Notre-Dame de Paris, trois ans après : « Ne regardons pas en arrière mais vers une perspective d’avenir et d’Espérance »

Le 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris était ravagée par un gigantesque incendie qui bouleversait le monde entier. Pour le troisième anniversaire de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Mgr Patrick Chauvet, recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris évoque la reconstruction, l’épreuve qu’il a vécue et l’Espérance des jours prochains.

Quels sont les grands chantiers lancés dans le cadre de la restauration de Notre-Dame de Paris ? Où en est la reconstruction ?  

La phase de sécurisation et de consolidation de la cathédrale Notre-Dame a désormais pris fin. Nous allons aborder la partie la plus importante, celle de la reconstruction de la voûte et la consolidation des voûtes. La charpente de Notre-Dame qu’on appelle : « la forêt » et la flèche, réduites en cendres, seront reconstruites entièrement. C’est une prouesse technique de réaliser ces trois éléments en même temps. Les Parisiens verront poindre progressivement la flèche en signe d’espérance !

La cathédrale nous livre ses derniers secrets. L’incendie a permis de mettre à jour des vestiges archéologiques à la croisée du transept, en particulier des fragments de l’ancien jubé dans la nef de la cathédrale. Une découverte majeure pour les experts.

À l’intérieur de la cathédrale, en dessous du podium liturgique, lors d’une opération de fouilles archéologiques préventives, nous avons découvert des fragments de l’ancien jubé. Au XIXe siècle, l’architecte Eugène Viollet-le-Duc (NDLR. Architecte à qui fut confié la restauration de la cathédrale à partir de 1844) avait déjà retrouvé quatre pièces qui sont exposées au musée du Louvre. L’existence de traces d’une église mérovingienne confirme également l’emplacement médiéval. Il est intéressant de voir l’évolution de la cathédrale échelonnée sur 860 années d’histoire. Nous avons aussi retrouvé un sarcophage en plomb d’un chanoine inconnu du XIVe siècle !

Avant l’incendie vous partagiez votre temps entre les offices, la direction d’une équipe de salariés et de bénévoles et l’accueil d’hôte de marque. Comment s’organise votre quotidien depuis l’incendie ?

Je suis l’administrateur de la paroisse de Saint-Germain l’Auxerrois de Paris. En tant que curé, j’anime aussi bien les célébrations liturgiques ou eucharistiques que les vénérations de la Sainte Couronne d’épines pendant le Carême. Je suis aidé d’une équipe de chapelains. En parallèle, je suis le « curé du chantier » et j’apporte de la communion aux ouvriers qui savent que je suis disponible et à leur écoute. Je fais sentir que l’Église est présente à leurs côtés. Je souhaite une simplicité dans les relations humaines. Ces rencontres pastorales nourrissent aussi mon ministère. Je fais aussi partie des équipes de réflexion concernant l’aménagement intérieur, la restauration et la cérémonie d’ouverture.

Suite à l’embrasement, vous avez vécu un « choc » et une « épreuve difficile ». Vous avez eu besoin de narrer ces épisodes dans un ouvrage : « Au cœur de Notre-Dame, journal d’une Renaissance » ? Que souhaitiez-vous raconter ?

C’est le journal d’une renaissance. J’ai rédigé ce livre dans la continuité de mon premier ouvrage : « Notre-Dame d’espérance ». Comment ma vie a-t-elle été transformée ? Je suis frappée par l’importance des médias et aussi par les gestes affectifs de touristes que je ne connais pas et qui m’arrêtent dans la rue pour me demander des nouvelles de la cathédrale.

Vivre cet évènement, c’est se confronter à une dépossession difficile. Depuis trois ans j’essaie de me renouveler et de me remettre en question. Il y a eu un avant et un après incendie. Ma renaissance m’a conforté dans l’Espérance. Je l’ai vécue spirituellement, ce qui m’aide à encourager les fidèles dans mon quotidien.

Trois ans après ce triste anniversaire, vous organisez ce 15 avril 2022, sur le parvis de Notre-Dame une prière pour la paix ouverte à tous. Quel était votre objectif en ce jour de « Vendredi Saint » ?

Je serai accompagné de Monseigneur Georges Pontier, administrateur apostolique du diocèse de Paris, son secrétaire, un chantre et un clerc. Nous commencerons par une prière à l’intérieur de la cathédrale où nous porterons la croix au cœur du chantier. Cette prière du « Vendredi Saint » est importante car nous présentons au Seigneur toutes les victimes de violence, des guerres, de la pandémie… Dans cette cathédrale blessée, nous rejoindrons tous les blessés de la vie.

Sur le parvis, je souhaitais qu’au terme de ces trois années, les fidèles puissent réinvestir les lieux, car ils étaient habitués à suivre le parcours du Chemin de Croix à partir de la cathédrale. J’ai décidé – sur les conseils de Mgr Georges Pontier – de porter une méditation intérieure du frère Charles de Foucauld. Une méditation sur la paix dans le monde.

Quel message d’espérance souhaitez-vous délivrer ?

Être chrétien, ce n’est pas être quelqu’un de bien. Être chrétien, c’est savoir – à cause de sa pauvreté – s’en remettre au Seigneur. Dans un monde si difficile aujourd’hui, n’essayons pas de poser des actes héroïques, essayons plutôt de se mettre du côté du Seigneur pour lui dire : « C’est quand je suis faible que je suis fort ». Ne regardons pas en arrière mais vers une perspective d’avenir et d’Espérance.

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