Arnaud, diacre pour l’accompagnement personnel

ordination diaconale - diocèse de Pontoise

Ordonné diacre permanent pour le diocèse de Pontoise le 25 juin 2023, Arnaud Dhermy vit sa mission au service du groupement paroissial Notre-Dame 95 et dans toutes les relations qu’il noue. Portrait. Par Florence de Maistre.

“J’ai reçu une lettre de mission assez différente des trois autres diacres ordonnés le même jour que moi en juin dernier. Les leurs sont davantage transversales, au service du diocèse avec : l’hospitalité de Lourdes, la pastorale des servants d’autel et celle de la santé. De mon côté, je suis chargé de renforcer les fraternités paroissiales du groupement d’Eaubonne. Je m’attendais effectivement à être surpris par la mission”, indique Arnaud Dhermy, 54 ans, diacre permanent pour le diocèse de Pontoise. Géographiquement rattaché au doyenné d’Écouen, Arnaud et son épouse, Véronique, fréquentent la paroisse d’Ermont-Eaubonne depuis une quinzaine d’années. Ils trouvent là une dynamique et une diversité de propositions qui répondent à leur choix d’éducation pour leurs adolescents d’alors et d’aujourd’hui. Ils ont quatre enfants âgés de 15 à 26 ans. Les allers-retours se multiplient au gré des réunions, des accompagnements et des messes. Il faut compter 25 minutes par trajet entre le domicile familial et le lieu d’Église. Un choix qu’Arnaud ne regrette pas et assume. Même si cela lui coûte un peu au regard de son grand désir d’être profondément disponible et de ses responsabilités professionnelles. Chargé de la coopération régionale de la Bibliothèque nationale de France, il se trouve fréquemment par monts et par vaux avec des déplacements de plusieurs jours dans tous les départements, y compris les outre-mers.

ordination diaconale du diocèse de Pontoise“Je suis plutôt un intellectuel. Du coup la dimension vie de quartier et vie locale de ma mission, alors que je ne réside pas sur place, m’étonne un peu”, poursuit le diacre. Avant son discernement au service de l’Église, Arnaud Dhermy était déjà engagé dans trois associations culturelles dont il n’a pu refuser de prendre la présidence. Il y a la littéraire, Les amis d’Henri Bosco, basée à Nice. Également docteur en Histoire, il est responsable de la section Histoire contemporaine et du temps présent de Paris Sciences et Lettres, campus Condorcet à Aubervilliers et aussi d’une grande section d’histoire locale qui relève de l’école nationale des Chartes. Il écrit encore deux à trois articles par an, notamment au sujet de la Corse. Journées d’études, congrès ou demandes de subvention, il s’arrange à chaque fois, pour mutualiser les déplacements entre activité professionnelle et vie associative, et rencontre de nombreuses personnalités : élus, universitaires, scientifiques, etc. “C’est très riche en termes de relation. Cette diversité affermit mon service. C’est passionnant et dynamique. Je réfléchis néanmoins à ma succession”, souffle le passionné de littérature et d’Histoire.

Une attention aux personnes

Une douzaine de fraternités s’est formée sur le groupement paroissial d’Eaubonne. Certaines se sont constituées depuis le Carême de l’an dernier, d’autres ont été lancées par le diacre avec l’aide d’un couple engagé et d’un séminariste. Elles regroupent chacune une dizaine de personnes qui se réunissent mensuellement autour d’un partage de vie, d’un partage d’Évangile et d’un enseignement. Pour ce dernier, Arnaud Dhermy avait initialement envisagé de concocter ses propres vidéos. Faute de temps et de moyens, il puise dans les nombreuses ressources en ligne qu’il propose aux équipes. Son souhait d’être efficace se heurte au temps que les démarches supposent pour mûrir. Les fraternités touchent essentiellement des personnes âgées et isolées, qui ont besoin de se retrouver. Le diacre ne sait pas encore comment rejoindre les jeunes et les familles. L’équipe d’animation pastorale dont il est membre s’interroge aussi. Est-ce que les fraternités sont une proposition en plus ou est-ce un projet vital qui sous-tend toute la vie paroissiale ? “Ai-je les moyens humains de passer à cette vitesse-là ? C’est un vrai défi”, reprend Arnaud Dhermy.

Visiter les fraternités ou encore recueillir les témoignages des participants ? Dans ses arbitrages, le diacre choisit une troisième voie. L’ancien membre de l’équipe de catéchuménat, accompagne personnellement les personnes qui le sollicitent pour cheminer ensemble. “Nous accueillons ici 24 à 30 catéchumènes tous les ans. Il ne s’agit pas d’une mission qui m’a été donnée, mais c’est une de mes priorités. Cela fait partie de mes charismes, je ne vais pas lâcher ces néophytes dans la nature. On ressort toujours transformé, accompagné et accompagnant, dans ce qui se partage là, comme une forme d’enseignement. C’est très touchant de mettre des mots sur une expérience personnelle, intime. Dans cette écoute et ce dialogue, chacun est mis en route par l’autre. Des amitiés se tissent”, confie Arnaud Dhermy qui compte demander à son évêque de se former davantage en ce domaine. Des personnes peuvent également s’ouvrir à lui dans le cadre de ses rencontres culturelles ou au sein de son travail. Dans cette attention portée aux personnes, le curé de la paroisse appelle encore le diacre à être davantage présent sur le parvis, à veiller à l’accueil de chacun. “Notre église Notre-Dame d’Eaubonne est plus grande que la cathédrale de Pontoise, c’est elle qui reçoit la messe chrismale. C’est un vrai défi quand on veut mettre de l’empathie. On repère une personne dans l’assemblée et puis on ne la voit plus. C’est toute une équipe qu’il faudrait déployer sur le parvis”, souligne le diacre.

Entre tension et réflexion

Véronique a été nommée au conseil épiscopal quelques semaines avant l’ordination diaconale d’Arnaud. Elle a trouvé chez son époux un soutien par rapport à ce qu’elle devait désormais assumer. Mais la vie de famille avec leurs deux dernières filles à la maison a été quelque peu chahutée. “Notre couple a été extrêmement solide dès le départ. En revanche, il a fallu nous censurer à table, éviter tous sujets ayant trait à la vie de l’Église et sécuriser quelques activités familiales”, détaille le père de famille. Soirées jeux ou films, pique-nique, visite d’un musée : les sorties sont choisies à tour de rôle par l’une des adolescentes de manière à juguler l’espèce de fronde. L’équilibre familial demeure un fort point d’attention. D’autant que la patience des jeunes filles est mise chaque dimanche à rude épreuve. La messe est dite, mais le service se prolonge toujours un peu… “Heureusement, je suis assez préservé des tâches propres au diacre. Je célèbre peu de baptêmes, de funérailles ou de mariages. Je prépare également peu d’homélies, mais si j’aime bien cet exercice”, précise le diacre.

Féru d’exégèse, l’homme de lettres aime étudier toutes les revues théologiques. À l’aide de ses nombreuses notes rassemblées dans un gros classeur, il s’est constitué son propre synoptique. “Maintenant, j’écris des commentaires tirés de ces lectures d’articles. J’ai cru que cela pourrait alimenter mes homélies, avant d’apprendre dans la formation diaconale qu’il s’agit de tout autre chose”, sourit-il. Pour lui, le diacre est un chargé de mission, envoyé par la charge épiscopale aux avants-postes, là où la paroisse ne peut être présente. D’où la tension, qu’il ressent actuellement. Dans ses réflexions, Arnaud Dhermy évoque la proximité avec l’aéroport de Roissy, en espérant que des diacres y soient au service. “Il y a là de grands sujets de société dont le diaconat devrait se saisir entre la question des migrants, le transit lié au monde des affaires, l’incroyance. Le diaconat doit pouvoir donner des pistes de réponse. Il y a tant à apporter !”, développe-t-il. En attendant, il trouve un ressourcement essentiel dans la pratique de l’oraison et la prière des heures. En particulier, les Laudes “où, au sortir des ombres de la nuit, on pourrait rester planté avec des sortes d’angoisses. La prière du matin permet d’ouvrir un œil nouveau sur le jour. C’est le moment où je confie les besoins et les désirs qui m’ont été recommandés. Je suis très heureux de cette mission d’intercession et d’accompagnement”, révèle-t-il. Avant de ponctuer : “Les Laudes m’encouragent. Je puise ma joie dans ma relation au Seigneur. Je fais mienne cette prière : Quoi que Tu fasses, je te remercie ! J’ai cette persévérance, qui n’est pas propre au diaconat mais qui a éveillé mon appel. En dépit du quotidien, je sais que je suis à ma place, je le sens. Ce sera beau dans le Seigneur” !

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