L’historique du diocèse de Bayeux-Lisieux
Présentation historique du diocèse de Bayeux-Lisieux au travers des siècles de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui.
Le diocèse de Bayeux appartient à la Province ecclésiastique de Rouen dont il est le premier suffragant. Même si l’on sait que la ville de Bayeux (Augustodurus) existait au IIIe s, les origines chrétiennes de ce diocèse sont complètement inconnues. Et bien que la date de fondation du siège épiscopal de Bayeux reste indéterminée, les historiens s’accordent à reconnaître Saint Exupère pour son fondateur à la fin du IVe s., le haut Moyen-Âge d’ailleurs est riche d’une cohorte de saints évêques : Exupère, Loup, Manvieu, Contest, Vigor, Regnobert, Gerbold, Frambold, Hugues, Baltfride…
L’origine et la distribution des paroisses à cette époque nous est également inconnue mais il existe déjà sur le territoire quelques établissements monastiques, dont deux assez importants : Cerisy et Deux-Jumeaux.
Le Moyen-âge
Au XIe siècle, après diverses invasions, une restauration religieuse s’esquisse à partir de Hugues II (1015-1049) : les églises rurales se reconstruisent et le paganisme régresse peu à peu. Le diocèse de Bayeux, comme ses voisins, profite de la forte organisation que Guillaume le Conquérant apporte à la Normandie. On sait que ce dernier était présent à la consécration de la première grande cathédrale romane de Bayeux (1077). C’est aussi l’époque de la fondation ou de la restauration des grandes abbayes notamment Saint-Étienne et La Trinité de Caen.
Malgré les guerres féodales, le XIIIe siècle voit se multiplier les fondations pieuses et les constructions d’églises et, unie au Royaume après 1204 la Normandie achève de se constituer une remarquable législation ecclésiastique.
L’invasion anglaise se termine par la bataille de Formigny (1450) et le diocèse se remet lentement de sa ruine (matérielle et morale) mais dès avant 1540 des luthériens sont signalés dans le Bessin. La guerre civile entre protestants et catholiques (1562) fait rage laissant à nouveau des églises profanées, des statues brisées et surtout, des populations divisées…
La restauration catholique commence timidement vers le milieu du XVIIe s. avec les épiscopats de Molé (1647-1652) et de Servien (1653-1659). Le diocèse de Bayeux, durant la fin de ce XVIIe siècle, est surtout marqué par un grand évêque, François de Nesmond, dont le long épiscopat d’un demi-siècle (1662-1715) permet un véritable relèvement du diocèse : création des séminaires, pèlerinage de Notre Dame de la Délivrande, fondation de l’Hôtel-Dieu de Bayeux, organisation de retraites spirituelles dans les campagnes et les villes…
C’est aussi à cette époque qu’il faut souligner la présence de l’œuvre de Saint Jean Eudes (1601-1680) fondateur du séminaire de Caen et infatigable prédicateur de missions. Contemporains de Jean Eudes, nous rencontrons les grands laïcs que furent Jean de Bernières et Gaston de Renty, qui ont illustré les pieuses sociétés de laïcs (Compagnie du Saint Sacrement).
Le diocèse n’échappe pas au jansénisme agressif du XVIIIe siècle, dont Mgr François de Lorraine-Armagnac est un fervent partisan. Le dernier évêque de l’Ancien Régime, Mgr Joseph-Dominique de Cheylus arrive à Bayeux en 1776 âgé de 59 ans après avoir occupé les sièges de Tréguier et de Cahors.
La Révolution française
La Révolution française va trouver un diocèse bien organisé dont l’évêque est élu maire de Bayeux en janvier 1790. Les premières réformes concernant l’Église y sont accueillies sans émotion particulière. Plus encore, la condamnation formelle de Mgr de Cheylus de la nouvelle organisation de l’Église de France dans son mandement du 20 novembre 1790 entraîne l’opposition de la plupart des curés, des professeurs de séminaires et de l’université de Caen.
En 1791, Mgr de Cheylus publie son dernier mandement : il déplore le serment et le refuse. Ce faisant, il est considéré comme démissionnaire et comme grand nombre de ses prêtres, quitte la France pour un long exil à Jersey, où il meurt en 1797.
Trois évêques constitutionnels se succèdent alors entre 1790 et 1802, date à la laquelle le nouvel évêque concordataire, Charles Brault arrive à Bayeux. Le 10 avril 1802, le décret d’érection du siège épiscopal de Bayeux est signé et son territoire est désormais calqué sur les limites du département du Calvados. Le diocèse de Lisieux disparait complètement, au profit du diocèse de Bayeux, qui hérite de la plus grande partie de ce diocèse, le reste étant partagé entre les diocèses d’Evreux et de Séez. Même si la vie est difficile, le clergé rare et divisé voire inadapté (tension entre prêtres concordataires et constitutionnels) le diocèse se réorganise tranquillement et les évêques se succèdent sans trop de difficultés.
Le XIX et XXe siècles
Durant ce XIXe siècle, deux faits intéressants sont à signaler :
– un Bref du Pape Pie IX, en date du 12 juin 1854 (décret de l’Empereur du 10 janvier 1855), autorise Mgr Robin à « relever » le titre de Lisieux. A compter de cette date, l’évêque du diocèse de Bayeux porte donc le titre d’ « évêque de Bayeux et de Lisieux », ce n’est cependant que dans les années 1990 que l’usage a été adopté de nommer le diocèse « Bayeux-Lisieux »
– le long épiscopat de Mgr Hugonin (1867-1898)
C’est Mgr Amette (1898-1906) qui inaugure le XXe siècle, lequel voit deux anciens évêques bayeusains devenir « cardinal-archevêque » de Paris (Mgr Amette et Mgr Suhard)
Mgr Thomas Lemonnier (1906-1927) est pour sa part, confronté à la dure loi de Séparation des Églises et de l’État et ses confiscations. Les dix premières années de son épiscopat sont presque exclusivement occupées à réorganiser le diocèse : trouver des presbytères, séminaires, évêché …, lever des fonds pour rémunérer les prêtres, créer les organes de gestion du diocèse, mais surtout reconquérir les cœurs et les âmes ! Juste avant la Grande guerre, durant laquelle plus de 350 ecclésiastiques du diocèse sont mobilisés et où 32 d’entre eux tombent au Champ d’Honneur, l’année 1913 est marquée par les somptueuses fêtes du Couronnement de la Vierge de Honfleur. Quant à l’année 1925, elle est toute éclairée par les canonisations de Thérèse de l’Enfant Jésus et Jean Eudes et la béatification de Pierre Maubant
Très touché par la Seconde Guerre mondiale, et notamment par la période du Débarquement et ses sanglants bombardements, une fois encore, le diocèse doit se relever et c’est durant les épiscopats de Mgrs Picaud et Jacquemin que de nombreuses églises du Calvados seront reconstruites. C’est aussi à cette époque que le tissu urbain se densifiant, de nouvelles paroisses sont créées à la périphérie de Caen.
Si en 1906, le diocèse de Bayeux se composait de 710 paroisses, depuis la refonte des paroisses en 1997, il n’en compte plus que 51.
Ce début des années 2000 nous assure déjà d’une belle page d’histoire, puisque c’est en 2015, sous l’épiscopat de Mgr Boulanger, qu’ont été canonisés Louis et Zélie Martin (parents de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus) et que les entités paroissiales se sont regroupées, en dix « pôles missionnaires » ayant pour vocation de susciter la fraternité et la coopération des paroisses.
Françoise Khédine
Archiviste diocésaine
Avril 2018