Rencontres nationales de l'aumônere catholique des prisons

Les Rencontres nationales de l’aumônerie catholique des prisons sont organisées tous les six ans par l’aumônerie des prisons de l’Église catholique. L’équipe nationale a accueilli 600 participants à Lourdes du 10 au 13 octobre 2024, avec la présence d’un évêque par province ecclésiastique. Ces journées sont un temps de rencontres, de réflexion sur la mission d’aumônier de prison, de ressourcement, en présence de personnes détenues. Explications de Bruno Lachnitt, aumônier général des prisons. 

L’aumônerie catholique des prisons vient de vivre ses « « rencontres nationales », événement qui réunit une fois tous les six ans les aumôniers pénitentiaires. Plus de 500 aumôniers se sont ainsi retrouvés à Lourdes du 10 au 13 octobre 2024, à la Cité Saint-Pierre. On parlait jusqu’ici de « congrès » et si la dénomination a évolué cette année, c’est pour mieux en saisir l’enjeu : vivre la communion entre nous au sein de l’aumônerie dans la diversité de nos sensibilités et familles spirituelles. Ces dernières années, l’origine et le profil des aumôniers se sont diversifiés, richesse de nos différences et défi pour l’unité. Envoyés ensemble, reconnus comme disciples à l’amour que nous avons les uns pour les autres, la communion fonde la mission car nous ne pouvons prétendre être témoins du Christ ressuscité si nous sommes divisés. Il nous faut donc trouver un chemin étroit entre l’écueil du chacun pour soi sans pouvoir faire équipe et celui d’équipes unies mais uniformes qui n’accueillent que des clones et se ferment à la diversité. Défi de la communion, défi de l’Eglise où l’unité n’est pas monolithique mais précisément la capacité de vivre la différence comme une richesse sans qu’elle soit source de division. Une exigence qui nous remet sans cesse en travail.

Rassemblement national des aumôniers de prisons à Lourdes en octobre 2024

Mais nous avons précisément expérimenté au cours de ces rencontres que la mission fonde la communion. Comme le soulignait un intervenant, c’est le fait de partager le même terrain qui nous a permis d’accueillir nos différences dans la fraternité. C’est le fait de nous exposer à la même réalité, de mettre ensemble au centre celles et ceux auxquels nous sommes envoyés, qui nous a réunis dans l’accueil de notre diversité. Et cette expérience partagée dit quelque chose de l’Eglise qui ne s’est pas constituée comme une communauté homogène dans l’entre-soi d’une définition rassurante du contenu auquel adhérer avant d’aller chercher de nouveaux « adeptes ». On la voit d’emblée dans les Actes se constituer en chemin sur les routes de la mission, dans une diversité croissante et déstabilisante, poussée par le souffle de l’Esprit et l’expérience du ressuscité qui les précède toujours ailleurs. La communion de l’Église se fait en plein vent, exposée à la rencontre de celles et ceux qui manquent encore à la plénitude du Corps du Christ dont la réalité transcende toutes les clôtures où nous serions tentés de l’enfermer.

Il ne s’agissait pas pour notre aumônerie de faire un congrès ou un colloque sur la communion, mais de vivre ensemble une expérience de communion

Il ne s’agissait pas pour notre aumônerie de faire un congrès ou un colloque sur la communion, mais de vivre ensemble une expérience de communion. Depuis deux ans, nous travaillions à ce projet, construisant cet événement sur le pari de cette expérience collective. Et au terme de ces trois jours, c’est la gratitude qui l’emporte en recevant les retours des participants : fraternité, communion et joie sont les trois mots qui dominent dans l’expression des fruits reçus à Lourdes au cours de ces rencontres. J’écrivais dans l’éditorial du livret qui devait nous accompagner pour ces rencontres : « si j’espère un miracle ici, c’est que la fraternité que nous allons vivre pendant ces rencontres nous donne d’être ensemble témoins de Celui qui nous rassemble ». Grâce de Lourdes ? Le miracle a eu lieu, nous en avons ensemble rendu grâce lors de l’eucharistie de clôture dimanche matin. Gratitude aussi à chacune et chacun des participants dont la disponibilité et l’ouverture à ce qu’il leur était proposé de vivre, a permis que la grâce opère.

Parce que nous avons mis les personnes détenues au cœur de ces rencontres en partageant comment elles nous déplacent et nous révèlent Son visage, le Christ a fondé notre unité. Quand nous consentons à nous laisser dépouiller de nos identités, de nos sécurités, de notre assurance, pour entrer dans un compagnonnage où nous nous mettons ensemble à l’écoute de la Parole, alors la rencontre fonde la communion entre nous et devient expérience de la rencontre du Ressuscité. Nous avons fondé notre unité sur ce qui nous réunit plus fort que ce qui nous sépare, cultivé ce qui nous fait frères et sœurs. La communion n’est pas dans l’entre-soi d’une homogénéité confortable, mais dans le décentrement consenti ensemble en quête de Celui qui nous rassemble, mais nous précède toujours ailleurs.

Cette expérience vécue communautairement dit quelque chose à l’Église de la démarche synodale que nous sommes tous invités à vivre. « Rejoints par le Christ, marcher ensemble au pas de l’autre » était l’intitulé de nos rencontres. C’est tout l’enjeu de la démarche synodale et onze évêques ont pris le temps de cheminer avec nous, au propre et au figuré, au cours de ces rencontres. Ils ont pérégriné avec nous en fraternité le vendredi après-midi avant que chaque fraternité vive le geste du lavement des pieds en ouverture de la célébration eucharistique à la basilique Sainte-Bernadette et leur présence a alors pris une tout autre dimension. Et ils semblaient heureux eux aussi d’avoir partagé avec nous ce « retour de mission » en recueillant avec la communion dont ils ont été les témoins privilégiés, les fruits de notre engagement là où ils nous ont envoyés.

« Nous voulons être une Église qui sort de chez elle, qui sort de ses temples, qui sort de ses sacristies, pour accompagner la vie, soutenir l’espérance, être signe d’unité, pour établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation ». Église en sortie, comme un hôpital de campagne pour citer encore le pape François. Le Christ lui-même est en sortie, et nous décrit son Père par des paraboles qui le décrivent aussi ainsi : père qui sort à la rencontre du fils perdu et retrouvé mais aussi du fils aîné qui ne veut pas entrer ; maître de la vigne qui sort à toute heure pour embaucher des ouvriers jusqu’à la dernière heure. Pour être ses disciples, nous sommes appelés à sa suite à être en sortie, à habiter les marges, les périphéries comme dit encore le Pape François.

Rassemblement national des aumôniers de prisons, à Lourdes en octobre 2024

Saint-Vincent-de-Paul disait : « ne vous occupez pas des prisonniers si vous n’êtes pas disposés à devenir leur sujet et leur élève ! Ceux que l’on nomme des misérables, ce sont eux qui nous doivent évangéliser. Après Dieu c’est à eux que je dois le plus ». Loin de leur apporter Dieu, nous le cherchons avec eux et Il se révèle dans la rencontre. La prison offre à l’Evangile une résonnance dont toute l’Eglise a besoin. Nous sommes invités à entendre résonner les Ecritures dans la vie et les paroles de celles et ceux à qui nous sommes envoyés et dont les histoires sont souvent cabossées. Histoires où se mêlent souvent les blessures reçues et infligées, parfois indémêlables, histoires où la honte domine souvent et le regard des autres comme une condamnation. Pourtant, comment n’y entendrait-on pas résonner l’Evangile puisqu’on y voit à chaque page Jésus manger et boire avec les publicains et les pécheurs, accueillir ceux qui sont en marge ou mal considérés et dire qu’ils nous précèdent dans le Royaume des cieux. « Le fils de l’homme est venu sauver et guérir ce qui était perdu. »

Si vous avez eu la bonté de lire ces lignes jusqu’ici, peut-être vous demandez-vous, au-delà du caractère anecdotique de ce récit : en quoi cela nous concerne-t-il dans notre mission ? Mon prédécesseur parlait de l’aumônerie de prison comme « la part incarcérée de l’Eglise diocésaine ». Si nos prisons sont de plus en plus souvent reléguées loin des centres-villes au gré des prix du marché de l’immobilier, il serait dommageable pour l’Eglise que cette part d’elle-même soit aussi reléguée dans l’ombre de notre oubli. Nous prions volontiers en paroisse pour les malades, moins souvent pour les personnes détenues, et c’est regrettable. Ce que cela interroge en premier lieu, c’est le regard que nous portons sur elles, nous et celles et ceux qui fréquentent nos églises. Malades, nous l’avons probablement été, chacune et chacun, à un moment ou à un autre, ou nous pressentons confusément que nous pourrions l’être, que nous le serons fatalement un jour puisque la seule certitude absolue que nous ayons est celle de notre mort. Chacune et chacun de nous a ou a eu un ou des proches frappés par la maladie, hospitalisés et nous leur portons parfois la communion ou sommes témoins à la fin de la célébration de celles et ceux qui reçoivent leur custode pour la porter à une personne malade. Mais détenu, qui se sent concerné ? Et si d’aventure quelqu’un dans la communauté est passé par la case prison ou a un proche incarcéré, il est probable et peut-être prudent, qu’il le taise.

Nos rencontres ont commencé par une veillée de prière au cours de laquelle nous avons laissé résonner en nous un texte de Charles Péguy : les gens honnêtes ne mouillent pas à la grâce ! » Un texte que nous gagnerions peut-être à laisser résonner dans nos communautés pour y entendre précisément résonner l’Evangile grâce aux personnes détenues : « On a vu les jeux incroyables de la grâce pénétrer une mauvaise âme et même une âme perverse et on a vu sauver ce qui paraissait perdu. Mais on n’a pas vu mouiller ce qui était verni, on n’a pas vu traverser ce qui était imperméable, on n’a pas vu tremper ce qui était habitué… Les « honnêtes gens » ne mouillent pas à la grâce ». Si nous regardons celles et ceux qui sont en prison comme différents de nous, si nous considérons que les murs de la prison protègent la société en séparant les gens mauvais qui sont derrière des gens « biens » que nous sommes, c’est que nous répétons sans y croire que ce qui fait de nous des disciples du Christ est notre identité de pécheurs pardonnés. Les personnes détenues ne sont pas différentes de nous, la frontière entre le bien et le mal ne passe jamais entre nous et les autres mais au cœur de chacun de nous et nous sommes chacune et chacun capables du meilleur et du pire. Aumôniers de prison, nous sommes quotidiennement témoins que celles et ceux qui ont pu parfois commettre le pire, sont aussi capables du meilleur. L’inverse est vrai aussi et l’actualité concernant l’Abbé Pierre nous le rappelle brutalement. Il serait dangereux de l’oublier.

Nous ne pouvons être disciples du Christ si nous ne faisons pas de place à ceux qu’Il est venu chercher et sauver

Invitez donc des aumôniers de prison à venir témoigner de ce qu’ils vivent pour aider vos communautés à se laisser bousculer par l’Evangile et ne pas en faire un enseignement moralisant. Nous n’aimons guère entendre que « les publicains et les prostituées [nous] précèdent dans le royaume de Dieu ». C’est dérangeant et nous avons tendance à confisquer l’Evangile au détriment de celles et ceux à qui il s’adresse en premier, celles et ceux dont nous détournons le regard. Mais c’est « malheureux » pour nous, nous dit Jésus. Entendre ce qui se vit en prison, convertir notre regard, c’est accueillir la grâce qui frappe à notre porte. C’est nous donner la chance aussi d’accueillir ces frères et sœurs qui vont un jour sortir et espérer trouver dehors une communauté qui leur permette de poursuivre le chemin qu’ils ont commencé à l’intérieur dans le cadre de l’aumônerie. Si la communauté qui est dehors est dans le jugement, la crainte, la méfiance, la grâce reçue en prison sera sans lendemain faute de bonne terre communautaire où pousser des racines. Et ce serait malheureux pour nous tous : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ».

Nous ne pouvons être disciples du Christ si nous ne faisons pas de place à ceux qu’Il est venu chercher et sauver. Il y va de notre fidélité à ce que nous prétendons être. Un surveillant disait un jour à un aumônier parlant d’une personne détenue rejetée de tous et mise à mal par ses pairs, stigmatisée du fait de ce qui l’avait conduite en détention : « si vous n’y allez pas, qui ira ? » Il avait confusément compris quelque chose de l’Évangile et de ce que c’est qu’être chrétien. Dans ce monde où les discours sécuritaires et une logique binaire simpliste et bien-pensante contribuent à accentuer la surpopulation carcérale et à stigmatiser sans nuance ceux qui sont réprouvés, il nous incombe de faire entendre une autre musique, de refuser de réduire quiconque à l’acte qu’il a pu commettre, de témoigner que la rédemption est possible, d’ouvrir toujours la porte à un avenir différent comme on voit Jésus le faire à chaque rencontre. Notre foi en Dieu se vérifie aussi dans notre capacité à croire en ce qu’il y a de meilleur en l’autre et lui manifester qu’il y a en lui quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait. Sinon, quelles que soient nos belles paroles et nos stratégies d’évangélisation, il est à craindre que ce monde ne perde le goût de l’Evangile.

La présence de nos frères et sœurs détenus manifestée notamment par des objets qu’ils ont fabriqués avec les matériaux disponibles en détention.

Nos diversités au service de la Miséricorde de Dieu pour tous

Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre etaccompagnateur de l'aumônerie des prisonsL’objet des prochaines Rencontres Nationales des aumôniers de prison souhaite aider à mesurer la diversité des approches et des pratiques pastorales mises en œuvre par les aumôneries catholiques dans le monde carcéral, en vue de mieux cerner les conditions d’une véritable communion au service de l’Église vivant dans ce milieu particulier.

La diversité des aumôneries de prison est grande : lieux géographiques, établissements pénitentiaires avec des modalités d’intervention variées, sensibilités diverses… Mais elles sont mises au défi de porter ensemble une mission commune marquée par le souci partagé de partir des personnes détenues. L’aumônerie catholique des prisons doit ainsi se tenir à distance de tout prosélytisme et ne pas se limiter au seul niveau confessionnel. Au contact régulier avec les personnes en détention, il lui faut sans cesse revenir à la « grammaire de l’humain [1] » à la lumière de l’Évangile. S’y référer signifie récupérer les éléments essentiels, les liens de base, les usages corrects, les déclinaisons exactes de l’art de vivre qui permettent l’insertion dans un tissu relationnel, social et ecclésial. Le temps de la détention ne doit plus être un temps mort de relégation sociale. Il doit pouvoir faire l’objet d’un apprentissage pour un plus d’humanité où l’aumônerie catholique inscrit la spécificité de son accompagnement dans les initiatives d’autres partenaires.

Pour vivre cette mission dans la diversité de nos sensibilités et de nos pratiques pastorales, nous gardons le regard fixé sur la manière dont Jésus s’est acquitté de la mission reçue du Père, dans l’espace social de son temps. Par l’attention bienveillante à toute personne rencontrée et le dialogue engagé avec elle, il a su suggérer des attitudes et des comportements nouveaux, pour un style de vie renouvelé. Il n’a pas voulu rendre les personnes plus « religieuses » mais plus humaines. Son projet évangélisateur a été de rapprocher l’homme de l’homme dans une fraternité toujours plus large, et de rapprocher Dieu des hommes en manifestant comment Sa Miséricorde était à l’œuvre dans leur vie quotidienne pour ouvrir de nouveaux possibles dans leur existence.

Les Rencontres Nationales seront l’occasion d’évaluer comment, dans la diversité de nos pratiques en aumônerie, nous mettons en œuvre cette mission du Christ dans l’accompagnement des personnes détenues au sein du monde carcéral. Sans jamais perdre de vue l’horizon de leur insertion/réinsertion dans la société et dans l’Église.

Mgr Jean-Luc Brunin,
évêque du Havre,
accompagnateur de l’aumônerie des prisons

Quatre questions à Bruno Lachnitt, aumônier national catholique des prisons

Bruno Lachnitt est l’aumônier général des prisons depuis septembre 2021

Bruno Lachnitt est l’aumônier général des prisons depuis septembre 2021

Comment êtes-vous devenu aumônier de prison et quel est votre parcours ?

Je suis devenu aumônier de prison parce que j’y ai été appelé par l’Église, l’évêque en l’occurrence. J’étais diacre du diocèse de Lyon, j’avais croisé à plusieurs reprises la prison dans mon parcours religieux puis professionnel. Premièrement, en tant que Directeur d’une entreprise d’insertion qui avait un atelier de formation à la maison d’arrêt de Villepinte, je recrutais des personnes détenues au parloir-avocat. Dans les années 2000, Délégué du Secours Catholique du Rhône, j’étais très investi sur la question des prisons, je représentais la région Rhône-Alpes-Auvergne au sein de l’équipe nationale prisons du Secours Catholique, et rencontrais dans ce cadre beaucoup d’élus avant la loi pénitentiaire de 2007. Ensuite, alors que j’étais Directeur de la Mission Régionale d’Information sur l’Exclusion Rhône-Alpes, nous avons réalisé une étude sur l’accès aux soins des détenus âgés et j’ai été amené à réaliser des entretiens dans deux établissements de la région. Lorsque cet appel est venu me cueillir, ce n’était pas un univers totalement inconnu pour moi.

En quoi consiste très concrètement la mission des aumôniers de prison et quel en est le cadre ?

Le cadre est celui de la laïcité et du cadre pénitentiaire. Un cadre très contraint par la nature même des établissements où nous intervenons, avec des règles sécuritaires très strictes.

Mais aussi un cadre qui garantit l’exercice d’un droit constitutionnel, celui de pratiquer le culte de son choix, droit parfois contrarié par le cadre sécuritaire, mais respecté. Il faut noter qu’il s’agit du droit des personnes détenues, pas du droit des représentants des cultes : nous sommes là pour permettre aux personnes détenues d’exercer leur droit : tout prosélytisme est strictement interdit, nous ne pouvons rencontrer que les personnes qui en font la demande. Fondamentalement, dans les textes, la mission de l’aumônier est l’assistance « exclusivement spirituelle » aux personnes détenues.

Au-delà de ce cadre, je crois que nous sommes là pour les accompagner vers le meilleur d’eux-mêmes. En cela, je crois que la mission de l’aumônier est quelque part convergente avec celle de chacun des intervenants en détention : surveillants, conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation, et même magistrats, tous sont là pour permettre aux personnes détenues d’aller vers le meilleur d’elles-mêmes. Il est important de se le rappeler, car cela seulement fait sens s’agissant de personnes qui, un jour ou l’autre, vont ressortir. C’est l’intérêt de la société et des victimes qu’il en soit ainsi. Nous, nous le faisons avec ce que nous sommes, convaincus que ce chemin vers le meilleur de soi-même ne peut se faire si le chemin n’est pas aussi spirituel.

Quel est l’enjeu d’un accompagnement spirituel en prison ?

Pour accompagner celles et ceux que nous rencontrons vers le meilleur d’eux-mêmes, la première condition est d’avoir foi en ce qu’il y a de meilleur en eux. C’est peut-être le premier acte de foi que nous faisons comme aumôniers et au-delà d’une pétition de principe somme toute intellectuelle, c’est un enjeu de chaque rencontre et parfois un défi. Pour les accompagner sur ce chemin, c’est d’abord notre amitié fraternelle que nous leur offrons quand eux nous offrent l’hospitalité, une amitié désintéressée qui leur révèle qu’il y a en eux quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’ils pensent, qui leur manifeste par notre manière d’être qu’ils sont aimés de Dieu et sauvés.

Quel est l’objectif de la Rencontre nationale des aumôniers de prison 2024 ?

L’enjeu de ces rencontres 2024 est la communion au sein de l’aumônerie catholique. Nous n’avons pas tous la même sensibilité, nous ne pensons pas tous pareil, et c’est sans doute plus vrai encore aujourd’hui que lorsque je suis arrivé au sein de l’aumônerie des prisons il y a un peu plus de onze ans. Or la diversité est une richesse, pas seulement au niveau de la biodiversité, spirituellement aussi. L’Église, c’est précisément vivre la diversité sans qu’elle soit cause de division, et c’est ce qu’on appelle la communion. Saint-Vincent-de-Paul disait : « ne vous occupez pas des prisonniers si vous n’êtes pas disposés à devenir leur sujet et leur élève ! ». En un siècle aussi clivé socialement que le 17ème, c’était osé. Se mettre à leur école, ce n’est assurément pas apprendre à couper des barrettes de shit ou à démarrer une voiture sans les clés ! Mais c’est ne pas arriver auprès d’eux en surplomb comme des « sachants » pour leur faire la leçon. Je crois que ce qui fonde la communion entre nous, ce qui forge ce « sentir commun » au-delà de toutes nos différences ou divergences, c’est le fait que nous consentons à nous exposer à la même réalité de la détention, que nous consentons à nous laisser altérer par cette réalité, car après plusieurs années d’expérience comme aumôniers, nous ne sommes pas tout à fait les mêmes qu’en commençant. C’est, je crois, le socle de notre communion, et c’est ce socle qu’il m’appartient de préserver, à travers ces rencontres nationales, comme la pierre angulaire sur laquelle est bâtie l’aumônerie catholique.

Le dossier de presse du rassemblement des aumôniers de prison 2024

Les précédentes éditions des rencontres d’aumôniers de prison catholiques

Les précédentes Rencontres ont eu lieu en 2012 et 2018 sur les thèmes « Appelés à la liberté » et « Sur des chemins de fraternité ».

Congrès des aumôniers de prisons 2018 : « Dieu ne m’a pas abandonné, la preuve, c’est que vous êtes là »

Du 12 au 14 octobre 2018 s'est tenu le Congrès national de l’Aumônerie catholique des prisons à Lourdes. Les aumôniers de la Maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonnes) partagent leurs expériences de l'univers carcéral.

sur le même sujet

La visite, un documentaire réalisé par Elodie Buzuel au sein des Maisons d’Arrêt de Fleury-Mérogis, proposé par Le Jour du Seigneur et Présence Protestante, une coproduction Zadig Production, France.tv Studio, CFRT.

liens utiles

  • Annuaire de l’administration pénitentiaire
    Les personnes qui désirent rentrer en contact avec un aumônier sont invités à se rapprocher de l’administration de l’établissement pénitentiaire concerné, en précisant dans l’adresse : « Aumônerie catholique des prisons ».

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