Mgr Bernard Dubasque, un cœur qui écoute

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Secrétaire Général Adjoint depuis septembre 2011, Mgr Bernard Dubasque a fêté ses 65 ans à la Conférence des évêques de France. Ordonné prêtre du diocèse d’Aire et Dax en 1974, il a notamment passé 6 ans au Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des Chrétiens, à Rome. A l’occasion de sa première Assemblée plénière à Lourdes, rencontre avec un homme dont la vie a été façonnée par le Concile Vatican II.
 
Mgr Bernard Dubasque est originaire d’une famille chrétienne « mixte », avec une mère qui faisait preuve d’une « grande ouverture aux autres dans la différence » et un père « plutôt janséniste ». A17 ans, ce fils d’ingénieur annonce à sa famille de « matheux » qu’il veut être prêtre. Surprise générale. Pleurs de sa mère qui avait toujours prié en ce sens … mais en pensant à un autre fils. En 1964, il rentre donc au Grand séminaire de Dax, en plein Concile Vatican II (1962-65).

Pour lui, c’est une chance. « Nous sommes peu nombreux à avoir vécu l’avant Concile, le Concile et l’après Concile » souligne-t-il. Le thomisme – en vigueur depuis la création des séminaires – et le chant grégorien n’ont pas de secret pour lui. « J’ai été enfant de chœur dans les années 50. La messe en latin, je sais ce que c’est ! »

1966 sera une année de césure, celle du service militaire. Au séminaire, sa classe a cherché à vivre une expérience utile pour le ministère à venir. « En juillet, je pars pour Brive dans une section commando du 126ème Régiment d’Infanterie. Sur les 350 recrues, je suis le seul bachelier. Je rencontre des postiers, des bouchers, des commerçants ». Une intuition prémonitoire, deux ans avant mai 68 et le souffle de liberté qui décoiffera la société française.
 

Mai 68 au séminaire de Bayonne

Car les grandes aspirations de la jeunesse se font sentir jusqu’au séminaire de Bayonne où s’applique alors une discipline stricte : cours magistral, interdiction de fumer, ni radio ni télévision, encore moins de mobylettes et autorisation écrite obligatoire pour toute sortie. « Les séminaristes avec nous ! » crient les lycéens en mai 68. « Les portes étaient fermées, infranchissables » se souvient Mgr Dubasque. Crise chez les professeurs. Une licence de théologie à l’Institut catholique de Toulouse l’éloignera du chaos pour trois ans. Ce sera l’occasion pour lui de s’impliquer dans la session œcuménique annuelle, organisée entre la faculté de théologie de l’Institut catholique et la faculté de théologie protestante de Montpellier.

Il a 24 ans, ne sent pas mûr et n’a demandé aucune des étapes qui mènent à l’ordination presbytérale (tonsure, ordres mineurs, diacre). Son évêque lui propose une année d’études à Tübingen et Mayence, avec une bourse du gouvernement allemand. Pourquoi cette destination ? « J’étais très intéressé par l’œcuménisme et par l’Ecriture Sainte, deux domaines très vivants en Allemagne ».

A son retour, en 1972, il demande le diaconat et poursuit sa formation en paroisse à l’aumônerie des lycées de Mont-de-Marsan, Il reçoit l’ordination presbytérale à 27 ans, le 2 juin 1974, jour de Pentecôte. L’évêque le nomme aumônier diocésain à l’œcuménisme, ce qui lui vaut notamment de prendre part à des réunions où il est le plus jeune mais où il rencontre le Père Yves Congar, théologien dominicain qui était expert au Concile Vatican II. C’est justement le moment de mettre en œuvre le Concile et les orientations données par l’épiscopat français en 1972 à Lourdes avec « Tous responsables dans l’Eglise ? ». Cette « évolution » entraînera la fin de la catéchèse dispensée par le prêtre seul et la responsabilisation des laïcs dans l’Eglise.

Même mission de mise en place de catéchistes laïcs à Dax où il sera aumônier de l’AEP pendant six ans et très heureux au contact des jeunes. On l’apprécie aussi pour ses qualités de rugbyman ! Son expérience de formation auprès des catéchistes le conduit à devenir, à 33 ans, aumônier diocésain de la catéchèse.

De retour à Bayonne de 1984 à 1990, il enseigne au Grand séminaire de 2nd cycle la théologie et la patrologie – « Les Pères de l’Eglise, comme St Augustin, St Jérôme, St Athanase ». A Paris, il suit l’IFEC (Institut de Formation des Educateurs du Clergé) pendant un an et se forme à l’accompagnement spirituel.
 

Un balcon sur le monde à Rome

« On vous demande à Rome ! » lui annonce son évêque en 1990. Au Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des Chrétiens, il s’occupera des Eglises orthodoxes orientales : copte, syrienne, arménienne, éthiopienne, malankare et l’Eglise assyrienne de l’Orient. Pendant six ans, il sillonne le Moyen-Orient : de l’Egypte à l’Inde du Sud, de l’Arménie à l’Ethiopie.

Dépaysement humain pour ce landais mais pas historique car il baigne alors dans les IIIème et IVème siècles, les conciles d’Ephèse, de Chalcédoine… qu’il a lui-même enseignés au séminaire. D’ailleurs, quand il arrive dans la ville éternelle, c’est l’Assemblée plénière du Conseil pontifical. Chacun des 80 participants brosse le tableau de l’œcuménisme dans sa région. « J’avais l’impression d’être à un balcon. Je voyais le monde » témoigne-t-il.

A Rome, son travail consiste à promouvoir l’œcuménisme « dans les deux sens » : au sein de l’Eglise catholique (dans les paroisses, les séminaires, les facultés) et à l’extérieur, en signant des accords, en organisant des séminaires, en cherchant des dates communes (comme celle de Pâques).

L’unité des Chrétiens ? « Ca ne se déclare pas, ça se constate ». Jean-Paul II ? « Un pape extraordinaire, un homme de prière formidable, abordant les problèmes avec hauteur, à la capacité pour les langues saisissante ». Rome ? « C’est l’universalité de l’Eglise, sa catholicité » qui se manifeste tout particulièrement à l’occasion des synodes.

Mgr Dubasque rentre en France en août 1996, nommé curé à Mont-de-Marsan et vicaire général du diocèse d’Aire et Dax. Il aime être sur le terrain et en lien avec les prêtres, donne des conférences, participe à des sessions… En 2002, il lui est confié la cathédrale de Dax mais il n’y reste qu’un an car le nouvel évêque, Mgr Philippe Breton, désire un vicaire général à temps plein. Quatre ans plus tard, il est aussi curé à Capbreton, le seul port des Landes. Epuisé, il est victime d’une attaque cardiaque « très sévère » en 2010, qui l’oblige à prendre un ministère plus régulier. En septembre 2011, il est nommé Secrétaire Général Adjoint à la Conférence des évêques de France.
 

Au service des évêques à Paris

A son départ de Capbreton, des paroissiens témoignent qu’à son contact ils ont pu « ruminer » la Parole de Dieu : « La Parole de Dieu, c’est Dieu Lui-même ! A travers cette Parole, c’est Dieu qui me parle ». « Jamais nous n’avions autant entendu parler de la foi joyeuse, de la liberté du chrétien », écrivent-ils encore. « C’est tout Saint Paul ! », se réjouit Mgr Dubasque.

A Paris depuis septembre 2011, il suit 5 dossiers (liturgie, catéchèse, unité des chrétiens, dialogue interreligieux, commission doctrinale) et 2 groupes de travail (anniversaire de Vatican II, rassemblements dominicaux).

C’est un nouvel environnement dans lequel il ne se sent pas dépaysé et auquel il compte apporter son expérience romaine : fonctionnement de la Curie, autorité des textes signés par le pape, visites des évêques « Ad limina » à Rome… « Je me sens une fibre pastorale, ajoute-t-il. Je suis sensible à ce qu’il y a dans le cœur des gens. Dans ma vie, j’ai toujours essayé de mettre de la communion entre tous ».
 

Une vie façonnée par le Concile Vatican II

Les textes du Concile, Mgr Dubasque les a étudiés, surlignés, annotés. Le Concile a porté davantage le regard sur un Dieu proche, présent au milieu de nous, vivant en chacun de nous par le baptême. La vision de l’Eglise en a été profondément bouleversée : la structure pyramidale de l’Eglise a fait place à l’Eglise « peuple de Dieu ». Chaque baptisé, égal en dignité, joue son rôle spécifique (pape, laïcs, religieux, évêques, diacres, prêtres). « Comme dans un orchestre, chacun joue sa partition » compare-t-il.

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