Le Jubilé des 150 ans de l’Apparition de Notre-Dame de Pontmain

Le 17 janvier 1871, la Vierge Marie apparaissait au sanctuaire Notre-Dame de Pontmain (Mayenne). Cent-cinquante ans après, le diocèse de Laval est entré dans une année jubilaire le 17 janvier 2021. Du samedi 15 au lundi 17 janvier 2022, trois jours de célébrations religieuses sont organisés dans le diocèse. Entretien avec Monseigneur Thierry Scherrer, évêque de Laval.

Du vendredi 15 au dimanche 17 janvier 2021, le sanctuaire Notre-Dame de Pontmain ouvrait une année jubilaire pour fêter les 150 ans de l’Apparition de la Vierge Marie. Avec la crise sanitaire, une poignée de fidèles a pu venir célébrer le Grand Jubilé. Comment se sont déroulés les réunions préparatoires et l’évènement ?

Ce 150e anniversaire de l’Apparition de Pontmain est un événement majeur dans l’histoire de notre diocèse. Nous préparions le Jubilé depuis plus de trois ans. Nous avions sollicité la présence du Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, qui n’a pas pu se déplacer en raison du contexte pandémique. Le dimanche 17 janvier, le Nonce Apostolique en France, Mgr Celestino Migliore, a accepté d’assurer la présidence de la messe. Sa présence a été reçue comme un beau signe de communion. Le Grand Jubilé aurait pu drainer plusieurs milliers de pèlerins. Nous nous sommes résignés à respecter la jauge imposée par les décisions préfectorales en ne conviant que 400 fidèles. Fort heureusement, la date anniversaire tombant un dimanche, les festivités ont été délocalisées dans toutes les paroisses de la Mayenne. En outre, le Jubilé a eu un fort retentissement national et international car la messe a été retransmise en direct par la chaîne de télévision KTO. À notre grande surprise, près de 100 000 connexions ont été enregistrées le jour même et les semaines qui ont suivi ! Le Cardinal Parolin est de nouveau invité à présider la clôture de l’année jubilaire le 17 janvier 2022 où il viendra refermer la Porte Sainte de la basilique Notre-Dame. Nous attendons sa réponse.

C’est la parole de Saint-Paul dans sa lettre aux Colossiens (3,15) que vous avez choisi pour éclairer le chemin tout au long de cette année jubilaire : « Et que la paix du Christ règne dans vos cœurs ! » Pourquoi le choix spécifique de cette parole ?

L’Apparition de Pontmain est indissociable du contexte de guerre franco-prussienne qui sévissait en 1871. Les habitants réclamaient la paix des armes. Ils étaient découragés car les Prussiens étaient aux portes de Laval et menaçaient de la prendre pour envahir ensuite la Bretagne. Trente-huit jeunes hommes du village étaient partis à la guerre. De façon inexpliquée, alors que la victoire lui était acquise d’avance, l’armée prussienne a battu en retraite, et l’Armistice a été signé le 28 janvier 1871. A Pontmain, la paix s’établit d’abord dans les cœurs. La foi des habitants, rassemblés sur la place du village au moment de l’Apparition de la Vierge Marie, est devenue si grande que les larmes et les inquiétudes se sont envolées. Aujourd’hui, c’est encore l’expérience que font les pèlerins qui viennent à Pontmain : ils repartent apaisés du sanctuaire avec la certitude que le Seigneur veille sur eux et leur donne la force d’aller de l’avant pour surmonter les difficultés. Pour accompagner notre démarche jubilaire, j’ai rédigé une lettre d’indiction sur le thème de la paix.

Il y a 150 ans, les habitants de Pontmain souhaitaient la fin de la variole, de la typhoïde, et la fin de la guerre contre la Prusse. En 2021, le monde est traversé par la crise sanitaire. Comment vivre les festivités alors que nous sommes de nouveau confinés ?

En 1871, on vaccinait à Laval contre la variole et la typhoïde. Et nous voyons que, cent cinquante ans et malgré les progrès des sciences, nous sommes toujours aussi démunis par rapport à l’épreuve d’une épidémie. Nous ne sommes pas tout puissants par rapport à la maladie ou à la mort. L’humanité est toujours aussi vulnérable. Le coronavirus sévit toujours, ce qui ne nous empêche pas de vivre les rendez-vous fixés pour célébrer le Jubilé de Pontmain. En février et mars dernier, j’ai pu ainsi sillonner le diocèse pour rencontrer les chrétiens. Je souhaitais entendre leurs récits et leur adresser dans le même temps une parole d’encouragement. Cette visite pastorale fait partie intégrante de cette démarche de Jubilé que nous vivons.

Quels évènements avez-vous prévu au cours de cette année jubilaire ?

À la Pentecôte, je clôturerai le Synode diocésain commencé en 2018. C’est un grand rendez-vous que nous vivrons à Pontmain avec la célébration et la promulgation des orientations diocésaines. La liturgie sera aussi localement célébrée dans les paroisses. Le deuxième évènement important est l’Assomption. Célébrée le 15 août, c’est la deuxième fête qui rassemble le plus de pèlerins chaque année à Pontmain. C’est Monseigneur Jean-Louis Bruguès, évêque émérite d’Angers, qui la présidera la cérémonie. Nous espérons que l’épidémie sera derrière nous pour rassembler davantage de fidèles !

De nombreux sanctuaires souffrent financièrement de la situation de crise sanitaire. De quoi se compose le sanctuaire de Pontmain ? Comment accueillez-vous les pèlerins ?

Outre la basilique Notre-Dame qui peut rassembler 1200 convives, le sanctuaire de Pontmain est équipé d’une hôtellerie de 100 lits avec des réfectoires, des salles de réunion et de conférences, ce qui nous permet d’accueillir deux cars de pèlerins sur plusieurs jours. Nous disposons aussi de deux magasins d’objets religieux dont une librairie. La congrégation des religieux Oblats Marie Immaculée a une résidence derrière la basilique appelée « Le Bocage ». Ces missionnaires ont également une grande capacité d’accueil pour les pèlerins de passage.

Des emplois sont-ils menacés par la crise sanitaire?

Nous employons cinq laïcs sur le sanctuaire de Pontmain (une secrétaire, un technicien et des caméristes…) Les emplois ne sont pas menacés car nous avons recours au chômage partiel pour nos salariés. Nous avons néanmoins gelé les embauches car nos moyens financiers restent limités. Je peux compter sur l’aide de trois prêtres : le Père Renaud Saliba, recteur de la basilique et de deux chapelains. En revanche, nous allons devoir nous séparer de l’aide de trois sœurs vietnamiennes qui vont repartir dans leur pays. Elles ont reçu de leurs supérieures générales une nouvelle mission au Viêt-Nam. Mais d’autres religieuses arriveront dans le diocèse de Laval prochainement.

Comment innovez-vous ou essayez-vous de faire face à la situation de crise sanitaire ?

La situation actuelle nous a poussés à opérer un virage numérique avec l’ouverture d’une chaîne YouTube pour retransmettre les offices en direct et maintenir le lien avec les fidèles. C’est aussi par le numérique que nous pouvons compenser la perte de fréquentation du sanctuaire. Cependant, un pèlerinage – par définition – se vit en présentiel. Il faut quitter sa maison, cheminer et demeurer avant de revenir chez soi. Nous ne pouvons pas dématérialiser une démarche de pèlerinage.

Invitez-vous les fidèles à se rendre toujours en pèlerinage ? Quels profils de personnes viennent actuellement : des individuels ou des familles ?

La démarche jubilaire reste possible pour tous ceux qui voudront venir individuellement ou en groupes. Le sanctuaire est toujours ouvert et les offices (les bréviaires, les liturgies des heures, les laudes, le chapelet ou l’Adoration) se déroulent normalement. Les pèlerins ont le droit de pique-niquer sur l’esplanade, à l’extérieur. Les familles de moins de six personnes viennent à la demi-journée, mais nous avons aussi des pèlerins réguliers qui viennent pour le Sacrement de réconciliation ou les offices. Comme les fidèles sont moins nombreux, ils ont davantage la joie de goûter au silence apaisant de la basilique de Pontmain !

Revivre la célébration du 150e anniversaire !

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Prière à Notre-Dame pour le Jubilé de l'Apparition

Vierge Marie, Mère de l’Église,
tu chemines avec nous sur la route.
Aujourd’hui, nous tournons vers toi nos regards de croyants.

Éducatrice de la prière,
apprends-nous à écouter la voix de l’Esprit Saint.
Qu’il nous aide à discerner les signes des temps
et mieux percevoir les attentes cachées des cœurs.
Que son ardeur nous brûle et nous transforme
dans la ferveur d’une nouvelle Pentecôte.

Étoile de l’évangélisation,
obtiens-nous l’audace et le courage de témoigner de notre foi.
Convertis nos rencontres en visitations d’amour.
Que chacun découvre le prix qu’il a aux yeux de Dieu
et se laisse toucher par sa miséricorde.

Mère de l’Espérance et Reine de la Paix,
toi qui nous montres Jésus,affermis nos cœurs et guide nos pas.
En ce monde aimé de Dieu,
fais de nous des pèlerins et des apôtres de la joie.
Amen.

Mgr Thierry Scherrer,Évêque de Laval

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