Catéchumènes en fragilité : « chaque histoire est singulière »
Chaque histoire est singulière, qu’il s’agisse d’un chemin de vie ou d’un chemin de foi. La rencontre avec les catéchumènes est un moment précieux pour un évêque ; dans mon petit diocèse, ce sont même plusieurs rencontres au cours de la préparation : soit dans le temps du catéchuménat, soit à la fin du parcours. Il m’arrive de les rencontrer individuellement, surtout lorsque leur situation est compliquée ou dans un contexte de particulière fragilité : notamment une précarité sociale qui se traduit aussi par une pauvreté culturelle et des limites dans l’expression. J’ai donc été amené à rencontrer cette année plusieurs personnes incapables de s’exprimer par écrit pour témoigner de leur parcours dans la foi. La présence de leurs accompagnateurs est précieuse pour les aider à exprimer certains éléments de leur vie de foi. Mais tout au long de la préparation, dès le premier accueil, se met en place un accompagnement personnalisé qui nous permet d’être à l’écoute de leur vécu, de leurs peurs et de leur avancée dans la démarche de foi.
La lecture des lettres des catéchumènes témoigne aussi de ces différences sociales et culturelles. Or ces lettres ne sont que la partie émergée d’une rencontre avec Dieu, d’une expérience spirituelle qui ne peut pas toujours se traduire par des mots et qui échappe quoi qu’il en soit à tout regard extérieur. Mais je constate que ce ne sont pas les plus malhabiles à s’exprimer par écrit ou par oral, qui ont le moins de profondeur dans leur foi.
Les catéchumènes témoignent par ailleurs eux-mêmes des difficultés liées aux fragilités ou aux limites de l’Église elle-même. Un certain nombre d’entre eux n’avaient pas reçu le baptême dans l’enfance à cause précisément des griefs que leurs parents portaient contre l’Eglise. Or, justement, leur propre parcours a consisté dans la découverte de l’Église dans sa dimension fraternelle, certains d’entre eux s’y trouvant accueillis avec bienveillance comme des membres d’une même famille. L’Eglise est le lieu dans lequel leur vie a pu être prise en compte telle qu’elle est ; et eux-mêmes ont commencé à découvrir et aimer une Eglise à laquelle désormais ils appartiennent, et qu’ils viennent enrichir par leur propre présence. Toutefois les scandales d’abus sexuels ont pu éloigner tel ou tel, lorsque ces scandales ont ravivé leurs propres blessures.
Cet accueil de personnes d’une grande diversité est réjouissant. Il est étranger à tout marketing. Ces personnes arrivent dans la plus grande liberté, et dans un contexte où l’Église ne présente rien d’attirant aux yeux du grand public. Mais c’est Dieu qui appelle, qui rejoint chacun au fond de son cœur, l’éclaire et le conduit à partir des événements et des personnes qui le marquent, chacun son histoire propre, sa personnalité et sa culture.
Thierry Brac de la Perrière, évêque de Nevers
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