Mgr Le Saux : « L’évêque est attendu ! »

Mgr Yves Le Saux Le Mans AP Lourdes avril 2009 largeur

Imposant par la carrure, Mgr Yves Le Saux, évêque du Mans (à droite sur la photo), n’en dégage pas moins une douceur et une humilité qui rappellent sa devise épiscopale. Au milieu des « personnalités diverses » rassemblées pour l’Assemblée, il ressent, lui aussi, une réelle attention de la part de ses frères dans l’épiscopat.
 

Quelle est votre attente par rapport à cette première Assemblée plénière ?

Je suis venu avec le désir de rencontrer les autres évêques et de vivre la communion avec eux. Et, dans les conversations « gratuites », aussi importantes que les débats, voir ou sentir comment d’autres assurent leur ministère et quelles sont leurs questions. Elles sont aussi les miennes. Les confronter à des évêques qui ont de l’expérience est pour moi une joie. C’est rassurant.
 

Quels thèmes vous touchent particulièrement ?

Nous avions déjà travaillé la bioéthique dans la province de Rennes, dans le diocèse aussi. Abordé en carrefours, mardi et mercredi, l’avenir de nos communautés et au fond, les questions de restructuration, est la question depuis que je suis arrivé dans le diocèse. J’y suis déjà confronté avec mes collaborateurs diocésains : constitution de pôles missionnaires, proximité des communautés chrétiennes. Je vois que ce sont les mêmes questions pour tous. Quant aux solutions… le travail reste à faire ! Pas simplement pour le jeune évêque que je suis. Des évêques plus expérimentés y sont confrontés aussi. Le monde a beaucoup changé en quelques années.
 

Comment avez-vous reçu l’invitation faite à l’Eglise de prendre la parole sur la crise économique ?

J’ai trouvé remarquable les interventions de mercredi matin. Entendre de la part de spécialistes une analyse précise, même si elle est inquiétante, est un apport d’une grande richesse. Depuis quelques semaines, je suis convaincu que l’Eglise doit être présente sur cette question. Je m’interrogeais jusqu’à présent sur ce qu’elle pouvait dire, sinon inviter à vivre autrement, à partager. Ce qui m’a frappé dans cette intervention, c’est la nécessité de permettre aux gens d’exprimer leur angoisse et donc de créer des lieux pour le faire. Nous avions déjà l’idée dans le diocèse de faire une rencontre avec des élus et des acteurs de la vie économique. Cela m’a conforté dans l’idée qu’il fallait le faire le plus rapidement possible. Ca a levé toute hésitation qu’il pouvait y avoir dans ma perception des choses, quant à la nécessité de dialoguer sur ce sujet.
 

Quel bilan pouvez-vous faire de vos premiers mois au Mans ?

Deux mois, c’est très peu ! Je suis frappé par la bienveillance des gens qui m’accueillent, notamment des prêtres, et par la volonté de travailler avec l’évêque. L’évêque est attendu ! Les gens viennent me voir : « Qu’est-ce qu’on doit faire, Monseigneur ? » A moi d’être digne de leur attente, de leur confiance.
 

« Jésus, doux et humble de cœur » est votre devise épiscopale ?

Elle tire son origine de l’Ecriture, quand Jésus dit aux foules : « Venez à moi, vous qui ployez sous le fardeau. Devenez mes disciples car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29). Pour moi, ma première mission d’évêque est d’inviter tous ceux qui peinent et souffrent à venir au Christ. J’ai voulu que le nom de Jésus soit dans cette devise parce que mon premier rôle est d’annoncer le Christ. Ce n’est pas d’abord de « manager » mais d’être un témoin du Christ ressuscité. L’autre chose, c’est la douceur, qui n’est pas pour moi de la mièvrerie. Etre doux, c’est respecter la moindre espérance : « N’éteins pas la flamme qui vacille » (Isaïe 42,3). Dernière chose, l’humilité : je pense que fondamentalement le drame de l’humanité, c’est l’orgueil qui empêche l’accès à Dieu. La seule condition pour faire une expérience de l’amour de Dieu, c’est l’humilité. Le cœur, centre de l’homme, est le lieu de la volonté et de l’amour. J’ai été pendant longtemps Supérieur à Paray-le-Monial, ce lieu où s’est révélé le cœur du Christ. Jean-Paul II dans un de ses voyages disait à propos de Paray : » Auprès du cœur du Christ, le cœur de l’homme retrouve sa capacité d’aimer ». L’humanité ne peut pas vivre sans amour, sans aimer ni être aimé. Nous avons à apprendre de Lui ce qu’être aimé veut dire et comment aimer.

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