Le rayonnement caché des moniales de Bethléem au Val Saint Benoit
Fondé en 1236 par Gauthier de Sully à la suite d’un vœu à la Vierge Marie, le prieuré du Val saint Benoît où s’étaient établis les moines de l’Ordre du Val des Choux, avant d’être confisqué au début du XVIIIe siècle puis abandonné, revit grâce à des moniales de la Famille monastique de Bethléem [1].
Une existence de « désert » au cœur de la forêt épaisse des Battées. Au bout d’une longue piste qui semble mener au bout du monde apparait soudain, enfouie dans un vallon, la très belle église romane classée monument historique, où une communauté de religieuses rayonnantes chante et célèbre la liturgie deux fois par jour. Les visiteurs qui arrivent jusque là peuvent se joindre à cette liturgie puisée à la double tradition latine et orientale ou se glisser silencieusement dans l’adoration des moniales, le saint Sacrement étant exposé tous les jours en semaine, sauf le lundi, jour de désert. Le monastère Notre-Dame du Val d’Adoration porte bien son nom.
Une commune solitude en Dieu
Équilibrer la vie solitaire et la vie communautaire, unifier « la vie du ciel et une plénitude d’humanité », c’est ce que permet leur vie ordinaire. « Nous sommes, expliquent-elles, une communion de solitaires. L’amour fraternel est vital pour nous et vient authentifier notre commune solitude en Dieu ». Actuellement la communauté est composée de 17 sœurs, les quatre plus jeunes étant dans un autre monastère de Bethléem pour deux ans de formation dans le cadre de leur noviciat.
À proximité de l’église, un cloître d’ermitages tapissés de bois, exprime cette vie à la fois de solitude et de communion reçue de la sagesse de vie de saint Bruno. Car ces moniales ne sont pas des ermites et n’appartiennent pas à l’ordre cartusien [2]. Si du mardi au vendredi, chacune vit, prie, mange, et quand c’est possible travaille dans sa cellule, elles se rassemblent le samedi pour le chapitre et le dimanche pour un repas communautaire, suivi d’une marche dans la nature et d’une veillée fraternelle. Le lundi est un jour de désert, la communauté ne se retrouvant que pour la messe.
Leur « réclusion » est toute relative. « D’ici on entend le TGV, on ne peut oublier le monde. On bénit les passagers qui passent » commente l’une d’elles. C’est une petite oasis pour des groupes qui viennent y prier : catéchistes, confirmands, scouts… et des retraitants individuels attirés par la paix du lieu. Tous bénéficient de la modeste hospitalité des moniales à la vie rustique toute simple. Pour elles « solitude rime avec multitude ». C’est toute l’humanité « qui pénètre notre intercession, nos combats, la pauvre offrande de nos vies, nous unissant modestement au désir brûlant de Jésus qu’aucun de ces petits ne se perde, des plus proches aux plus lointains ».
Une petite source enfouie au cœur du diocèse
Pour gagner leur vie elles produisent de la faïence décorée, des sirops et des confitures faites maison et des icônes, artisanat vendu dans la boutique à l’entrée du monastère avec également les productions des autres monastères de Bethléem. Mais les passants n’étant pas très nombreux elles essaient de faire des ventes dans la région, aidées par des amis, notamment la vente de Tournus abritée tous les étés dans la salle capitulaire de l’abbatiale saint Philibert.
La communauté est tout à fait ancrée dans le terreau diocésain : les sœurs participent aux journées qui réunissent les consacrées du diocèse, cette année à Taizé. Elles ont réfléchi aux propositions du synode et envoyé une réponse communautaire au questionnaire. Elles se distribuent les intentions de prière transmises par l’aumônerie de l’hôpital d’Autun. « Nous sommes au cœur du diocèse et le diocèse est au cœur de notre prière. »
Ceux qui ont connu ce site avant l’arrivée des premières sœurs ayant répondu à l’appel de l’évêque d’Autun en 1982, n’en reviennent toujours pas de la métamorphose. Touchés par ces pionnières aux mains nues, et heureux de voir ce site retrouver sa vocation première, les habitants de la région se sont mobilisés. « Grâce à une active chaîne de solidarité, le miracle de la reconstruction a pu avoir lieu » se rappellent les sœurs reconnaissantes. Aujourd’hui le Val saint Benoît est devenu un lieu source qui permet des conversions, des cheminements, des prises de recul, des pauses. Un lieu de retour aux racines chrétiennes d’une terre particulièrement clémente pour la vie monastique et la vie consacrée. Persuadées « qu’on peut aussi évangéliser par la beauté de l’art sacré », elles participent depuis quatre ans aux Journées du Patrimoine. Ce qui est certain, c’est que les moniales présentes dans cet endroit ont le don de rendre leur foi radieuse et communicative.
Chantal Joly
[1] Fondée le 1er novembre 1950 à Rome.
[2] Ordre des Chartreux (en latin : Ordo Cartusiensis) de type semi-érémitique, fondé en 1084 par saint Bruno et six compagnons.
Une congrégation vouée à l’adoration
D’où sortent ces petites sœurs enfoncées dans leur capuchon blanc ? Fondées en l950 dans la grâce du dogme de l’Assomption, cette Famille monastique de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de saint Bruno, n’a pas reçu dans l’Église d’autre responsabilité que de vivre une vie de divine contemplation, à l’école de la Vierge glorifiée demeurant dans la Très Sainte Trinité « dans le plus grand amour des Personnes Divines et des personnes humaines » ( extrait du décret approuvé par Jean Paul II qui les érigea de droit pontifical en 1998). http://www.bethleem.org/
Carte des diocèses
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