Préparer son mariage à l’Église : un parcours spirituel et humain pour les fiancés

Journée des fiancés, mais aussi pèlerinage ou week-end. Les couples qui se préparent au mariage bénéficient d’un accompagnement dédié et divers selon les paroisses et les diocèses. Nombreux sont ceux qui proposent au gré de leur parcours un temps fort, entre réflexion et initiation à la prière, pour donner du sens à ce chemin des fiançailles. Par Florence de Maistre.
“Monter ensemble les marches qui mènent à Notre-Dame de la Garde, être bénis en ce lieu, permet aux fiancés de mettre leur amour sous le regard de notre Bonne mère, et par elle sous celui du Seigneur. C’est très fort et très signifiant pour eux, comme pour tous les Marseillais quelle que soit leur foi. Notre-Dame de la Garde est un haut lieu qui accueille tout le monde et toutes les misères”, indique Béatrice Der-Gazerian, présidente, avec son époux Philippe-Olivier, des centres de préparation au mariage (CPM) du diocèse de Marseille, qui organise le “pélé des fiancés” au service de la pastorale familiale diocésaine. Le temps fort prévu ce 15 mars 2025 est ouvert aux cinq cents couples qui se préparent au mariage en paroisse ou au CPM. L’an dernier, ils étaient cinquante à répondre présents. “Le pèlerinage fait partie du parcours de préparation au mariage, mais chacun agit selon ses réalités de vie. Pour nous, l’important se joue dans les rencontres. Toucher les coeurs, voilà ce qui est à vivre”, poursuit Béatrice.
Une étape marquante
En réponse à l’appel du pape François à renouveler la pastorale de préparation au sacrement du mariage et de l’envisager comme un parcours catéchuménal pour les fiancés, de nombreux diocèses en France se saisissent d’un temps fort, d’une journée diocésaine des fiancés ou même d’un week-end de retraite. Ici et là, les ingrédients de ces grandes rencontres se retrouvent : une attention à l’accueil de chacun, des témoignages, des gestes de prières, des temps de convivialité. “Nous veillons à proposer une préparation au mariage soignée qui conduise au Christ, comme un chemin catéchuménal. Nous accompagnons les fiancés de façon à ce qu’ils découvrent la place du Christ dans leur amour. Chaque paroisse, chaque équipe est autonome dans sa proposition, mais la journée des fiancés permet de les toucher plus largement avec cette ligne missionnaire”, précise le P. Edouard Delafon, prêtre accompagnateur de la pastorale de la préparation au mariage du diocèse de Nanterre. Dans ce territoire de l’Ouest parisien, huit-cent-soixante-trois couples se sont préparés l’an dernier au mariage et quatre cents d’entre eux ont participé à la journée des fiancés. “Pour les accueillir, nous sommes aidés par cent couples parrains, cinquante personnes au service et trente prêtres et diacres. Le 22 mars prochain, nous serons plus de mille personnes à répondre à l’invitation de notre évêque Mgr Matthieu Rougé à Boulogne-Billancourt”, annonce Laurence de La Presle, déléguée diocésaine avec son mari Antoine à la pastorale de la préparation au mariage.
De même que les catéchumènes se sentent parfois seuls en paroisses, les fiancés découvrent au cours de ce temps fort diocésain la richesse de l’Église, comme peuple de Dieu. Leurs regards s’élargissent, les clichés tombent. Le parcours proposé par le diocèse de Chartres a été entièrement recréé ces dernières années afin d’être un support au service des paroisses. En son cœur, il comprend un week-end de retraite spirituelle au sanctuaire de Montligeon (diocèse de Séez), à la carte ou imposé. Cent-vingt couples, sur les quatre-cents qui cheminent dans le diocèse, et leurs accompagnateurs, seront de la partie les 1ᵉʳ et 2 mars prochains, soit deux-cent-quatre-vingt participants ! “Il s’agit de rassembler nos forces pour vivre quelque chose de beau ensemble, de bon et qui a du goût, plutôt que chacun dans notre coin. Nous prenons les demandes des fiancés au sérieux et leur manifestons une Église vivante et exigeante”, assure Basile Hodara, responsable avec son épouse Marie, de la mission pour les couples et les familles du diocèse de Chartres et membre de la communauté du Chemin neuf.
Le goût de la sincérité
Outre les enseignements, les moments privilégiés de dialogue intérieur, à deux, ou en petite équipe de partage, la force des témoignages proposés touche les futurs mariés. “J’évoque la grâce du sacrement de mariage dans notre vie de couple depuis vingt-neuf ans. Ce n’est pas facile tous les jours ! Je raconte les étapes, les choix. Comme celui d’arrêter de travailler pour élever mes enfants, qui a été très difficile à vivre pour moi, à l’encontre des injonctions de la société et qui m’a demandé une vraie conversion. Si parfois, j’ai eu envie de partir très loin, je me rends compte aujourd’hui de la beauté du chemin. Le meilleur est toujours à venir : voilà notre espérance ! Je parle de notre quotidien, je dis nos pauvretés. C’est là que nous sommes appelés à être héroïques !”, confie Béatrice.
Des couples, membres de la Communion Priscille et Aquila à l’initiative du fleurissement des journées des fiancés dans les diocèses en France, interviennent chaque année auprès des fiancés de Nanterre. En mars, ils partageront autour de la place du travail, de l’éloignement des parents, et de la sexualité. Des sujets qui intéressent tout le monde entre engagement et équilibre de vie personnelle, professionnelle et familiale. “Les témoignages des couples de la Communion Priscille et Aquila forment le fil rouge de la journée. Ils la portent avec les accompagnateurs des CPM. En partageant tout simplement, leurs imperfections et ce que le Seigneur est venu sauver ou transformer dans leur vie affective, leurs façons de vivre joyeusement le sacrement du mariage malgré les épreuves et les difficultés, ils permettent aux fiancés d’ouvrir leurs cœurs”, souffle Laurence. La réflexion est ensuite prolongée en petite équipe avec un couple parrain et au cours d’une table ronde avec Mgr Rougé qui se prête au jeu des questions/réponses sur les quatre piliers du mariage : liberté, indissolubilité, fidélité, fécondité. “Il rappelle avec tact et finesse l’enseignement de l’Église qui éclaire le couple pour faire grandir sa communion d’amour tout au long de son chemin de vie”, pointe le P. Edouard Delafon.
À Montligeon, un témoignage sur une infidélité et un pardon sera donné le samedi après-midi, avant une intervention de Mgr Philippe Christory, évêque de Chartres. Dans la soirée d’autres partages suivront : un sur le célibat et un autre sur le décalage dans la foi au sein du couple. “Les témoignages marquent beaucoup les fiancés. Nous avons formé dans tout le diocèse un réseau de couples missionnaires. Ils ne sont ni grands orateurs, ni habitués à donner des topos. Chacun donne ce qu’il est, ose avec sa fragilité et sa sincérité”, explique Basile. Les mots posés encouragent les jeunes couples à s’engager à leur tour.
Un geste fort
La question du pardon, centrale, dans le week-end des fiancés chartrains à Montligeon, va au-delà de la réflexion. Chacun est invité à poser un geste. Plusieurs démarches sont possibles : recevoir le sacrement de réconciliation, demander en couple la prière des frères, écrire une lettre à son fiancé, à Dieu ou à quelqu’un qui est décédé, prendre un temps d’adoration devant le Saint-Sacrement. “Pour nombre de fiancés, c’est la première fois qu’ils expérimentent ces propositions. Il y a un grand challenge à accueillir ce groupe et à l’accompagner. Il y a un vrai avant/après : la démarche est progressive. Dans ce milieu de pleine nature, dans cet immense sanctuaire, tout invite à l’intériorité”, relève Basile.
À Boulogne-Billancourt, la Bonne Nouvelle du mariage est annoncée tout au long de la journée et particulièrement lors de la célébration, suivie de la bénédiction des couples. “Nous manifestons le visage d’une Église décomplexée et assumons pleinement la dimension missionnaire et respectueuse de chacun. Les histoires de vie sont compliquées, mais le Christ vient à la rencontre de chacun quel que soit son parcours. Avant la bénédiction, chaque couple exprime ce qu’il souhaite présenter au Seigneur en s’adressant au prêtre ou au diacre. Ce peut être des inquiétudes par rapport à l’accueil de la vie, un voeu, le désir de s’aimer toute la vie, etc. Ce petit échange est porté dans la prière tout simplement”, révèle le P. Edouard Delafon. Les fiancés de la cité phocéenne vivent un geste à peu près similaire. Les prêtres les appellent les uns après les autres par leurs noms et leur remettent un Nouveau Testament, en partageant un petit mot personnalisé. Les couples peuvent aussi confier leurs intentions de prières avec la date de leur mariage à la communauté des religieuses de Notre-Dame de la Garde en les déposant dans des corbeilles prévues à cet effet.
Le signe de la joie
Les communautés religieuses du diocèse de Nanterre sont elles aussi mises à contribution pour porter la journée des fiancés et celles de leurs mariages. Des priants se relaient encore tout au long de la rencontre dans la chapelle du Saint-Sacrement qui jouxte le lieu de rassemblement. “Les fiancés sont très touchés par toute cette bienveillance, toutes ces personnes qui prennent soin d’eux. Celles qui prient, celles qui servent le café. Les couples parrains qui se tiennent à leur écoute et à qui on demande d’avoir le regard et le sourire de Jésus. C’est une journée très joyeuse”, constate Laurence. Sans oublier les musiciens qui animent les temps louanges, de si belle façon que les fiancés viennent demander la play-list ! Comme précisé sur le flyer, un apéritif joyeux et convivial conclut le pélé des fiancés à Notre-Dame de la Garde. “Des liens se créent, la communauté se forme”, souligne Béatrice.
Dans le grand sanctuaire du Perche également. “Après les démarches de réconciliation, on fait la fête pour vraiment signifier ce lien. Nous partageons un bel apéritif. C’est un moment magnifique, les fiancés ne s’y attendent pas. Il y a une tireuse à bière, des chips locales. Ils bénéficient de mille et une attentions. Nous les rejoignons avec leur langage pour les embarquer dans des danses d’Israël à 250 ou 300”, s’exclame Basile ! Nouveauté de cette édition 2025, un photobooth sera mis à la disposition des participants. “S’ils collent ensuite la photo sur leur frigo en souvenir de leur préparation au mariage, c’est extra ! Cela permet de garder vivant le message de l’Église et de toucher les cœurs”, note le responsable de la mission pour les couples et les familles du diocèse de Chartres. Il y a aussi la joie des couples venus aider à l’organisation du week-end : celle de servir, de se laisser déplacer, d’être nourris par les rencontres. Parmi cette trentaine de couples, la moitié vient pour la première fois et compte d’anciens fiancés de l’année passée. Basile ponctue : “l’élan missionnaire est un cadeau, qui vient de la joie donnée et partagée ! Chaque année des personnes demandent le baptême ou la confirmation après ce temps fort, parce qu’elles ont été déplacées, touchées. C’est doux et léger. Le fiancé qui est venu en traînant les pieds, découvre quelque chose de la foi, de la communauté. Il est rejoint par le Seigneur et se retrouve à tirer celui qui l’avait initialement encouragé à venir, pour le sortir de ses acquis. C’est beau de voir ces mouvements. C’est le souffle de l’Esprit saint.”
Une conversion pastorale
Audacieuses et denses, les propositions interpellent les couples de manière forte et délicate. Elles les réveillent là où ils en sont dans leur histoire personnelle et sur leur chemin vers le mariage. “Les couples ont soif d’engagement, un projet lambda ne peut pas les toucher. En les rejoignant avec cette question de l’inculturation, en étant pleinement dans ce qu’ils vivent pour être pleinement compris, alors nous pouvons parler des exigences et descendre plus en profondeur”, énonce Basile. Les multiples attentions dont les fiancés bénéficient manifestent l’importance de leur amour pour l’Église. Il y a dans leur démarche vers le sacrement du mariage comme un avant-goût de la venue du Royaume et un signe de la présence de Dieu à l’œuvre à leurs côtés. “Nous avons la conviction que Dieu est déjà là avec eux. Les fiancés ont quelque chose à dire à nos communautés de l’amour de Dieu sur terre et pour chacun de nous. Il nous donne notre conjoint pour cheminer en sainteté, pour grandir et faire grandir l’autre. Parfois, il m’arrive de me sentir insignifiante. Mais dans les yeux de mon conjoint, je me vois plus grande et plus belle que ma propre perception. J’espère qu’il perçoit la même chose dans mes yeux !”, sourit Béatrice.
La dynamique de ces temps forts montre un visage d’Église renouvelée. Le P. Edouard Delafon en perçoit trois grands éléments : “l’Église prend conscience qu’elle doit prendre soin du couple. Elle mobilise des couples chrétiens pour être attentifs et enseigner les fiancés. C’est très touchant cette façon dont les couples parlent aux couples. Elle annonce la Bonne Nouvelle de Jésus Christ aux fiancés qu’elle réunit. Cette dimension missionnaire et kérygmatique auprès d’eux est nouvelle. Nos attentes ? Que les gens se convertissent ! Qu’ils ouvrent leurs cœurs à Jésus et découvrent le Christ sauveur” !
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