Saint-Claude : construire ensemble l’Église diocésaine

4e étape de la démarche synodale du diocèse de Saint-Claude

Plus de 600 diocésains, jeunes, familles et aînés sont attendus ce 9 juin à Saint-Claude pour célébrer le parcours synodal initié dans le diocèse du Jura depuis quelques mois, en contempler les fruits, et poursuivre la démarche ensemble. Par Florence de Maistre.

“Le synode n’est pas qu’un processus de réflexion : c’est aussi une célébration ! Cette dimension est importante à honorer. Ce rassemblement diocésain est le premier depuis mon arrivée dans le Jura en plein Covid. C’est l’occasion de se rencontrer autour d’une vision d’avenir. Ici, on expérimente le fait que l’on n’a pas d’autre choix que celui de changer : la démarche synodale aide les diocésains à en prendre la mesure. Je suis très touché par le grand dynamisme que le processus a révélé”, indique Mgr Jean-Luc Garin, évêque de Saint-Claude. Tous les diocésains sont invités à rejoindre la capitale du diocèse du Jura ce 9 juin pour un temps de prière en sa cathédrale, de témoignages et d’ateliers à partir de 10 h. Pour les jeunes, la fête diocésaine à Saint-Claude commence dès le samedi 8 juin. Au programme : grand jeu, réflexion, veillée de louange et d’adoration.

“Toute l’équipe du conseil épiscopal s’est embarquée dans l’aventure ! Cette démarche synodale s’inscrit dans une certaine histoire de notre diocèse. En relisant ces dernières années, je me dis que quelque chose était déjà en germe”, relate Sylvie Gonthier, membre du conseil épiscopal, chargée de coordonner la démarche. Elle évoque la création de pôles pour plus de synergie au niveau des services diocésains, puis l’audit de ces derniers lancé en 2019 par Mgr Vincent Jordy, alors évêque de Saint-Claude. Il s’agissait de rendre compte du travail des services diocésains au regard des attentes des doyennés. Des enquêtes ont été menées sur le terrain. Sur ces entrefaits, Mgr Jordy a été nommé archevêque de Tours et la crise sanitaire a mis en berne toutes les activités. Les résultats de l’étude ont été présentés à Mgr Jean-Luc Garin en mars 2021. “Ce qui en est ressorti ? Le besoin d’une conversion pastorale avec des projets pour tous, la nécessité très forte de créer des liens ! C’est dans ce contexte que notre évêque a écrit sa première lettre pastorale en février 2022 : Revenons à l’essentiel”, poursuit Sylvie Gauthier.

Mgr Jean-Garin, évêque de Saint-ClaudeTrente fraternités paroissiales

Pendant ce temps, le diocèse a vu son tissu ecclésial s’effilocher, avec ces réalités partagées par de nombreux lieux d’Église : diminution du nombre de prêtres, difficultés à renouveler les membres des équipes d’animation pastorale (EAP). En 2022, le diocèse est entré dans le processus synodal initié par le pape François : 600 Jurassiens ont répondu au questionnaire proposé. Les points mis en lumière touchent à l’évangélisation, la formation, la prière, les sacrements et les célébrations. Autres questions prégnantes : les relations entre les prêtres et les laïcs, et encore le besoin de liens fraternels. En proximité avec ces appels, Mgr Garin officialise en février 2023 les fraternités paroissiales “pour éviter à chacun de traverser seul les tempêtes de la vie (…) Pour tenir dans l’espérance et en témoigner auprès de nos proches, nous avons besoin les uns des autres” (Lettre pastorale, Réunis en Ton Nom, fév. 23). Le diocèse rural qui compte aujourd’hui quinze doyennés et soixante-cinq paroisses, compte également une trentaine de fraternités. Avec une dizaine de membres chacune, elles permettent de vivre les “5 essentiels” : la prière, la fraternité, le service du prochain, la formation et l’évangélisation. À noter, les responsables des services diocésains sont également regroupés au sein de la Fraternité des missionnaires diocésains. “Cette dernière donne un bel élan ! Il s’agit de montrer que la fraternité porte des fruits, de donner à voir quelque chose de l’amour de Dieu, de vivre la charité, souligne la conseillère épiscopale. En poursuivant son “tour des remparts”, comme Néhémie à Jérusalem, Mgr Garin observe encore non un manque de foi, mais une certaine fatigue.

L’an dernier une réflexion est amorcée au sein du conseil épiscopal afin de proposer aux diocésains une démarche synodale, effectivement lancée en octobre 2023. La Fraternité des missionnaires diocésains a expérimenté la proposition en premier et permis ainsi de faire quelques ajustements et reformulations plus audibles pour tous. “Je suis très touchée par ce que nous vivons. Chacun apporte quelque chose de son histoire pastorale et diocésaine. Nous avons été soutenus par des personnes de Talenthéo, c’est une aide précieuse. Notre évêque chemine avec nous, il est vraiment à l’écoute de ce qui s’exprime sur le terrain”, partage Sylvie Gonthier. Avant de regarder du côté de l’organisation, une première condition est essentielle : vivre la démarche sous l’action de l’Esprit saint et ancré dans la Parole de Dieu, poser un acte de foi pour mieux discerner ensemble. La question “Dans le contexte de notre doyenné, à quelles transformations sommes-nous appelés pour vivre les 5 essentiels, célébrer les sacrements et annoncer à tous le Christ ressuscité ?” a été déployée au cours de trois premières grandes étapes. Elle sera encore au cœur des célébrations du 9 juin.

les fraternités paroissiales consultées dans le cadre de la démarche synodale de Saint-ClaudeQuatre étapes pour baliser la démarche

“L’idée d’agir non pas pour les gens mais avec eux m’a conduite à accepter cette mission au service de la démarche synodale. Je vérifie pleinement maintenant à quel point cette dynamique de la transformation est belle”, confie la coordinatrice de la démarche. Des équipes synodales de doyenné d’une douzaine de personnes ont d’abord été constituées. À charge pour chacune de vérifier la diversité des profils : membre d’EAP, curé, secrétaire du doyenné, jeune, catéchumène et/ou néophyte, etc. Elles se sont rencontrées jusqu’en janvier dernier, accompagnées par un binôme du conseil épiscopal, afin de formuler quelques éléments de réponse à la grande question. “J’ai vu des personnes dubitatives au début, se transformer au fil de la réflexion et continuer à être habitées par ce qui se vit”, révèle Sylvie Gonthier. Les mots-clefs de la démarche ? Patience et confiance ! Le samedi 17 février, les quinze équipes synodales, le conseil presbytéral, les diacres, la Fraternité des missionnaires diocésains et les représentants de la vie religieuse se sont réunis en conseil diocésain de pastoral. À l’issue de cette réunion, quinze propositions soit une par doyenné ont été retenues, plus cinq autres transversales. Enfin, les équipes synodales ont été envoyées en mission par l’évêque pour présenter ces pistes de travail aux paroissiens. Lors de ces rencontres, chacun a découvert l’ampleur du chantier et pu exprimer à l’aide de post-it ce qui le rejoignait, l’interrogeait ou lui semblait difficile. La synthèse touche à sa fin. “Il y a des équipes synodales en train de se transformer en fraternités. Ces personnes d’horizons et sensibilités différentes ont appris à faire connaissance et ont envie de continuer à se voir. Qu’elles le fassent ou non, cela leur appartient, mais c’est vraiment très beau. Cette liberté de parole est un des fruits de la démarche. Les personnes se sont senties écoutées et respectées. Elles ont compris qu’il n’y a pas de solution toute faite. Une dynamique est née”, relève la conseillère épiscopale. Sur l’ensemble du diocèse, plus de 1100 personnes ont été touchées par la démarche, mais ce qui compte davantage pour Sylvie Gonthier c’est “ce qui se vit et ce dont les gens peuvent témoigner. Le processus de transformation n’est pas terminé. La démarche doit continuer à faire son œuvre.”

La grande question étant d’équilibrer les forces et d’éviter de créer des déserts spirituels

Douze portes à ouvrir

Pour la prochaine étape, tous les diocésains ont rendez-vous à Saint-Claude le 9 juin. À partir des vingt propositions, le conseil épiscopal a retenu douze grands enjeux pour bâtir l’Église dans le Jura, comme les douze portes du livre de Néhémie. Dans l’Ancien Testament, Néhémie fait de tour des remparts de Jérusalem et en constate le délabrement. Il décide de ne pas reconstruire les murs à l’identique, mais d’ouvrir des portes. Plus qu’un symbole ! “Je sens qu’il sort de ma bouche cet appel Puisque Néhémie rebâtit douze portes, nous aussi relevons douze portes pour une Église ouverte à tous”, annonce Mgr Garin. Les diocésains pourront choisir parmi ces douze enjeux*, ceux qui les interpellent le plus et participer à deux ateliers dédiés avec des temps d’échanges et des témoignages. Mgr Garin partagera quelques mots sur les premières orientations. “Nous avons, il est vrai, des difficultés. Mais je vois surtout quinze équipes qui se sont mobilisées pour bâtir des projets et qui ont partagé beaucoup de joie. Je retiens la grande soif des personnes de tisser des relations fraternelles dans les paroisses du diocèse : c’est vraiment criant ! Je vois comme un signe de l’Esprit saint la lumière mise sur la nécessité d’instituer des visites pour les personnes âgées, malades ou isolées dans les campagnes du Jura. Je retiens aussi l’idée d’un doyenné de devenir une famille paroissiale. C’est délicat. Il y a le défi de la messe, une équipe a titré : moins, mais mieux ! Plus joyeuse et plus nourrissante. Bien sûr, cela se vit différemment à Dole, Lons-le-Saunier ou dans la petite montagne. La grande question étant d’équilibrer les forces et d’éviter de créer des déserts spirituels. Je n’ai pas encore la réponse, mais les fraternités se développent bien. Je note enfin beaucoup d’attentes au niveau de la formation, pas seulement à l’évêché à Poligny, mais dans tout le diocèse, développe Mgr Garin. Tout au long de la journée, des activités dédiées aux plus jeunes seront proposées avant la messe qui sera célébrée à 15 h 30.

Place aux jeunes !

Les jeunes n’ont pas été oubliés pour ce grand jour de fête. Mgr Garin leur a même explicitement donné rendez-vous le samedi 8 juin. Certains ont été impliqués dans les équipes synodales, le plus jeune, 14 ans, vient doyenné du Nord Jura. D’autres ont participé au pèlerinage diocésain à Lourdes du 15 au 20 avril dernier. Une cinquantaine d’entre eux sont attendus à Saint-Claude. “Le pèlerinage à Lourdes a rassemblé 120 jeunes de la 4e à la terminale et 30 accompagnateurs. C’est un temps fort et festif, marquant. Ces jeunes vivent là une expérience personnelle avec le Seigneur. Nous nous demandons toujours comment poursuivre ce chemin. C’est un travail de long terme, tout comme celui du synode. La fête à Saint-Claude est une belle opportunité pour se retrouver et partager un nouveau temps ensemble”, explique Vivien Bianchi, missionnaire diocésain pour la pastorale des jeunes. Un accueil festif, un temps de relecture avec la diffusion de l’after movie de Lourdes, un jeu de piste culturel dans la ville sont les premiers ingrédients de la journée.  Les 13 -17 ans et 18 – 35 ans partageront ensuite un temps de réflexion en petits groupes autour de l’Église dont ils rêvent et qu’ils veulent bâtir. D’ailleurs le lendemain, ils pourront s’exprimer dans la porte-atelier “se mettre à l’écoute des rêves et des attentes des jeunes”. Au menu de la fin de journée : soirée pizza partagée avec les paroissiens de Saint-Claude, puis veillée festive de louange et d’adoration, ouverte à tous, avec le groupe Resucito. Le parcours de ces musiciens et chanteurs d’Annecy est interpellant. Il correspond à l’idée du développement d’une fraternité de jeunes musiciens dans le Jura. Une façon de les rendre acteurs et de mettre en œuvre leurs dons au service des autres, comme certains le font déjà lors des rencontres de confirmation ou des soirées Jeunes dans l’unité. Vivien Bianchi souffle encore : “Je souhaite que les jeunes puisent dans ces retrouvailles un élan renouvelé et se projettent dans les prochains évènements. J’ai beaucoup de joie à construire en équipe des propositions fortes qui édifient chacun personnellement et toute l’Église. Que le Seigneur nous inspire. Que l’Esprit saint habite ce grand chantier diocésain et qu’il nous garde dans cette belle dynamique, encourageante et pleine d’espérance”.

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Focus sur la fraternité des vignerons du Jura

“On commençait à entendre parler des fraternités qui germaient dans nos paroisses, mais je n’aurai jamais imaginé que des vignerons se rassemblent sur ce modèle. Au départ, l’idée m’a semblé tellement surprenante ! En fait, le groupe s’est formé rapidement, de manière spontanée. J’ai trouvé que c’était une belle invitation de la part de notre évêque. Maintenant, nous avons beaucoup de joie à nous retrouver”, indique Jean-Yves Vapillon, vigneron à Lons-le-Saunier. Depuis un an, à l’initiative de Mgr Jean-Luc Garin, une fraternité de vignerons est née. Elle rassemble une quinzaine de professionnels de tout le Jura, de la région d’Arbois jusqu’à Lons-le-Saunier. Toutes les générations et tous les profils sont représentés, vignerons indépendants et membres de caves coopératives. Au rythme d’une rencontre tous les deux à trois mois, la soirée commence par une visite conviviale de la cave du vigneron qui accueille la fraternité. Après un temps de partage sur les évènements passés, l’évêque rassemble les équipiers autour d’un texte d’Évangile. “C’est une sorte de parvis des gentils à la mode jurassienne. Cette démarche entre dans ma vision d’évêque et me tient à cœur. À mon arrivée à Poligny, j’ai été très admiratif de ces vignerons à l’œuvre dans leurs vignes. Il m’a semblé que c’était la Bible à ciel ouvert et que ces hommes étaient bien mieux placés que moi pour en commenter certains passages”, partage Mgr Garin.

Parmi les différents textes qui évoquent la vigne, cette Parole “Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron” (Jn, 15) est celle qui touche et rejoint le plus Jean-Yves Vapillon. Il poursuit : “Il s’agit de notre vie, de notre métier et de notre passion : ça a beaucoup de sens pour nous. Il y a dans le groupe, des vignerons dont j’étais loin de soupçonner cette même sensibilité. Encore une fois, je n’aurai jamais imaginé qu’on puisse partager ce qui nous touche intérieurement, chacun de notre côté. Jamais imaginé un seul instant, constituer une fraternité à l’échelle du département où je retrouve mes confrères à 40 km de là pour nous rassembler au nom de Jésus” ! Il existe déjà dans la corporation viticole cette entraide professionnelle, appelée corvée, qui consiste à aider, le samedi et sur une période déterminée, un vigneron en difficulté. Mais il y a dans cette fraternité “une touche spirituelle qui nous relie et rend la relation plus complète” selon le professionnel de la vigne. Lors des fortes gelées d’avril, où certains ont perdu jusqu’à 100 % de leur production, les vignerons de la fraternité ont partagé des messages de soutien sur leur groupe whatsapp des B3V pour Bible, vigne, vin, vigneron. C’était cinq jours avant la messe de Saint Vernier, patron des vignerons. “Pendant que nous célébrions cette fête à Lons-le-Saunier, comme tous les ans, Mgr Garin était à Poligny pour une messe d’acolytat. Pendant son homélie, il nous a exprimé sa compassion. Le même jour, à la même heure, nous étions en train de prier ensemble, en communion ! Je crois que le Seigneur nous accompagne dans les moments difficiles. Heureusement qu’il est là pour nous épauler !”, confie le vigneron.

Nombreux sont ceux qui se retrouveront à la fête de Saint-Claude, dans cette dynamique diocésaine, autour de leur évêque qu’ils ont institué chevalier des vins du Jura. L’idée d’ouvrir une deuxième fraternité fait son chemin tant l’enthousiasme suscité rayonne. Autre rendez-vous : Mgr Garin invite le 12 juillet à Poligny tous les acteurs de la filière lait, des fruitières du Comté et du bleu de Bresse à l’occasion de la saint Uguzon. L’évêque de Saint-Claude ponctue : “c’est une façon d’être en lien avec toutes ces réalités locales”.

fraternité du Jura lancée par Mgr Garin, évêque de Saint-Claude

12 enjeux ou 12 portes pour le diocèse de Saint-Claude

  • Prendre soin en toute occasion de la vie fraternelle, de l’écoute et de la communication
  • Favoriser la proximité grâce aux fraternités paroissiales, aux mouvements d’Église et aux groupes de prière
  • Entendre le cri de la terre et le cri des pauvres
  • Simplifier l’organisation de nos paroisses et en renouveler l’animation
  • Célébrer le dimanche, sanctifier le jour du Seigneur
  • Se former pour se nourrir de la Parole de Dieu, s’enraciner dans la foi, découvrir et mettre en valeur ses charismes
  • Missionner ensemble au grand large
  • Témoigner de la joie servir comme prêtres ou diacres
  • Se mettre à l’écoute des rêves et des attentes des jeunes
  • Soutenir les familles dans leur vocation de couple ou de parents
  • Accueillir le don de la vie monastique et religieuse
  • Découvrir le potentiel de notre patrimoine chrétien jurassien pour évangéliser

Prière pour la démarche synodale

Aux appels de ton peuple en prière,
réponds-nous Seigneur.
Donne à chacun la claire vision de ce qu’il doit faire
et la force de l’accomplir

Diocèse de Saint-Claude

https://www.eglisejura.com

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