Face à la pandémie, les Chrétiens de Terre Sainte se préparent à Pâques
La pandémie de Covid 19 qui sévit actuellement a fortement ébranlé tous les secteurs de nos sociétés. Ceux qui parmi nous sont les plus vulnérables ; les personnes en situation de précarité, les personnes âgées, les malades,…en seront durablement affaiblis.
L’Église catholique, plus que jamais, se tient au chevet des plus fragiles.
Cette semaine, nous vous invitons à découvrir la situation des chrétiens d’orient.
Par Claire Riobé de Terre Sainte Magazine
Ils s’appellent Mary, Shuruk et Laure. Ils viennent de Nazareth, de Jérusalem ou de Bethléem. Et comme tant d’autres Chrétiens dans le monde, ils ont vu leur quotidien basculer, ces dernières semaines, dans le tourbillon provoqué par l’épidémie qui frappe le monde entier.
Si le nombre de décès lié au coronavirus est jusqu’ici faible en Terre Sainte, les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire sont cependant source de profonde inquiétude pour les chrétiens locaux. Ils ne s’en cachent pas : le départ des pèlerins et touristes de la région porte un coup dur, très dur, à l’économie locale. Et la situation risque de s’aggraver dans les mois à venir, face à l’incertitude de l’épidémie.
La ville de Bethléem, en Palestine, a été l’un des premiers endroits touchés par le Covid-19 le 5 mars dernier. En quelques heures, les environs ont été bouclés, et les lieux vidés. Dans les jours qui ont suivi, les touristes par milliers ont été forcés d’annuler leur voyage et de rentrer chez eux. « A l’heure où je vous parle, nous sommes confinés depuis 35 jours à Bethléem », raconte Mary Moussallam, enseignante de 30 ans au Terra Sancta College, un établissement des Franciscains de Terre Sainte. « Pour ma famille, qui travaille dans une agence de tourisme, cela a été très stressant de voir la ville se vider peu à peu. Et nous n’avons aucune idée de ce que nous réserve demain. Notre avenir est incertain ». Le 02 avril dernier, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a annoncé que la ville resterait fermée un mois supplémentaire.
Pourtant, la jeune femme, à l’image de nombreux chrétiens de la région en ce temps de Carême, refuse de se laisser abattre. « Les habitants d’ici sont habitués à vivre le couvre-feu et le confinement. Lorsque quelque chose de grave arrive à Bethléem, nous nous asseyons ensemble pour prier le rosaire. La prière est une habitude, un réflexe qui nous porte tous », explique-t-elle.
Laure et Kakim Joubran, parents de trois enfants, tiennent une compagnie de bus à Nazareth. « Le souci, en tant que chrétiens en Israël, c’est que nous ne sommes jamais sûrs du soutien que nous allons recevoir du Gouvernement en cas de problème. Mais à chaque fois que nous traversons une période difficile comme celle-là, nous recevons de l’aide au bon moment, juste comme il faut. Cela nous invite à la confiance, c’est tout !”. Eux tirent parti de ce temps offert pour « préparer Pâques, et passer de beaux moments ensemble ».
Le 25 mars, sur demande du ministère de la santé d’Israël, les lieux de culte ont été fermés dans le pays. Les répétitions de chorale comme les processions, organisées pour le dimanche des rameaux, ont été annulées. Pour Mary, « c’est un crève-cœur (…), mais cela ne nous empêchera pas de célébrer Pâques dans la joie, et en famille ! ». Les célébrations de la semaine sainte seront maintenues, mais seulement en petit comité de moins de 10 personnes.
Le 26 mars, les chefs religieux juifs, musulmans et chrétiens de Jérusalem se sont retrouvés pour une prière commune sur une terrasse de la ville. Le geste, symbolique, invitait chacun des croyants à l’unité et à la paix, en cette période troublée.
Et c’est dans ce même esprit de communion que Mgr Pierbattista Pizzaballa a présidé dimanche 5 avril, jour des Rameaux, une prière inédite « en temps de pandémie ». Depuis le Mont des Oliviers et accompagné des reliques de la Vraie Croix, l’évêque des catholiques romains de Terre Sainte a prononcé une bénédiction « sur la ville de Jérusalem et aux quatre coins de l’horizon », exhortant les chrétiens à déposer au pied du Christ leurs prières et difficultés.
« Personnellement, je veux dire à chaque chrétien de ne pas abandonner. Il y a une raison aux épreuves que notre monde vit en ce moment. Et nous, chrétiens, avons assez de force pour les traverser », conclut Shorouk Mubarak, enseignant de théologie à Bethléem et membre de la chorale paroissiale.
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Par-delà le confinement : la situation des Chrétiens d’Orient
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