Le déroulement du concile Vatican II

Le Concile Vatican II, présidé par le pape Jean XXIII puis par Paul VI, s’est ouvert le 11 octobre 1962 à Rome (Italie) pour s’achever le 8 décembre 1965. Durant quatre années, plus de 2000 personnes, dont les évêques du monde entier, se sont réunis au Vatican, pour réfléchir à la place et au message de l’Église dans la société contemporaine, et élaboré seize textes. Quelques éléments à savoir sur cet événement majeur de l’histoire du catholicisme au XXème siècle, et sur l’apport de la France au Concile.

Dates-clés

En janvier 1959, Jean XXIII, qui vient d’être élu pape, annonce un programme ambitieux : un synode pour repenser l’évangélisation dans le diocèse de Rome, une réforme du droit canon et un Concile.

Le concile œcuménique Vatican II s’ouvre à Rome 11 octobre 1962. Le pape Jean XXIII donne le ton et l’esprit des travaux dans son discours d’ouverture : « Je veux ouvrir largement les portes de l’Église, afin que nous puissions voir ce qui se passe à l’extérieur, et que le monde puisse voir ce qui se passe à l’intérieur de l’Église ». La notion d’Aggiornamento est lancée.

« Notre devoir n’est pas seulement de garder ce précieux trésor comme si nous n’avions souci que du passé, mais de nous consacrer, résolument et sans crainte, à l’œuvre que réclame notre époque, poursuivant ainsi le chemin que l’Église parcourt depuis vingt siècles ».

Jean XXII

Il meurt le 3 juin 1963, pendant le Concile, peu de temps après avoir publié l’encyclique Pacem in terris.

Paul VI

Paul VI, élu le 21 juin 1963, annonce dès le lendemain son désir de donner une suite aux travaux du Concile et nomme quatre cardinaux modérateurs. Un bureau de presse est créé pour communiquer des informations quotidiennes.

La moyenne générale des évêques participants était de 2200, et 242 d’entre eux sont morts durant le Concile, parmi lesquels 12 cardinaux. Par ailleurs, 460 experts ont pris part aux travaux, dont 235 prêtres séculiers, 45 jésuites, 42 dominicains, 15 franciscains et 123 membres d’autres ordres ou congrégations religieuses. En outre, pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise, 52 auditeurs laïcs, hommes et femmes, ont été admis aux travaux, ainsi que 104 observateurs, délégués ou invités provenant d’Eglises non catholiques. Seize documents conciliaires furent publiés parmi lesquels quatre constitutions.

Le 4 décembre 1965 : Paul VI participe à une célébration avec des non-catholiques, en la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs.

Le 7 décembre, les sentences d’excommunication mutuelles de 1054, entre les Églises orthodoxe et romaine, sont levées, signe d’une volonté nouvelle d’œuvrer pour l’Unité des chrétiens. Le Concile s’achève par une messe et un message au monde, le 8 décembre 1965.

Le Concile prend fin le 8 décembre 1965. Mais son œuvre ne s’arrête pas là. S’ouvre la période de sa réception. L’Église encourage une large diffusion des textes conciliaires et de nombreux textes législatifs paraissent, mettant en place de nvlles instances dans l’Église universelle.

Redéfinir la place de l’épiscopat dans la hiérarchie de l’Eglise

Le Concile Vatican II place l’épiscopat au fondement de la constitution hiérarchique de l’Église. Il marque ainsi un changement significatif par rapport à la situation précédente, centrée sur le prêtre, et ne faisant de l’évêque qu’un prêtre aux pouvoirs plus étendus. L’épiscopat est dès lors défini comme prolongeant la charge des apôtres et désormais, c’est en fonction de lui que s’articulent les autres ministères. Le ministère épiscopal apparaît alors avant tout dans son exercice collégial, et non pas individuel.

Ainsi, dans la dynamique du Concile, la création d’une Conférence épiscopale est décidée par l’Assemblée des cardinaux et archevêques (ACA) dès 1963. La session constituante de la Conférence des évêques de France (CEF) se tient en mai 1964 à Paris.

Réformer la liturgie

L’interaction entre la recherche théologique et les pratiques ecclésiales est la plus notable dans la réforme liturgique. Dès le début du XXème siècle, la messe en latin est traduite, initiant les fidèles au mystère de la liturgie, pour encourager leur participation.

Le 4 décembre 1963, la Constitution Sacrosanctum concilium sur la sainte liturgie est publiée. Nombreux sont les pères conciliaires français ayant contribué à cette réforme liturgique : parmi eux, NN. SS Guerry, Huyghe et Villot.

Donner plus de poids aux laïcs dans l’Eglise

Vatican II

Le concile lance une réflexion sur l’apostolat des laïcs. Il place la définition des laïcs au cœur de celle de l’Église. L’égalité stricte est affirmée entre tous les membres de l’Église, qui forment le peuple de Dieu. Dès lors, chacun est investi d’une mission particulière, et la place qu’occupent les laïcs dans l’Église évolue. Des textes étayent ces réflexions, telle la constitution De Ecclesia, qui développe la doctrine du peuple de Dieu, ou le décret sur l’apostolat des laïcs. Il est ainsi affirmé que tous les laïcs sont invités à participer à la mission de l’Église, à leur manière propre, car c’est par son baptême que le chrétien reçoit cette mission d’apostolat. Le laïc devient un partenaire indispensable de la vie ecclésiale, au travers des diverses fonctions qu’il peut remplir dans l’Église : catéchisme, animation, aumônerie ou encore préparation des sacrements. Plus encore au quotidien, le chrétien est appelé à participer à la mission de l’Église, aussi bien dans l’ordre temporel, que dans l’ordre spirituel, et doit ainsi exercer sa mission dans le monde.

Développer le souci du dialogue interreligieux

Dès le début du Concile, Jean XXIII veut ouvrir l’Église au dialogue interreligieux. Aussi, par le biais d’observateurs, les communautés chrétiennes sont invitées à participer aux sessions du Concile et à partager leur avis.

Le décret sur l’œcuménisme, Unitatis redintegratio, est promulgué le 19 novembre 1964. Au constat des blessures occasionnées par les divisions religieuses, l’Église catholique doit répondre par le respect fraternel et la charité. La visée de l’œcuménisme est de mettre en place une prière commune, et de permettre un dialogue doctrinal entre experts. Elle appelle à reconnaître les richesses existant chez les autres confessions, et ce dans un esprit de conversion du cœur.

La liberté religieuse est exposée dans la déclaration Dignitatis humanae du 7 décembre 1965. Le progrès dans l’humanité de la conscience de la dignité humaine, et le progrès de l’aspiration à la liberté, ont amené à la revendication de la liberté religieuse.

Cependant l’Église rappelle le devoir de chercher la vérité et, une fois celle-ci trouvée, de s’y tenir. C’est dans cette dynamique que sont créés au sein de la Conférence des évêques de France les services nationaux pour l’unité des chrétiens, et des relations avec le judaïsme et avec l’islam.

 

Textes : Centre national des archives de l’Eglise, dans le cadre d’une exposition réalisée en 2012.