Halte à la dégradation de la mer !

Le naufrage du « Prestige » est devenu, pour notre département, une réalité : la pollution qui touche maintenant nos côtes océanes nous fait ressentir le scandale d’une telle situation.

Des Landes à la Pointe du Médoc, en des lieux dont les noms nous sont familiers, la pollution est là. Elle frappe de manière dramatique les métiers de la mer : pêche et ostréiculture. Nous en connaissons déjà les conditions d’exercice difficiles et nous savons les problèmes auxquels ces professions sont déjà confrontées.

Une telle pollution altère aussi l’image de marque des plages océanes et met en péril l’avenir du tourisme dont nous percevons les enjeux économiques importants pour le littoral et notre département.

Ainsi, ce sont des hommes, des femmes, des familles qui sont touchés dans leurs biens, leur travail et s’inquiètent légitiment de leur avenir. Nous en connaissons beaucoup, leurs visages nous sont familiers.

Chrétiens, nous ne pouvons rester sourds à la plainte, aux craintes, aux cris de colère et de découragement de ceux et celles qui sont lésés et menacés dans l’exercice de leur profession, dans leur avenir, leur équilibre humain et spirituel.

Nous nous sentons solidaires de ceux et de celles qui sont ainsi blessés dans ce qui est une de leurs principales raisons de vivre.
Si le risque zéro n’existe pas, il n’y a pas de fatalité ! Nous faisons donc volontiers écho à la déclaration des évêques responsables de l’Apostolat de la Mer en Espagne, au Portugal et en France, publiée le 21 novembre 2002.

Il n’est pas tolérable que la recherche du profit se fasse au détriment des personnes, de l’environnement et de la vie. L’économie doit être au service de l’Homme et de tous les hommes. Les législations nationales, européennes, internationales doivent assurer au mieux la sécurité des mers, le respect des personnes qui en vivent et la protection des espèces. Elles doivent permettre le contrôle des navires et des techniques mises en œuvre, elles doivent être efficacement appliquées par tous.

En communion avec les catholiques du diocèse et plus particulièrement ceux des communautés et mouvements plus directement touchés par ce drame, nous sommes solidaires de ceux qui agissent et agiront pour que la situation actuelle d’injustice, de corruption et d’irresponsabilité cesse le plus rapidement possible. Le coût humain des pratiques actuelles est trop élevé.

Nous appelons tous les catholiques à manifester activement leur solidarité avec les victimes et avec les actions menées pour s’opposer à la destruction et à la dégradation des réalités maritimes.
« ces convictions si humaines trouvent leur fondement dans notre Foi en Dieu qui crée la personne humaine à son image, la rend responsable de l’univers, et lui envoie son Fils pour la sauver des forces du mal et l’orienter vers le bonheur. Puisse notre appel au bon sens, à la justice, au respect et à la solidarité internationale être entendu : la mer n’est pas un dépotoir, elle est lieu de vie et don de Dieu ! » (Déclaration des évêques de l’Apostolat de la mer, 21 novembre 2002)

 Que les familles, les professionnels, les responsables des communes, des collectivités et divers services concernés par ce drame soient assurés de notre prière et de la part que nous prenons à leur souffrance, à leurs inquiétudes et à leurs efforts, pour que, malgré tout, la vie et l’espérance gagnent !

Bordeaux, le 10 janvier 2003.

Mgr Jean-Claude
HERTZOG Evêque Auxiliaire de Bordeaux

Mgr Jean-Pierre RICARD
Archevêque de Bordeaux
Evêque de Bazas