Patrice, diacre à l’école du Christ

“Une ordination est toujours unique. Mais ce que j’ai vécu à Saint-Pierre de Rome, dans ce cadre hors-du-commun et hors-du-temps a été un moment très fort : béni. J’ai répondu « eccomi qui », c’est-à-dire me voici en italien. Tout est dit”, commence Patrice Baroche, 62 ans, diacre permanent pour le diocèse de Troyes. Patrice et Anne sont mariés depuis 37 ans. Leur famille se compose de cinq grands enfants, dont des jumeaux garçon et fille. Leur dernière, 29 ans, a été adoptée. Ils comptent déjà huit petits-enfants. Après quatre années d’expérience dans une entreprise privée, Patrice réoriente son activité professionnelle au plus près du rythme de ses enfants et de la vie de famille. Il réussit les concours de l’éducation nationale. Celui d’instituteur, puis de professeur des écoles, avant celui du recrutement des personnels de direction. L’enseignant passe de l’école maternelle et élémentaire au lycée général et professionnel. Il est aujourd’hui principal d’un collège public près de Troyes. “J’ai souhaité vivre mon rôle de professeur en développant différents projets. J’ai ensuite tenté de donner un élan à ma carrière. Après l’école et les lycées, je découvre cette autre réalité qu’est le collège. Chaque tranche d’âge a ses richesses et ses difficultés”, souligne le directeur d’établissement scolaire.

Avant une réunion qu’il pressent compliquée, Patrice n’hésite pas à fermer son bureau pour se recueillir quelques minutes et confier la rencontre au Seigneur. D’ailleurs, lorsqu’il a annoncé son ordination diaconale, si l’inspectrice d’académie ne se doutait pas du tout de son engagement dans la foi, certains membres de son équipe n’ont pas été très étonné au regard de sa façon d’être avec les élèves et le personnel. “Je suis connu pour essayer de toujours donner une nouvelle chance, trouver des solutions et des manières d’aider autrement. Ma foi me permet de tenir debout face à certains cas”, partage le professeur. C’est l’évêque de Langres, diocèse où Patrice réside encore pour quelques mois, qui l’appelle d’abord au ministère diaconal. C’est là qu’il vit les premières étapes du lectorat et de l’acolytat. Dès le début de la démarche, avec son épouse Anne, il informe Mgr Joseph de Metz-Noblat de leur projet d’achat de maison et de retraite dans l’Aube. Il fait alors la connaissance de Mgr Alexandre Joly qui l’appelle à son tour au service de l’Église à Troyes. Et contre toute attente, il propose la candidature de Patrice pour être ordonné, avec une vingtaine d’autres candidats de tous pays et continents, à Rome dans le cadre de l’année sainte Pèlerins d’espérance et du jubilé des diacres le 23 février 2025. “J’ai d’abord été stupéfait, dérangé et inquiet. Nous ne sommes pas de grands voyageurs. Mais nous avons été très bien accompagnés tant en France qu’à Rome. Mgr Joly nous a fait un beau cadeau ! ”, rapporte Patrice.

Viva Roma !

Pour une première dans la ville éternelle, Anne et Patrice ont bénéficié de conditions exceptionnelles. Ils ont été accueillis et logés au sein du séminaire français de Rome, dans le cœur historique de la ville, d’où les bons marcheurs peuvent rejoindre le Vatican à pied. Ils ont partagé une journée fraternelle avec le groupe des 600 diacres français en pèlerinage, entre marche, temps d’échange, visite des catacombes et messe d’ouverture du jubilé des diacres présidée par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille. “J’ai été présenté devant tout le monde, j’étais le seul ordinand français”, précise Patrice. Après beaucoup de stress et de nombreux quiproquos, le diacre assure que tout s’est bien passé. Le pape François devait présider la messe d’ordination en présence des 4000 diacres et de leurs familles venus d’une centaine de pays différents. Malheureusement déjà souffrant, il a été remplacé par Mgr Rino Fisichella, pro-préfet du dicastère pour l’évangélisation et organisateur du jubilé 2025. Patrice était bien entouré par la présence de son épouse, de deux de ses filles avec leurs compagnons, et de son évêque. “Nous étions très impressionnés. Nous retenons la grande bienveillance de toutes les personnes rencontrées. C’était encore une fois un moment d’une très grande richesse, une respiration bénie. Et puis, c’est sûr, nous retournerons à Rome !”, lance-t-il. À la suite de son ordination diaconale, une messe d’action de grâce a été célébrée le 1er mars en la cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul à Troyes.

“Je n’ai pas encore reçu ma lettre de mission ! Je suis membre depuis vingt ans de l’école de prière de Troyes et j’en ai été nommé berger cette année. Mgr Joly a conforté cette nomination. Également évoquée, la mission d’accompagnement, d’aide et de ressourcement pour les adultes du diocèse qui sont chargés de l’animation de groupe de jeunes, de façon à ce que chacun puisse avoir un positionnement ajusté dans ce rapport à un public jeune. Il est prévu que je suive une formation dédiée et qu’une équipe soit formée”, énonce le diacre qui attend sa missive officielle. Phare dans sa vie de foi, lieu d’engagement et de ressourcement, Patrice découvre l’école de prière des jeunes par l’intermédiaire d’amis de ses enfants. Il se rappelle de l’expérience forte vécue par sa fille aînée, revenue radieuse à la suite de ce séjour d’été. De fil en aiguille, un des animateurs, devenu un ami depuis, sollicite Patrice dans l’équipe. L’instituteur tente alors l’aventure. “Depuis, toute la famille a participé à l’école de prière. Anne est aussi membre du groupe. Quatre de mes petits-enfants seront de l’édition de l’été 2025”, sourit le berger de l’école de prière de Troyes. Entre le séjour de loisirs et la retraite spirituelle, l’école de prière rassemble soixante-dix à quatre-vingt jeunes de tous milieux sociaux pendant une semaine d’été. L’encadrement est assuré par des bénévoles, prêtres, religieuses, parents, ou anciens jeunes. “Nous vivons là une grande fraternité avec ce maître-mot : trouver en chacun ce qui est beau et bon”, poursuit Patrice. En contrepoint aux conflits qu’il gère continuellement dans son rôle de chef d’établissement, l’animateur de l’école de prière s’inscrit là dans une toute autre dynamique, joyeuse et porteuse d’espérance. “Nous vivons le message du Christ : Aimez-vous les uns les autres ! C’est pour moi la plus belle, la plus riche, la plus forte des paroles”, témoigne-t-il.

Premiers pas

Les premiers gestes de son ministère, Patrice les vit dans le diocèse de Langres, où le prêtre avec qui il a cheminé l’a appelé à célébrer trois baptêmes. “C’est très touchant comme toutes les premières fois. C’est magnifique pour un croyant, c’est un des plus beaux cadeaux que l’on puisse offrir. On donne, comme le mariage, un ancrage dans la foi et une ouverture”, confie le diacre. S’il a décliné la demande d’homélie en raison d’un délai trop court, il se prépare à être bien sollicité au cours de l’été avant son déménagement. Ce qui le touche encore dans la participation à la liturgie ? “J’aime proclamer la Parole et j’aime beaucoup donner la communion, même s’il n’est pas besoin d’être diacre pour ça. J’essaie toujours de regarder les gens dans les yeux. J’aime quand nos regards s’accrochent avant de donner l’hostie. Ce sont des moments étonnants”, révèle-t-il.

Outre l’école de prière, Patrice se ressource pêle-mêle au sein de son parcours diaconal de formation, de son groupe de lecture biblique suivie à Langres, de sa chorale. Il fréquente aussi très régulièrement la piscine, marche et jardine avec Anne. Il insiste sur le rôle important de son épouse dans sa vie et son chemin de foi. “Je n’aurais jamais entrepris toute cette démarche sans son adhésion complète. Tous nos choix ont été décidés après échanges et discussions. Elle est, autant que le Christ, la pierre angulaire de ma maison”, s’exclame Patrice. Il ponctue : “Je n’ai pas d’autre ambition que de servir le Christ dans la vie fraternelle, à la rencontre de personnes de tous horizons”.

Contact

Les écoles de prières pour les jeunes : https://ecolesdepriere.com