COP21 : Les Eglises ont porté la voix des plus vulnérables
Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, Président du Conseil Famille et Société, relit la mobilisation des religions et particulièrement de l’Eglise catholique à l’occasion de la COP21 à Paris. Il salue notamment une « belle expérience œcuménique ».
Que retenez-vous de la mobilisation de l’Eglise catholique ?
La période de mobilisation a situé les catholiques dans un partenariat avec des croyants d’autres confessions chrétiennes et des associations investies sur les questions d’environnement et de développement. La dimension internationale fut essentielle. Elle nous a permis de mesurer la diversité des pratiques et des sensibilités. Au-delà de ces différences, les semaines de rencontres pour définir les modalités de présence des religions à l’événement de la COP 21 ont aidé les Eglises chrétiennes et les organismes qui leur sont liés, à chercher la pertinence dans leurs interventions communes pour sensibiliser et faire entendre la voix des plus pauvres. Ce fut une belle expérience œcuménique.
Quel bilan faites-vous de l’implication des religions ?
L’événement de la COP 21 a permis à l’Eglise catholique de se situer dans un rapport de partenariat et de dialogue avec la société. La démarche fut d’abord spirituelle. À Paris, dans le diocèse de Saint-Denis et dans les diocèses de France, de nombreuses initiatives ont été prises pour mobiliser dans la prière, accompagnant ainsi les débats des délégations officielles. Des propositions d’approfondissement des questions engagées ont aussi été offertes, notamment à travers les conférences aux Bernardins et diverses publications.
La mobilisation s’est élargie à des chrétiens venus de différents pays du monde. Les pèlerins qui ont marché pour la justice climatique, accueillis dans plusieurs diocèses de France, étaient porteurs de la voix des peuples les plus exposés aux risques du dérèglement climatique. Par eux, les Eglises ont été porteuses de la voix des plus vulnérables. Cela a contribué, comme le répète le pape François, « d’honorer la dette écologique entre le Nord et le Sud ».
Comment les relations avec l’Etat et la société civile ont-elles été vécues ?
La démarche engagée à l’occasion de la COP 21 est révélatrice d’une posture juste de l’Eglise catholique dans son rapport avec la société et les pouvoirs publics. Nous avons expérimenté des rapports apaisés qui ne taisaient aucunement les exigences liées au bien commun. Sur des questions vitales qui touchent l’humain et l’avenir de l’humanité, l’Eglise a cherché à faire valoir les appels de l’Evangile dans une attitude humble et positive qui a privilégié le dialogue et le débat avec la société.
La parole de l’Eglise fut nourrie du message de Laudato Si’. Je crois qu’elle a été entendue parce qu’elle était accompagnée du témoignage de nos frères et sœurs venus d’Afrique, des Philippines, d’Amazonie et bien d’autres régions du monde. Cela permet de vérifier la pertinence du rapport que le Concile Vatican II a promu entre l’Eglise et le monde : faire entendre les exigences liées à la foi au Christ dans une attitude d’ouverture et de service de l’humanité, en répercutant la voix des plus pauvres. C’est une façon heureuse d’annoncer l’Evangile du salut et d’aider à percevoir le bien commun de l’humanité. Cet horizon de la mission de l’Eglise est un des enjeux de l’Année jubilaire de la Miséricorde dans laquelle nous venons d‘entrer.