Mgr James, évêque de Nantes : « Heureux Carême »
Heureux carême ! C’est la dernière étape de préparation pour les 72 catéchumènes adultes du diocèse. Ils ont entre 18 et 63 ans. Chaque année, la lecture de leurs lettres est source d’étonnement et d’émerveillement. Il est facile de nommer les motifs qui éloignent de la foi chrétienne et de l’Eglise : tant en parlent ! Mais l’inverse ? Qu’est-ce qui amène des adultes à désirer le baptême aujourd’hui ? Qui les a évangélisés ? Comment ces évangélisateurs s’y sont-ils pris ? Quels sont les chemins de l’évangélisation ?
Ces adultes qui marchent vers le baptême, sont souvent marqués par le témoignage de vie de chrétiens : pourquoi vit-il(elle) comme ça ? Une grand-mère catéchumène raconte : « Aussi loin que je me souvienne, je me rappelle de l’admiration et du questionnement que j’éprouvais vis-à-vis de mes camarades d’école qui étaient baptisés et suivaient leur catéchisme ». Les premiers évangélisateurs sont souvent les enfants : Ils entraînent leurs parents sur le chemin de la foi. Le témoignage de laïcs engagés surprend aussi. Une catéchumène évoque sa rencontre avec une laïque, aumônier d’hôpital : « Elle donne à des personnes qu’elle ne connaît pas, l’amour et le soutien. J’ai trouvé cela magnifiquement beau : Elle a un grand cœur ». Les engagements des chrétiens questionnent : pourquoi vit-il , vit-elle ainsi ? Une maman écrit : « J’ai vécu longtemps en Amérique latine ; j’ai pu voir de près, ce que c’était de « pratiquer » la foi, de vivre dans l’espérance… J’ai ensuite rencontré mon mari et sa famille catholique. J’ai découvert des gens généreux, tournés vers les autres et leur tendant la main ». Saint Jean-Paul II soulignait l’importance du témoignage de vie : « Le témoignage évangélique auquel le monde est plus sensible est celui de l’attention aux personnes et de la charité envers les pauvres, les petits et ceux qui souffrent »¹
Et puis, pour les personnes non baptisées, vient l’échange avec un chrétien. Le Seigneur a si souvent pratiqué les échanges personnels. Au cours du carême, nous allons réentendre celui de Jésus avec la Samaritaine, avec l’aveugle de naissance, avec Marthe et Marie après la mort de Lazare. Rien ne remplace ces rencontres personnelles. Tant de catéchumènes me parlent d’un conjoint, de grands-parents, d’un prêtre : « C’est en voyant ma grand-mère prier que je me suis posé des questions. Elle m’emmenait à la messe et me parlait de Dieu d’un air très serein ». Ou encore cette maman : « Mon mari et sa famille sont catholiques et pratiquants. Très respectueux de mes choix personnels, ils m’ont accueillie…. Notre premier enfant a été ma première lumière. Est venue la question du baptême. Je n’avais pas d’Eglise où j’étais chez moi. Je voulais offrir à ma fille cette « maison », celle de son père. La rencontre avec le prêtre qui a baptisé notre enfant a été pour moi une vraie révélation… Je me suis mise à écouter et à comprendre ».
C’est la première annonce du Christ Sauveur, à travers la découverte de la prière, d’un passage de la Bible. Jusqu’à la célébration de l’entrée en catéchuménat, où la communauté chrétienne accueille le catéchumène : « Je n’imaginais pas une telle rencontre avec des frères et sœurs qui me témoignent autant d’amour et de sympathie ». Et surtout, ce parcours vers le baptême fait vivre à beaucoup l’expérience de la rencontre avec Quelqu’un qui les aime : Le Seigneur Lui-même vient toucher les cœurs et transforme les vies. C’est ce qu’écrit un jeune ingénieur. « Je suis passé d’une idée de la vie comme une énergie qui faisait fonctionner le monde, à la rencontre de Dieu qui donne sens à ma vie avec le désir d’aller vers Lui et de vivre avec (pour) Lui ». Et il conclut : « Le fait d’être avec le Christ me tire vers le haut . Je pense désormais plus au bien commun qu’à ma propre personne. Dieu m’a apporté la meilleure réponse face au néant et c’est bien : l’amour ».
Heureux carême ! Grâce au témoignage des catéchumènes, c’est une joie renouvelée d’être « disciples missionnaires ».
+Jean-Paul James
Evêque de Nantes