La basilique de Lisieux, un haut-lieu spirituel

Avec 780 000 visiteurs en 2017, la basilique de Lisieux demeure une étape incontournable du tourisme religieux. Elle est le deuxième lieu de pèlerinage en France après Lourdes. Rencontre avec Emmanuel Houis, secrétaire général du sanctuaire de Lisieux.

HouisC’est une très vieille dame, vénérée, qui surplombe la ville de Lisieux. Construite en 1929, inaugurée en 1954, la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux est dans le diocèse le centre de la ferveur chrétienne. Elle est l’un des lieux les plus visités en Normandie. Figure emblématique de l’Église, « Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est connue dans le monde entier, lance Emmanuel Houis, secrétaire général du sanctuaire de Lisieux. Les lieux thérésiens tels que la maison des Buissonnets (maison d’enfance de Sainte-Thérèse) ou le Carmel sont autant d’atouts touristiques et de leviers de vitalité économique pour le Pays d’Auge. La promotion du sanctuaire est aussi liée à la réputation de Sainte Thérèse. « Elle sait rejoindre par son message, relève-t-il. Elle parle de l’amour de Dieu, de l’amour du prochain et de l’amour de la communauté. Malgré son jeune âge, elle a donné sens à ce qu’elle a fait ».

Un vrai engouement pour Sainte-Thérèse

DSC_0593L’intérieur de la basilique ornée de mosaïques est impressionnant. La sérénité du lieu tranche avec l’agitation du parvis. « Thérèse rejoint toutes les cultures et toute les traditions. Ce parvis est la rencontre des nations ! » L’engouement pour la figure de Thérèse se retrouve dans la diversité des visiteurs. « La moitié des 1400 groupes que nous recevons chaque année sont composés d’étrangers ». La plupart viennent des « pays émergents » : Brésil, Inde qui dopent le tourisme lexovien. En 2017, les Brésiliens se sont hissés à la première place avec 117 groupes accueillis. « Les groupes asiatiques augmentent considérablement car nous venons de dépasser la barre des 70 », constate-t-il. Quatre-vingt pourcent d’entre eux arrivent par le biais de tour-opérateurs. « Malheureusement, ces groupes sont minutés. Lisieux n’est qu’une étape dans leur parcours avant de repartir pour Paris ou le Mont-Saint-Michel », explique-t-il. L’enjeu du sanctuaire est aujourd’hui d’être inscrit dans les forfaits touristiques ou autres packaging.

Le reste des visiteurs sont des Français issus de paroisses, de mouvements ou de groupes scolaires. Une dichotomie persiste entre les mois estivaux et le reste de l’année. « En juillet-août, ce sont des touristes qui sont de passage, ils profitent d’un temps de détente pour venir une journée à Lisieux se balader ou profiter du Criterium cycliste alors que les autres mois de l’année, les pèlerins viennent pour Thérèse ».

Les aléas touristiques

Basilique de LisieuxLa basilique accueille 780 000 touristes en 2017. Mais elle accueillait 1 million de visiteurs il y a encore dix ans. Le tourisme lexovien pâtit des aléas. La crise financière de 2008-2009 a entraîné une perte du nombre de visiteurs en 2010. Puis sont survenus les attentats en 2015. « La fréquentation a baissé de manière drastique ». Nouvel épisode avec l’assassinat du Père Jacques Hamel à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray en juillet 2016. Le sanctuaire enregistre alors une baisse aussi bien pour les célébrations que pour les inscriptions aux pèlerinages. Cette même année, le Pays d’Auge subit également « les grèves et la crise du carburant qui ont été destructeurs pour la réputation touristique ».

La relance, fruit de plusieurs mois de travail

« En juillet 2017, la saison touristique commençait mal mais a connu une belle arrière-saison », remarque Emmanuel Houis. Cette embellie est le fruit des initiatives engagées ces derniers mois. Vitrine du tourisme international, les salons sont des lieux de promotion incontournable. « L’office de tourisme de Lisieux a compris bien avant nous l’importance de la promotion des salons réservés aux professionnels ». Pour ne pas être en perte de vitesse, le sanctuaire a dû se réinventer : « Nous avons changé notre fusil d’épaule, au lieu d’être représenté par la ville de Lisieux qui utilise notre sanctuaire comme produit d’appel, nous avons envoyé une de nos guides dans les salons touristiques en Espagne, en Angleterre et au Brésil ».

Le sanctuaire a aussi pris conscience de l’importance de travailler en lien avec les acteurs locaux pour renforcer l’attrait de la Région. Depuis un an, les structures locales ont évolué avec la création de l’agglomération de Lisieux-Normandie. « Dans le cadre des offices de tourisme de la région Normandie, chacun travaillait pour son territoire. Le fonctionnement des institutions était très cloisonné mais nous avons compris que notre richesse est extraordinaire. On essaie de fédérer avec un travail en commun ».

De la notion de touristes à celle de pèlerins

« Nous sommes aujourd’hui dans une quête de sens. Nous avons récemment reçu un groupe de la CGT. Thérèse sait toucher tous les cœurs », rappelle Emmanuel Houis. « Les personnes qui viennent à Lisieux traversent des moments de désespoir ou de maladie ». Si le sanctuaire de Lourdes attire les malades, celui de Lisieux se démarque par « les éclopés de la vie ».

Pour convertir les touristes en pèlerins « Nous proposons aux touristes de vivre quelque chose plutôt de que de visiter quelque chose ». Le sanctuaire proposera de « l’authentique » avec un principe d’accompagnement personnalisé. « Chaque visiteur doit sortir en pèlerin. Il s’agit de sortir du groupe pour avoir une rencontre avec Dieu ou avec Sainte Thérèse. Cela fait partie de l’ADN des lieux de pèlerinage qui sont des lieux source. » Tout au long de l’année, le sanctuaire propose aussi des activités spirituelles sous forme de retraites, de célébrations ou de temps spirituels. « La vie de foi est un pèlerinage en soi car on pèlerine dans notre foi, notre rapport à Dieu. Les lieux de sanctuaire sont des lieux où le chrétien vient se questionner, se repositionner, rendre grâce ou même témoigner ».

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