême, la première communion et le sacrement de la confirmation. Alors que sa paroisse n’a connu aucune demande entre 2010 et 2020, il observe un véritable regain depuis quatre ans. Avec notamment les baptêmes de trois jeunes femmes l’an dernier, l’accompagnement vers les sacrements de l’initiation chrétienne d’une jeune femme et de deux jeunes hommes cette année, et cinq personnes déjà en route pour être baptisées en 2025 dont trois étudiants. Trois personnes sont encore en discernement, sans compter les nouvelles rencontres à venir. “C’est avec une grande joie que je reçois ces demandes. La démarche grandit et fait grandir ceux qui se mettent ou se remettent en chemin”, souligne le diacre, en citant saint Jean (12.32) “et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes”. Il participe encore au service de l’autel en paroisse avec son curé, répond aux sollicitations des familles : accompagnement et baptême d’enfants.
Un esprit de service
Pour ses paroisses comme pour l’ancien doyenné, Vincent a développé des sites internet et des outils web, fort de ses compétences professionnelles. D’autres paroisses du diocèse ont sollicité son aide et, entre son métier et sa mission d’Église, le diacre informaticien a fondé paroisse digitale : une application de gestion paroissiale et collaborative. “Il s’agit d’outils vocationnels : site internet, back office (avant Enoria), appli mobile avec les textes du jour et tout le contenu classique des sites d’Église, mais aussi la vie locale et l’agenda paroissial. J’ai dû faire face à beaucoup de réorganisations ces derniers temps. Mon travail dans l’hôtellerie a aussi été affecté par le confinement. Je suis content de garder précieusement ce temps dégagé au service de mes frères et de l’articuler avec la mission. Je me laisse bousculer par le Seigneur”, explique Vincent, avec le ton du passionné. Il y a moins d’un mois, il a été contacté par une paroisse du diocèse de Toulouse. Même s’il met à profit ses qualités professionnelles, c’est dans un esprit de service qu’il vit cette activité, en aparté. Et c’est à contre-cœur qu’il a fini par accepter de se faire rémunérer pour paroisse digitale, souhaitant avant tout rester modeste.
Face à l’ampleur des tâches et des besoins, le diacre alerte sur le risque, surtout dans le rural, de confondre la mission diaconale avec celle d’un vicaire paroissial. La question est délicate, l’attention importante. Il rappelle : “le diacre est au service du diocèse. Je trouve ça très beau d’être attaché à l’évêque, successeur des apôtres. Je ne suis pas marié à ma paroisse ! Cela me rend très libre de répondre à des personnes plus ou moins éloignées de l’Église, à des situations très diverses : pour aller vers les périphéries, c’est top ! Le diacre n’administre pas une paroisse. Il est envoyé en permanence en mission pour aller au-delà des frontières”. Pour sa première année de diaconat, Vincent est dans l’action de grâce. Il reconnaît avoir été très bien accompagné tout au long de son parcours de formation et en remercie toute l’équipe. Il s’estime également chanceux quant à ses bonnes relations avec son curé, entre discussion, souplesse et ajustement en vue de la mission. Si sortir de sa timidité lui demande toujours un effort, Vincent expérimente néanmoins réellement qu’à chaque fois le Seigneur le précède. “Il travaille déjà le cœur des personnes avant qu’on ne les rencontre. C’est Lui qui part en mission, je donne juste de mon temps. Je ne suis qu’un outil”, relève-t-il en citant saint Jean (12.32) “et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes.”
la mission, c’est du sport !
Prier pour les diacres
Certains confessent que la mission, c’est du sport ! Vincent investit beaucoup de son temps disponible pour paroisse digitale et regrette d’avoir mis en veilleuse ses activités sportives, surtout le ping-pong qu’il pratiquait en club. Heureusement, les parties de foot avec les enfants ou les sorties en canoë offrent une alternative bénéfique. “Il y a à notre porte, des supers coins de balade, des chemins de forêt et des champs, un lac : des loisirs simples en pleine nature”, assure le père de famille. Il se ressource également dans la vie de prière et l’oraison. “C’est le plus important pour moi et le plus fragile”, révèle-t-il. Membre avec Cécile des Équipes Notre-Dame depuis une dizaine d’années, ils puisent dans la pédagogie de ce mouvement d’Église de spiritualité conjugale, une aide essentielle et double, à la fois pour approfondir la communication au sein de leur couple et pour accompagner leur relation au Seigneur. “J’ai également beaucoup reçu à Paray-le-Monial, c’est un lieu privilégié pour moi. Je ne suis pas membre de la Communauté de l’Emmanuel, mais je me sens proche de sa manière de vivre la foi et d’évangéliser. Paray est un grand soutien, je continue d’aller puiser auprès du cœur de Jésus”, indique le diacre. Il évoque encore la fraternité diaconale du diocèse de Tours qui compte trente-trois diacres permanents. Vincent et Cécile ont déjà participé à deux rencontres en petite équipe.
Le diacre invite : “il faut prier pour nous, pour tous les diacres. Dans la prière, continuons de redécouvrir la beauté de cette mission. Le Renouveau du diaconat vient bien du Seigneur et l’Esprit saint est à l’œuvre, le diaconat a besoin de grandir, de se sanctifier, d’être toujours plus ancré dans le Christ à l’écoute de sa Parole. Nous sommes au service de l’Église, qu’elle accueille la dynamique de notre mission en son sein. Confions tous les diacres qui traversent des difficultés.”
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