Père Christophe Le Sourt : « Voyons combien s’impose, comme urgence, le service du prochain »
« Qu’il est doux pour des frères de vivre ensemble » Ps 133. Avec quelque humour, nous pouvons observer que, paradoxalement, les temps de confinement imposés par la Covid19 éprouvent la patience de beaucoup. Aujourd’hui, nous sommes invités à une humble relecture de vie à la lumière de la Parole de Dieu, chacun le faisant à partir de sa vocation propre et de sa mission.
Voici une occasion favorable pour considérer dans notre vie spirituelle toute l’importance des sacrements et, singulièrement celle de l’eucharistie, qui nous invite à porter notre regard au plus loin, vers l’éternité. De la sorte, l’eucharistie nous permet de voir « les choses » à la manière même de Dieu, c’est-à-dire avec hauteur et charité.
Les mystères de Dieu s’inscrivent, en effet, dans le temps long, dans la durée. Les disciples du Christ sont des hommes et des femmes qui espèrent en l’éternité et humblement en témoignent, y compris dans leur rapport aux sacrements.
Pendant ces périodes de confinement, beaucoup de fidèles, seuls ou en famille, tout en souffrant d’un jeûne eucharistique contraint, ont pu découvrir ou redécouvrir la centralité de la Parole de Dieu. Souvenons-nous que Jésus, « Verbe de Dieu » a lui-même prié les Psaumes, a lu la Loi et les prophètes, les citant abondamment dans sa prédication, se présentant comme l’accomplissement des Écritures. Le Nouveau Testament a, sans cesse, puisé à l’Ancien Testament les paroles et les expressions qui lui permettent de raconter et d’expliquer la vie, la mort et la résurrection de Jésus. De même, sa mort et sa résurrection donnèrent à ces mêmes textes une plénitude de sens. C’est pourquoi la connaissance de l’Ancien Testament est indispensable à qui croit dans l’Evangile de Jésus Christ. En effet, comme l’a rappelé la Commission Biblique Pontificale en 2001, « les Saintes Ecritures du peuple juif sont une partie fondamentale de la Bible chrétienne » (Titre du chapitre 1).
Ce constat est une formidable opportunité d’approfondir une question fondamentale : comment la Bible, héritage commun des Juifs et des Chrétiens, doit-elle être lue, interprétée et priée ? Avec quelles conséquences pour nous aujourd’hui ? Tout d’abord, signalons que les catholiques peuvent apprendre beaucoup de l’exégèse juive pratiquée depuis plus de 2000 ans. Il s’agit de « la contribution originale de la compréhension juive de la Bible » (1). Les juifs aimant interpréter les Ecritures saintes, les rabbins ont empilé des recueils entiers dans le Talmud et la Mishna. Pour les catholiques, le Catéchisme de l’Eglise catholique décrit les critères d’interprétation en précisant que le lecteur doit faire attention aux différents sens de l’Ecriture, sachant que la Bible en possède plusieurs. (CEC n. 115-117).
Très essentiellement, en scrutant les Ecritures avec les Juifs, « nos pères dans la foi » (1), nous voyons combien s’impose, comme urgence, le service du prochain. « Qu’as-tu fait de ton frère ? » (Gn 4) est la question éthique qui traverse toute la Bible. Un de ses traits caractéristiques est la révélation de la prédilection de Dieu pour les anawim, les plus petits. Nous devons, sans attendre, lutter contre la misère et soulager les plus vulnérables. Il faut soigner les plaies béantes qui se font jour dans notre société et, comme nous y exhorte le pape François, faire de l’Eglise du Seigneur un « hôpital de campagne » (2)
En nous mettant à l’école de la Tradition de l’Eglise, puissions-nous être des « disciples missionnaires » dont « la sérénité est connue de tous » (Ph 4,4). Notre monde, plus que jamais, a besoin d’hommes et de femmes, nourris de la Parole du Seigneur, emplis d’une joyeuse espérance qui, les pieds dans la glaise, solidaires de leurs contemporains, lèvent le regard en contemplant l’invisible.
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— Eglise catholique de la Sarthe (@Diocese72) November 28, 2020
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