« Le diacre s’insère là où il vit et travaille »
Depuis novembre 2017, Yves Lebaudy est diacre permanent dans le diocèse de Bayeux-Lisieux. À 59 ans, cet agriculteur de La Graverie (Bocage Virois) a reçu une lettre de mission de Monseigneur Jean-Claude Boulanger : il gère le pôle rural du diocèse. Il nous livre sa vision du diaconat et les réalités du monde agricole.
Concilier l’Église et le monde rural. Telle est la feuille de route d’Yves Lebaudy depuis plus de six mois. Ordonné diacre permanent dans le diocèse de Bayeux-Lisieux le 12 novembre 2017, il se réjouit de la nouvelle mission que Monseigneur Boulanger lui a donnée, celle d’être attentif aux réalités du monde rural.
Assurer une présence dans le monde rural
Par son enracinement dans la vie civile, Yves Lebaudy est bien placé pour comprendre les souffrances du monde rural. En tant que « paysan », il est touché par ses réalités : stress, isolement, soucis financiers, actes suicidaires… « Je suis reconnu dans ce milieu ce qui permet des discussions et de faire ensuite remonter les informations auprès de l’évêque, des prêtres et aussi au conseil paroissial la réalité de la vie de famille au quotidien. » La mission diaconale – en pôle rural – revêt une place toute particulière. « L’Église a une certaine difficulté, elle a de moins en moins de prêtres. Elle s’est un peu plus éloignée de la base, » constate-t-il. « De par son engagement, le diacre accompagne les offices mais aussi les familles en deuil et les jeunes pour la préparation au mariage, explique-t-il. Sa première mission, c’est de s’insérer là où il vit et travaille. C’est aussi être témoin, à l’écoute de l’autre et au service du Christ. »
Il s’agit pour Yves Lebaudy de vivre son engagement non seulement au travers de son diaconat mais aussi au travers de son activité professionnelle, dans laquelle il met en pratique les principes développés dans l’encyclique du Pape François, Laudato Si’. A savoir comment concilier exploitation et protection de la terre.
Le projet d’installation d’usine de méthanisation
Le monde agricole n’a plus de secrets pour lui. Yves Lebaudy initie en 2008 avec des collègues un projet d’usine de méthanisation sur le bassin virois à travers un Groupement agricole d’exploitations en commun (GAEC). Un projet qui fédère 80 personnes et la Chambre d’agriculture du Calvados. L’opération consiste à valoriser les énergies renouvelables à partir des déchets, du lisier et du fumier, riches en méthane et qui pourront alimenter quelques industries viroises. Après de nombreuses difficultés, le projet est relancé en 2012. De fil en aiguille, à force de persévérance, il « espère donner le premier coup de pelle cet été avec la signature définitive du préfet. » L’usine de méthanisation se veut innovante car elle utilise à la fois les énergies fatales et l’augmentation de la chaleur par des pompes à chaleur (NDLR. à partir de 70 degrés).
De la « valeur ajoutée »
L’objectif est de développer de la valeur ajoutée sur le territoire. « Le secteur agricole a réalisé plus de progrès que l’industrie mais la valeur ajoutée nous a échappée », regrette-t-il. Il s’agit également de redorer l’image de l’agriculture à travers le développement durable, d’assurer une capacité de stockage et de mutualiser les surfaces d’épandage.
Des 40 agriculteurs investis dans le projet, tous ne disposaient pas du même apport financier. « Mais nous n’avons écarté personne, précise-t-il. Certains ont contribué à hauteur de 4000 euros et d’’autres ont investi 80 000 euros. » Point de départ indispensable pour lancer le projet.
Mobiliser les talents de chacun
Tenir sur la durée. En huit années, la démarche connait moult rebondissements. Il réduit son exploitation ce qui lui permet de s’investir et de fédérer autour du projet de méthanisation. Sa foi lui permet d’affronter les épreuves : convaincre les banques, gérer les problèmes administratifs mais aussi les relations humaines. « Le projet devait aboutir, j’avais un engagement moral par rapport aux 80 personnes. » Son expérience au sein de la Chambre d’agriculture l’a grandement aidé, car il a une bonne connaissance du terrain et des institutions. « J’essaie de mettre en œuvre ma foi dans l’action quotidienne pour être en cohérence avec mes engagements, dans l’écoute de l’autre, la gestion des conflits et le respect des personnes. »
Carte des diocèses
Vous trouverez sur cette carte les informations détaillées de chaque diocèse en cliquant sur la zone correspondante.
Attention : ne pas confondre diocèse et évêché.
L'évêché est le lieu de résidence de l'évêque.
Le diocèse prend le nom du lieu où se trouve la cathédrale.