Une Zad à la rencontre des habitants du Jura

ZAD Jura

Du 20 au 27 août prochain, les jeunes professionnels du diocèse de Saint-Claude reprennent la route, pour témoigner de la Bonne Nouvelle sur les chemins et dans les villages jurassiens. Ensemble, ils forment la Zad, comme zone d’adoration déambulante. Une initiative à découvrir. Par Florence de Maistre.

ZAD Jura“Plus qu’un groupe, nous formons plutôt une fraternité. Quand nous frappons à la porte des maisons, par deux ou trois, pour demander l’aumône et l’hébergement du soir, nous nous présentons comme des jeunes pèlerins de l’Église catholique du diocèse de Saint-Claude qui marchons de tel lieu à tel autre”, indique Stéphanie Marchand, 30 ans, animatrice en Ehpad ou plutôt “happy cultrice” comme elle aime le dire dans un sourire, et à l’initiative de la Zad : zone d’adoration déambulante. Cette route mendiante animée par une dizaine de jeunes adultes de 22 à 35 ans, reprend ce dimanche 20 août, là où elle s’était arrêtée l’an dernier, à Saint-Claude, pour rejoindre Lons-le-Saunier le 27 août. Au rythme de la marche, à la croisée des chemins, il s’agit d’accueillir l’inattendu de Dieu : une rencontre, une parole, un visage, un paysage. Et de tout remettre entre les mains de la Providence. Dans chaque village-étape, les jeunes proposent une veillée de prière, de louange et d’adoration, ouverte à tous.

La première Zad s’est déroulée en juillet 2021 de l’abbaye d’Acey à l’ermitage de Mièges et s’est poursuivie l’an dernier de Mièges à la cathédrale de Saint-Claude. Elle répond au grand désir de ces jeunes, renforcé à la suite des confinements, de rencontrer d’autres personnes et d’annoncer la foi. “Comment les rejoindre, si elles ne viennent pas à l’église, où les trouver ? Dans les rues et leurs maisons ! Nous avons regardé Jésus et vu qu’il marchait de villages en villages et s’asseyait à la table des gens. Voilà ce qui nous porte !”, lance Stéphanie. Il y a aussi dans la démarche, quelque chose d’une forme de reconnaissance pour ce que l’Église diocésaine a semé dans le parcours de ces jeunes, les temps forts de rassemblement, les pèlerinages à Lourdes, les JMJ, etc., qu’ils souhaitent redonner dans ce Jura cher à leur cœur. “Nous avons reçu ces messages : Allez de toutes les nations, faites des disciples ! Nous avons reçu le Christ, ce trésor qui se donne et nous voulons le partager. Nous répondons à l’invitation du Pape à nous lever dans cette dynamique de l’urgence de la rencontre”, poursuit la jeune femme. Et enfin, l’inspiration franciscaine. Les jeunes professionnels se retrouvent régulièrement chez les sœurs Clarisses à Poligny. En bâtissant leur projet auprès d’elles, ils ont trouvé dans le foisonnement de leurs idées, une formule concrète, inédite et facile à mettre en œuvre. “Nous avons en quelque sorte validé la démarche, en leur apportant un encouragement humain. Nous les soutenons aussi par la prière. Ils vont chercher aux périphéries jurassiennes, là où il y a une vraie pauvreté spirituelle. Aller sur les routes : c’est simple ! Ils approfondissent le thème de la rencontre de l’autre et de la pauvreté, souligne sœur Anne-Lise, abbesse du monastère Sainte-Claire de Poligny. Le groupe a également envoyé au Pape une présentation de son projet. La réponse enthousiaste ne s’est pas fait attendre. Il ne restait plus qu’à oser l’aventure !

S’en remettre à la Providence

ZAD JuraLes yeux de Stéphanie pétillent à l’évocation de l’expérience riche, pleine de fidèles amitiés d’un jour et pour toujours, fondatrices. Elle évoque avec simplicité les portes qui restent closes. Celles qui se referment tout de suite après avoir donné un petit quelque chose à manger, celles qui s’ouvrent en grand pour partager le repas à la table familiale. Les jeunes invitent à leur tour toutes les personnes croisées au fil de la journée à se retrouver le soir autour d’un apéritif convivial sur le parvis de l’église du village, avant d’entrer dans la veillée de prière. Cette dernière commence par un temps de louange, où chacun exprime spontanément les joies du jour et peut bénir le Seigneur. Elle se poursuit par un temps d’adoration devant le Saint-Sacrement, guidé par des chants méditatifs et “la litanie des futurs saints”. “Nous inscrivons dans un cahier le nom de tous les passants avec lesquels nous avons échangé quelques mots ou plus dans la journée, ainsi que les intentions qu’ils ont pu nous confier. Nous nous passons ce cahier de mains en mains et évoquons tous les noms à voix haute pendant l’adoration. Nous essayons de rejoindre ces personnes dans leur quotidien. C’est très beau. Tout ce que l’on vit, la marche et les rencontres, prend alors sens. Rien ne nous appartient. Tout est déposé aux pieds du Christ”, partage la trentenaire. La prière de la Zad conclut ce temps privilégié devant le Seigneur. Les marcheurs sont ensuite accueillis chez les habitants qui veulent bien offrir le gîte et le couvert. “Ces jeunes ont une confiance admirable. Avec les relations des paroissiens, ils pourraient anticiper des solutions de repli, appeler des amis pour les dépanner une nuit. Mais non ! Une fois, ils sont restés dormir dans une église…”, confie sœur Anne-Lise.

Nous sommes des disciples imparfaits, mais le Seigneur a besoin de chacun quel que soit son âge ou son activité

Des cœurs ouverts…

Ni super héros, ni supers cathos, les zaddistes sont à l’image de leur génération, bien dans le monde, hors des clichés, divers. Et c’est peut-être, la fraternité visible au-delà de leurs apparences qui touche et interpelle les Jurassiens. “Nous sommes des disciples imparfaits, mais le Seigneur a besoin de chacun quel que soit son âge ou son activité”, révèle Stéphanie. Un jour, un retraité a souhaité marcher une journée avec les jeunes. Une autre fois c’est une maman et son fils de 8 ans qui ont rejoint les pèlerins et partagé l’expérience de la mendicité. L’an dernier, une discussion s’est engagée avec un groupe de sans domicile fixe à Dole. Quelques-uns ont participé à la veillée de prière au sanctuaire de Mont-Roland, à 5 km de là. L’un d’eux est même resté avec la fine équipe toute la journée du lendemain jusqu’à la nouvelle veillée du soir. Qu’importe le nombre de participants aux veillées, l’important pour ces jeunes est d’être présent. “Un jour, nous avons lancé notre prière du matin avec une toute petite bougie et une image de Marie devant la boulangerie du village. Des gens se sont spontanément joints à nous. Ce sont des temps marquants : le Christ est là dans la simplicité”, raconte Stéphanie. La première année, un prêtre accompagnait la joyeuse caravane. Depuis l’an dernier, les jeunes ont reçu l’autorisation spéciale de leur évêque, Mgr Jean-Luc Garin, de cheminer avec Jésus-hostie dans une custode. Un témoignage de confiance qui les marque, favorise encore leur unité, permet d’ouvrir une conversation profonde avec leurs hôtes, notamment à partir du quiproquo sur le nombre de personnes présentes !

L’équipe est à géométrie variable. Il y a les zadistes de la première heure, ceux qui fréquentent régulièrement ou pas le groupe des jeunes professionnels, ceux qui participent uniquement à la semaine de marche ou encore ceux qui sont de tous les week-ends de préparation. “Au départ, c’était un groupe d’amis qui souhaitaient vivre une aventure. C’est très beau de voir le renouvellement de l’équipe et la capacité d’ouverture de ces jeunes. Cette semaine est inconfortable et exigeante : ils prennent soin les uns des autres, s’enrichissent de leurs différences”, reprend l’abbesse des Clarisses. Une première : c’est sur un tandem qu’Antoine, aveugle et nain, relèvera le défi cet été !

Un visage d’Église

ZAD JuraAutre nouveauté de l’édition 2023 : une journée de pause sera proposée au milieu de la semaine. “Nous nous trouvons toujours en situation d’être accueilli, mais aussi d’accueillir ce que les personnes nous partagent de leur vie. Même dans les rencontres éphémères, elles parlent rapidement de leurs soucis de santé, de famille, les joies, les souffrances, les deuils. C’est parfois difficile à vivre. Cette année, nous prendrons une journée de désert pour relire le vécu, méditer ce qui nous est confié”, explique Stéphanie. Tous se préparent à la joie de revenir à l’essentiel, de marcher de façon dépouillée, de prier, d’échanger de façon sincère et authentique entre eux et avec les personnes, souvent isolées, qui se trouveront sur leur route. Les zadistes l’assurent : plus qu’un mois dans les îles du bout du monde, une semaine de marche dans le Jura rend pleinement heureux ! Au milieu de l’agitation du monde, ils se découvrent frères en humanité, frères d’un même père. “Dans notre diocèse éprouvé, comme toute l’Église en France, ces jeunes adultes se mettent en marche, ils disent une espérance. Ils font des rencontres significatives, marquantes pour toute une vie, en sont les témoins. Ils invitent à la louange et osent même amener les gens jusqu’à l’adoration : vers une rencontre personnelle avec le Christ ! Ils montrent un beau visage d’Église. C’est un groupe heureux qui fait du bien, qui nous apporte beaucoup”, relève Sr. Anne-Lise. À leur retour, les jeunes de la Zad ne manqueront pas d’aller relire leur expérience avec les Clarisses, de partager les temps forts et les difficultés de la route, avec celles qui la vivent en communion depuis leur monastère. Stéphanie ponctue : “La Zad, la zone à défendre pour nous, c’est l’amour”.

Prier avec la Zone d’adoration déambulante

O Marie,

nous te demandons de bénir cette Zad, guide-la dans ton cœur illuminé.

Fais de la Zad un refuge pour les petits, les pauvres, les oubliés et les égarés du peuple. Fais de la Zad un lieu de paix, de fraternité, de rencontres et de consolation.

O Marie, donne à chacun de ses fidèles,

un cœur humble et serviable pour accueillir avec compassion tous ceux qui y passeront.

Saint François, sainte Claire, saint Philippe Néri, saint Claude, Notre Dame du Rien,

priez pour nous et pour le monde entier.

Amen

En savoir plus

https://www.eglisejura.com

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Votre chargée de mission : Pascale de Barochez | pascale.debarochez@cef.fr

Les membres de cette équipe et les provinces qu'ils accompagnent plus particulièrement :

  • Pascale de Barochez (Sens, Tours, Ile-de-France)
  • P. Xavier Cormary (Bordeaux, Toulouse et Montpellier)
  • Pascale Racon (Rennes, Rouen, Poitiers)
  • Thomas Sanchez (Besançon, Lille, Reims, Strasbourg)
  • P. Frédéric Sanges (Marseille, Montpellier, Lyon, Clermont-Ferrand)