L’Eglise en Suède vue par le vicaire général de son unique diocèse
Le pape François se rend en Suède les 31 octobre et 1er novembre 2016 pour la commémoration commune de la Réforme.
Le 25 janvier dernier, le pape Francois nous avait fait part de son intention de venir à Lund le 31 octobre 2016, pour commémorer les 500 ans de la Réforme, donnant suite à l’invitation de la Fédération Luthérienne Mondiale. Exultation non seulement chez les chrétiens mais aussi pour tout le peuple suédois! La visite de Saint Jean-Paul II en juin 1989 est restée vive dans la mémoire de notre nation et c’est avec une certaine fébrilité qu’aussi bien les Eglises que les institutions politiques et civiles préparent cette visite historique. Permettez-moi de vous présenter le diocèse de Stockholm qui administre l’Eglise Catholique de Suède.
Anders Arborelius OCD, ordonné en 1998, est le premier évêque catholique suédois depuis la Réforme. Grâce à son charisme de rassembleur et au service de l’unité, il est à la tête d’un diocèse multiculturel. Quelques chiffres: 200.000 catholiques (115.000 officiellement enregistrés), 110 nationalités, 170 prêtres et 162 religieuses, 41 ordres religieux ou congrégations, 36 nationalités. Chaque dimanche, la sainte messe est célébrée en 26 langues et 9 rites différents dans tout le pays. 44 paroisses, dont certaines ont la superficie de la Belgique ou de la Suisse recouvrent l’ensemble du territoire (450.000 km2) pour 9,8 millions d’habitants.
Une Eglise jeune et dynamique
Le Saint-Père rencontrera une Eglise jeune et dynamique : 35% moins de 25 ans, 55% entre 26 et 64 ans, et seulement 10% de plus de 65 ans. D’où viennent nos catholiques ? Par ordre d’importance: Pologne, Amérique Latine, Moyen-Orient (Irak, Syrie, Liban, Arménie), Croatie, Philippines, Vietnam, Corée, Inde, Ethiopie, Afrique… et 10.000 Suédois de souche, tous convertis du protestantisme.
Si en 1976, 94% des Suédois étaient membres de l’Eglise luthérienne de Suède, il ne sont plus que 62% en 2016. Ce phénomène de sécularisation est devenu plus marquant après la séparation entre l’Eglise et l’Etat en l’an 2000. 85% des Suédois se disent « sans religion » ou « non croyants », même si par tradition, ils restent membres de l’Eglise Suédoise et payent leur contribution ecclésiastique.
Nos catholiques sont très pratiquants, entre 25 et 35% selon les paroisses, très fidèles à l’enseignement de l’Eglise et assez conservateurs. Les convertis sont en grande partie issus du monde académique, artistique, ecclésial (ancien pasteur ou enfants de pasteurs) et sont très présents sur les réseaux sociaux, alors que la grande majorité de nos catholiques témoignent de leur foi auprès du Suédois moyen dans la vie de tous les jours, où à l’occasion des fêtes chrétiennes dont l’origine ou le sens échappent désormais au plus grand nombre.
600 catéchistes bénévoles prennent en charge l’éducation religieuse de nos enfants, avec le soutien de notre centrale catéchétique qui assure la publication des parcours (9 ans de « KT »!) et la préparation aux sacrements, ainsi que la formation des adultes. Dans chaque paroisse, la Caritas locale prend en charge le travail auprès des nombreux réfugiés. Nous défendons bien-sûr le droit à la vie de la conception jusqu’à la mort naturelle, avec le soutien d’un organisme diocésain, “Respekt”, qui, en plus des publications, intervient souvent par des conférences ou des débats sur la bioéthique.
Une croissance de 3,5% chaque année
Notre petit diocèse assure tous les services d’Eglise grâce à la contribution de nos fidèles (1% sur le revenu imposable retenu à la source) et l’aide financière importante de l’Eglise d’Allemagne (Bonifatiuswerk, Ansgarswerk). Cela nous permet entre autres de construire de nouvelles églises ou d’en acquérir, le nombre de nos fidèles augmentant chaque année de 3,5%, d’avoir une maison d’édition, “Veritas”, et de prendre en charge le clergé et une quarantaine d’employés.
Trois écoles primaires et secondaires, 3 écoles pour adultes dont celle de Malmö ( ville où le Pape célébrera la messe de la Toussaint) qui accueille une centaine de femmes musulmanes, et une faculté catholique de théologie et de philosophie,” Newman Institut” et la revue Signum, tenue par les pères jésuites, assurent l’Enseignement catholique.
Marie-Elisabeth Hesselblad, deuxième sainte de Suède
Un défi majeur reste le travail pour l’unité des chrétiens. Ensemble, nous voulons témoigner de la Bonne Nouvelle du Salut dans notre société très sécularisée mais aussi en recherche de sens, de spiritualités et même d’expériences mystiques, mais pas forcément chrétiennes. Dans ce contexte, l’Eglise catholique est de plus en plus perçue comme une institution solide, universelle et pérenne, avec le pape François qui a déjà conquis le cœur de nombreux Suédois en nous donnant, le 5 juin dernier, la deuxième sainte du pays : Sainte Marie-Elisabeth Hesselblad, fondatrice d’une nouvelle congrégation de soeurs Brigittines et apôtre de l’unité des chrétiens.
Père Pascal-René Lung, (o.p.), prêtre responsable
Katolska Biskopsämbetet
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— Église Catholique (@Eglisecatho) October 27, 2016
Du 31/10 au 1er/11, le pape François se rend en #Suède pour la commémoration commune de la #Réforme. pic.twitter.com/rWJv09n6eH