Benoît XVI et l’unité des chrétiens
Une priorité pour Benoît XVI
Dès son élection, le pape Benoît XVI a affirmé sa volonté de « faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire avancer la cause fondamentale de l’œcuménisme » (Message à l’issue de la messe concélébrée, le 20 avril 2005 en la Chapelle Sixtine). Cet engagement s’est manifesté par la poursuite des relations développées par ses prédécesseurs au lendemain du concile Vatican II.
C’est pourquoi le Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des chrétiens, présidée par le cardinal Kasper, coopère avec la commission Foi et constitution et avec un des groupes de travail du Conseil Œcuménique des Eglises. De même, l’Eglise catholique participe au Forum chrétien mondial, avec des communautés évangéliques-pentecôtistes, jusque-là en marge du mouvement œcuménique.
Les rencontres avec des représentants des différentes confessions chrétiennes se sont succédées : le pape Benoît XVI a rencontré le patriarche Bartholomée en novembre 2006 à Istanbul. Il a souligné, à cette occasion, la proximité théologique de l’Eglise catholique avec l’Eglise orthodoxe sur de nombreux points. Il a également reçu le patriarche Bartholomée à Rome en mars et juin 2008. En octobre 2007, le patriarche de Moscou, Alexis II, était en visite en France ; et en mai 2008, le cardinal Kasper a rendu visite au patriarche Alexis II à Moscou. Le Pape a également reçu des représentants des confessions issues de la réforme : anglicans (archevêque de Canterbury en novembre 2006) et protestants (méthodistes, luthériens et baptistes…).
Parmi la quinzaine de dialogues officiels en cours, plusieurs sont parvenus à la publication de documents importants, dont le rapport rédigé par les catholiques et les orthodoxes sur la primauté et la conciliarité (Document de Ravenne d’octobre 2007). Le Conseil méthodiste mondial a ratifié en juillet 2006 la Déclaration commune sur la justification. Ce document, qui porte sur la question qui fut à l’origine de la réforme protestante, avait été signée, en 1999, par l’Eglise catholique et la Fédération luthérienne mondiale.
Les fondements du dialogue théologique
Le pape Benoît XVI, comme théologien, accorde une grande importance au dialogue théologique en vue de parvenir à l’unité visible de l’Eglise. Tout en reconnaissant les progrès accomplis, il a reconnu « la difficulté de trouver une conception commune sur la relation entre l’Evangile et l’Eglise et, en relation à cela, sur le mystère de l’Eglise et de son unité et sur la question du ministère dans l’Eglise. »
Pour parvenir à un réel progrès, il est convaincu que la rigueur dans la recherche de la vérité est nécessaire : « C’est uniquement en » gardant fermement » l’enseignement sûr (cf. 2 Ts 2, 15) que nous réussirons à répondre aux défis auxquels nous sommes appelés à nous confronter dans un monde qui change. Ce n’est qu’ainsi que nous donnerons un témoignage ferme à la vérité de l’Evangile et à son enseignement moral. Tel est le message que le monde s’attend à entendre de nous » (discours à New-York, 18 avril 2008). C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre les réponses, publiées en juillet 2007 par la Congrégation sur la doctrine de la foi, sur quelques questions relatives à la doctrine de l’Eglise.
Le dialogue œcuménique en France
La France est un pays qui a une longue expérience œcuménique (notamment avec l’abbé Paul Couturier qui initia, en 1935, la Semaine de prière pour l’unité et, en 1937, le Groupe des Dombes…). Cette expérience a été forgée dans un contexte marqué par les relations séculaires entre catholiques et protestants réformés ou luthériens, numériquement minoritaires (1,2 % de la population française).
Au niveau national, la concertation entre les principales familles chrétiennes sur les questions de société se fait par le Conseil d’Eglises chrétiennes en France (CECEF). Ses co-présidents ont signé la Charte œcuménique européenne le 14 mai 2008, dans le prolongement du 3e Rassemblement œcuménique européen de Sibiu (Roumanie) en septembre 2007. Des institutions équivalentes existent dans plusieurs régions françaises (Belfort, Lyon, Nîmes…).
L’Eglise catholique mène actuellement cinq dialogues officiels, au sein de quatre comités mixtes et du groupe de conversation avec l’Alliance évangélique française. Le Groupe des Dombes, instance non officielle de dialogue entre théologiens ou pasteurs catholiques et protestants, est également actif.
La présence d’immigrés grecs et surtout russes (à l’origine de l’Institut de théologie orthodoxe Saint Serge) a joué un rôle non négligeable au plan institutionnel et théologique. Il faut évoquer aussi l’existence de lieux de recherches universitaires et de centres œcuméniques (Istina à Paris, Unité chrétienne et Saint-Irénée à Lyon…).
Cependant, l’expérience œcuménique française s’est surtout développée sur le terrain, sous des formes très diverses : rencontres régulières entre prêtres et pasteurs, associations (Avents, Amitiés-rencontres), mouvements (Sève), lutte pour les droits de l’homme (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), foyers mixtes…
Cette expérience connaît aujourd’hui un nouvel élan, notamment sous l’impulsion de communautés nouvelles (Chemin Neuf, Fondacio, Focolari) et du réseau « Ensemble pour l’Europe ».
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