La pandémie de Covid 19 qui sévit actuellement a fortement ébranlé tous les secteurs de nos sociétés. Ceux qui parmi nous sont les plus vulnérables ; les personnes en situation de précarité, les personnes âgées, les malades,…en seront durablement affaiblis.
L’Église catholique, plus que jamais, se tient au chevet des plus fragiles.
Cette semaine, nous vous invitons à découvrir comment les services de la Conférence des évêques de France, mais aussi, les diocèses, les mouvements et les associations catholiques se mobilisent pour accompagner les personnes migrantes.
édito
Le lendemain des confinés
Monseigneur Denis Jachet, évêque auxiliaire de Paris, membre de la Commission épiscopale pour la mission universelle de l'Église : "Il n’est pas inutile de se demander ce qu’il va en rester lorsque ce virus aura disparu et que la vie ordinaire aura repris son cours. On se racontera des souvenirs. Peut-être aurons-nous mieux pris conscience des fragilités de nos sociétés ? Aurons-nous fait évoluer nos modes de vie et manières d’agir ? Bref, comment sortirons-nous de cette crise : un peu plus ou un peu moins humanisés ?
Focus
Avec le père Maurice Joyeux, s.j., membre de l’équipe internationale du Service jésuite des réfugiés à Athènes, depuis plusieurs jours en mission à Lesbos (Grèce).
Point sur la situation
Les centres de rétention face au Covid-19, une bombe à retardement
Alors que le Conseil d’État vient de refuser la fermeture des centres de rétention administrative, la Cimade par la voix de son Secrétaire général Cyrille de Billy dénonce une protection au rabais pour les exilés et alerte sur les risques sanitaires pour l’ensemble de la société.
Nous regrettons que le Conseil d’État ait refusé de tirer les conséquences de l’exceptionnelle gravité de l’épidémie qui touche notre pays, alors que la commissaire aux Droits de l’homme du Conseil de l’Europe, le Défenseur des droits, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté et le bureau de la Commission nationale consultative des Droits de l’homme appellent à libérer tous les migrants en rétention administrative pendant la crise du Covid-19.
Les migrants particulièrement vulnérables face au virus
Suspension des programmes d’accueil et des procédures d’asile, mises en quarantaine: de l’Allemagne à la Grèce, en passant par la France, les migrants en Europe apparaissent démunis face à la pandémie de Covid-19. Les ONG appellent les autorités à se montrer solidaires.
1,3 millions de demandeurs d’asile et de migrants vivent actuellement en Allemagne où les services publics qui leur sont dédiés sont quasiment à l’arrêt. Le ministère de l’Intérieur annonce la suspension de certains entretiens, élément pourtant central de la procédure d’asile. Le dépôt de demande d’asile est également restreint. Il ne peut plus avoir lieu que si le requérant a subi un test négatif du Covid-19 ou après une période de 14 jours de quarantaine. L’Allemagne a également gelé ses programmes d’accueil humanitaire de réfugiés en provenance de Turquie et du Liban.
En raison de la pandémie, l’Union Européenne a fermé ses frontières extérieures pour 30 jours, mettant à mal le système d’asile. L’ONU s’en est inquiété. Le Haut-commissariat pour les réfugiés souligne que cette fermeture ne doit pas priver les demandeurs d’asile de refuge ou les pousser à rebrousser chemin. Ce fut le cas ces derniers jours à la frontière entre la Turquie et la Grèce.
Dans les diocèses
Aire & Dax - Ouverture d’un centre d’accueil spécifique
Mgr Souchu explique l’accueil à L’Arrayade, le centre d’accueil du diocèse, de jeunes personnes en difficulté, potentiellement contaminées par le Coronavirus.
Le Mans - "J'étais un étranger" : formation proposée par la FIRE autour de la doctrine sociale de l’Eglise
Témoignages sur l’accueil et l’intégration des étrangers :
– Mgr Gérard Defois, président de Justice et Paix (2008-2011), à la rencontre de jeunes migrants à Ceuta (vidéo Jour du Seigneur)
– Mme Marie-Odile Barbier-Bouvet, sur l’accueil de jeunes demandeurs d’asile dans le cadre de l’association Welcome
– Mme Jaklin Pavila, adjointe au maire de Saint-Denis (93)
– Père Christian Mellon, jésuite, membre du CERAS (Centre de recherche et d’action sociale)
Des propositions de questions pour réfléchir :
- Quelle est ma propre expérience de la rencontre avec des personnes de cultures autres que la mienne ?
- Mon opinion sur l’attitude à adopter envers les migrants et les demandeurs d’asile est-elle influencée par ce que dit l’Église ? Comment m’incite-t-elle à agir ?
Nantes - Centre d’accueil de migrants atteints du coronavirus
le Dr Xavier Brunier, diacre, délégué diocésain à la solidarité lançait un appel au bénévolat afin de rassembler des médecins et infirmiers pour mettre en œuvre un centre d’accueil de migrants et personnes de la rue atteints du coronavirus, sans besoin d’hospitalisation.
A la demande des services de l’Etat, Xavier Brunier, a mobilisé les réseaux de l’Église pour assurer le suivi médical de ce centre. L’appel a été largement entendu par les infirmières et médecins et Xavier Brunier tient à remercier pour les nombreux messages reçus : « C’est une belle équipe de 15 médecins et 20 infirmières qui se constitue : Hyper professionnelle et de qualité ! Ce sont des gens très motivés dont plusieurs ont eu une expérience de coopération et de lutte contre des épidémies ».
Des soignants auprès des malades migrants ou sans-abris
On peut vraiment rendre grâce pour cet élan et le profond désir de tous ces soignants. Après la constitution de l’équipe, il a fallu établir toutes les mesures nécessaires : planning, protocole de prise en charge et pour éviter la contamination (masques, blouses, charlottes, lunettes, gants…).
Ce dispositif répond à l’obligation d’avoir un centre d’hébergement dans chaque département, spécialisé pour accueillir les personnes à la rue, en squat ou vivant en habitat précaire, malades du coronavirus.
Ils seront envoyés au centre par le dispositif mobile de soins hospitaliers ou par les urgences.
Cet accueil est installé dans un village vacances, à Saint-Aignan-de-Grand-Lieu. Dans un cadre verdoyant, des petits chalets espacés permettent des conditions optimales de confinement. La maintenance et la logistique sont assurées par la Protection Civile et la restauration par le cuisinier du centre.
Pour l’instant trois personnes sont arrivées, l’équipe de soignants assure la visite matin et soir.
Une autre équipe de soignants intervient dans le dispositif de mise à l’abri de 80 sans-abris mis en place dans un hôtel à Saint-Sébastien-sur-Loire en fin de semaine dernière et confié à l’ANEF FERRER qui connaît bien les SDF et les migrants pour les accompagner depuis longtemps.
D’autres besoins en bénévolat
Déjà d’autres sollicitations arrivent pour accueillir des personnes en grande précarité hébergées en hôtel ou accompagnées par des associations ou des professionnels. Nous avons encore besoin d’infirmières et de médecins -plutôt jeunes et en bonne santé – pour répondre à cette situation sanitaire exceptionnelle auprès de publics particulièrement vulnérables.
Nice - Des nouvelles de la Pastorale des migrants confinée
Face aux situations exceptionnelles et complexes que nous vivons, le service de la Pastorale des Migrants s’adapte, essaie de trouver des solutions, et en même temps pense à l’après.
« Le lien avec les communautés migrantes catholiques du diocèse n’est pas facile à maintenir sans pouvoir se rencontrer. Je leur fais suivre les propositions du diocèse et nous sommes en train de réfléchir avec le service national pour créer des outils pour entretenir le lien et une certaine dynamique pastorale » explique Philippe Collet, délégué diocésain à la Pastorale des Migrants.
Paris - « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger » : vivre l’évangile au temps du coronavirus
Sur le parvis de l’église Saint-Bernard de la Chapelle, à Paris (18ème), l’évangile selon saint Matthieu est mis en pratique chaque jour : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 35). Michel Antoine, de l’association Solidarités St-Bernard, témoigne de cette action indispensable.
Le Vicariat pour la Solidarité du diocèse de Paris a fait appel aux fidèles fin mars. Plus de 1600 personnes se sont inscrites pour prêter main forte. Ainsi, 27 paroisses sont devenues « centres de distribution de proximité ». Saint-Bernard de la Chapelle fait partie des quatre églises du XVIIIème arrondissement de Paris mobilisées tous les jours à 12h. Approvisionnée au départ par le centre géré par l’association Aurore, situé tout près, boulevard Barbès, c’est désormais la cantine du collège Stanislas (6ème) qui régale, sur financement du diocèse.
Témoignages d’aumôniers catholiques de communautés
Père Jean-Paul Havard, accompagnateur de la communauté hmong
Pour le Triduum pascal, nous avons pensé nécessaire pour la communauté catholique hmong d’apporter un point d’appui liturgique dans les réseaux sociaux. La force de la tradition orale est encore active chez les hmongs. Elle met les différentes générations plus en prise avec les écrans et les images qu’avec la lecture et les livres. Nous avons pensé que ne rien apporter dans l’espace numérique pour le temps de Pâques, en cette période si particulière, laisserait un vide spirituel que beaucoup pourraient chercher à combler…ailleurs !
Nous avons donc décidé de diffuser une célébration bilingue le Jeudi Saint par le compte Facebook de l’aumônerie.
Nous avons également choisi de diffuser les propositions de liturgies domestiques du Diocèse d’Évry. Nous les adaptons et les traduisons partiellement pour favoriser la prière commune familiale en intergénérations. Dans la vidéo du Jeudi saint il y aura une séquence pour stimuler et mettre en confiance les gens dans leur désir et leur capacité à prier en famille, pour qu’ils utilisent ces propositions le Vendredi Saint et Pâques.
Père Vincent Bedon, aumônier national des Gens du Voyage
Je me suis demandé comment les rejoindre. Je me suis dit : ils ne peuvent avoir la messe, mais ils peuvent prier, et beaucoup ne savent pas…
Je me suis servi de notre page Facebook pour proposer une École de prière, et 7 jours de suite, j’ai proposé, en direct cette école qui a débuté le 26 mars dernier. Je n’allais jamais sur Facebook, une ou deux fois par an tout au plus ! Une vraie conversion pour moi.
Le résultat a complètement dépassé mes attentes : La 1ère vidéo a été vue 3900 fois, partagée 57 fois, et avec 1777 vues (je comprends mal les nuances) …
Et ainsi de suite. J’ai reçu des appels de remerciement de personnes inconnues.
Au début de la Semaine Sainte, j’ai refait une petite vidéo pour inciter à ne pas simplement regarder les offices et autre à la télévision, mais à inventer des prières et liturgies familiales. Vidéo très suivie aussi !
Père John Kennedy Arockia Jockim Raj, aumônier national des tamouls indiens
Dans notre aumônerie nous restons à l’écoute des fidèles par la permanence téléphonique que j’assure.
Au respect de cet impératif sanitaire, nous diffusons tous les jours l’Eucharistie, le chapelet médité, l’adoration du Saint Sacrement et le chemin de croix que je célèbre avec les prêtres étudiants disponibles de la chapelle des MEP par le biais de la chaîne YouTube de notre aumônerie et via Facebook.
Dans l’attente de retrouver les fidèles au retour de ce temps de confinement, nous restons disponibles en assurant notre union de prière durant cette semaine sainte à l’horizon de la joie du Seigneur ressuscité.
Gilbert NGUYEN, aumônier national de la Mission Catholique Vietnamienne
Comme tous, nous sommes confinés et toutes les activités à la Mission Catholique Vietnamienne à Paris sont arrêtées.
Ce qui reste possible seulement, ce sont les coups de téléphone. Aussi quand nous célébrons la messe, 20 personnes peuvent nous entendre et participer simultanément par téléphone. Il y a assez de messes déjà sur YouTube, diffusées même du Vietnam.
Les mouvements mobilisés
Le JRS demande aux européens d'être solidaires des migrants
Avec la suspension des programmes d’accueil ou des procédures d’asile, les migrants présents en Europe mais également aux frontières de l’espace Schengen vivent dans des conditions pénibles voire intenables, avec un accès limité au soin. Le Jesuit Refugee Service estime que « la pandémie devrait nous rappeler l’importance de la solidarité ».
L’Ordre de Malte mobilisé face à la pandémie
«Tuitio Fidei et Obsequium Pauperum», telle est la devise de l’Ordre de Malte qui depuis plus de 900 ans s’est donnée pour mission de nourrir, témoigner et protéger la foi, tout en servant les pauvres et les malades. C’est fort de cette expérience que l’institution catholique apolitique a décidé de faire face à l’urgence sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, qualifiée ce mercredi par l’ONU de pire crise à laquelle l’humanité ait été confrontée depuis 1945. L’Ordre souverain de Malte participe à l’effort humanitaire pour faire face aux besoins des plus vulnérables.
Le Secours Catholique auprès des plus vulnérables à Calais
92 associations et collectifs viennent de saisir 7 rapporteurs spéciaux de l’ONU afin de les sensibiliser aux conditions de vie dramatiques de personnes à la rue ou réfugiés dans des squats et bidonvilles, en période de covid-19. Le Secours Catholique, mobilisé notamment à Calais où la situation est critique, s’est associé à cette action qui dénonce l’insuffisance de l’accès aux services de base et interpelle les autorités. Le confinement isole encore d’avantage les personnes en situation de grande précarité, relève Juliette Delaplace, chargée de mission pour le Secours Catholique à Calais.
Leur accès à l’eau, à la nourriture, à l’hébergement est encore plus complexe en raison de la pandémie et impacte potentiellement leur santé. «À Calais, plus de 1 000 personnes survivent dans la rue et à Grande-Synthe, quelque 700 personnes ne sont pas hébergées». Elles sont originaires du Soudan, d’Erythrée ou encore de Syrie et «ont fui des pays en guerre ou des situations où leurs droits n’étaient pas respectés». De nombreuses personnes ne bénéficient pas pleinement des mesures de prévention sanitaire, observe Juliette Delaplace.
Le Secours Catholique : « Chacun chez soi, mais pas chacun pour soi »
« Chacun chez soi, mais pas chacun pour soi », tel est le leitmotiv qui inspire les acteurs du Secours Catholique dans cette période de crise sanitaire. Bénévole à l’Apame (Aide par l’alimentaire pour les mères et leurs enfants) à Paris, Alice accompagne au quotidien des mères de familles migrantes hébergées à l’hôtel.
S’il faut retenir quelque chose d’Alice, c’est son énergie, son dynamisme, son punch. Petite de taille, grande de cœur, la quadragénaire a toujours mille idées à l’heure. Dès le confinement annoncé, elle n’a pas hésité : hors de question d’abandonner les mamans, ces mères de famille hébergées avec leurs enfants à l’hôtel par le 115 et accompagnées par le Secours Catholique de Paris.
D’habitude chaque samedi, elles reçoivent un colis alimentaire doublé d’un soutien moral. Désormais, avec la crise, Alice se rend à leur chambre d’hôtel deux fois par mois pour leur donner des chèques services. « C’est parfois difficile pour moi d’aller les voir, confinées dans un petit espace et vulnérables. Une n’avait mangé que des biscuits depuis trois jours et n’osait pas sortir. Ça prend aux tripes », confie la jeune femme.
Prières pour les migrants en situation de confinement
Prière de Mgr Souchu, évêque d'Aire et Dax
pour les Filles de la Croix de La Puye dont la Maison mère est touchée par le coronavirus
pour un chrétien chaldéen M. Yallap décédé à Sarcelles du coronavirus. C’est le premier chaldéen arrivé à Mont-de-Marsan, accueilli par ce que l’on appelait autrefois le CARARE (ancêtre du CADA). Lui et sa famille furent des chrétiens fidèles de l’église du Peyrouat et de St Jean d’Aout
Seigneur Jésus, me voici devant toi. Tu es présent dans le Saint Sacrement.
Puisque je ne peux te recevoir lors de la célébration de l’eucharistie,
je viens vivre avec toi une communion spirituelle.
Nous vivons ce temps liturgique du carême de manière particulière.
Je te confie les personnes malades, âgées, fragiles et celles qui les soignent.
Nous n’avions pas imaginé que le jeûne de notre carême porterait sur la célébration de la messe.
Que ce jeune eucharistique nous fasse communier aux souffrances de ce monde,
partout où il y a des persécutions, des maladies qui font obstacles à la vie sacramentelle.
Que ce jeûne du carême me fasse comprendre l’importance de l’eucharistie,
le don total de ton amour pour nous.
Que ce jeûne sacramentel creuse ma faim de te recevoir dans l’eucharistie
et m’invite à prier pour les prêtres et pour les vocations.
Viens Seigneur nous visiter.
Nous te présentons nos angoisses, nos peurs, nos doutes, mais aussi ces actes de charité
dont nous sommes capables en ces temps difficiles.
Nous avons confiance en Toi qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.
Viens par ta grâce nous fortifier dans les épreuves.
Amen.
†Mgr Nicolas SOUCHU
Intention de prière du diocèse de Metz
Je vous confie une intention de prières pour Aleksander, un migrant albanais demandeur d’asile. Cela fait près de 3 ans qu’il vit en France, en Alsace, et le tribunal a refusé sa demande et ordonné son retour obligatoire en Albanie. Devant ce jugement qu’il trouve très injuste, dans le désespoir, il a fait le choix de s’immoler par le feu devant le Parlement européen. Actuellement soigné à Metz, il ne sait pas ce qu’il ve devenir et cela l’angoisse particulièrement. C’est un chrétien très pratiquant qui compte sur notre prière…