Jean-Paul II et Marie
Totus tuus (Tout à Toi, Marie)
De la dévotion mariale de son enfance, le jeune Karol Wojtyla passe à une véritable lumière sur le rôle de Marie dans le mystère du salut, grâce à la lecture du « Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge Marie »2 qui le conduit à s’offrir au Christ, par les mains de Marie. « Grâce à saint Louis-Marie Grignion de Montfort, j’ai compris que l’authentique dévotion à la Mère de Dieu est véritablement christocentrique, profondément enracinée dans le mystère trinitaire… Cette forme de piété n’a cessé de mûrir en moi et de porter ses fruits »3 .
Prêtre, évêque, puis Pape, Karol Wojtyla, devenu Jean-Paul II, aime prier le chapelet ; il fréquente les sanctuaires mariaux de Pologne et du monde entier. On se souvient de l’attentat qui a failli lui coûter la vie, place St Pierre à Rome, le 13 mai 1981, jour de la fête de Notre-Dame de Fatima ; Jean-Paul II fut convaincu de l’intervention de Marie pour lui conserver la vie, et il donna la balle qui l’avait atteint au sanctuaire de Fatima : elle est insérée dans la couronne de la statue de la Vierge Marie. Plus tard, il fera déclarer que le troisième secret de Fatima le concernait et prédisait l’attentat dont il avait été victime4.
La Vierge Marie, si fortement présente dans sa vie personnelle, l’est aussi dans la prédication de Jean-Paul II, au nom de sa mission d’ « affermir ses frères » (cf. Luc 22, 32). Il invite les chrétiens à redécouvrir « la vérité objective sur la Mère de Dieu »5 , dans leur vie personnelle et dans la vie de l’Eglise : « Je voudrais vous résumer en deux paroles la sublime leçon de l’Evangile de Marie : La Vierge est Mère, la Vierge est Modèle »6 .
Mère et Modèle
Le chrétien, disciple du Christ, est donc invité à accueillir Marie chez lui et à établir une relation filiale envers la Mère de Dieu qu’il reçoit pour Mère : « l’offrande de soi est la réponse à l’amour d’une personne, et en particulier l’amour de la mère » 9. La relation des disciples à Marie « trouve son commencement dans le Christ, mais on peut dire qu’en définitive il est orienté vers Lui »10 .
« Vierge et mère, Marie demeure pour l’Eglise un ‘modèle permanent’ »11 . « Comme Marie qui a cru la première, accueillant la parole de Dieu qui lui était révélée à l’annonciation et lui restant fidèle en toutes ses épreuves jusqu’à la Croix, ainsi l’Eglise devient Mère lorsque, accueillant avec fidélité la parole de Dieu, ‘par la prédication et par le baptême, elle engendre, à une vie nouvelle et immortelle, des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu »12. Elle est « modèle d’une vie engagée avec Dieu et avec les hommes, dans le dessein de salut et la fidélité à son peuple »13 .
Que la Vierge Marie marche avec nous, dans notre pèlerinage de foi qui nous conduit à la rencontre du Christ Ressuscité !
+ Guy de Kerimel
Evêque de Grenoble-Vienne
1 Jean-Paul II, « Ma vocation, don et mystère », p. 43, Bayard Editions, Cerf, Fleurus Mame, Téqui, 1996.
2 Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, 1673-1716, « Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge ».
3 Jean-Paul II, « Entrez dans l’Espérance », Plon-Mame, Paris, 1994, p. 307.
4 Déclaration du Cardinal Angelo Sodano, à la fin de la messe à Fatima, le 13 mai 2000.
5 Jean-Paul II, « Entrez dans l’Espérance », op. cit., p. 308.
6 Jean-Paul II, au sanctuaire marial de Suyapa, au Honduras, le 8 mars 1983 ; « La très sainte Vierge Marie », allocutions et écrits de Jean-Paul II, présentés par l’abbé Paul, p. 132, Téqui, 1985.
7 Encyclique « Redemptoris Mater » 1987, 44.
8 Ibid., 45.