Rome : Saint-Paul-hors-les-Murs, un joyau de l’héritage chrétien

La basilique Saint-Paul-hors-les-Murs est l’une des quatre basiliques majeures de Rome. Fondée sur le tombeau de l’Apôtre des Gentils, elle invite les pèlerins à quitter la ville pour suivre les pas du zélé, qui avec saint Pierre le fondateur, forme la deuxième colonne de l’Église. Par Florence de Maistre.
“La basilique Saint-Paul est à l’écart, presque à la campagne. Lorsqu’on arrive après avoir pris le métro ou le bus, on est un peu surpris : on arrive dans un océan de verdure, dans un cadre très agréable et l’on se trouve face à une basilique gigantesque”, commence Sophie de Cibeins, membre de l’association Rencontres Romaines et accompagnatrice de pèlerinages à Rome pour des groupes de grands-parents et petits-enfants avec Ichtus voyages. Située au sud de Rome, sur la Via Ostiensis, à deux kilomètres des murs d’Aurélien qui ceinturent la ville, d’où son nom de “Saint-Paul-hors-les-Murs”, la basilique papale est la deuxième plus grande église de Rome. Elle est, depuis son édification en 324 sur le lieu de sépulture de l’apôtre Paul, toujours destination de pèlerinages.
“On accède à la basilique par un petit parc, encadré d’un quadriportique. Le regard est tout de suite attiré par la façade et sa belle mosaïque. Devant, au centre, se trouve une grande statue de saint Paul, reconnaissable avec son glaive et le livre à la main. Sa figure est allongée, sans cheveux, mais avec une petite barbe. Au fond, à droite, il y a saint Luc qui a écrit la vie de saint Paul. La mosaïque brille, elle est récente : elle a été réalisée après l’incendie de 1823. Elle figure quatre prophètes, présente l’Agneau en son centre entouré de quatre fleuves, symboles des quatre Évangiles, et de deux villes, c’est-à-dire l’ancienne et la nouvelle alliance. Les douze apôtres sont représentés. Au registre supérieur, le Christ est entre Pierre et Paul”, poursuit la guide. La tradition situe le martyre de Paul, non loin, au lieu-dit des Trois-Fontaines. Là, lors de sa décapitation vers l’an 67, sa tête aurait roulé par trois fois, faisant jaillir en chaque endroit des sources miraculeuses. Son corps a été déposé à trois kilomètres dans une nécropole qui bordait la route d’Ostie. Un modeste monument aurait été initialement construit sur sa tombe par le pape Anaclet (80 – 92). Bien avant le travail des fouilles et des recherches historiques, les pèlerins affluent auprès de l’apôtre. Tant et si bien, que la première basilique attribuée à l’empereur Constantin en 324 a été agrandie à plusieurs reprises. “La basilique a aussi connu de nombreuses vicissitudes : tremblements de terre, inondations, incendies. Après celui de 1823, elle a été complètement reconstruite. Sa structure byzantine, ses colonnes ont été conservées, mais la décoration a été renouvelée, grâce à des dons. C’est très intéressant de noter que des non-croyants ont participé à l’embellissement de cette basilique. On lit aujourd’hui l’évolution de son histoire, ce qui la rend très attachante”, souligne Sophie de Cibeins.
Entrer par la porte centrale ou passer par la porte sainte
Longue de 131,66 m, large de 65 m et haute de 30 m, avec ses cinq nefs, ses quatre nefs latérales et ses 80 colonnes monolithiques en granit, Saint-Paul antique est la plus grande des quatres basiliques romaines jusqu’à la réédification de Saint-Pierre. Elle a été consacrée le 10 décembre 1854 par le pape Pie IX, en présence de 185 évêques, à l’occasion de la proclamation du dogme de l’Immaculée-Conception. Chaque année, les vêpres de la fête de la conversion de saint Paul, le 25 janvier, sont célébrées ici, en point d’orgue de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Et c’est là que, contre toute attente, le 25 janvier 1959, le pape Jean XXIII a annoncé la convocation d’un concile œcuménique : Vatican II.
La basilique présente cinq portes en façade. “Il y en a deux plus importantes. La centrale est très belle, en bronze incrusté d’argent. Elle mesure plus de 7 m de haut, Jésus est en son centre. Des détails de la vie de Paul (battant de droite) et de Pierre (battant de gauche) sont représentés. À droite, la nouvelle porte sainte du jubilé, a été ouverte par le pape Jean-Paul II à l’occasion du jubilé de l’an 2000. On y voit en parallèle des épisodes de la vie du Christ et celle de saint Jean-Paul II”, commente Sophie de Cibeins. Une inscription indique en latin : “Que le don de la paix et du Salut éternel soit concédé à tous ceux qui viennent dans cette église de Paul”. En mémoire du bimillénaire de l’Apôtre des nations, le pape Benoît XVI a ouvert une Année Paulienne (28 juin 2008 – 29 juin 2009). Sur la porte centrale de la basilique, la “Flamme paulienne” est restée. Elle exprime la charité, la miséricorde et l’amour qui ont enflammé le cœur de Paul et qu’il transmet aujourd’hui encore.
Dans les pas d’une cohorte de pèlerins
En arrivant dans la nef, le visiteur peut admirer l’édifice aux dimensions monumentales et, en l’absence de sièges, en prendre toute la mesure. Le plafond à caissons est décoré de stucs dorés. Les fenêtres d’albâtre très fin ont été offertes par le roi Fouad 1er d’Égypte. Entre elles et éclairées par leur lumière particulière, trente-six fresques racontent la vie de saint Paul. En dessous, se trouvent les fameux 265 médaillons des portraits des papes depuis saint Pierre jusqu’au pape François. “Cette mosaïque des papes touche les visiteurs. Avec elle, on entre dans la tradition et dans une continuité. Malgré des hauts et des bas, l’Église poursuit sa mission depuis plus de 2000 ans”, souligne la passionnée de Rome. En se retournant, on retrouve le dos de la porte sainte. Une porte byzantine qui date du Moyen-Âge, composée de 54 panneaux gravés de bronze et d’argent. “Souvent, j’explique qu’au début de l’ère chrétienne, les non-baptisés devaient se tenir dans le narthex et n’étaient pas autorisés à assister à la messe, avant de débuter leur chemin de conversion. Alors, j’invite les pèlerins à s’approcher jusqu’à l’autel, à vivre cette démarche de foi et à prendre un temps de prière personnel sur la tombe de saint Paul. Aujourd’hui, les fouilles et les recherches sont achevées. Le sarcophage a été identifié et confirmé en 2006”, précise Sophie de Cibeins. La chaîne, qui selon la tradition, reliait l’apôtre Paul au soldat romain lors de sa détention, est présentée là dans un reliquaire.
Plusieurs étapes sont à suivre. “Le baldaquin du XIIIe est un bijou de l’art florentin. Le candélabre du cierge pascal date du XIIe siècle. C’est une très belle colonne de 5,60 m en pierres sculptées qui représente la vie de Jésus. L’arc triomphal est couvert d’une mosaïque très descriptive. De chaque côté, saint Paul et saint Pierre indiquent l’autel de leurs doigts. Au-dessus d’eux se trouvent les symboles des quatre évangélistes. La grande figure de Jésus effraie un peu les enfants. Il est entouré des vieillards de l’Apocalypse qui attendent la Révélation, le Christ déjà annoncé dans l’Ancien Testament”, développe l’accompagnatrice de pèlerinage. La mosaïque de l’abside est la plus grande de Rome. Elle comprend quelques morceaux anciens et d’autres embellissements dessinés par des artistes vénitiens. Le Christ bénissant siège sur son trône de gloire. “J’aime expliquer la position des doigts de la main droite du Christ : les trois courbés et joints pour la Trinité, les deux levés pour l’humanité et la divinité du Christ. Dans les cartouches, les enfants peuvent lire les noms des apôtres. Les éléments décoratifs arbres, fruits, animaux, ont été conservés de l’antiquité païenne en leur redonnant du sens. Tous sont symboles de la Résurrection”, relève Sophie de Cibeins.
Prier pour la mission de l’Église
Derrière, dans le transept plusieurs chapelles complètent la démarche pèlerine. L’une dédiée à saint Étienne évoque le martyre du saint qui priait pour ses persécuteurs et a contribué à la conversion de Paul. Une autre est dédiée à saint Benoît et à l’Ordre monastique qui officie depuis des siècles dans la basilique. Une autre à saint Laurent : c’est là qu’aujourd’hui les moines célèbrent les laudes, les vêpres et la messe chorale. Également appelée chapelle du Saint-Sacrement ou du crucifix, elle comprend effectivement le crucifix de bois miraculeux devant lequel sainte Brigitte de Suède eut la vision de sa mission. Un autre fondateur, saint Ignace de Loyola professa ici devant une icône du XIIIe s., ses vœux avec ses premiers compagnons le 22 août 1541. Cette chapelle conserve enfin une statue en bois polychrome de saint Paul qui a résisté au grand incendie et qui en garde quelques traces.
En sortant de la basilique, le cloître gothique, épargné par l’incendie de 1823, offre de magnifiques trésors d’art et de foi. À noter : la visite est payante. Toutes ses colonnes, dont certaines sont torsadées, sont incrustées de pierres précieuses et ornées de mosaïques polychromes. L’abbaye bénédictine de Saint-Paul-hors-les-Murs remonte au pape Grégoire II, au VIIIe s. Elle abrite le musée de la basilique, ainsi qu’une bibliothèque grandiose. “Cette basilique permet de redécouvrir la figure de saint Paul, le converti. Son zèle évangélisateur à travers le monde interpelle encore les pèlerins. L’immensité, la majesté de la basilique, dit quelque chose de la dimension ecclésiale de l’apôtre. De même que la diversité des dons après l’incendie manifeste la reconnaissance de l’œuvre de l’Église”, partage Sophie de Cibeins. Elle confie encore : “J’aime cette grandeur, cet espace qui attire vers l’autel, vers l’apôtre, et nous place dans la posture du pèlerin. Sa flamme, sa personnalité me touche par rapport à ma tiédeur ! La basilique est aussi appelée des trois empereurs en référence aux bâtisseurs. C’est touchant de voir à quel point, ceux qui avaient tout, la richesse, le pouvoir, etc. ont salué la foi de saint Paul. L’histoire du site m’émeut, l’inscription dans la fidélité des papes, la présence des bénédictins depuis plus de mille ans !”
Prière
Nous rendons grâce au Seigneur, car il a appelé Paul, le rendant lumière des nations et notre maître à tous et nous le prions : donne-nous aujourd’hui aussi des témoins de la Résurrection, touchés par ton amour et capables d’apporter la lumière de l’Évangile dans notre temps. Saint Paul, prie pour nous ! Amen.
Contact
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- l’Homélie de Benoît XVI, 28 juin 2008
- La basilique papale Saint-Paul-hors-les-Murs
- Écouter l’émission Buongiorno Roma sur RCF Belgique
- Découvrir la basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs dans le cadre du pèlerinage en ligne de Bayard à Rome
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