Avec le SEM, assister les malades
« Assister les malades » fait partie des « œuvres de miséricorde corporelles » que le Pape François nous invite à redécouvrir dans son Message de carême, en lien avec le Jubilé de la Miséricorde. Coup de projecteur, dans deux diocèses, sur le « Service Évangélique des malades » (SEM) dont la mission perpétue une tradition immémoriale de l’Église et qui se mobilisent en vue du « Dimanche de la Santé » du 14 février. Par Chantal Joly.
Moins médiatisé et spectaculaire que les aumôneries d’hôpitaux, le Service Évangélique des Malades (SEM) continue de tisser autour de malades, de convalescents sortant d’établissements hospitaliers, de pensionnaires de maisons de retraite et d’habitants isolés ou handicapés un irremplaçable réseau de solidarité de proximité.
« C’est bien ce tissu local et amical qui permet aux liens de perdurer en donnant notamment l’occasion de pouvoir recroiser dans un quartier les personnes visitées », témoigne Isabelle Mandron, responsable diocésaine de la Pastorale de la Santé pour le diocèse du Mans. Une grande part de son travail consiste à trouver au sein des paroisses quelques personnes relais vigilantes quant à des absences éventuelles qui signifieraient que tel paroissien âgé habituellement fidèle à la messe est peut-être malade ou placé en maison de retraite. « Les curés et les diacres sont des courroies de transmission précieux pour qu’un petit groupe de paroissiens ait le souci de cette vocation », observe-t-elle. Ce que confirme Yvette Delacour, responsable diocésaine du SEM sur Évreux (18 équipes dont deux nouvelles) depuis six ans : « Il faut une conscience et une volonté des pasteurs qui booste la constitution d’une équipe ».
Bien entendu, le Service Évangélique des Malades n’est que la partie immergée d’un iceberg tant une multitude de chrétiens, répondant à l’appel du Christ dans Matthieu 25, « J’étais malade et vous m’avez visité« , rendent à titre individuel visite à des voisins ou des connaissances alité(e)s chez eux ou hospitalisés. Mais « lorsqu’on fait équipe, on fait Église », insiste Yvette Delacour. Faire partie d’une équipe SEM permet d’échanger et de se former. Or « C’est important d’avoir un minimum de formation à l’écoute et au tact et la juste distance à conserver avec les familles » , explique Isabelle Mandron. Car si « voir les personnes dans leur environnement permet de les connaître plus en profondeur que dans une chambre d’hôpital anonyme, les visiter à domicile demande une certaine prudence, leurs enfants souvent éloignés de la foi pouvant nous considérer comme intrusifs ». Yvette Delacour ajoute : « Si vous saviez ce que j’ai fait comme formations pour expliquer par ailleurs que porter la communion n’est pas une récompense mais exige qu’il y ait dialogue !»
Qui entendra nos cris ?
Pour elle qui a vécu « le regard des gens » sur son mari atteint d’un cancer, « la maladie reste, affirme-t-elle, tabou. Dans notre société stressée, on ne s’arrête pas assez pour écouter ceux qui souffrent ».
De son côté, Isabelle Mandron reconnaît avoir été « heurtée par le côté un peu désespéré » de l’interpellation de ce « Qui entendra nos cris ? » du Dimanche de la Santé 2016, avant de trouver qu’il fait « finalement fait écho à notre capacité à annoncer que le Christ est toujours là et que l’Église a l’oreille tendue vers les pauvres de Dieu ». Pour elle, le message le plus important est celui-ci : « Est-ce que nos communautés sont attentives à ceux qui manquent le dimanche ?» Et surtout : « Est-ce que la paroisse se limite à l’église de pierres ou s’étend à tout un quartier ?»
Comment célébrer le « Dimanche de la Santé » ?
Un livret comprend des propositions pour l’animation de la journée : textes de réflexion , témoignages, lectures bibliques, suggestions pour la liturgie concernant la présentation des offrandes (avec la participation de soignants) et la prière universelle (dont les intentions peuvent être recueillies auprès de malades), chants, textes pour prier, etc.