Qu’est-ce que la « Mission » ?
La Mission s’articule dans trois dimensions : annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, témoigner que Jésus, le Christ, est « le Chemin, la Vérité et la Vie » dans le monde (Jn 14,6), s’ouvrir à la relation aux autres, dans un esprit de dialogue et de partage.
Pour une définition de la Mission
Le mot « mission », récent dans le vocabulaire de l’Église (XVI°), désignait des charges confiées et un envoi, du latin mitto, « être envoyé ». Jusque là, dans le christianisme, le mot mission définissait surtout la réalisation, par Jésus et l’Esprit Saint, du projet du Père : révéler sa tendresse à toute l’humanité. Puis, au XIX° siècle, on l’utilisa presque exclusivement pour des « territoires de mission » que l’on distinguait des Églises d’antique fondation. La mission chrétienne autrefois partie du bassin méditerranéen, était devenue, au XVIe, un mouvement qui partait de l’Europe vers les autres continents, vers l’ouest et vers l’est. A partir du XIX°, liée à la colonisation, la mission s’orienta de plus en plus vers le Sud.
Dans les années 60, la mission s’inscrit dans le mouvement des pays développés vers les pays en voie de développement, intégrant cette dimension de développement, fortement soulignée par l’encyclique de Paul VI en 1967 « Populorum progressio ».
Aujourd’hui, la mission ne se vit plus seulement sur l’axe Nord / Sud mais dans de multiples directions : d’Églises du Sud vers d’autres Églises du Sud au sein d’un même continent ou même d’un continent à l’autre : par exemple des prêtres fidei donum latino-américains ou indiens exercent leur ministère en Afrique. La mission connaît aussi le mouvement inverse (ou réciproque) du Sud vers le Nord : plus de mille prêtres fidei donum d’autres pays vivent en France, dont la moitié sont engagés pleinement dans la pastorale de nos diocèses, tandis que les prêtres français fidei donum sont moins de 170 en mission hors de France.
Un approfondissement missionnaire
Rappelons que Vatican II a situé la mission comme constitutive de l’Église, dans Ad Gentes : « De sa nature, l’Eglise, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père ». (AG, 2)
La mission n’est pas pour l’Église une activité parmi d’autres. La mission constitue l’Église dans sa double relation à Celui qui l’envoie et à tous les hommes à qui l’Évangile est destiné.
Rappelons encore, cette belle définition de la mission donnée par le concile Vatican II et reprise par Jean-Paul II dans son encyclique sur la mission (Redemptoris Missio 31) : « L’Église, envoyée par le Christ pour manifester et communiquer la charité de Dieu à tous les hommes et à toutes les nations, comprend qu’elle a à faire une œuvre missionnaire énorme. (…) L’Église, afin de pouvoir présenter à tous le mystère du salut et la vie apportée par Dieu, doit s’insérer dans tous ces groupes humains du même mouvement dont le Christ lui-même, par son incarnation, s’est lié aux conditions sociales et culturelles déterminées des hommes avec lesquels il a vécu. » (AG, 10)
Dans la même encyclique, Jean-Paul II repère trois situations missionnaires dans le monde d’aujourd’hui et ne parle plus en termes de territoires mais il évoque « les peuples, des groupes humains, des contextes socio-culturels dans lesquels le Christ et son Évangile ne sont pas connus… » (RM, 33) Nous passons d’une conception géographique de la mission à la prise en compte d’autres champs de la mission, « les nouveaux aréopages » car d’autres dimensions de la vie des hommes et du monde contemporain ont à connaître l’Évangile.
Et dans, Dignitatis Humanae, sur la liberté religieuse, Jean-Paul II précise la posture, de la mission chrétienne : « L’Église propose, elle n’impose rien : elle respecte les personnes et les cultures. » (RM, 39)
Chacun est responsable de la Mission
« Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19) Depuis les origines de l’Église, depuis l’événement fondateur de la Pentecôte, l’enjeu de l’annonce de l’Évangile du Christ, de la mission, c’est bien que « chacun entende proclamer dans sa propre langue les merveilles de Dieu ».
De grandes congrégations missionnaires masculines ou féminines ou des grands ordres religieux ont inscrit, souvent dès leur fondation, cette dimension missionnaire dans leur vie (franciscains, dominicains dès le XIII° et davantage encore au XVI°, jésuites avec François Xavier, 1er compagnon d’Ignace de Loyola). Puis les congrégations missionnaires se sont multipliées au XIXe siècle et ont porté les efforts d’inculturation de la foi chrétienne dans de nouvelles cultures.
Rappelé par Vatican II, les évêques sont les premiers responsables de la mission et tous les évêques sont solidaires de la mission universelle de l’Église, au-delà des limites de leur diocèse : « Successeurs légitimes des apôtres et membres du collège apostolique, les Évêques doivent se savoir toujours unis entre eux et se montrer soucieux de toutes les Églises. (…) Qu’ils aient en particulier ce souci des régions du monde où la parole de Dieu n’a pas encore été annoncée. (…) Ils auront soin d’envoyer, dans la mesure du possible, certains de leurs prêtres dans ces missions ou ces diocèses pour y exercer le ministère sacré de façon durable ou transitoire. » (Christus Dominus, 6)
L’envoi en mission de prêtres fidei donum, permet à une Église locale de vivre cette communion effective entre Églises. Le prêtre diocésain participe à la sollicitude des évêques pour toutes les Églises.
Par leur baptême, l’appel à l’engagement concret par l’Église, et la sensibilisation au développement, conduisent chaque année des milliers de jeunes adultes à vivre selon cette même dynamique d’envoi, de service d’une autre Église et d’échanges réciproques et cela sur tous les continents. Ceci sur des durées plus ou moins courtes, projets humanitaires des Compagnons Scouts de France, propositions de volontariats (DCC, SCD, Fidesco….).
C’est ensemble que nous sommes conduits à vivre la mission, ici ou là-bas, co-responsables : ministres ordonnés (évêque, prêtre, diacre), laïcs, religieux ou religieuses, chacun à sa place, déployant la diversité des ministères et des charismes, pour aller à la rencontre de Celui qui nous précède dans les aréopages d’aujourd’hui et afin que le monde croie.
La mission du Christ Rédempteur, confiée à l’Église, est encore bien loin de son achèvement. Au terme du deuxième millénaire après sa venue, un regard d’ensemble porté sur l’humanité montre que cette mission en est encore à ses débuts et que nous devons nous engager de toutes nos forces à son service. C’est l’Esprit qui pousse à annoncer les grandes œuvres de Dieu: «Annoncer l’Evangile, en effet, n’est pas pour moi un titre de gloire; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile!» (1 Co 9, 16). »
Jean-Paul II, Redemptoris missio, 1.
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