À Jérusalem, la Maison d’Abraham, havre de paix, d’espérance et de fraternité

À l’occasion du soixantième anniversaire de la création de la Maison d’Abraham, des délégations de la Conférence des évêques de France et du Secours Catholique-Caritas France se sont rendues à Jérusalem pour exprimer leur soutien et leur solidarité aux communautés qui souffrent depuis tant de mois en Terre Sainte.

La Maison d’Abraham a été créée à l’initiative du pape Paul VI qui, suite à sa visite à Jérusalem en 1964, souhaitait y créer un lieu d’accueil pour les pèlerins de toutes les religions, avec une attention particulière aux plus précaires. Inspiré par le modèle de la Cité Saint-Pierre du Secours Catholique-Caritas France à Lourdes, il a confié à l’association cette mission. La maison est une ancienne abbaye bénédictine et séminaire syro-catholique, située dans le quartier Silwan, à Jérusalem-Est,

Une délégation de la Conférence des évêques de France (CEF), présidée par Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, Président de la CEF, Sophie Daugérias, Secrétaire générale adjointe et le père Hugues de Woillemont, Secrétaire général et porte-parole, et le Président national du Secours Catholique-Caritas France, Didier Duriez, père François Odinet, aumônier, sont venus tout spécialement en Terre Sainte pour marquer leur soutien aux populations locales.  Pour cet anniversaire, le pape François a adressé un chaleureux message d’encouragement et sa bénédiction à tous les acteurs et visiteurs de la Maison d’Abraham.

Planter les graines et les germes d’un futur serein

Le samedi 14, l’anniversaire a été ouvert par l’inauguration du nouveau « chemin des pèlerins de l’Espérance » qui invite les croyants de toutes religions à marcher dans les pas d’Abraham. Ce chemin a été béni par Mgr William Shomali, vicaire général et patriarcal latin pour Jérusalem et la Palestine.

Puis une “messe consulaire” a été présidée par Mgr Éric de Moulins-Beaufort, messe qui témoigne de la protection que les autorités françaises accordent aux lieux catholiques en Terre Sainte depuis plusieurs siècles et que le Consul général, M. Nicolas Kassianides a rappelé par sa présence amicale. De nombreuses communautés religieuses ont participé à cette célébration, ainsi que Mgr Natale Albino, chargé d’affaires par intérim de la délégation apostolique et représentant le Saint-Siège, et Soeur Véronique Margron, Présidente de la Conférence des Religieuses et Religieux de France (CORREF). En tant que religieuse dominicaine, elle rejoignait les sœurs de sa congrégation qui, depuis 1964, assurent l’animation spirituelle de la maison avec un aumônier.

De même, de nombreux habitants du quartier, en particulier le centre communautaire de femmes musulmanes qui œuvrent à la Maison d’Abraham, ont participé au repas et au concert qui ont suivi.

Fidèle à sa mission d’accueillir en priorité les pèlerins les plus pauvres, la Maison d’Abraham reçoit ces jours-ci un groupe de pèlerins du Réseau Saint Laurent. Ils sont venus fêter les 60 ans de la Maison mais aussi témoigner de l’expérience à la fois spirituelle et fraternelle vécue lors d’un précédent pèlerinage à Jérusalem. Ils sont nos premiers « pèlerins de l’Espérance ».

Malgré les fractures et tensions actuelles, la Maison d’Abraham demeure un lieu d’échanges entre communautés. Elle témoigne de la possibilité d’un « vivre ensemble » et plante les graines et les germes d’un futur plus serein.

L’Espérance à long terme

Lors de leur séjour, les délégations de la Conférence des évêques de France et du Secours Catholique-Caritas France se sont entretenues avec le Consul général de France, avec le Cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, et avec les religieuses du Carmel du Pater Noster. Une rencontre à Tel-Aviv au Forum des familles d’otages avec des familles des deux otages franco-israéliens encore détenus à Gaza les a profondément émus, ainsi qu’avec une association de médecins bénévoles israéliens et palestiniens, Physicians for Human Rights, prodiguant ses soins à tous, en Israël et en Palestine.

L’ensemble des personnes rencontrées souhaitent le retour à une situation plus saine. Comme l’a dit le Cardinal Pierbattista Pizzaballa, “l’Espérance à long terme a pris le pas sur l’Espoir à court terme.” Tous attendent que cesse d’augmenter le nombre terrible de victimes via un cessez-le-feu permanent et la libération des otages – suivis des premiers pas que ces deux peuples sauront oser refaire l’un envers l’autre.

Le Secours Catholique-Caritas France et la Conférence des évêques de France s’unissent dans leurs prières pour toutes les victimes du conflit et pour celles et ceux qui montrent la voie d’une possible réconciliation à long terme.

la Maison d'Abraham, située à Jérusalem a célébré ses 60 ans

Homélie pour la Fête de la Croix glorieuse, le samedi 14 septembre 2024, en l’église de la Maison d’Abraham, 60ème anniversaire de la fondation de cette maison.

Frères et sœurs, la fête que nous célébrons en ce jour a porté dans l’histoire divers noms. La liturgie la nomme désormais : fête de la croix glorieuse. Vous le savez : l’Église célèbre ainsi le jour où sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, venue à Jérusalem, y découvrit le bois de la croix au milieu de bien d’autres pièces de bois, jetées là à travers le temps. Elle fit construire une basilique magnifique, l’Anastasis, pour marquer le lieu de la Résurrection et, à côté de cette basilique, une grande cour dans un angle de laquelle était dressée, sur le rocher du Calvaire, une grande croix couverte de pierres précieuses et de gemmes, contenant le bois mis au jour. Jérusalem a pu dès lors accueillir des pèlerins. C’est pourquoi cette fête a été nommée  aussi : l’exaltation de la sainte croix. La croix était ainsi glorifiée, l’instrument de torture qu’elle avait été était transformé en trophée de victoire, transfiguré par l’évocation de l’efficacité du salut qu’elle a porté, les pierres précieuses et le gemmes évoquant et mettant en valeur les fruits de la croix. Cependant, nous ne pouvons comprendre comme il convient cette glorification, que si nous nous souvenons de ce qui vient d’être proclamé : « Personne n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. »

Le mouvement premier, l’élan qui porte tout ce qui existe, est l’abaissement de Dieu. Avant d’être l’exaltation de qui que ce soit, la foi chrétienne est stupeur et émerveillement devant Dieu qui consent à venir jusqu’à nous, nous rejoignant dans notre condition de créature et même de créature soumise à la mort, marquée par le péché et ses traces. Saint Paul a trouvé les mots nécessaires pour dire ce mystère, pour que jamais nous ne ramenions l’abaissement de Dieu jusqu’à nous en Jésus à une sorte de voyage initiatique vers des terres inconnues : « Il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes ». L’Apôtre précise encore : « Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé -c’est une seconde étape-, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ». L’exaltation vient ensuite, comme le don du Père, qui remplit de joie celui qui a avant tout cherché à faire sa volonté : « C’est pourquoi Dieu l’a exalté. »

La foi chrétienne ne saurait consister à se hisser, à chercher à s’égaler à Dieu conçu comme dominant et possédant, voire comme imposant sa volonté. La foi chrétienne cherche à suivre Jésus dans le mystère déroutant de l’abaissement auquel il a consenti. Rien de morbide en cela, tout est amour et don de vie en vue d’une vie plus pleine et plus vivante : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle. » « Quiconque croit en lui » : quiconque reconnaît en Jésus homme et même homme humilié, meurtri, rejeté, méprisé, Dieu au sens le plus haut de ce terme dévoilant le fond de son être, la vérité de son être. L’être de Dieu, cela devient clair devant la croix, n’est pas immutabilité, indifférence, sérénité lointaine et moins encore désir ou besoin de dominer, mais amour et don de soi. Il s’agit bien pour nous de monter au ciel, de parvenir à la vie éternelle, c’est-à-dire à la vie en plénitude, la vie pour toujours, et même d’en goûter comme des avant-goûts dès ici-bas, mais cela ne peut se faire qu’en suivant celui qui est descendu du ciel, c’est-à-dire qui a renoncé à toute visibilité de la gloire et qui a même consenti à se laisser rejeter.

Lorsque sainte Hélène est venue ici, l’empire romain commençait à devenir une société chrétienne, il se préparait même à devenir un État chrétien. Comment, comme société, comme État, pouvait-il se laisser transformer par le chemin de la croix ? Comment, nous, aujourd’hui, chrétiens, dans un monde tout différent, avançons-nous sur ce chemin-là ?

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C’est pourquoi un autre nom de cette fête est intéressant : fête de l’invention de la croix. « Invention » est la transposition du latin, il ne s’agit pas d’imagination, mais de recherche et de découverte. Les chrétiens ont à chercher, toujours, en toutes circonstances, le chemin de la croix. Quelle attitude, quelle réaction, quelle initiative peut correspondre en vérité au trajet du Fils de l’homme qui s’est abaissé pour, ensuite, être exalté ? Ce chemin n’est pas tout tracé, il ne peut s’exprimer en quelques principes dont se réclamer partout. Il est à chercher, parfois en tâtonnant, et il se vérifie par sa fécondité, par les fruits qu’il porte dans le temps long. Sur cette terre, en ce pays divisé, fracturé, en cette Ville même où tous les conflits du monde retentissent aussitôt et dont les tensions et les drames sont répercutés dans le monde entier, les chrétiens cherchent le chemin juste de la croix. Nous prions ici, ensemble, en ce jour de fête, pour que le Fils de l’homme, exalté parce qu’il a consenti à descendre, venu non pour condamner mais pour sauver, nous apprenne à tous, ici et ailleurs, les passages discrets de son chemin à lui.

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Or, frères et sœurs, nous célébrons cette fête, nous prions, dans cette maison qui porte le nom magnifique de « Maison d’Abraham ». Elle nous indique peut-être un des passages du chemin de la croix. Son nom évoque, de manière évidente, l’hospitalité d’Abraham, l’accueil qu’il réserva, dans son camp au chêne de Mambré, à trois visiteurs qui n’étaient qu’un. Le chemin de la croix peut sans doute être incarné ainsi : dans l’hospitalité. Le Fils de l’homme est descendu pour être reçu par nous ; il n’est pas venu en conquérant, il n’a pas cherché à s’imposer ; il s’est présenté en espérant susciter en nous, susciter chez les hommes, un mouvement d’hospitalité. A ceux qui l’ont reçu, de même que le visiteur triple et unique d’Abraham lui a promis et a promis à Sara un enfant, – et cela la fit rire-, le Fils de l’homme a donné « de pouvoir devenir enfants de Dieu », nés, non de la chair et du sang mais de l’Esprit. Réciproquement, Abraham qui reçoit les visiteurs consent à ce que son fils, Isaac, ne soit pas sa propriété mais un don reçu, qui doit pouvoir aller son chemin sans reproduire fatalement les pas de son père.

Ici, dans cette maison, depuis soixante ans, des pèlerins et des voyageurs de tous genres sont reçus. Ils partagent un moment de la vie d’une communauté, celle qui anime la maison mais aussi celle des liens tissés avec ce quartier de Jérusalem, ce quartier de la Ville sainte, traversé des tensions et des espoirs de cette Ville, animé par la promesse que constitue cette Ville au milieu de l’humanité. Les tensions entre les humains peuvent être grandes, les oppositions sources de violence peuvent être terribles, l’incompréhension mutuelle peut être meurtrière, elle ronge en tous cas les relations et les transforme en brutale juxtaposition ; et pourtant, dans cette humanité-là, il existe, ici et ailleurs, une et des maisons d’Abraham, des personnes prêtes à en accueillir d’autres, même un moment. C’est peu de chose, de petites, voire de minuscules oasis, mais le récit biblique nous fait espérer que chacun de ces moments d’hospitalité construit l’accueil du Fils de l’homme descendu jusqu’à nous et prépare mystérieusement mais certainement à accueillir le fruit de sa venue, la vie neuve, la vie forte, la vie pour toujours et pour tous dont il est le porteur et qu’il vient livrer au prix de tout lui-même.

Frères et sœurs, les tensions si exacerbées ici en ce moment existent partout dans le monde, d’une manière ou d’une autre, les mêmes ou des tensions analogues. Puissions-nous, nous chrétiens, être des chercheurs de la croix du Seigneur, des chercheurs de la croix glorieuse, non d’un bois mort bien sûr, mais du chemin du Fils de l’homme dont il est le symbole : « Ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle »,

Amen.

Homélie pour la messe du 24ème dimanche du Temps ordinaire, année B, le 15 septembre 2024, en la chapelle du Carmel du Pater Noster, sur le Mont des Oliviers à Jérusalem

« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Venant à Jérusalem ou étant à Jérusalem, sur le Mont des Oliviers, nous recevons comme à neuf cette question de Jésus. Elle est la grande question de nos vies. Qui disons-nous qu’est Jésus ? Qui dis-je que Jésus est, par mes paroles et, plus encore, par mon comportement, par mes actions, par les pensées qui les sous-tendent, les choix qui en font la cohérence ? Si nous confessons avec Pierre et toute l’Église : « Tu es le Christ », que voulons-nous dire par là ? Que dit par là l’Église, que dit par là l’Église à laquelle j’appartiens, et que dis-je, moi, que veux-je dire en prononçant de tels mots ? Nous l’avons entendu de saint Jacques : il ne suffit pas de dire des mots, d’aligner des phrases, disons : de nous réclamer de dogmes ; encore faut-il les mettre en œuvre : « C’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. »

Or, la force de cet épisode, rapporté par saint Marc comme par saint Matthieu, vient de ce qu’aussitôt Pierre qui a confessé la messianité de Jésus est confronté à son incapacité à accepter que cette messianité s’exprime non dans la conquête, la victoire, le renversement de l’oppression et l’établissement d’un règne nouveau mais dans le rejet, la souffrance, la mort et cette issue insaisissable que Jésus appelle « résurrection ». Les évangiles nous obligent, nous aussi, tous autant que nous sommes, à réaliser que nous ne savons pas, que nous ne pouvons pas spontanément, par nous-mêmes, accepter en vérité la messianité de Jésus. Que nous soyons chrétiens convaincus et engagés, religieux ou religieuses consacrés dans et pour le Christ, prêtres ou évêques ordonnés pour partager à tous la vie du Christ, ou bien chrétiens se tenant sur le seuil ou amis de Jésus s’interrogeant sur les suites à donner, nous nous tromperions en nous pensant capables par nous-mêmes de faire mieux que Pierre. Pour bien recevoir cette page d’évangile et, plus profondément encore, pour bien répondre à la question de Jésus, il nous faut être conscients que nous avons tous, qui que nous soyons, à surmonter une réticence, une résistance, à voir le Messie souffrir et mourir, quoi qu’il en soit de ce que peut signifier ou promettre la résurrection. Pourtant, il nous faut entendre Jésus le dire : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite », et l’entendre encore le redire en s’adressant à « la foule avec ses disciples » : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » Hier, nous avons fêté la croix glorieuse. Cette fête, en synthétisant tous les aspects de la croix de Jésus : l’humiliation redoublée et la glorification et l’exaltation par le Père, nous appelle à oser emprunter le chemin de la croix que Jésus décrit ainsi en parlant à Nicodème : « Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. » Sommes-nous prêts à entrer dans le chemin de la croix ? Suis-je prêt à suivre Jésus sur cette voie ? Suis-je capable de le regarder même d’un peu loin, mais de le regarder en vérité, avançant sur ce chemin ?

Il n’y a rien de morbide en Jésus, il s’agit bien de ressusciter ; il n’y a rien de déprimé et déprimant, il s’agit bien de vivre et de sauver sa vie, mais de le faire réellement. Il ne s’agit pas non plus de se laisser entraîner dans une sorte de mécanique, de céder à un cycle vital de mort et de vie. Comme l’annonçait le prophète Isaïe, il s’agit de se remettre entre les mains du Père et de n’attendre que de lui la justice nécessaire : « Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu. »

Être humain n’est pas vivre comme un végétal qui vit un moment puis perd sa force vitale et meurt. Être humain n’est pas non plus trahir ce qui nous fait vivre pour survivre encore un peu. Être humain est avoir confiance que la vie donnée, la vie livrée, est recueillie et rendue, transformée. C’est la relation au Père qui permet de ne pas se laisser aller à trahir, à renoncer à ce qui nous rend vivants. Le chemin que nous ouvre Jésus est celui des fils et des filles. Être Christ pour lui n’est pas un titre qui autoriserait tout comportement, c’est une mission, un envoi, un envoi par Quelqu’un à qui il s’agit d’obéir, dont le Règne est source de vie pour tous. Être Christ pour lui, c’est aussi affronter ce qu’il y a de plus obscur en l’humanité, sans chercher à le dominer, à le purifier, mais en le dépassant par le don de soi, dans l’espérance que le Père veut la conversion et la vie de tous. Ici, frères et sœurs, mes Sœurs, dans ce Carmel du Pater, il est bon et doux de réaliser cela : Jésus ne veut être rien d’autre que le Fils du Père et il nous ouvre le chemin de la filiation en acte. Ici, sur le Mont des Oliviers, en cette ville de Jérusalem qui symbolise et pas seulement par métaphore toutes les tensions du monde et l’espérance inouïe de les dépasser, il est nécessaire d’entendre Jésus parler de son rejet, de sa souffrance, de sa mort, alors que la vie de tant d’hommes et de femmes et d’enfants et l’on peut même y ajouter, par conscience écologique, bien d’autres êtres, est chaque jour menacée et détruite et abîmée par la violence des hommes et des États. Dire de Jésus qu’il est le Christ, dire à Jésus que nous le confessons comme Christ, c’est accepter d’assumer avec lui ce qu’il a de violent dans le cœur humain et dans les organisations construites par les hommes, en acceptant d’avoir pour seule arme la confiance dans le Père : « Il est proche, Celui qui me justifie », proclamait le prophète ou plutôt le Serviteur parlant par le prophète. Vraiment, voilà ce que peut être notre prière en ce jour et en ce lieu en ce temps tout spécialement : que nous, chrétiens, nous confessions ; que moi, chrétien, je confesse par mes pensées et mes actes et mes choix que Jésus, celui qui a accepté la Passion et s’est remis entre les mains du Père, est bien le Christ, l’Oint du Seigneur qui peut répandre sur tous et en tous son Esprit de force et de vie. Nous n’avons pas à nous complaire dans des attitudes victimaires, puisque nous suivons notre Seigneur ; nous n’avons pas à nous rassurer en réclamant sans cesse nos droits, puisque nous nous confions au Père ; nous n’avons pas à céder à la peur ni à la colère ni à la résignation au mal, puisque nous espérons l’Esprit qui fait de nous des fils. Le psalmiste nous l’a fait dire : « J’aime le Seigneur : il entend le cri de ma prière… toute ma vie, je l’invoquerai » et le Notre-Père nous installe dans la juste position : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons. »

Mes Sœurs, à vous qui veillez sur le Mont des Oliviers, appelant le Messie qui vient et saluant sa venue parfois bien cachée, demandez pour tous les chrétiens, d’ici et d’ailleurs, la grâce de l’humilité et de la détermination : c’est Jésus et pas un autre que nous voulons suivre. De lui, de Celui-là, nous attendons la vie,

Amen.

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