Mgr Beau : « La succession apostolique fait partie de l’histoire »
Comment avez-vous réagi à l’annonce de la renonciation du Pape au pontificat ?
Comment allez-vous vivre ces jours de conclave ?
Dès maintenant, dans la prière pour l’ensemble des cardinaux afin qu’ils soient soutenus par la prière fidèle de toute l’Eglise, et pour l’importance du discernement qu’ils ont ensemble à accomplir. C’est aussi la confiance paisible qui m’habite, parce que la succession apostolique fait partie de l’histoire, celle à la fois extraordinaire et ordinaire de la vie de l’Eglise. Je souhaite vivre ces temps très particuliers du conclave dans une confiance paisible en l’action de l’Esprit Saint et dans la prière pour les cardinaux. Le Carême est d’abord un temps où l’ensemble du peuple de Dieu fait retraite pour retrouver le chemin de la fidélité d’un Dieu qui parle à notre cœur. D’une manière particulière, cette unité d’être en retraite pendant 40 jours au milieu de la ville, l’Eglise universelle la vit dans l’attente de l’élection du nouveau pape.
Que retenez-vous du pontificat de Benoît XVI ?
Il y a plusieurs lignes directrices dans le pontificat de Benoît XVI. L’axe qui ressort de chacun de ses voyages est celui du dialogue entre foi et raison. Pratiquement à chaque voyage, il a voulu rencontrer le monde de la culture ou le monde universitaire. Il n’a pas hésité à développer le dialogue entre foi et raison dans le monde d’aujourd’hui. En cela, il s’est situé dans la continuité de Jean-Paul II. C’est une des lignes de force de son pontificat. Le deuxième axe concerne la question de l’unité. C’est un homme qui ne voulait pas laisser un schisme à la génération suivante. Il est un homme d’unité qui a toujours voulu construire l’unité par l’humilité, la vérité et l’ouverture au dialogue.
Comment relisez-vous aujourd’hui le discours de Benoît XVI en 2008 aux Bernardins ?
Ce discours a beaucoup d’importance parce qu’il a situé dans sa perspective ce qu’est l’homme dans le dessein de Dieu en prenant la figure du moine – ce qui se justifiait puisqu’il était dans un lieu cistercien à l’origine. Il nous a montré comment l’homme, dans un monde plein de confusion, en cherchant Dieu, ne cherchait pas tant à changer une culture qu’à la traverser jusqu’à la rencontre de Celui qui est la vérité de son être et de l’histoire du monde. La recherche de l’homme passe par la quête d’une Vie pleine, entière, ainsi que par une aspiration à l’unité, l’unité de son être, l’unité entre les hommes. Afin d’illustrer son propos, le Pape a particulièrement mis en valeur, dans cette recherche d’unité, l’exemple de la musique dans la communauté monastique. Il nous montre ainsi quelques axes de ce qu’est la Nouvelle Evangélisation tout d’abord, dans cette ouverture de l’homme à Dieu, dans la recherche de la Vérité, puis dans le dialogue entre foi et raison. Le dialogue entre foi et raison n’est effectivement pas un dialogue en miroir mais il est orienté par la recherche de la Vérité.