Catéchuménat : célébration de l’onction

le geste de l'onction du baptême

Un peu d’huile bénie dans les mains des adultes qui se préparent à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne : le rite de l’onction fait partie des propositions du parcours des catéchumènes. Focus sur cette démarche de soutien et d’encouragement dans le combat intérieur, vécue très librement d’un diocèse ou d’une paroisse à l’autre. Par Florence de Maistre.

Dans l’agenda du diocèse de Poitiers, l’information est annoncée à tous. Samedi 15 février, les catéchumènes adultes ont rendez-vous pour la célébration de l’onction. “J’hérite de cette journée de l’onction, qui se vit ici traditionnellement un mois avant l’appel décisif, ce dernier étant célébré le dimanche d’entrée en Carême comme dans de nombreux diocèses. C’est un étonnement pour moi ! Ailleurs, l’onction des catéchumènes fait souvent partie des derniers rites préparatoires. Elle est souvent pratiquée le matin même du samedi saint, indique Marie Alabau, responsable du service catéchèse et catéchuménat du diocèse de Poitiers depuis septembre 2023. Très souple, le Rituel de l’initiation chrétienne des adultes (Rica) propose plusieurs formules et s’adapte aux parcours particuliers des adultes qui se préparent à recevoir le baptême. “L’onction peut se situer à différents moments : à la fin d’une célébration de la Parole, reçue par tous les catéchumènes ou seulement quelques-uns, et être réitérée plusieurs fois. Elle n’est pas un geste unique. Elle n’est pas systématique non plus dans l’itinéraire catéchuménal, mais ce serait dommage de s’en priver”, précise Cécile Éon, déléguée nationale catéchuménat.

Recevoir la force du Christ

Le cheminement proposé aux catéchumènes dure généralement entre 18 et 24 mois. Il compte quatre grandes étapes. La première est celle de l’évangélisation ou du pré-catéchuménat. La deuxième, le temps du catéchuménat et de ses rites, est signifiée par une célébration de l’entrée en catéchuménat. Le temps de purification et d’illumination s’ouvre par l’appel décisif. Celui de la mystagogie débute avec la célébration des sacrements de l’initiation chrétienne : baptême, confirmation, eucharistie. “Cent cinquante catéchumènes dont cinquante adolescents cheminent avec nous cette année. Ils sont accompagnés en paroisse par de petites équipes. Leur nombre est très variable d’un lieu à l’autre. Les accompagnateurs sont formés par le service diocésain pour progresser avec eux. Au cours de la formation tous les rites sont présentés, dont celui de l’onction. On peut le célébrer à deux moments : pendant le catéchuménat et ses rites ou pendant les derniers rites préparatoires à la fin du temps de purification et d’illumination. Dans notre diocèse, les deux formules sont vécues, tout comme les bénédictions et les célébrations de la Parole, au fur et à mesure du chemin de chaque équipe”, rapporte Sandra Nicolay, coordinatrice du pôle Initier à la vie chrétienne du diocèse de Metz. S’il est des étapes dont les équipes rendent compte à la responsable diocésaine, la célébration de l’onction des catéchumènes n’en fait pas partie. Elle est laissée à la discrétion de chacun.

Le geste d’une simplicité confondante demeure très fort pour les catéchumènes, quel que soit le moment choisi ou le caractère de la célébration, confidentielle, paroissiale, diocésaine. La parole qui précède le geste évoque la force du Christ et l’huile du salut. Le célébrant, généralement le prêtre ou le diacre qui accompagne l’équipe, signe de la croix du Seigneur les mains, plus rarement la poitrine, du catéchumène avec l’huile bénie. Le front est réservé au saint chrême, cette huile parfumée utilisée pour les onctions de consécration : baptême, confirmation, ordination, dédicace. L’huile des malades apporte, quant à elle, le soulagement et le réconfort de l’Esprit saint. Les trois saintes huiles sont préparées lors de la messe chrismale le jeudi saint. “Le rituel parle de la joie messianique. L’huile des catéchumènes apporte force et protection, douceur et conversion. Elle vient renforcer chacun sur son chemin et l’aider à tenir bon dans l’adversité. Je me rappelle d’une jeune femme qui avait eu après la célébration de l’onction cette expression très belle : le Seigneur s’est approché : il m’a touchée ! Oui, cette proposition dit quelque chose de la proximité de Dieu avec chacun. C’est un geste fort”, partage Cécile Éon.

Ressentir l’amour du Christ

À quelques jours de la conversion de saint Paul, c’est en assemblée diocésaine que les 150 catéchumènes du diocèse d’Arras ont reçu le 31 janvier dernier, l’onction des mains avec l’huile des catéchumènes. Le 15 février 2025, à l’approche du Carême, les 97 adultes dont une grande proportion de 18-25 ans, candidats au baptême dans le diocèse de Poitiers sont invités à se retrouver pour un temps d’enseignement, avant une célébration de la Parole et celle de l’onction des catéchumènes. “S’intéresser à la question de l’onction permet de travailler avec les catéchumènes le sujet de la messe chrismale, d’évoquer avec eux l’Église au sens large. En plus de l’apport intellectuel, nous vivrons un vrai temps de célébration en l’église Sainte-Radegonde à Poitiers, qui est un peu le berceau du diocèse. Les catéchumènes bénéficieront d’une visite patrimoniale et catéchétique, et d’un temps personnel à la crypte. Souvent, ils font là une expérience forte et émouvante”, confie Marie Alabau. L’assemblée diocésaine des catéchumènes a été accueillie le 11 janvier pour la première fois, à l’occasion de l’ouverture de l’année jubilaire en la cathédrale de Poitiers. Cette deuxième rencontre en grand groupe se déroule dans une paroisse. “L’onction donne le départ du sprint final de la conversion, avec pour horizon la vie chrétienne, entièrement plongée dans le baptême, poursuit la responsable du catéchuménat pour le diocèse de Poitiers.

onction des catéchumènes d'Arras

En 2024, après le passage dans la crypte, les catéchumènes sont montés dans le chœur de Sainte-Radegonde. Là, dans l’intimité des murs de l’ancienne bâtisse et dans un grand silence de recueillement, Mgr Pascal Wintzer a oint chacun personnellement. Cette année, ce sont les P. ​​Jean-Paul Russeil, administrateur diocésain, le curé de la paroisse et le prêtre référent du pôle qui officieront. Ce qui touche profondément les catéchumènes ? La prise de conscience de cette huile bénie devant toute l’Église au cours de la messe chrismale à leur intention, conservée depuis des mois, et de cette Église qui prie pour eux depuis un an. Ils la découvrent au-delà de leur groupe d’accompagnement. “L’huile les fait entrer dans l’Église toute entière. Les mots de la prière, l’huile du salut, les intriguent et les interpellent beaucoup. Avec eux, nous regardons la question du mal en face, difficile à partager en Église. Nous préférons plutôt présenter le côté Résurrection, mais la comprendre passe par la croix. Et nombreux sont les catéchumènes dont les récits sont marqués par l’épreuve”, souligne Marie Alabau. L’émotion touche autant les candidats que les accompagnateurs. Elle n’est pas recherchée pour elle-même. Elle naît de l’huile, signe de l’amour du Christ présent dans la vie quotidienne de chacun. Il y a la proximité du jour du sacrement, la sollicitude ressentie les uns avec les autres alors que certains catéchumènes sont très isolés dans leur milieu de vie. Il y a la grande sobriété du geste et les premiers pas des futurs baptisés qui peuvent laisser éclore leur vie spirituelle. “Ça déborde des coeurs ! Dans la société, il y a peu d’endroit où l’on peut venir déposer ce qui nous entrave, nous encombre. Peu d’endroit, où l’on a cette liberté de se reconnaître pécheur, mais accueillis quand même tel que l’on est. Voilà ce que les catéchumènes apprennent”, assure Marie Alabau.

Croire en la Parole

Lorsque l’onction est pratiquée le matin même du baptême, le samedi saint, elle participe aux derniers rites préparatoires. L’Église propose de vivre cette journée comme une retraite spirituelle et de jeûne. Devant leurs accompagnateurs, les catéchumènes sont invités à proclamer par cœur le credo qui leur a été remis dans les derniers temps. Ce sont avec le Notre-Père, les traditions que l’Église transmet comme trésors de la foi. Lors de la veillée pascale, la profession baptismale est proposée sous forme de dialogue. Par trois fois la question Croyez-vous est posée ?”, explique Cécile Éon. L’onction suit cette reddition. Puis c’est le rite de l’Effétah : ouvre-toi. Il peut être pratiqué au moment de l’entrée dans l’église, afin que les candidats se mettent à l’écoute de la Parole. Réalisé à l’étape ultime du parcours, il s’agit d’encourager les catéchumènes à témoigner de la Parole entendue. De son pouce, le prêtre touche les oreilles et les lèvres de chacun des catéchumènes en disant : “Effata : ouvre-toi, afin que tu proclames la foi que tu as entendue pour la louange et la gloire de Dieu”. Enfin, si le catéchumène n’a pas de prénom chrétien et s’il n’en a pas déjà choisi un avant, il peut le faire à ce moment-là : c’est le quatrième rite préparatoire. En équipe, les catéchumènes répètent le déroulement du baptême, partagent éventuellement un temps convivial. “À ce moment-là, en petit comité, l’onction procure courage et force pour dissiper les peurs, le trac. Les catéchumènes sont arrivés au jour tant attendu. L’onction les aide à aller jusqu’au bout. C’est le Christ qui les initie et qui est avec eux”, relève Sandra Nicolay.

Certains catéchumènes mènent un vrai combat spirituel, dès les premiers temps du cheminement, au cours de la démarche, jusqu’à la célébration des sacrements. Les trois scrutins qui suivent l’appel décisif leur permettent d’affirmer ce qui est bon dans la foi et de purifier ce qui ne l’est pas. Ils progressent dans une tension vers le baptême, ressentent de la résistance y compris au sein de leur entourage. L’onction de l’huile des catéchumènes peut encore être réalisée à des fins d’exorcisme simple au cours du catéchuménat, parfois avant même l’entrée dans la démarche. “Quand on sent qu’un candidat a besoin d’être fortifié, quand il décroche par rapport à son rythme de vie, mais qu’un vrai désir l’anime, alors vivre ce rite l’encourage dans sa traversée du désert, le stimule et le renforce”, souffle la déléguée nationale. La forte et encore récente évolution du nombre des catéchumènes pousse les diocèses à réfléchir aux meilleures façons de procéder selon les sensibilités des équipes, dans la latitude offerte par le Rica. Rien n’est figé dans l’accompagnement et la préparation des futurs lutteurs de Dieu. Sandra Nicolay ponctue : “L’onction de l’huile des catéchumènes est réalisée dans ma paroisse, en présence de toute l’assemblée dominicale. On connaît assez bien l’onction des malades, moins celle des catéchumènes. C’est un rite qui marque et transforme les candidats, mais aussi les paroissiens interpellés par la démarche. Ils en parlent autour d’eux, cela rayonne !”

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