Benoît XVI et la liturgie
La liturgie est un sujet cher à Benoît XVI. Retenons trois points parmi ses nombreuses interventions : son livre L’esprit de la liturgie (2001); son exhortation apostolique sur l’eucharistie, Le sacrement de l’amour (février 2007), son motu proprio Summorum pontificum (juillet 2007). Par le Père Bruno Mary, ancien directeur du Service national pour la pastorale liturgique et sacramentelle en France.
Avant son pontificat, le cardinal Ratzinger publie L’esprit de la liturgie [1] en 2001. Le titre reprend celui d’un livre d’un théologien allemand Romano Guardini, publié en 1918. Ce théologien marqua le Mouvement liturgique allemand puis la pensée du cardinal Ratzinger. Par ce livre, le cardinal veut contribuer à une meilleure intelligence de la foi et de sa juste célébration en liturgie, qui est la forme privilégiée de son expression. [2] Il dénonce l’un des principaux travers de l’action liturgique qu’est l’auto-célébration et souhaite que le ministre et l’assemblée qui célèbrent, se tournent vers le Seigneur.
Suite à sa première encyclique Dieu est amour (2005), et à la 11e Assemblée générale ordinaire du synode portant sur : L’eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Église (octobre 2005), Benoît XVI publie une exhortation sur l’eucharistie : le sacrement de l’amour en février 2007. Le pape présente l’eucharistie comme étant la célébration du mystère pascal et un acte de foi en la mort et la résurrection du Christ. L’Église se reçoit de l’eucharistie et y nourrit sa foi. L’eucharistie est à vivre tant au plan personnel qu’au niveau de la société toute entière. ‘Il est donc nécessaire que, dans l’Église, ce très saint Mystère soit vraiment objet de foi, célébré avec dévotion et vécu intensément. Le don que Jésus a fait de lui-même dans le Sacrement mémorial de sa passion nous atteste que la réussite de notre vie réside dans la participation à la vie trinitaire, qui en Lui nous est offerte de façon définitive et efficace. (§ 94) Benoit XVI promeut l’adoration eucharistique qu’il articule à sa célébration.
Enfin, quelques mois plus tard, en juillet, parait le Motu proprio Summorum Pontificum. Benoît XVI décide que : le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la ‘lex orandi’ [3] de l’Église catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par saint Pie V et réédité par le bienheureux Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même ‘lex orandi’ de l’Église et être honoré en raison de son usage vénérable et antique. Ces deux expressions de la ‘lex orandi’ de l‘Église n’induisent aucune division de la ‘lex credendi’ de l’Église ; ce sont en effet deux mises en œuvre de l’unique rite romain. [4] Cette décision est assortie de modalités (conditions) de mise en œuvre. Dans une lettre adressée aux évêques, Benoit XVI exprime son désir de parvenir ainsi à une réconciliation interne au sein de l’Église.
L’importance de la liturgie
Le pape Benoît XVI, convaincu de l’importance de la liturgie dans la vie des fidèles, s’est efforcé durant sa vie à les faire entrer dans l’esprit de la liturgie : ses nombreuses homélies s’appuyant sur le rite en témoignent. La liturgie, lieu de rencontre avec Dieu et avec les hommes, est donc un moment d’action de grâce et de conversion. Notamment dans l’eucharistie, la liturgie est source et sommet de la vie chrétienne personnelle et ecclésiale. Face aux oppositions qu’elle peut malheureusement susciter, il s’est efforcé d’en faire un lieu de réconciliation où tous ont à se recevoir de Dieu. Enfin, en respectant les normes liturgiques, il convient surtout de vivre la liturgie de l’intérieur comme y invite cet adage : ‘Ut mens concordet voci’ : que l’esprit s’accorde à la voix.
[1] : Traduction française : ‘L’esprit de la liturgie’, Genève, Ad Solem, 2001
[2] : Esprit de la liturgie, p. 10
[3] : C’est-à-dire la loi de la prière. Elle s’articule sur la ‘lex credendi’ c’est-à-dire la loi de la foi. La liturgie exprime la foi de l’Église.
[4] : Article 1 de ce Motu proprio