Accompagner la première phase d’évangélisation dans un contexte déchristianisé
Dans notre société qui renvoie les questions de religion et de foi dans la sphère intime, des personnes frappent à la porte de l’Église catholique pour devenir chrétiennes par le baptême. Alors qu’elles peuvent déjà avoir une vie spirituelle, elles ignorent cependant souvent les codes et la culture chrétienne. Elles ne savent pas encore mettre des mots sur leur expérience de foi.
Cette année, pour notre enquête, nous nous sommes intéressés au début du cheminement catéchuménal, à la façon dont ces nouveaux croyants sont accompagnés dans la première phase de l’évangélisation que l’on appelle le pré-catéchuménat et qu’un accompagnateur voit comme : « un temps béni d’apprivoisement réciproque, d’ajustement, d’amitié naissante, de témoignage,…où Jésus est au centre des conversations ; c’est un temps béni de découvertes et de semences. »
Quelles représentations de la foi chrétienne ont les personnes quand elles viennent demander le baptême ?
Sans tomber dans des clichés réducteurs, les nouveaux venus perçoivent les chrétiens comme des personnes ayant certaines valeurs humaines qu’elles aimeraient partager, transmettre à leurs enfants. Ils observent également chez eux une joie qui rayonne et dont ils ont envie de connaitre la source. Certains expriment leur attente, leur désir de connaitre ce Dieu d’amour.
Selon notre enquête, seul un tiers de ceux qui demandent le baptême ont découvert la foi chrétienne dans leur environnement familial. D’autres connaissent et parlent de Dieu, d’un Dieu, mais pas de Jésus. Ou bien l’inverse.
Le plus surprenant, c’est qu’environ 25% des demandeurs de baptême actuellement n’ont aucune connaissance de la foi chrétienne en venant frapper à la porte de l’Église.
Pour autant, ils ne sont pas sans ‘pratique spirituelle’. Ainsi beaucoup prient déjà sans toujours savoir à qui ils s’adressent, lisent la Bible, les évangiles, sont sensibles à la dévotion populaire comme le fait de déposer des bougies dans les églises, faire un pèlerinage, et visitent volontiers les églises où ils trouvent un lieu propice à l’intériorité.
Ils ont tous une approche différente, mais des accompagnateurs observent que ceux qui sont de tradition chrétienne peuvent avoir la représentation d’un Dieu justicier qui punit, des préoccupations de pureté, associées à une lecture fondamentaliste des Ecritures. Il faudra du temps pour qu’ils s’en libèrent. Cependant, ceux qui ne connaissent pas du tout la foi découvrent vite le Dieu d’amour qui pardonne. Ils sont touchés et trouvent une paix intérieure. Quant à l’Église, elle est surtout vue à travers ses institutions mais en même temps, elle semble être un repère, une référence, et attire avec confiance malgré toute l’actualité qui peut altérer son image.
Ainsi, c’est lors du premier contact, des premières rencontres, que les accompagnateurs vont découvrir celui qui demande les sacrements. « C’est la joie de la rencontre d’une personne et l’invitation à prendre le temps de découvrir ses centres d’intérêts, s’informer aussi de sa situation matrimoniale avec délicatesse, sa vie professionnelle, familiale, etc. » dit un catéchiste. Une écoute attentive permettra également d’entendre ses questions, sa représentation de Dieu, de la foi, de l’Eglise. Il sera alors possible de proposer un cheminement catéchuménal adapté.
Qu’est-ce que la foi chrétienne et comment la transmettre ?
Dans une société qui n’est plus majoritairement chrétienne, le vocabulaire comme les notions de la foi ne vont plus de soi, la vie chrétienne nécessite quelques éclairages. Comme pour toute initiation, il s’agira d’entrer peu à peu dans un univers fait de symboles, de représentations, de mystère même.
Pour les accompagnateurs en catéchuménat, qui très généralement ont toujours baigné dans la tradition catholique, cette initiation à la foi de l’Eglise va leur demander une certaine adaptation. L’essentiel dit un accompagnateur c’est de « montrer que foi et raison ne s’opposent pas. Les notions les plus difficiles à saisir correspondent à notre culture et notre langage chrétiens. La nécessité de simplifier le langage, de traduire, d’expliquer certains termes utilisés demande patience et écoute, pour aller au rythme de la découverte des catéchumènes ».
Le pape François lui-même utilise des mots simples pour décrire le cœur de la foi chrétienne : « Jésus Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer » (La joie de l’Evangile, n°164).
Le plus important dans ce temps du catéchuménat est de passer de l’idée de Dieu à une relation avec Lui en son Fils Jésus Christ, en lien avec une communauté chrétienne. Une première étape, avant même tout apprentissage de notions, pourra consister à aider les catéchumènes à relire les traces de la présence de Dieu à leurs côtés dans leur vie. Les accompagnateurs eux-mêmes auront à cœur de partager leur expérience du Dieu trinitaire, leur relation au Seigneur tout autant qu’à transmettre des connaissances. Comment en effet comprendre Jésus vrai Dieu et vrai homme, vivant à nos côtés si ce n’est par l’expérience que nous pouvons en avoir, que l’on soit catéchiste ou catéchumène ?
Le deuxième appui des accompagnateurs est la Parole de Dieu lue dans la Bible et commentée par la Tradition de l’Église. La lecture de l’évangile, des psaumes a toujours une résonnance dans la vie personnelle.
En troisième lieu, la rencontre avec une communauté chrétienne, celle qui se rassemble le dimanche par exemple, va être le lieu essentiel d’initiation à la liturgie, à la prière. Mais tout aussi importante est la rencontre de personnes qui agissent en chrétien envers leurs frères et sœurs, dans divers groupes ou associations de solidarité, confessionnels ou pas.
Après cette étape de l’accueil et du précatéchuménat, « lorsque les candidats auront reçu une première annonce du Dieu vivant et manifesteront un début de foi au Christ Sauveur « (RICA* n°71 ), il sera temps pour eux de vivre le rite de l’entrée en catéchuménat qui ouvre un temps de plusieurs mois de catéchèses approfondies.
C’est donc par tout un ensemble, graduel et varié, à base de vécu, d’échanges, complété par des connaissances, qu’un adulte sera initié à la foi catholique dans toutes les composantes d’une vie chrétienne professée, célébrée, vécue, prié et annoncée. Peu à peu il en comprendra le langage, les rites, la symbolique. Après la conversion initiale, le baptême le conduira sur un chemin de conversion permanente à la suite du Christ, en Église, où il aura le temps d’approfondir comme tout fidèle les notions difficiles comme la Trinité, la résurrection, l’eucharistie, la présence réelle, etc.
Aller au cœur de la foi
Le monde dans lequel nous évoluons change et les points d’appuis pour évangéliser sont à redécouvrir. C’est pourquoi l’Église qui est en France a lancé une grande démarche, intitulée KERYGMA, pour qu’à partir du cœur de la foi qu’est le Kérygme* les catéchistes et tous les chrétiens avec eux, puissent chercher de nouvelles manières de rejoindre leurs contemporains et de leur proposer la foi.
*Si le cœur du contenu du Kérygme est immuable, centré sur la résurrection du Christ, sa formulation doit être adaptée pour que le message touche l’interlocuteur dans le fil de sa propre histoire. Annoncer le kérygme, c’est susciter et re-susciter le Ressuscité présent et agissant dans ma propre histoire de disciple et dans l’histoire de tout ceux à qui je suis envoyé comme disciple-missionnaire. (Extrait d’un article du père Christophe Raimbault dans L’Oasis n°25).
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