Commentaires du dimanche 2 novembre 2025
Commentaires de Marie-Noëlle Thabut,
dimanche 2 novembre 2025
31éme dimanche du Temps Ordinaire
Attention: Le choix des textes de ce dimanche est exceptionnellement laissé à la discrétion des pasteurs.. Il peut donc s’avérer être différent de la sélection ci dessous.
COMMEMORATION DES FIDELES DEFUNTS
LECTURE DU LIVRE DE JOB 19,1.23-27a
1 Job prit la parole et dit :
23 « Ah ! si seulement on écrivait mes paroles,
si on les gravait sur une stèle
24 avec un ciseau de fer et du plomb,
si on les sculptait dans le roc pour toujours !
25 Mais je sais, moi, que mon rédempteur est vivant,
que, le dernier, il se lèvera sur la poussière ;
26 et quand bien même on m’arracherait la peau,
de ma chair je verrai Dieu.
27 Je le verrai, moi en personne,
et si mes yeux le regardent, il ne sera plus un étranger. »
Ce Monsieur Job qui parle ici, en réalité, c’est le peuple d’Israël qui affronte la question la plus difficile de nos existences, celle du mal, de la souffrance, quelle qu’elle soit, de la douleur, de la mort. A vrai dire, Monsieur Job n’a jamais existé, ou plutôt il existe à des milliards d’exemplaires : c’est vous c’est moi lorsque nous souffrons.
Le personnage de Job a été inventé par un auteur particulièrement courageux qui ose crier, se révolter même contre la souffrance, contre toute forme de souffrance.
Mais parce qu’il représente le peuple d’Israël, le personnage de Job est croyant, de cette foi indéracinable qui anime ce peuple depuis la découverte de Moïse au buisson ardent (Ex 3) : lorsque Dieu lui a dit qu’il est proche de tout homme qui souffre. C’est cette foi qu’il affirme avec force dans le texte que nous venons d’entendre. Et cette profession de foi est si grave et importante à ses yeux qu’il voudrait que personne ne puisse l’effacer. « Ah ! si seulement on écrivait mes paroles, si on les gravait sur une stèle avec un ciseau de fer et du plomb, si on les sculptait dans le roc pour toujours ! » Ici Job fait allusion à la coutume de couler du plomb fondu dans les lettres gravées sur une pierre pour rendre l’inscription plus lisible.
– MON « LIBERATEUR » EST VIVANT
Le mot « rédempteur » signifie en réalité « libérateur ». Il est, lui aussi, une référence aux coutumes des temps bibliques. Ce mot traduit un mot hébreu qui se dit « Go’el ». Le Go’el, c’est le plus proche parent, celui qui doit vous libérer quand votre situation de pauvreté a fait de vous l’esclave de votre créancier. S’il arrive qu’un Israélite soit obligé de se vendre comme esclave pour payer ses dettes, son plus proche parent sera son « Go’el », son « Racheteur » ; on dit qu’il le « revendiquera », c’est-à-dire que, très concrètement, il remboursera le créancier pour obtenir la libération de son parent (Lv 25,47-49). De la même manière, si un Israélite est obligé de vendre son patrimoine, le plus proche parent, le « Go’el » exercera un droit de préemption (Lv 25,25). L’aspect financier est bien réel, sinon le créancier ne lâcherait pas prise, mais il est secondaire. L’aspect premier est celui de libération, c’est l’unique objectif de l’opération.
Cette institution traduit une très haute idée de ce que doit être la vie des membres du peuple élu : au nom du Dieu libérateur, et parce que le peuple de Dieu doit être fait d’hommes libres, un fils d’Israël ne peut pas tolérer de laisser ses proches réduits en esclavage.
Or, le peuple d’Israël a l’audace de penser que Dieu est son plus proche parent et son libérateur. Il lui applique donc le titre de Go’el. Dieu lui-même ne s’est-il pas à plusieurs reprises manifesté comme le libérateur d’Israël ? A commencer par la sortie d’Egypte. Et pendant l’Exil à Babylone, le prophète Isaïe a maintes fois soutenu l’espérance de ses compatriotes en leur promettant que Dieu interviendrait un jour pour les libérer. C’est dans de tels contextes que le vocabulaire de « revendication, rédemption, rachat » a été appliqué à Dieu. Il y avait là une formidable avancée théologique, puisque Dieu était ainsi présenté comme le plus proche parent de son peuple et le plus disposé à intervenir pour le libérer. Il fallait donc avoir déjà cheminé un certain nombre de siècles dans l’Alliance avec Dieu pour en arriver là !
– IL SE LEVERA DANS LA POUSSIERE
Je continue le texte : « Mon rédempteur est vivant, le dernier, il se lèvera sur la poussière ». Vous vous souvenez que, parmi les nombreux malheurs de Job, il est atteint d’une maladie de peau, incurable, et contagieuse, et que, pour éviter la contagion, il a été obligé de quitter sa maison et de se réfugier sur ce qu’on appellerait la déchetterie municipale. (On a l’habitude de représenter Job sur un tas de fumier.) Lorsque Job parle de la poussière, c’est à cela qu’il fait allusion. C’est à cause de cette maladie, qu’il voit sa peau partir en lambeaux, et qu’il dit : « quand bien même on m’arracherait la peau ».
– DE MA CHAIR JE VERRAI DIEU
Et là, on atteint le sommet de ce texte. A l’époque où le livre de Job a été écrit, sur le sujet qui nous préoccupe, la foi d’Israël se déclinait en trois points :
Premièrement, Dieu est juste ; deuxièmement, la justice consiste à récompenser les bons et punir les méchants ; troisièmement, il n’y a rien après la mort. Pour le dire autrement, on ne croyait pas encore à la résurrection de la chair. Pour Job, alors, la conclusion s’impose :
Puisque Dieu est juste, et puisqu’il n’existe rien après la mort, c’est avant la mort de Job que justice sera faite. Et, pour l’instant, dans la pensée de Job, justice rime avec rétribution. Donc Dieu apparaîtra à Job avant sa mort et le rétablira dans ses biens et son bonheur. Sa peau part en lambeaux (à cause de sa maladie) soit, mais même sans la peau, c’est de son vivant (« dans sa chair ») que Job verra Dieu.
Cette phrase (De ma chair, je verrai Dieu) n’est donc pas une affirmation de la Résurrection. Mais c’est vraiment une extraordinaire profession de foi !
Aujourd’hui, nous qui croyons fermement à la Résurrection des morts, nous lisons ce passage du livre de Job dans les célébrations de funérailles ; car l’Esprit Saint a continué à souffler et, plusieurs siècles plus tard, le peuple d’Israël a finalement découvert la foi en la résurrection de la chair. Evidemment, le texte de Job n’en est que plus vrai !
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PSAUME 62 (63),2,3-4,5-6,7-8
Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.
3 Je t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire.
4 Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !
5 Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
6 Comme par un festin je serai rassasié :
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.
7 Dans la nuit, je me souviens de toi
et je reste des heures à te parler.8 Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
« JE CRIE DE JOIE A L’OMBRE DE TES AILES »
« Je crie de joie à l’ombre de tes ailes » : c’est beau, mais c’est quand même étonnant ! En fait, il faut se transporter en pensée, à l’intérieur du Temple de Jérusalem (avant sa destruction, en 587 av.J.C. par Nabuchodonosor)… et supposer que nous sommes prêtres ou lévites. Là, dans le lieu le plus sacré, le « Saint des Saints », se trouvait l’Arche d’Alliance : un petit coffret de bois précieux, recouvert d’or, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui abritait les tables de la Loi. Sur ce coffret, veillaient deux énormes statues de chérubins.
Les « Chérubins » n’ont pas été inventés par Israël : le mot vient de Mésopotamie. C’étaient des êtres célestes, à corps et pattes de lion, face d’homme, et surtout des ailes immenses. En Mésopotamie, ils étaient honorés comme des divinités… En Israël au contraire, on prend bien soin de montrer qu’ils ne sont que des créatures : ils sont représentés comme des protecteurs de l’Arche, mais leurs ailes déployées sont considérées comme le marchepied du trône de Dieu. Ici, un prêtre en prière dans le Temple, à l’ombre des ailes des chérubins se sent enveloppé de la tendresse de son Dieu depuis l’aube jusqu’à la nuit.
DANS LE TEMPLE DE JERUSALEM
Les autres images de ce psaume sont toutes également empruntées au vocabulaire des lévites : « Je t’ai contemplé au sanctuaire » : ils étaient les seuls à pénétrer dans la partie sainte du Temple… « toute ma vie, je vais te bénir » : effectivement toute leur vie était consacrée à la louange de Dieu… « lever les mains en invoquant ton nom » : là nous voyons le lévite en prière, les mains levées… « Comme par un festin je serai rassasié », c’est une allusion à certains sacrifices qui étaient suivis d’un repas de communion pour tous les assistants, et d’autre part, on sait que les lévites recevaient pour leur nourriture une part de la viande des sacrifices… « Dans la nuit, je me souviens de toi, je reste des heures à te parler » : lorsqu’ils étaient de service à Jérusalem, leur vie entière se déroulait dans l’enceinte du Temple.
ISRAËL COMME UN LEVITE
En fait, ce psaume est une métaphore : ce lévite, c’est Israël tout entier qui, depuis l’aube de son histoire et jusqu’à la fin des temps, s’émerveille de l’intimité que Dieu lui propose : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube, mon âme a soif de toi… » Et quand il dit « dès l’aube », il veut dire depuis l’aube des temps : depuis toujours le peuple d’Israël est en quête de son Dieu. « Mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » : en Israël, ces expressions sont très réalistes : la terre désertique, assoiffée, qui n’attend que la pluie pour revivre, c’est une expérience habituelle, très suggestive.
Depuis l’aube de son histoire, Israël a soif de son Dieu, une soif d’autant plus grande qu’il a expérimenté la présence, l’intimité proposée par Dieu. La plus belle prière est certainement celle qui jaillit de notre pauvreté spirituelle, comme la plainte du déshydraté : « J’ai soif ».
« Je t’ai contemplé au sanctuaire » est une allusion aux manifestations de Dieu au Sinaï, le lieu sacré où le peuple a contemplé son Dieu qui lui offrait l’Alliance. « J’ai vu ta force et ta gloire », dans la mémoire d’Israël, cela évoque les prodiges de l’Exode pour libérer son peuple de l’esclavage en Egypte. Tout autant que la formule « Tu es venu à mon secours » : on n’oubliera jamais, de mémoire d’homme, en Israël, cette phrase de Dieu à Moïse : « Oui, vraiment, j’ai vu la misère de mon peuple en Egypte et je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer. » (Ex 3,7).
DIEU COMME UN AIGLE QUI APPREND A SES PETITS A VOLER
Quand on méditait sur cette libération apportée par Dieu, on comparait parfois celui-ci à un aigle apprenant à ses petits à voler : « Il est comme l’aigle qui encourage sa nichée : il plane au-dessus de ses petits, il déploie toute son envergure, il les prend et les porte sur ses ailes. » (Dt 32,11). En écho on lit dans le livre de l’Exode, au moment de la célébration de l’Alliance : « Tu diras ceci à la maison de Jacob… Vous avez vu vous-mêmes comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle et vous ai fait arriver jusqu’à moi. » (Ex 19,4). Si bien que les ailes des chérubins dans le Temple prenaient encore une autre signification. Elles sont les ailes protectrices de celui qui apprend à Israël le chemin de la liberté.
Toutes ces évocations d’une vie d’Alliance, d’intimité sans ombre sont peut-être la preuve que ce psaume a été écrit dans une période moins lumineuse ! Où l’on a bien besoin de s’accrocher aux souvenirs du passé. Tout n’est pas si rose et les derniers versets (que la liturgie ne nous fait pas chanter), disent fortement, violemment même l’attente de la disparition du mal sur la terre, par exemple : « Ceux qui pourchassent mon âme, qu’ils descendent aux profondeurs de la terre »…
Israël attend la pleine réalisation des promesses de Dieu, les cieux nouveaux, la terre nouvelle, et la délivrance de tout mal et de toute persécution.
L’expression « je te cherche dès l’aube… mon âme a soif » dit bien que cette quête n’est pas encore comblée : Israël est le peuple de l’attente, de l’espérance : « Mon âme attend le Seigneur, plus sûrement qu’un veilleur n’attend l’aurore. » (Ps 129/130,6).
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EVANGILE – Matthieu 11,25-30
25 En ce temps-là,
Jésus prit la parole et dit :
« Père, Seigneur du ciel et de la terre,
je proclame ta louange :
ce que tu as caché aux sages et aux savants,
tu l’as révélé aux tout-petits.
26 Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.
27 Tout m’a été remis par mon Père ;
personne ne connaît le Fils, sinon le Père,
et personne ne connaît le Père, sinon le Fils
et celui à qui le Fils veut le révéler.
28 Venez à moi,
vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,
et moi, je vous procurerai le repos.
29 Prenez sur vous mon joug,
devenez mes disciples,
car je suis doux et humble de cœur,
et vous trouverez le repos pour votre âme.
30 Oui, mon joug est facile à porter,
et mon fardeau léger. »
« PRENEZ SUR VOUS MON JOUG »
« Prenez sur vous mon joug » dit Jésus ; là-bas on savait bien ce qu’est un joug : une pièce de bois, très lourde, très solide, qui attache deux animaux, deux bœufs normalement, pour labourer. Ils conjuguent leurs forces et le plus puissant des deux imprime son pas à l’attelage. Au sens figuré, « Prendre le joug » suggère donc que l’on s’attache à quelqu’un pour marcher du même pas, attelés à la même tâche.
Si bien que cette expression était devenue courante dans l’Ancien Testament et dans le Judaïsme pour évoquer l’Alliance entre Dieu et son peuple : lorsqu’on promettait de « Prendre le joug de la Torah » cela voulait dire s’engager à suivre la Loi de Dieu, s’atteler à Dieu, en quelque sorte ; étant entendu que toute la force de « l’attelage » ainsi composé vient de Dieu lui-même ! Pour un Juif, le service de la Torah n’est donc pas un fardeau trop lourd, c’est le chemin du vrai bonheur. On parlait même parfois de la « joie du joug ! »
Visiblement c’est bien de cela que Jésus parle, et il fait lui aussi le lien entre le joug de la Torah et le repos : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples », c’est-à-dire pratiquez mes commandements « et vous trouverez le repos ».
« MON JOUG EST FACILE A PORTER »
Mais on sent bien également dans ces quelques lignes une pointe polémique : « Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger. » Manière de dire : Mon joug à moi est facile à porter, ce n’est pas le cas de tout le monde. D’ailleurs, Jésus ne se prive pas de le dire : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau ».
Effectivement, certains Pharisiens, à force de scrupules, avaient transformé la pratique de la Loi de Dieu en un cortège d’obligations tâtillonnes ; si bien qu’une majorité du peuple avait bien du mal à observer la totalité des commandements que les autorités religieuses leur imposaient et ils sentaient le mépris dont ils étaient l’objet.
Jésus propose donc à ses disciples de déposer ces fardeaux trop lourds : son joug à lui, c’est tout simplement la loi d’aimer, et c’est lui qui nous en donne la force.
Quant au repos, c’était également un mot familier aux auditeurs de Jésus ; par exemple, l’Ancien Testament présentait la Terre Promise comme le lieu du repos accordé par Dieu à son peuple. Et, en contrepoint, quand le peuple était infidèle à la loi, le psaume 94/95 exprimait la tristesse de Dieu : « J’ai dit : ce peuple a le cœur égaré, il n’a pas connu mes chemins… Jamais ils n’entreront dans mon repos. » Reprenant ce psaume, la lettre aux Hébreux annonce un nouveau jour où avec le Christ, nous entrerons avec assurance dans le repos de Dieu : « Empressez-vous donc d’entrer dans ce repos. » (He 4,11).
« MOI, JE VOUS PROCURERAI LE REPOS »
La chose très nouvelle dans ce discours, c’est que Jésus s’identifie à Dieu : lui seul peut se permettre de dire « Moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger. » Les représentants de la religion ne pouvaient qu’être agacés par ces propos. En revanche, ceux qui « peinaient sous le poids du fardeau », pour reprendre l’expression de Jésus, étaient attirés par son attitude de respect et d’attention à chacun, lui qui était « doux et humble de cœur ». Ce sont eux qui, spontanément, ont compris que Dieu était là. On a là une application de la fameuse béatitude : « Heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux ».
Alors Jésus s’émerveille : ces pauvres de cœur comprennent son message à une profondeur telle que cela ne peut venir que du Père : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. » Jésus tiendra le même langage un peu plus tard, lorsque Pierre, un homme simple, lui aussi, lui aura déclaré : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, Jésus lui dira aussitôt : Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. » (Mt 16,17).
TOUTE VRAIE SAGESSE VIENT DE DIEU
Une fois de plus, Jésus est bien ici dans la droite ligne de l’Ancien Testament qui a toujours déclaré haut et fort que toute vraie sagesse, toute vraie intelligence ne peuvent venir que de Dieu ; c’est ce qu’exprime à sa manière la très belle image du livre de la Genèse : l’arbre de la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux n’est pas accessible à l’homme par ses seules forces. Le livre de Job le dit lui aussi dans un poème admirable consacré à la Sagesse : « La sagesse, où la trouver ? Où réside l’intelligence ? On en ignore le prix chez les hommes, et elle ne se trouve pas au pays des vivants… Dieu en a discerné le chemin, il a su, lui, où elle réside. » (Jb 28,12… 23).
Chaque fois que Jésus est mis devant l’évidence de la foi, il manifeste sa joie et sa reconnaissance au Père ; l’évangile nous révèle ainsi ce qu’est la véritable prière d’action de grâce : bonheur filial émerveillé devant l’initiative de Dieu se révélant aux hommes. Ce dont Jésus s’émerveille aussi, c’est de l’intimité que lui offre son Père : il contemple la communion inouïe qui les unit : « Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »
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