La coopération missionnaire entre Saint-Denis et le diocèse d’Owando
Le Père Jacques Meunier, 78 ans, prêtre ainé du diocèse de Saint-Denis et le Père Borice Mokele, prêtre étudiant résidant de la paroisse Notre-Dame du Rosaire des Lilas incardiné dans le diocèse d’Owando (Congo Brazzaville) symbolisent le jumelage. De cette rencontre est née une solide amitié et un jumelage entre le diocèse de Saint-Denis et le diocèse d’Owando. Moments fraternels de la vie ecclésiale du diocèse de Saint-Denis.
REPORTAGE
« La coopération, c’est s’ouvrir à la dimension missionnaire et universelle », explique le Père Jacques Meunier, prêtre aîné du diocèse de Saint-Denis, chargé depuis trois ans de la coopération missionnaire. En cette fin du mois de juin, le Père Jacques Meunier vient saluer une dernière fois, son ami, le Père Borice Mokele à la paroisse Notre-Dame des Lilas.
Après une dernière année de thèse en psychopathologie clinique à l’Université de Strasbourg, ce prêtre étudiant de 42 ans prépare ses cartons pour finaliser son déménagement. Rappelé par son évêque, Monseigneur Victor Abagna-Mossa, il s’apprête à repartir dans le diocèse d’Owando (Congo-Brazzaville) pour devenir le directeur du séminaire Saint Pie X à Makoua. Il succède au Père Julien Ndinga.
La création du jumelage Saint-Denis-Owando
Depuis trois ans, l’histoire du jumelage entre Saint-Denis et Owando est celle d’un succès. Aujourd’hui, on compte de nombreuses réalisations en termes d’éducation, santé ou pastorale. C’est pourtant l’histoire d’une rencontre fortuite entre l’évêque de Saint-Denis, Monseigneur Pascal Delannoy et l’évêque d’Owando, Monseigneur Victor Abagna-Mossa qui a permis de lancer cette collaboration franco-congolaise. De passage en France, en 2014, Monseigneur Victor Abagna-Mossa rend visite au Père Stanislas Ebara-Etou, un prêtre étudiant résidant à Montreuil et en profite pour rencontrer l’évêque de Saint-Denis.
En parallèle, le Père Jacques Meunier fête ses 75 ans en 2014. « J’étais frappé par la limite d’âge, précise-t-il. Le vicaire général m’a demandé d’émettre des souhaits pour ma retraite. Un projet de jumelage était en cours mais aucune démarche n’avait été entreprise. Le diocèse avait seulement lancé une réflexion en fonction de la population locale présente en Seine-Saint-Denis et des prêtres étrangers installés dans le diocèse. » Le Conseil épiscopal appuie la demande du Congo Brazzaville. La communauté africaine étant très importante en Seine Saint-Denis, le choix de ce pays était une motivation supplémentaire. « Les Congolais de Brazzaville n’ont pas de communautés et sont peu représentés sur le diocèse alors que les Congolais provenant de la République Démocratique du Congo (RDC) ont une communauté qui se réunit chaque dimanche à l’église Saint-Charles du Blanc-Mesnil», résume le Père Borice Mokele.
Monseigneur Pascal Delannoy nomme le Père Jacques Meunier délégué à la coopération missionnaire, et lui remet une lettre de mission. En plus du jumelage entre Saint-Denis et Owando, il est en charge de la Journée missionnaire mondiale en 2019 initiée par le Pape François, de l’accueil des neufs prêtres étrangers, des vingt prêtres étudiants, de la Journée des collégiens (5e et 6e) à Lisieux.
La concrétisation du jumelage
Le Père Jacques Meunier croise en 2014 une première fois le Père Borice Mokele à Notre-Dame des Otages (Paris XXe) lors d’un repas dominical sans savoir qu’ils se reverront quelques temps plus tard au Congo Brazzaville. Ils se retrouvent début 2016 à Owando. « Monseigneur Victor m’avait transmis les coordonnées de deux prêtres du diocèse pour que je puisse prendre contact avec eux : le Père Borice, devenu entretemps curé de la cathédrale Christ-Roi d’Owando et le Père Julien directeur du moyen séminaire. » Le Père Jacques se rend six semaines au Congo Brazzaville où il est hébergé par les prêtres. « Ils m‘ont fait visiter le diocèse. C’est un territoire de 400 000 habitants très étendu qui est situé au cœur de la cuvette congolaise, à la fois entre le fleuve et la forêt équatoriale. »
Le jumelage prend forme en juillet 2016 quand une délégation du diocèse se rend une semaine au Congo Brazzaville. Un moment symbolique. « Il a ordonné avec son homologue Mgr Victor Abagna-Mossa trois prêtres et trois diacres à Owando, explique le Père Jacques Meunier. Mgr Pascal Delannoy porte bien la dimension de la solidarité intercontinentale. « Il a été invité dans plusieurs pays comme le Rwanda ou le Burkina Faso. Il a conscience qu’il faut aider le diocèse à s’ouvrir à un dynamisme missionnaire. »
Vers un dynamisme missionnaire
En plus des échanges de prêtres et de missionnaires, les relations de jumelages reposent essentiellement sur des actions éducatives, sanitaires et pastorales. « Ces trois champs d’action sont nécessaires. L’Église a une présence utile et importante », rappelle le Père Meunier. « À la demande de l’évêque d’Owando, deux délégués diocésains de l’Enseignement catholique de Saint-Denis ont passé une semaine en février pour rencontrer leurs homologues. Ils ont visité trois écoles, explique le Père Jacques Meunier. Ils souhaitent bénéficier de notre expérience et travailler à une formation des cadres de l’enseignement catholique dans leur diocèse. » Le diocèse de Saint-Denis s’est engagé également à aider des prêtres à obtenir leur carnet de santé.
Processus de réciprocité
Le Père Jacques a des idées plein la tête. L’œuvre missionnaire devrait trouver un nouveau souffle avec l’établissement de passerelles entre des classes de l’Enseignement catholique du diocèse de Saint-Denis et celles du diocèse d’Owando. Dans un échange de compétences, il va aussi proposer à des étudiants ou à des jeunes retraités qui envisagent une année de césure de se rendre dans le diocèse d’Owando. L’objectif : proposer à des volontaires d’enseigner l’anglais dans les établissements scolaires et le moyen séminaire ou travailler en tant que laborantins dans les dispensaires médicaux.
Dernier volet et non des moindres, celui de l’ouverture sur le monde. « Je souhaiterais que les trente prêtres étudiants qui viennent réaliser un remplacement d’été chaque année racontent ce qu’ils vivent dans leur pays. Il s’agit d’interpeller les populations du 93 et de donner à entendre des situations pour que ça nous ouvre à la dimension du monde », rapporte-t-il. Les paroisses de Seine-Saint-Denis sont multi-ethniques et les fêtes diocésaines se multiplient. « Nous avons à nous enrichir de la diversité. Comment ouvrir les communautés chrétiennes ou le diocèse à l’accueil des autres ? En multipliant les témoignages et en vulgarisant l’histoire des pays. » Le Père Jacques Meunier et le Père Borice Mokele ont la même ambition, celle de favoriser l’information et la responsabilité de l’Église comme témoin évangélique d’une démarche de paix.
Carte des diocèses
Vous trouverez sur cette carte les informations détaillées de chaque diocèse en cliquant sur la zone correspondante.
Attention : ne pas confondre diocèse et évêché.
L'évêché est le lieu de résidence de l'évêque.
Le diocèse prend le nom du lieu où se trouve la cathédrale.