Chapitre 5 de l’Exhortation apostolique Christus Vivit

Chapitre 5 de l’Exhortation apostolique Christus Vivit : « Chemins de jeunesse ».

134. Comment vit-on sa jeunesse lorsqu’on se laisse éclairer par la grande nouvelle de l’Evangile ? Il est important de se poser cette question parce que la jeunesse est plus qu’une fierté, elle est un don de Dieu : « Etre jeune est une grâce, une chance ».[71] C’est un don que nous pouvons gaspiller inutilement, ou bien que nous pouvons recevoir avec reconnaissance et vivre en plénitude.

JMJ Cracovie, Chemin de croix avec les jeunes au parc de Blonia135. Dieu est l’auteur de la jeunesse, et il œuvre en chaque jeune. La jeunesse est un temps béni pour le jeune, et une bénédiction pour l’Eglise et pour le monde. Elle est une joie, un chant d’espérance et une béatitude. Apprécier la jeunesse implique de voir ce temps de la vie comme un moment précieux, et non comme un temps qui passe où les personnes jeunes se sentent poussées vers l’âge adulte.

Un temps de rêves et de choix

136. A l’époque de Jésus, la sortie de l’enfance était une étape très attendue dans la vie qui était célébrée et grandement appréciée. Il en résulte que Jésus, lorsqu’il redonne la vie à une “enfant” (Mc 5, 39), lui fait faire un pas, l’encourage et la change en “jeune fille” (Mc 5, 41). En lui disant « jeune fille, lève-toi » (talitá kum), il la rend en même temps plus responsable de sa vie en lui ouvrant les portes de la jeunesse.

137. « La jeunesse, phase du développement de la personnalité, est marquée par des rêves qui, peu à peu, prennent corps, par des relations qui acquièrent toujours plus de consistance et d’équilibre, par des tentatives et des expériences, par des choix qui construisent progressivement un projet de vie. A cette période de la vie, les jeunes sont appelés à se projeter en avant, sans couper leurs racines, à construire leur autonomie, mais pas dans la solitude ».[72]

138. L’amour de Dieu et notre relation avec le Christ vivant ne nous empêchent pas de rêver, et n’exigent pas de nous que nous rétrécissions nos horizons. Au contraire, cet amour nous pousse en avant, nous stimule, nous élance vers une vie meilleure et plus belle. Le mot “inquiétude” résume les nombreuses quêtes du cœur des jeunes. Comme le disait saint Paul VI : « Il y a un élément de lumière précisément dans les insatisfactions qui vous tourmentent ».[73] L’inquiétude qui rend insatisfait, jointe à l’étonnement pour la nouveauté qui pointe à l’horizon, ouvre un passage à l’audace qui les met en mouvement pour s’assumer eux-mêmes, devenir responsable d’une mission. Cette saine anxiété, qui s’éveille surtout dans la jeunesse, continue d’être la caractéristique de tout cœur qui reste jeune, disponible, ouvert. La véritable paix intérieure cohabite avec cette insatisfaction profonde. Saint Augustin disait : « Seigneur, tu nous a créés pour toi et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ».[74]

139. Il y a longtemps, un ami me demanda ce que je voyais quand je pensais à un jeune. Ma réponse a été : « Je vois un garçon ou une fille au pied agile qui cherche sa voie, qui entre dans le monde et qui regarde l’horizon avec les yeux pleins d’espoir, pleins de l’avenir et aussi d’illusions. Le jeune marche sur ses deux pieds comme les adultes, mais à la différence des adultes, qui les gardent bien parallèles, il en a toujours un devant l’autre, sans cesse prêt à partir, à bondir. Toujours prêt à aller de l’avant. Parler des jeunes, c’est parler de promesses, et c’est parler de joie. Ils ont une force immense, ils sont capables de regarder avec espoir. Un jeune est une promesse de vie qui possède par nature un certain degré de ténacité ; il a assez de folie pour pouvoir s’illusionner, tout en ayant aussi la capacité à guérir de la désillusion qui peut s’ensuivre ».[75]

140. Certains jeunes rejettent parfois cette étape de la vie, parce qu’ils veulent rester enfants ou bien désirent « un prolongement indéfini de l’adolescence et le renvoi des décisions ; la peur du définitif engendre ainsi une sorte de paralysie décisionnelle. La jeunesse ne peut toutefois pas rester un temps suspendu : c’est l’âge des choix et c’est précisément en cela que réside sa fascination et sa tâche la plus grande. Les jeunes prennent des décisions dans le domaine professionnel, social, politique, et d’autres, plus radicales, qui donneront à leur existence une orientation déterminante ».[76] Ils prennent aussi des décisions en rapport avec l’amour, le choix du partenaire et la possibilité d’avoir les premiers enfants. Nous approfondirons ces thèmes dans les derniers chapitres qui portent sur la vocation de chacun et son discernement.

141. Mais à l’encontre des rêves qui entraînent des décisions, souvent « il y a la menace de la lamentation, de la résignation. Celles-là, nous les laissons à ceux qui suivent la “déesse lamentation” […] Elle est une tromperie ; elle te fait prendre la mauvaise route. Quand tout semble immobile et stagnant, quand les problèmes personnels nous inquiètent, quand les malaises sociaux ne trouvent pas les réponses qu’ils méritent, ce n’est pas bon de partir battus. Le chemin est Jésus ; le faire monter dans notre « bateau » et avancer au large avec lui ! Il est le Seigneur ! Il change la perspective de la vie. La foi en Jésus conduit à une espérance qui va au-delà, à une certitude fondée non seulement sur nos qualités et nos dons, mais sur la Parole de Dieu, sur l’invitation qui vient de lui. Sans faire trop de calculs humains ni trop se préoccuper de vérifier si la réalité qui vous entoure coïncide avec vos sécurités. Avancez au large, sortez de vous-mêmes ».[77]

142. Il faut persévérer sur le chemin des rêves. Pour cela, il faut être attentifs à une tentation qui nous joue d’habitude un mauvais tour : l’angoisse. Elle peut être une grande ennemie lorsqu’il nous arrive de baisser les bras parce que nous découvrons que les résultats ne sont pas immédiats. Les rêves les plus beaux se conquièrent avec espérance, patience et effort, en renonçant à l’empressement. En même temps il ne faut pas s’arrêter par manque d’assurance, il ne faut pas avoir peur de parier et de faire des erreurs. Il faut avoir peur de vivre paralysés, comme morts dans la vie, transformés en des personnes qui ne vivent pas, parce qu’elles ne veulent pas risquer, parce qu’elles ne persévèrent pas dans leurs engagements et parce qu’elles ont peur de se tromper. Même si tu te trompes, tu pourras toujours lever la tête et recommencer, parce que personne n’a le droit de te voler l’espérance.

143. Jeunes, ne renoncez pas au meilleur de votre jeunesse, ne regardez pas la vie à partir d’un balcon. Ne confondez pas le bonheur avec un divan et ne vivez pas toute votre vie derrière un écran. Ne devenez pas le triste spectacle d’un véhicule abandonné. Ne soyez pas des voitures stationnées. Il vaut mieux que vous laissiez germer les rêves et que vous preniez des décisions. Prenez des risques, même si vous vous trompez. Ne survivez pas avec l’âme anesthésiée, et ne regardez pas le monde en touristes. Faites du bruit ! Repoussez dehors les craintes qui vous paralysent, afin de ne pas être changés en jeunes momifiés. Vivez ! Donnez-vous à ce qu’il y a de mieux dans la vie ! Ouvrez la porte de la cage et sortez voler ! S’il vous plaît, ne prenez pas votre retraite avant l’heure !

Les envies de vivre et d’expérimenter

144. Cette projection vers l’avenir qui se rêve ne signifie pas que les jeunes soient complètement lancés en avant, car, en même temps, il y a en eux un fort désir de vivre le présent, de profiter au maximum des possibilités que leur offre cette vie. Ce monde est rempli de beauté ! Comment dédaigner les dons de Dieu ?

145. Contrairement à ce que beaucoup pensent, le Seigneur ne veut pas affaiblir ces envies de vivre. Il est bon de se souvenir de ce qu’un sage de l’Ancien Testament enseignait : « Mon fils, si tu as de quoi, traite-toi bien […] Ne te refuse pas le bonheur présent » (Si 14, 11.14). Le Dieu véritable, celui qui t’aime, te veut heureux. C’est pourquoi, dans la Bible, nous voyons aussi ce conseil adressé aux jeunes : « Réjouis-toi, jeune homme, dans ta jeunesse, sois heureux aux jours de ton adolescence […] Éloigne de ton cœur le chagrin » (Qo 11, 9-10). Car Dieu est celui qui « pourvoit largement à tout, afin que nous en jouissions » (1Tm 6, 17).

146. Comment pourra-t-il être reconnaissant à Dieu celui qui n’est pas capable de profiter de ses petits cadeaux quotidiens, celui qui ne sait pas s’arrêter devant les choses simples et agréables qu’il rencontre à chaque pas ? Car « il n’y a pas homme plus cruel que celui qui se torture soi-même » (Si 14, 6). Il ne s’agit pas d’être insatiable, toujours obsédé par le fait d’avoir toujours plus de plaisirs. Au contraire, cela t’empêcherait de vivre le présent. La question est de savoir ouvrir les yeux et de s’arrêter pour vivre pleinement, et avec gratitude, chaque petit don de la vie.

147. Il est clair que la Parole de Dieu ne t’invite pas seulement à préparer demain, mais à vivre le présent : « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : demain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine » (Mt 6, 34). Mais il ne s’agit pas de nous lancer dans une frénésie irresponsable qui nous laisserait vides et toujours insatisfaits ; mais de vivre le présent à fond, en utilisant les énergies pour de bonnes choses, en cultivant la fraternité, en suivant Jésus et en appréciant chaque petite joie de la vie comme un don de l’amour de Dieu.

148. Dans ce sens, je voudrais rappeler que le Cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân, lorsqu’il était emprisonné dans un camp de concentration, ne voulait pas que ses journées consistent seulement à attendre et attendre un avenir. Son choix était de “vivre le moment présent en le remplissant d’amour” ; et il le faisait de la manière suivante : « Je profite des occasions qui se présentent tous les jours pour faire des actions ordinaires de manière extraordinaire ».[78] Pendant que tu te bats pour donner forme à tes rêves, vis pleinement l’aujourd’hui, remplis d’amour chaque moment et donne-le entièrement. Car il est vrai que cette journée de ta jeunesse peut être la dernière, et cela vaut donc la peine de la vivre avec toute l’envie et toute la profondeur possible.

149. Cela comprend aussi les moments difficiles qui doivent être vécus à fond pour parvenir à en découvrir le sens. Comme l’enseignent les évêques de Suisse : « Il est là où nous pensions qu’il nous avait abandonnés, et qu’il n’y avait plus de salut. C’est un paradoxe, mais la souffrance, les ténèbres se sont transformées, pour beaucoup de chrétiens […] en lieux de rencontre avec Dieu ».[79] De plus, le désir de vivre et de faire des expériences nouvelles concerne en particulier beaucoup de jeunes en condition de handicap physique, psychique et sensoriel. Même s’ils ne peuvent pas toujours faire les mêmes expériences que leurs compagnons, ils ont des ressources surprenantes, inimaginables, qui parfois sortent de l’ordinaire. Le Seigneur Jésus les comble d’autres dons, que la communauté est appelée à mettre en valeur, pour qu’ils puissent découvrir son projet d’amour pour chacun d’eux.

Dans l’amitié avec le Christ

150. Bien que tu vives et fasses des expériences, tu ne parviendras pas à la pleine jeunesse, tu ne connaîtras pas la véritable plénitude d’être jeune, si tu ne rencontres pas chaque jour le grand ami, si tu ne vis pas dans l’amitié de Jésus.

Verre de l'amitié151. L’amitié est un cadeau de la vie, un don de Dieu. Le Seigneur nous polit et nous fait mûrir à travers les amis. En même temps, les amis fidèles, qui sont à nos côtés dans les moments difficiles, sont un reflet de la tendresse du Seigneur, de son réconfort et de son aimable présence. Avoir des amis nous apprend à nous ouvrir, à prendre soin des autres, à les comprendre, à sortir de notre confort et de l’isolement, à partager la vie. C’est pourquoi : « Un ami fidèle n’a pas de prix » (Si 6,15).

152. L’amitié n’est pas une relation fugitive ou passagère, mais stable, solide, fidèle, qui mûrit avec le temps. Elle est une relation d’affection qui nous fait sentir unis, et en même temps elle est un amour généreux, qui nous porte à chercher le bien de l’ami. Même si les amis peuvent être très différents entre eux, il y a toujours des choses en commun qui les portent à se sentir proches, et il y a une intimité qui se partage avec sincérité et confiance.

153. L’amitié est si importante que Jésus se présente comme un ami : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais je vous appelle amis » (Jn 15, 15). Par la grâce qu’il nous donne, nous sommes élevés de telle sorte que nous sommes réellement ses amis. Nous pouvons l’aimer du même amour qu’il répand en nous, étendant son amour aux autres, dans l’espérance qu’eux aussi trouveront leur place dans la communauté d’amitié fondée par Jésus-Christ.[80] Et même s’il est déjà pleinement heureux, ressuscité, il est possible d’être généreux envers lui, en l’aidant à construire son Royaume en ce monde, en étant ses instruments pour porter son message et sa lumière, et surtout son amour, aux autres (cf. Jn 15, 16). Les disciples ont entendu l’appel de Jésus à l’amitié avec lui. C’est une invitation qui ne les a pas forcés, mais qui a été proposée délicatement à leur liberté : il leur dit « Venez et voyez », et « ils vinrent donc et virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là » (Jn 1, 39). Après cette rencontre, intime et inespérée, ils ont tout laissé et ils ont été avec lui.

154. L’amitié avec Jésus est indéfectible. Il ne s’en va jamais, même si parfois il semble être silencieux. Quand nous en avons besoin, il se laisse rencontrer par nous (cf. Jr 29, 14) et il est à nos côtés, où que nous allions (cf. Jos 1, 9). Car il ne rompt jamais une alliance. Il demande que nous ne l’abandonnions pas : « Demeurez en moi » (Jn 15, 4). Mais si nous nous éloignons, « il reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 2, 13).

155. Nous parlons avec l’ami, nous partageons les choses les plus secrètes. Avec Jésus aussi, nous parlons. La prière est un défi et une aventure. Et quelle aventure ! Elle permet que nous le connaissions mieux chaque jour, que nous entrions dans sa profondeur et que nous grandissions dans une union plus forte. La prière nous permet de lui dire tout ce qui nous arrive et de rester confiants dans ses bras, et en même temps elle nous offre des instants de précieuse intimité et d’affection, où Jésus répand en nous sa propre vie. En priant, nous lui « ouvrons le jeu » et nous lui faisons la place « pour qu’il puisse agir et puisse entrer et puisse triompher ».[81]

156. Il est ainsi possible de faire l’expérience d’une union constante avec lui qui dépasse tout ce que nous pouvons vivre avec d’autres personnes : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Ne prive pas ta jeunesse de cette amitié. Tu pourras le sentir à ton côté non seulement quand tu pries. Tu reconnaîtras qu’il marche avec toi à tout moment. Essaie de le découvrir et tu vivras la belle expérience de te savoir toujours accompagné. C’est ce qu’ont vécu les disciples d’Emmaüs quand Jésus se rendit présent et « marchait avec eux » (Lc 24, 15), alors qu’ils marchaient et parlaient, désorientés. Un saint a dit que « le christianisme n’est pas un ensemble de vérités à croire, de lois à suivre, d’interdictions. Il devient repoussant de cette manière. Le christianisme est une Personne qui m’a aimé tellement qu’il demande mon amour. Le christianisme, c’est le Christ ».[82]

157. Jésus peut réunir tous les jeunes de l’Eglise en un unique rêve, « un grand rêve et un rêve capable d’abriter tout le monde. Ce rêve pour lequel Jésus a donné sa vie sur la croix et que l’Esprit Saint a répandu et a marqué au feu, le jour de la Pentecôte, dans le cœur de tout homme et de toute femme, dans le cœur de chacun […] Il l’a gravé dans l’attente de trouver de la place pour grandir et pour se développer. Un rêve, un rêve appelé Jésus semé par le Père, Dieu comme Lui – comme le Père – envoyé par le Père, dans la confiance qu’il grandira et vivra en chaque cœur. Un rêve concret, qui est une personne, qui circule dans nos veines, qui fait frissonner le cœur et le fait danser chaque fois que nous l’écoutons ».[83]

La croissance et le mûrissement

158. Beaucoup de jeunes ont le souci de leur corps, se préoccupent du développement de la force physique ou de l’apparence. D’autres s’inquiètent de développer leurs capacités et leurs connaissances, et ils se sentent ainsi plus sûrs. Certains visent plus haut, essayent de s’engager davantage et cherchent un développement spirituel. Saint Jean disait : « Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, que la parole de Dieu demeure en vous » (1Jn 2, 14). Chercher le Seigneur, garder sa Parole, essayer de répondre par sa propre vie, grandir dans les vertus, cela rend fort le cœur des jeunes. C’est pourquoi il faut garder la connexion avec Jésus, être en ligne avec lui, puisque tu ne grandiras pas en bonheur et en sainteté par tes seules forces ni par ton esprit. De même que tu fais attention à ne pas perdre la connexion Internet, fais attention à ce que ta connexion avec le Seigneur reste active ; et cela signifie ne pas couper le dialogue, l’écouter, lui raconter tes affaires et, quand tu ne sais pas clairement ce que tu dois faire, lui demander : Jésus, qu’est-ce que tu ferais à ma place ?[84]

159. J’espère que tu t’estimes toi-même, que tu te prends au sérieux, que tu cherches ta croissance spirituelle. En plus des enthousiasmes propres à la jeunesse, il y a la beauté de chercher « la justice, la foi, la charité, la paix » (2Tm 2, 22). Cela ne veut pas dire perdre la spontanéité, le courage, l’enthousiasme, la tendresse. Car devenir adulte ne signifie pas abandonner les valeurs les meilleures de cette étape de la vie. Autrement, le Seigneur pourrait un jour te faire des reproches : « Je me rappelle l’affection de ta jeunesse, l’amour de tes fiançailles, alors que tu marchais derrière moi au désert » (Jr 2, 2).

160. Au contraire, même un adulte doit mûrir sans perdre les valeurs de la jeunesse. Car chaque étape de la vie est une grâce qui demeure ; elle renferme une valeur qui ne doit pas passer. Une jeunesse bien vécue reste comme une expérience intérieure, et elle est reprise dans la vie adulte, elle est approfondie et continue à donner du fruit. Si le propre du jeune est de se sentir attiré par l’infini qui s’ouvre et qui commence,[85] un risque de la vie adulte, avec ses sécurités et ses conforts, est de restreindre toujours plus cet horizon et de perdre cette valeur propre aux années de la jeunesse. Or le contraire devrait arriver : mûrir, grandir et organiser sa vie sans perdre cet attrait, cette vaste ouverture, cette fascination pour une réalité qui est toujours plus. A chaque moment de la vie, nous devrions pouvoir renouveler et renforcer la jeunesse. Quand j’ai commencé mon ministère de Pape, le Seigneur m’a élargi les horizons et m’a offert une nouvelle jeunesse. La même chose peut arriver pour un mariage célébré il y a de nombreuses années, ou pour un moine entré dans son monastère. Il y a des choses qui demandent des années pour “s’établir”, mais ce mûrissement peut cohabiter avec un feu qui se renouvelle, avec un cœur toujours jeune.

161. Grandir c’est conserver et nourrir les choses les plus précieuses que la jeunesse te laisse, mais, en même temps, c’est être ouvert à purifier ce qui n’est pas bon et à recevoir de nouveaux dons de Dieu qui t’appelle à développer ce qui a de la valeur. Parfois, le complexe d’infériorité peut te conduire à ne pas vouloir voir tes défauts et tes faiblesses, et tu peux de la sorte te fermer à la croissance et à la maturation. Il est mieux de te laisser aimer par Dieu, qui t’aime comme tu es, qui t’estime et te respecte, mais qui, aussi, te propose toujours plus : plus de son amitié, plus de ferveur dans la prière, plus de faim de sa Parole, plus de désir de recevoir le Christ dans l’Eucharistie, plus de désir de vivre son Evangile, plus de force intérieure, plus de paix et de joie spirituelle.

162. Mais je te rappelle que tu ne seras pas saint ni accompli, en copiant les autres. Imiter les saints ne signifie pas copier leur manière d’être et de vivre la sainteté : « Il y a des témoins qui sont utiles pour nous encourager et pour nous motiver, mais non pour que nous les copiions, car cela pourrait même nous éloigner de la route unique et spécifique que le Seigneur veut pour nous ».[86] Tu dois découvrir qui tu es et développer ta manière propre d’être saint, au-delà de ce que disent et pensent les autres. Arriver à être saint, c’est arriver à être plus pleinement toi-même, à être ce que Dieu a voulu rêver et créer, pas une photocopie. Ta vie doit être un aiguillon prophétique qui stimule les autres, qui laisse une marque dans ce monde, cette marque unique que toi seul pourras laisser. En revanche, si tu copies, tu priveras cette terre, et aussi le ciel, de ce que personne d’autre que toi ne pourra offrir. Je me rappelle que saint Jean de la Croix, dans son Cantique Spirituel, écrit que chacun doit tirer profit de ses conseils spirituels « à sa façon »[87], car le même Dieu a voulu manifester sa grâce « d’une manière aux uns, et aux autres d’une autre».[88]

Sentiers de fraternité

163. Ton développement spirituel s’exprime avant tout en grandissant dans l’amour fraternel, généreux, miséricordieux. Saint Paul le disait : « Que le Seigneur vous fasse croître et abonder dans l’amour que vous avez les uns envers les autres et envers tous » (1Th 3, 12). Si seulement tu vivais toujours plus cette “extase” de sortir de toi-même pour chercher le bien des autres jusqu’à donner ta vie.

164. Une rencontre avec Dieu prend le nom d’“extase” lorsqu’elle nous sort de nous-mêmes et nous élève, captivés par l’amour et la beauté de Dieu. Mais nous pouvons aussi être sortis de nous-mêmes pour reconnaître la beauté cachée en tout être humain, sa dignité, sa grandeur en tant qu’image de Dieu et d’enfant du Père. L’Esprit Saint veut nous stimuler pour que nous sortions de nous-mêmes, embrassions les autres par amour et recherchions leur bien. Par conséquent, il est toujours mieux de vivre la foi ensemble et d’exprimer notre amour dans une vie communautaire, en partageant avec d’autres jeunes notre affection, notre temps, notre foi et nos préoccupations. L’Eglise propose beaucoup de lieux divers pour vivre la foi en communauté, car tout est plus facile ensemble.

165. Les blessures que tu as reçues peuvent te porter à la tentation de l’isolement, à te replier sur toi-même, à accumuler les ressentiments ; mais tu ne dois jamais cesser d’écouter l’appel de Dieu au pardon. Comme l’ont bien enseigné les évêques du Rwanda : « La réconciliation avec l’autre demande d’abord de découvrir en lui la splendeur de l’image de Dieu […] Dans cette optique, il est vital de distinguer le pécheur de son péché et de son offense, pour arriver à la vraie réconciliation. Cela veut dire que tu haïsses le mal que l’autre t’inflige, mais que tu continues de l’aimer parce que tu reconnais sa faiblesse et vois l’image de Dieu en lui ».[89]

166. Parfois, toute l’énergie, les rêves et l’enthousiasme de la jeunesse s’affaiblissent par la tentation de nous enfermer en nous-mêmes, dans nos difficultés, dans la blessure de nos sentiments, dans nos plaintes et dans notre confort. Ne permets pas que cela t’arrive, parce que tu deviendras vieux intérieurement, avant l’heure. Chaque âge a sa beauté, et la jeunesse possède l’utopie communautaire, la capacité de rêver ensemble, les grands horizons que nous fixons ensemble.

167. Dieu aime la joie des jeunes et il les invite spécialement à cette joie qui se vit en communion fraternelle, à cette allégresse supérieure de celui qui sait partager, parce que « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35) et que « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2Co 9, 7). L’amour fraternel multiplie notre capacité de bonheur car il nous rend capable d’être heureux du bien des autres : « Réjouissez-vous avec qui est dans la joie » (Rm 12, 15). Que la spontanéité et l’élan de ta jeunesse se changent chaque jour davantage en spontanéité de l’amour fraternel, en courage pour répondre toujours par le pardon, par la générosité, par l’envie de faire communauté. Un proverbe africain dit : “Si tu veux aller vite, marche seul. Si tu veux aller loin, marche avec les autres”. Ne nous laissons pas voler la fraternité.

Des jeunes engagés

168. Il est vrai que, parfois, face à un monde rempli de violences et d’égoïsme, les jeunes peuvent courir le risque de s’enfermer dans de petits groupes, et se priver ainsi des défis de la vie en société, d’un monde vaste, stimulant et dans le besoin. Ils sentent qu’ils vivent l’amour fraternel, mais peut-être leur groupe s’est-il changé en un simple prolongement de soi. Cela devient plus grave si la vocation de laïc se conçoit seulement comme un service à l’intérieur de l’Eglise (lecteurs, acolytes, catéchiste, etc.), oubliant que la vocation laïque consiste avant tout dans la charité en famille, la charité sociale et la charité politique : elle est un engagement concret, à partir de la foi, pour la construction d’une société nouvelle, elle consiste à vivre au milieu du monde et de la société pour évangéliser ses diverses instances, pour faire grandir la paix, la cohabitation, la justice, les droits humains, la miséricorde, et étendre ainsi le Règne de Dieu dans le monde.

169. Je propose aux jeunes d’aller au-delà des groupes d’amis et de construire l’ « amitié sociale, chercher le bien commun. L’inimitié sociale détruit. Et l’inimitié détruit une famille. L’inimitié détruit un pays. L’inimitié détruit le monde. Et l’inimitié la plus grande, c’est la guerre. Et aujourd’hui, nous voyons que le monde est en train d’être détruit par la guerre, parce qu’ils sont incapables de s’asseoir et de se parler […]. Soyez capables de créer l’amitié sociale ».[90] Ce n’est pas facile. Il faut toujours renoncer à quelque chose, il faut négocier, mais si nous le faisons en pensant au bien de tous, nous pourrons réaliser la magnifique expérience de laisser de côté les différences pour lutter ensemble pour une chose commune. Oui, essayons de chercher les points de coïncidence parmi les nombreuses dissensions, dans cet effort artisanal parfois coûteux de jeter des ponts, de construire une paix qui soit bonne pour tous ; cela c’est le miracle de la culture de la rencontre que les jeunes peuvent oser vivre avec passion.

170. Le Synode a reconnu que « bien que sous une forme différente par rapport aux générations passées, l’engagement social est un trait spécifique des jeunes d’aujourd’hui. A côté de certains qui restent indifférents, il y en a beaucoup d’autres qui sont disponibles pour des initiatives de volontariat, de citoyenneté active et de solidarité sociale : il est important de les accompagner et de les encourager pour faire émerger leurs talents, leurs compétences et leur créativité et pour inciter à la prise de responsabilité de leur part. L’engagement social et le contact direct avec les pauvres demeurent une occasion fondamentale de découverte et d’approfondissement de la foi et de discernement de sa propre vocation. […] La disponibilité en faveur de l’engagement dans le domaine politique en vue du bien commun a été signalée ».[91]

171. Aujourd’hui, grâce à Dieu, les groupes de jeunes en paroisse, dans les collèges, dans les mouvements, ou les groupes universitaires, sortent souvent pour accompagner les personnes âgées et malades, ou visiter les quartiers pauvres, ou bien sortent ensemble pour aider les personnes dans le besoin dans ce qu’on appelle les “nuits de la charité”. Ils reconnaissent souvent que, dans ces activités, ils reçoivent plus qu’ils ne donnent, car on apprend et mûrit beaucoup lorsqu’on ose entrer en contact avec la souffrance des autres. De plus, il y a chez les pauvres une sagesse cachée, et ils peuvent, avec des mots simples, nous aider à découvrir des valeurs que nous ne voyons pas.

172. D’autres jeunes participent à des programmes sociaux pour construire des maisons pour ceux qui n’ont pas de toit, ou pour assainir des lieux pollués, ou pour collecter des aides pour les personnes les plus nécessiteuses. Il serait bon que cette énergie communautaire s’applique non seulement à des actions ponctuelles, mais de manière stable, avec des objectifs clairs et une bonne organisation qui aide à réaliser un travail plus suivi et plus efficace. Les étudiants peuvent s’unir de manière interdisciplinaire pour appliquer leur savoir à la résolution de problèmes sociaux, et ils peuvent, dans cette tâche, travailler au coude à coude avec les jeunes d’autres Eglises ou d’autres religions.

173. Comme dans le miracle de Jésus, les pains et les poissons des jeunes peuvent se multiplier (cf. Jn 6, 4-13). De même que dans la parabole, les petites semences des jeunes se transforment en arbres et en récoltes (cf. Mt 13, 23. 31-32). Tout cela à partir de la source vive de l’Eucharistie dans laquelle notre pain et notre vin sont transfigurés pour nous donner la vie éternelle. Si on demande aux jeunes un travail important et difficile, ils pourront, avec la foi dans le Ressuscité, l’affronter avec créativité et espérance, et en se disposant toujours au service, comme les serviteurs de ces noces, surpris d’être les collaborateurs du premier signe de Jésus, qui ont seulement suivi la consigne de sa Mère : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5). Miséricorde, créativité et espérance font grandir la vie.

174. Je veux t’inciter à cet engagement, parce que je sais que « ton cœur, cœur jeune, veut construire un monde meilleur. Je suis les nouvelles du monde et je vois que de nombreux jeunes, en tant de parties du monde, sont sortis sur les routes pour exprimer le désir d’une civilisation plus juste et fraternelle. Les jeunes sur les routes. Ce sont des jeunes qui veulent être protagonistes du changement. S’il vous plaît, ne laissez pas les autres être protagonistes du changement ! Vous, vous êtes ceux qui ont l’avenir ! Par vous l’avenir entre dans le monde. Je vous demande aussi d’être protagonistes de ce changement. Continuez à vaincre l’apathie, en donnant une réponse chrétienne aux inquiétudes sociales et politiques, présentes dans diverses parties du monde. Je vous demande d’être constructeurs du monde, de vous mettre au travail pour un monde meilleur. Chers jeunes, s’il vous plaît, ne regardez pas la vie “du balcon”, mettez-vous en elle, Jésus n’est pas resté au balcon, il s’est immergé ; ne regardez pas la vie “du balcon”, immergez-vous en elle comme l’a fait Jésus ».[92]

Des missionnaires courageux

175. Amoureux du Christ, les jeunes sont appelés à témoigner de l’Evangile partout, par leur propre vie. Saint Albert Hurtado disait : « Etre apôtre ce n’est pas porter un insigne à la boutonnière de la veste ; ce n’est pas parler de la vérité mais la vivre, s’incarner en elle, devenir Christ. Etre apôtre ce n’est pas porter une torche à la main, posséder la lumière mais être la lumière […] L’Evangile […] plus qu’un enseignement est un exemple. Le message changé en vie vécue ».[93]

171022-Semaine-Missionnaire-Mondiale-2017_s176. La valeur du témoignage ne signifie pas que l’on doit faire taire la Parole. Pourquoi ne pas parler de Jésus, pourquoi ne pas dire aux autres qu’il donne la force de vivre, qu’il est bon de parler avec lui, que méditer ses paroles nous fait du bien ? Jeunes, ne permettez pas que le monde vous entraîne à partager seulement les choses mauvaises ou superficielles. Soyez capables d’aller à contre-courant et sachez partager Jésus, communiquez la foi qu’il vous a offerte. Si seulement vous pouviez sentir dans le cœur le même mouvement irrésistible qui agitait saint Paul quand il disait : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile » (1Co 9, 16).

177. « Où nous envoie Jésus ? Il n’y a pas de frontières, il n’y a pas de limites : il nous envoie à tous. L’Evangile est pour tous et non pour quelques-uns. Il n’est pas seulement pour ceux qui semblent plus proches, plus réceptifs, plus accueillants. Il est pour tous. N’ayez pas peur d’aller, et de porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux périphéries existentielles, également à celui qui semble plus loin, plus indifférent. Le Seigneur est à la recherche de tous, il veut que tous sentent la chaleur de sa miséricorde et de son amour ».[94] Il nous invite à aller sans crainte avec l’annonce missionnaire, là où nous nous trouvons et avec qui nous sommes, dans le quartier, au bureau, au sport, lors des sorties avec les amis, dans le bénévolat ou dans le travail ; toujours il est bon et opportun de partager la joie de l’Evangile. C’est ainsi que le Seigneur va chercher tout le monde. Et vous, jeunes, il veut que vous soyez ses instruments pour répandre lumière et espérance, car il veut compter sur votre audace, votre courage et votre enthousiasme.

178. Il ne faut pas espérer que la mission soit facile et confortable. Certains jeunes ont donné leur vie afin de ne pas arrêter leur élan missionnaire. Les évêques de Corée ont déclaré : « Nous attendons de pouvoir être des grains de blé et des instruments pour le salut de l’humanité, en suivant l’exemple des martyrs. Même si notre foi est toute petite comme une semence de moutarde, Dieu lui donnera la croissance et l’utilisera comme un instrument pour son œuvre de salut ».[95] Chers amis, n’attendez pas demain pour collaborer à la transformation du monde avec votre énergie, votre audace et votre créativité. Votre vie n’est pas un « entre-temps ». Vous êtes l’heure de Dieu qui vous veut féconds.[96] Car « c’est en donnant que l’on reçoit »,[97] et la meilleure manière de préparer un bon avenir est de bien vivre le présent dans le don et la générosité.


Notes de bas de page

[71] Saint Paul VI, Allocution pour la béatification de Nunzio Sulpizio (1er décembre 1963): AAS 56 (1964), 28.

[72] DF, n. 65.

[73] Homélie de la messe avec les jeunes à Sydney (2 décembre 1970): AAS 63 (1971), 64.

[74] Confessions, I, 1, 1: PL 32, 661

[75] Dieu est jeune. Une conversation avec Thomas Leoncini, ed. Robert Lafont, Paris 2018, pp. 18-19.

[76] DF, n. 68.

[77] Rencontre avec les jeunes à Cagliari (22 septembre 2013): AAS 105 (2013), 904-905: L’Osservatore Romano, éd. française, n. 39 du 26 septembre 2013, p. 6.

[78] Cinco panes y dos peces: un gozoso testimonio de fe desde el sufrimiento en la cárcel, México 1999, p. 21.

[79] Conférence des Evêques de Suisse, Prendre le temps : pour toi, pour moi, pour nous, 2 février 2018.

[80] Cf. Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologicae II-II, q. 23, art. 1.

[81] Discours aux volontaires lors des XXXIVèmes Journées Mondiales de la Jeunesse à Panama (27 janvier 2019): L’Osservatore Romano, éd. française, n. 6 du 5 février 2019, p. 16.

[82] Saint Oscar Romero, Homilía (6 novembre 1977): Su pensamiento, I-II, San Salvador 2000, 312.

[83] Discours lors de la cérémonie d’ouverture des XXXIVèmes Journées Mondiales de la Jeunesse à Panama (24 janvier 2019): L’Osservatore Romano, éd. française, n. 5 du 29 janvier 2019, pp. 8-9.

[84] Cf. Rencontre avec les jeunes dans le Sanctuaire National de Maipú, Santiago du Chili (17 janvier 2018): L’Osservatore Romano, éd. française, n. 4 du 25 janvier 2018, pp. 4-5.

[85] Cf. Romano Guardini, Le età della vita, in Opera omnia IV, 1, ed. Morcelliana, Brescia 2015, p. 209.

[86] Exhort. ap. Gaudete et exsultate (19 mars 2018), n. 11.

[87] Cantique Spirituel B, Prologue, n. 2.

[88] Ibid., XIV-XV, n. 2.

[89] Conférence épiscopale du Rwanda, Lettre des évêques catholiques aux fidèles pendant l’année spéciale de la réconciliation au Rwanda, Kigali (18 janvier 2018), n. 17.

[90] Salut aux jeunes du Centre Culturel Père Félix Varela à La Havane (20 septembre 2015): L’Osservatore Romano, éd. française, n. 39 du 24 septembre 2015, p. 9.

[91] DF, n. 46.

[92] Discours de la veillée des XXVIIIèmes Journées Mondiales de la Jeunesse à Río de Janeiro (27 juillet 2013) : AAS 105 (2013), 663: L’Osservatore Romano, éd. française, n. 31 du 1 août 2013, p. 20.

[93] Ustedes son la luz del mundo, Discours au Cerro San Cristóbal, Chili, 1940: https://www.padrealbertohurtado.cl/escritos-2/.

[94] Homélie de la Messe des XXVIIIèmes Journées Mondiales de la Jeunesse à Río de Janeiro (28 juillet 2013) : AAS 105 (2013), 665: L’Osservatore Romano, éd. française, n. 31 du 1 août 2013, p. 12.

[95] Conférence épiscopale catholique de Corée, Pastoral Letter on the Occasion of the 150th Anniversary of the Martyrdom during the Byeong-in Persecution (30 mars 2016).

[96] Cf. Homélie de la Messe des XXXIVèmes Journées Mondiales de la Jeunesse à Panama (27 janvier 2019): L’Osservatore Romano, éd. française, n. 6 du 5 février 2019, p. 13.

[97] Prière “Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix, attribuée à Saint François d’Assise.

Pour méditer

Dans le souffle de cette grande nouvelle qui éclaire toute notre vie, le Pape aborde ensuite les étapes de la vie de la jeunesse. C’est bien dans cette lumière du Ressuscité que le Pape invite les jeunes à vivre le temps béni de la jeunesse.

Le chapitre commence par l’évocation si chère au Pape des rêves et des visions. Fuyant l’angoisse, la déesse lamentation (141), l’angoisse (142) ou la résignation, chacun est invité à se projeter en avant et à se décider.

Loin de la paralysie décisionnelle (140), le Pape encourage à prendre des risques, même si on se trompe ! (143).  Avec une série d’interpellations : « Ne confondez pas le bonheur avec un divan, ne vivez pas toute votre vie derrière un écran. Ne soyez pas des voitures stationnées ! »    Cette projection devant ne signifie pas qu’il ne faille pas vivre pleinement le présent. Le Pape reconnait ce trait caractéristique de la jeunesse de vouloir profiter au maximum des possibilités que leur offre cette vie (144-149). Il ne s’agit pas d’être insatiable, mais de vivre le moment présent en le remplissant d’amour et de gratitude.

Au cœur de toutes ces expériences, le Pape encourage à l’expérience qui apporte la plénitude, celle de l’amitié avec le Christ (150-157).  Si les amis sont un cadeau de Dieu, alors Jésus est vraiment notre ami. Pour lui l’amitié est si importante qu’il se présente comme un ami. Il nous invite à partager son amitié « venez et voyez », et à lui parler dans la prière. Jésus, c’est le rêve semé par le Père, un rêve concret qui est une personne, qui circule dans nos veines et fait frissonner le cœur » (157).

Troisième point d’attention : la croissance et le murissement (158-162). Pour bien grandir, il faut garder la connexion avec le Seigneur, ne pas couper le dialogue, l’écouter. Dans la vie adulte, les valeurs de la jeunesse vont murir (160) : ainsi à chaque moment de la vie, nous renforçons et nous renouvelons la jeunesse. Grandir, c’est conserver et nourrir les choses les plus précieuses que la jeunesse te laisse, mais aussi purifier ce qui n’est pas bon et recevoir de nouveaux dons. Chacun doit découvrir et développer sa façon d’être saint, sans être une photocopie.

Quatrième point d’attention : les sentiers de fraternité (163-168). François insiste sur la vie fraternelle, qui nous fait sortir de nous-même. « Il est toujours mieux de vivre la foi ensemble et d’exprimer notre amour dans une vis communautaire, en partageant avec d’autres jeunes notre affection, notre temps, notre foi et nos préoccupations » (164).  L’amour fraternel multiplie notre capacité de bonheur car il nous rend capable d’être heureux du bien des autres.

Cinquième point d’attention : l’engagement (168-174). Le Pape dénonce les tentations de l’enfermement et invite à construire l’amitié sociale et le bien commun : initiatives de volontariat, de citoyenneté active et de solidarité sociale. Les jeunes y déploient leurs talents et leur créativité. « Je vous demande d’être constructeurs du monde, de vous mettre au travail…. « Ne regardez pas la vie du balcon mais immergez-vous-en elle ; comme Jésus l’a fait. »

Enfin, des missionnaires courageux (175-178).  Le Pape invite à rendre témoignage par la vie. Non pas d’abord parler de la vérité mais la vivre. Témoigner par ses actes ne veut pas dire taire la Parole « Soyez capables d’aller à contre-courant et sachez partager Jésus. » Cette mission n’est ni facile, ni confortable. Et certains jeunes ont donné leur vie afin de pas arrêter leur élan missionnaire.

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