Le diocèse de Bayeux-Lisieux sous le signe de la fraternité
Monseigneur Jean-Claude Boulanger, évêque de Bayeux-Lisieux a créé en 2016 dans le diocèse dix pôles missionnaires. Leur vocation : susciter la fraternité et la coopération entre les paroisses. Rencontre avec le Père Philippe Cenier, curé des paroisses Saint-Jean du Bocage et Sainte-Croix du Bocage à Vire et coordinateur du pôle missionnaire virois.
REPORTAGE
Sous la pluie fine qui mouille le pavé virois, le Père Philippe Cenier attend, en ce début du mois d’avril, le Père Laurent Berthout, curé de la paroisse Sainte-Trinité de Caen, dans son presbytère, situé en plein centre-ville. Dans la salle à manger, le prêtre s’apprête à accueillir également, pour déjeuner trois anciens curés de la paroisse tous aujourd’hui prêtres émérites ainsi que le Père Raoul Apaka, prêtre béninois incardinés dans le diocèse de Bayeux-Lisieux. Chaque mardi, ils se retrouvent autour d’un repas pour un moment fraternel. Il ne manque à l’appel que le Père François Le Crux, retenu à Caen, pour raisons professionnelles.
Le Père Philippe Cenier dit son attachement au Bocage Virois, lui qui est originaire de Pont-l’Evêque, située non loin de Lisieux. Après dix années passées à la paroisse Saint-Michel en Pré-Bocage à Villers-Bocage, il est nommé en septembre 2015 curé de la paroisse de Vire puis se voit confier par Monseigneur Jean-Claude Boulanger, évêque de Bayeux-Lisieux, une nouvelle mission : celle de coordonner le pôle missionnaire de Vire (Un pôle missionnaire est le regroupement de plusieurs paroisses. NDLR), avec un objectif, celui d’aider les paroissiens dans les réalités du monde rural.
La fraternité sacerdotale, la première étape
L’esprit fraternel voulu par l’évêque s’applique d’abord au cercle restreint des prêtres. Si les pôles missionnaires s’enracinent déjà bien dans le Bocage Virois, c’est parce qu’il existe un dynamisme résultant de plusieurs initiatives. « Le doyenné de Vire a une longue histoire, rappelle le Père Cenier. Le repas du mardi midi qui nous réunit n’est pas né de l’esprit des pôles missionnaires car les liens se sont tissés depuis des années. Cela nous permet de vivre un moment de gratuité, de relire ensemble les évènements d’une journée et d’envisager les jours à venir ». Les prêtres du pôle se rassemblent également tous les premiers mercredis du mois au Carmel de Saint-Sever pour prier et partager des moments de fraternité. Ce qui fait leur force : « C’est de ne pas faire des choses ensemble mais d’apprendre à être ensemble et à se connaitre ».
Le Père insiste tout particulièrement sur la figure du prêtre diocésain : « Ordonnée en 1985, je crois à la fraternité dans le presbyterium auquel nous appartenons. C’est ce qui nourrit notre vie de prêtres diocésains. On forme corps autour de notre évêque. C’est ce qu’on appelle l’incardination. Des liens se sont créés en sept années de séminaire et au fur et à mesure des nominations, nous nous retrouvons. C’est ainsi qu’on apprend à se connaitre ».
Vers des fraternités locales missionnaires
« Cette fraternité que nous vivons en tant que prêtres doit pouvoir s’étendre à la communauté », se réjouit le Père Cenier. À presque 60 printemps au compteur, le Père Cenier ne compte pas ses heures et s’attèle à la tâche avec passion. Saint-Sever, la Souleuvre, Vassy, Truttemer-le-Grand… Le Père a parcouru des milliers de kilomètres la première année de sa mission. « Mgr Boulanger m’a donné une feuille de route : coordonner le pôle missionnaire de Vire. Ma mission est d’aller à la rencontre des habitants et des élus locaux ». À la question : pourquoi la création de pôles ? Il répond qu’il s’agit : « de créer des petites fraternités pour que les chrétiens vivent des moments importants autour de la prière et la convivialité d’un repas. Il y a vingt-neuf petits villages autour de Vire. Dans certains d’entre eux, il n’y a pas la messe tous les dimanches. Le risque est que les chrétiens se sentent complètement abandonnés ».
Si Vire a un bassin de population de 45 000 habitants et que la ville est marquée par des activités économiques, sociétales et culturelles, le territoire reste très rural. « Le Bocage Virois a vu disparaître de nombreuses exploitations agricoles pour laisser place aux grands propriétaires terriens », se désole le Père Cenier. « Il existe un esprit solidaire en milieu rural. Il est vrai que la crise du lait a été ressentie douloureusement par les producteurs. Il ne faut pas oublier que nombre d’entre eux sont aussi endettés. Ils ont parfois le sentiment de porter seuls ces difficultés d’où l’importance d’aller vers eux. »
Il ajoute : « Certes, on ne peut pas nier les souffrances du monde rural mais il garde un énorme potentiel qu’il faut valoriser. Certains agriculteurs du Bocage Virois ont su diversifier leurs activités et leurs revenus en développant le tourisme. Ils ont par exemple transformé d’anciennes fermes en gîtes ruraux, accueilli des groupes scolaires ou démarré la production de culture bio ». En guise de soutien, le Père Cenier met en place des bonnes pratiques pour privilégier un mode de consommation plus local et se rend si possible aux journées portes ouvertes au lycée agricole de Tracy. « L’Église ne vous abandonne pas, martèle-t-il. C’est le message que je souhaiterais faire passer aux agriculteurs ».
Carte des diocèses
Vous trouverez sur cette carte les informations détaillées de chaque diocèse en cliquant sur la zone correspondante.
Attention : ne pas confondre diocèse et évêché.
L'évêché est le lieu de résidence de l'évêque.
Le diocèse prend le nom du lieu où se trouve la cathédrale.