Richard Lavigne, la prison chemin d’humanité et de foi
S’engager dans l’Église ! Pourquoi pas, mais « aux frontières ». C’est ce qu’avait déclaré Richard Lavigne lors d’un dîner avec un ami prêtre en évoquant sa future vie de retraité.
Deux ans plus tard, revenu sur Périgueux, l’ancien homme de presse (directeur de La Dordogne Libre puis de Centre Presse et président de la Commission de la Carte), s’est vu proposer au pied levé, en 2012, la responsabilité de l’aumônerie de la maison d’arrêt de Périgueux et du centre de détention de Neuvic (à 30 km). Car avec le Centre de Détention de Mauzac -dont un ancien médecin, est aumônier- le département de la Dordogne compte trois établissements pénitentiaires.
« Je n’avais jamais poussé la porte d’une prison, j’ai accepté sans savoir », raconte Richard Lavigne. Sept ans plus tard, ce laïc de 67 ans y consacre quatre demi-journées par semaine, sans compter la messe tous les 15 jours (le matin à Neuvic, l’après-midi à Périgueux). « C’est très prenant », mais Richard, engagé au sein des fraternités laïques dominicaines, n’hésite pas à citer le dominicain Jean-Joseph Lataste[1] qui, de retour d’une retraite auprès des détenues de la prison de Cadillac (Gironde) s’exclamait : « J’ai vu des merveilles ! ». Richard s’en explique : « J’assiste à des merveilles de solidarité et de beaux chemins d’humanité et de foi. Cette année pour Pâques nous allons ainsi vivre deux baptêmes et une entrée en catéchuménat. Avec tous ces détenus, ceux qui croient au ciel et la majorité qui n’y croit pas ou ne sait pas toujours à quelle Église ils appartiennent, je vis de très belles rencontres ».
Dans la liste des « merveilles », Richard tient à ajouter la dimension œcuménique (les partages avec l’aumônerie protestante pendant la Semaine Sainte) et interreligieuse (avec l’aumônerie musulmane et même avec les Témoins de Jéhovah) ainsi que le partenariat avec l’État à travers les relations avec l’administration pénitentiaire. La prison en tant qu’« école magnifique de la laïcité ».
S’il se réjouit que Mgr Mousset soit « extrêmement attentif à cette réalité » autant par sa participation à des célébrations que dans ses homélies, Richard avoue qu’« il lui arrive de rêver que tous les prêtres, les diacres viennent au moins une fois célébrer en prison » et aussi que les communautés chrétiennes, dont ils sont les ambassadeurs, soient plus attentives à l’accompagnement et à la sortie. Avec 1200 détenus, « soit le double par an compte-tenu du turn-over », la pastorale des prisons manque cruellement d’aumôniers et d’équipes associées. Ces équipes qui « rencontrent, consolent, relèvent, écoutent surtout ». Dans ce diocèse où St Vincent de Paul, aumônier des galériens, fut ordonné prêtre à 15 km de Périgueux, Richard résume ainsi leur mission et la sienne : « Montrer aux détenus qu’ils ont plus de valeur aux yeux de Dieu que les actes qu’ils ont pu commettre et qu’ils sont aimés par Lui et par l’Église que nous représentons ».
Chantal Joly
[1] Fondateur des Sœurs Dominicaines de Béthanie. Béatifié en 2012.
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