La Mission de France au service des diocèses
Plus de 150 personnes ont fêté les 60 ans de la Mission de France à Pontigny, le 31 mai 2014. Mgr Yves Patenôtre, archevêque émérite de Sens-Auxerre et Prélat émérite de la Mission de France, partage ses impressions et les orientations à venir pour ce diocèse particulier. Par CLG.
Pourquoi cet anniversaire ?
Nous avons célébré les 60 ans de la constitution de la Mission de France en prélature territoriale par le Pape Pie XII. Celle-ci est située à Pontigny, dans le département de l’Yonne. C’était le lieu du séminaire de la Mission de France qui est aujourd’hui sur Paris. C’est un diocèse au service des diocèses de France. Actuellement, une soixantaine d’entre eux accueille la Mission de France, selon leurs besoins et les demandes des évêques. La spécificité de ses prêtres est d’avoir une vie professionnelle, tout en étant prêtres en paroisse. Aux débuts, ils travaillaient surtout dans le monde ouvrier. Aujourd’hui, l’un est transpalette dans la grande distribution, l’autre enseigneur-chercheur au CNRS. La prochaine ordination presbytérale, fin juin, sera celle d’un policier. Le charisme de la Mission de France, avec ses prêtres, ses diacres et ses laïcs, c’est d’aller vers les périphéries. Le Nonce apostolique m’a confirmé que nous étions bien en syntonie avec le Pape François. L’Eglise est pour la mission, pour accueillir les cultures, pour dire la foi avec les mots du monde d’aujourd’hui. Or pour pouvoir le faire, il faut y être présent. Nous devons être à l’écoute de ceux qui sont loin de l’Eglise. C’est sans doute pourquoi les évêques de France m’ont envoyé au Synode des évêques sur la Nouvelle Evangélisation.
Quels sont les projets de la Mission de France ?
Notre prochaine université d’été, qui aura lieu à Lyon en juillet, va nous recentrer sur le mystère du Christ, vrai Dieu et vrai homme. Nous croyons qu’Il a transfiguré le monde. Le spirituel lui-même est charnel. Il n’y a plus rien de profane depuis que le Christ a tout « christifié » par sa présence. Souvent je cite le Père Teilhard de Chardin. Nous croyons que le Seigneur est présent en tout. D’où la nécessité d’accueillir toutes les cultures et les langages d’aujourd’hui. Notamment Internet. C’est ce qui a été exprimé au Synode sur la Nouvelle Evangélisation : Il ne s’agit pas simplement d’être présent sur Internet. Puisqu’ Internet produit une nouvelle culture, il forme la pensée, ouvre à une dimension internationale. Le Pape François le dit dans l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium. Les rythmes de vie ont changé, transformant notre rapport à l’espace et au temps.
Comment la Mission de France envisage-t-elle son avenir ?
Même si nous n’avons pas le monopole de la mission dans l’Eglise, la Mission de France rappelle à l’Eglise qu’elle est missionnaire. C’était déjà l’intuition du cardinal Emmanuel Suhard (1874-1949). Les prêtres sont d’abord formés pour être des hommes de prière car, comme le rappelle Vatican II, la mission première des prêtres et des évêques est d’annoncer l’Evangile. Pour l’anniversaire des 60 ans, nous avions choisi comme thème : « Liturgie et mission ». La liturgie nourrit et suscite la mission. En même temps, la mission est liturgie. Saint Paul aux Romains (chapitre 15) dit qu’annoncer l’Evangile est une fonction sacrée, un engagement de tout l’être et du corps entier. Comme dans la prière. On le voit bien dans l’eucharistie : tout le corps du prêtre y est engagé. Dans son intervention, le père abbé de l’abbaye de Cîteaux – [Pontigny est la deuxième fille de Cîteaux, NDLR] – a repris la règle de vie du moine : « Ora et Labora ». La prière est un travail et le travail est prière. On la retrouve dans la dynamique de la Mission de France, avec des prêtres en plein monde.
Pontigny, lieu emblématique de la Mission de France
L’abbatiale cistercienne de Pontigny est la cathédrale du diocèse de la Mission de France. Elle fête en 2014 ses 900 ans par une série de manifestations en lien avec Cîteaux.