“Ça va souffler fort, les cœurs vont s’ouvrir, les âmes s’élever !”, lance Guillaume Cordellier, responsable de l’organisation du Congrès Mission à Besançon. L’enthousiasme du jeune père de famille, responsable du service de l’Évangélisation des jeunes et des vocations du diocèse de Besançon, engagé dans l’aventure du Congrès Mission à titre bénévole, au nom de son baptême et de sa foi, est plus qu’évident et sacrément communicatif ! Plus de 3000 personnes sont attendues le dernier week-end de septembre pour participer à cette manifestation dédiée à l’annonce explicite de l’Évangile et pour en vivre l’expérience. Tous les habitants des diocèses de la Bourgogne Franche-Comté et au-delà sont invités. Le Congrès Mission se tient en même temps à Toulouse, Lille, Tours, Nantes, Lyon, Rouen, et Versailles pour un spécial jeunes. Sans oublier Marseille, où il est organisé le week-end précédent, en collaboration avec les Rencontres Méditerranéennes.

“Depuis les débuts du Congrès Mission, je suis touché par la manière dont s’impliquent toujours davantage les frères et sœurs baptisés dans la réflexion pastorale et par la façon dont nous pouvons nous appuyer sur cette synodalité. Cette collaboration étroite permet de nous vivifier unanimement pour la mission”, indique le P. Grégoire Drouot, vicaire général du diocèse d’Autun, qui participe activement au Congrès de Besançon. Né à Paris en 2015 à l’initiative d’Anuncio (dont le but est de créer, promouvoir, diffuser une culture inspirée par l’Évangile), en lien avec plusieurs mouvements et communautés missionnaires, le Congrès Mission est un lieu d’expérience, un lieu d’échange d’idées et un lieu de rencontre. Conférences-débats, village des initiatives, ateliers avec autant d’outils simples et prêts à être mis en œuvre sont proposés. “C’est au Congrès Mission que j’ai entendu pour la première fois parler de transformation pastorale au niveau des paroisses”, rapporte Véronique de Saint Léger, déléguée Alpha pour la Côte-d’Or et coordinatrice du parcours Alpha pour le doyenné de Lons-le-Saunier (Jura). Le tout profondément ancré dans la prière, pour mieux répondre à cette question : comment annoncer l’Évangile, comment partager ce trésor de l’amour de Dieu pour tous les hommes dans le monde d’aujourd’hui ?

Partager le feu

“J’ai été invité à participer au Congrès Mission à Paris en 2019, alors que je venais tout juste d’arriver à Besançon. Là, j’ai vu l’Église comme je ne l’avais encore jamais vue : joyeuse, intergénérationnelle, vivante, bouillonnante d’idées, heureuse d’annoncer le Christ. J’ai vécu ma première expérience d’évangélisation de rue : une expérience bouleversante. Le Seigneur m’attendait !”, partage Guillaume Cordellier. De retour à Besançon, l’idée un peu folle de faire venir le Congrès à Besançon s’impose tellement… qu’elle se réalise en 2021. Cette année-là le Congrès Mission quitte la capitale pour se déployer dans neuf villes en France. “L’équipe de coordination nationale a été touchée par notre appel. Besançon terre de missionnaires est redevenue une terre de mission”, poursuit le responsable du Congrès Mission dans la capitale du Doubs. Le défi relevé avec passion irrigue et colore progressivement toutes les actions du diocèse : la dynamique est lancée, la transformation pastorale en cours. L’enjeu de la réédition à l’automne 2023 ? “Creuser plus profondément l’intimité avec le Christ, attacher les personnes à Jésus. Le Congrès Mission n’est plus un ovni, nous n’avons plus besoin de tête d’affiche comme pour la première édition. Nous mettons la barre haut et voulons donner le meilleur : Jésus !”

La délocalisation de Paris à Besançon permet aux chrétiens de nos paroisses, de notre diocèse plutôt rural, de se sentir profondément accueillis et véritablement rejoints dans des ateliers qui correspondent bien à nos réalités locales

La joie profonde est sans doute l’un des premiers signes visibles de ce que vivent les participants au Congrès Mission. Et le premier témoignage personnel d’une Église bien vivante. Enfants, jeunes, aînés, religieux en habits ou non, prêtres en soutanes ou non déambulent dans la ville avec leur sac de pèlerin au slogan repérable “Jésus sauve”. Ils s’apostrophent, sourient et se disent bonjour. De quoi interpeller les badauds ! “Je suis frappé par le visage que présentent les participants au du Congrès Mission : un visage très ouvert, lumineux de l’Église ! La délocalisation de Paris à Besançon permet aux chrétiens de nos paroisses, de notre diocèse plutôt rural, de se sentir profondément accueillis et véritablement rejoints dans des ateliers qui correspondent bien à nos réalités locales”, souligne le P. Grégoire Drouot. Les participants découvrent que d’autres personnes partagent les mêmes problématiques qu’eux. Ils ne sont plus seuls, des liens se créent. Et au-delà des pistes d’action ouvertes, le Congrès est encore “un lieu de communion qui fait du bien aux évêques, aux prêtres, aux familles”, selon les mots du Bisontin.

Étancher les soifs

La proposition rencontre aussi le cœur des chrétiens par les expériences concrètes qu’elle permet. Nombre de congressistes vivent là, dans le souffle de l’Esprit saint, leurs premières démarches d’évangélisation de rue et de prière des frères. “J’avais déjà lu des témoignages dans des livres, mais cette veillée de prière, cet envoi en mission par deux, ce dialogue avec des inconnus, le retour à l’Église devant le Saint-Sacrement avec des personnes rencontrées dehors, cette nouvelle prière ensemble, c’est très fort. J’ai vraiment pris conscience de l’importance de la prière comme socle de la mission”, confie Véronique de Saint Léger. Autre temps fort du week-end : le banquet de l’amitié.

Tout l’‘enjeu est d’avancer avec les cinq essentiels : adoration, fraternité, service, formation, évangélisation

Nouveauté de l’édition parisienne 2022, ce repas invite à la même table une grande diversité de personnes, en situation de pauvreté ou de handicap, éloignées de la foi, etc. L’idée ? Vivre les béatitudes dans la fraternité, échanger autour d’un texte biblique, le tout dans une ambiance musicale douce et soignée. “Nos régions connaissent un certain déséquilibre. Le poids le plus haut tient du volet social et solidaire. Le plus bas au sacré, l’ancrage spirituel étant un peu délaissé. De nombreuses personnes ont du mal à parler en Je dans leur relation à Dieu, c’est pourtant ce partage qui nous fortifie ! Tout l’enjeu est d’avancer avec les cinq essentiels [adoration, fraternité, service, formation, évangélisation] en même temps. Ce fameux banquet de noces est un outil merveilleux pour rejoindre les personnes sensibles à la solidarité comme chemin vers le Christ”, développe Guillaume Cordellier.

Tout le monde est accueilli au Congrès Mission. Si pendant tout le week-end, des animations sont prévues pour les enfants et les jeunes afin de permettre à leurs parents de suivre les tables rondes et les ateliers, la journée du vendredi est, elle, dédiée aux prêtres. Une vingtaine de prêtres du diocèse d’Autun a participé à l’édition 2021. “C’est un jour très fraternel, une occasion de nous laisser ressaisir, redynamiser dans notre mission de pasteur. Un certain nombre d’entre nous a été formé ensemble au séminaire de Lyon ou à celui de Besançon, justement, pour les générations plus anciennes. C’est un moment heureux de retrouvailles, de soutien mutuel dans la prière et les échanges”, relate le vicaire général d’Autun.

Se laisser renouveler

Il reprend : “Le Congrès Mission conduit à cette disposition du cœur pour que l’Esprit nous appelle et suscite de nouveaux projets”. Quoi de mieux pour encourager les choix de début d’année scolaire ? La prière, les rencontres, les conférences confirment les intuitions de chacun selon son propre chemin. “Le Congrès Mission vient nous fortifier et nous enraciner spirituellement. On vient questionner en nous la manière dont le Seigneur souhaite que nous soyons au service de la mission. On vient chercher du concret dans le faire et dans l’être, dans tout ce qui se déploie au travers de ce que l’on est. Il s’agit d’être en relation avec le Seigneur où que je sois, dans l’adoration, le travail derrière un écran ou avec mes mains”, relève Guillaume Cordellier.

Faut-il être nécessairement au top pour évangéliser ? Le thème de cette table-ronde présentée lors du dernier Congrès Mission à Besançon, interpelle encore la déléguée Alpha pour la Côte-d’Or : “je me pose toujours la question : suis-je légitime dans le service, suis-je à ma place ? Je me suis rendue compte qu’avec l’aide de l’Esprit saint, je peux avoir confiance. Et je ne suis pas seule ! C’est le propre de la mission : tous ensemble, quel que soit son âge, on a chacun une mission particulière au service de l’Église” ! Autrement dit, face à l’urgence de la mission, chacun peut agir. D’ordre personnels et communautaires, peu à peu les fruits du Congrès Mission se laissent percevoir. “Nous sommes sortis du on a toujours fait comme ça, pour se laisser déplacer, convertir, à l’écoute de l’Esprit saint qui nous invite à poser un regard neuf. Le changement est notable”, assure le P. Grégoire. Mise en place de petites équipes missionnaires au niveau des paroisses, fraternités très ouvertes et conviviales entre apéro et partage de la Parole de Dieu, évangélisation dans les cimetières au moment de la Toussaint : les initiatives sont simples, les premiers contacts osés. Depuis deux ans, le diocèse d’Autun a aussi saisi l’opportunité de la publication du directoire pour la catéchèse pour s’interroger sur l’annonce de la foi. Deux temps forts à Taizé ont déjà rassemblé les acteurs en pastorale qui désirent partager la Bonne Nouvelle. “Le Congrès nous aide à avancer sur ce chemin de l’évangélisation, à partir d’une meilleure compréhension des défis et une observation de notre monde. Il s’agit d’apprendre à mieux l’aimer pour mieux lui annoncer ce que nous avons de plus cher : l’Évangile”, explique le vicaire général.

Qu’ils continuent de se retrouver, de cheminer avec le Christ, d’imaginer de nouveaux projets.

Autre grand chantier : une école pour la mission devrait prochainement voir le jour au niveau de la province ecclésiale de Dijon et former les chrétiens qui le souhaitent et qui sont appelés à recevoir une mission en paroisse, diocèse ou mouvement.“À la suite de ma première expérience du Congrès, j’ai choisi la mission comme axe et comme orientation dans tout ce que j’organise au service du diocèse avec ce seul désir : que les jeunes soient bien dans leur peau, qu’ils rayonnent de la foi”, révèle Guillaume Cordellier. Il insiste : “c’est beau de voir ce fil conducteur à travers les différentes initiatives. Comme pour les JMJ, le risque est de n’en rester qu’à l’événementiel. Nous souhaitons nous engager dans des processus avec un avant, pendant et un après. Les grands jeunes ont formé des petites communautés fraternelles et quadrillé le diocèse. Notre souhait ? Qu’ils continuent de se retrouver, de cheminer avec le Christ, d’imaginer de nouveaux projets. Notre ambition ? Qu’ils vivent tous les jours avec l’Esprit saint ! Notre monde s’écroule, l’actualité est lourde. Attachons-nous à la croix du Christ. Nous avons la chance d’être fortifié dans sa foi et de recevoir son feu. Nous avons besoin d’être embrasés pour nous-même et pour l’Église. Au Congrès Mission, de nombreuses personnes vont voir dans l’Église le Salut du monde : c’est mon espérance” !