Mgr Jean Rodhain (1900-1977)

L’intuition et la créativité au service des plus pauvres. Attentif aux pauvres et aux exclus, ce prêtre du diocèse de Saint-Dié est à l’origine du Secours catholique et de son développement dans le monde au travers des Caritas.

Mrg Rodhain

C’est par le diocèse de Saint-Dié, dont j’ai été évêque pendant dix-neuf ans, que j’ai connu le P. Jean Rodhain qui était lui-même incardiné au clergé de Saint-Dié. Quand je suis arrivé dans le diocèse, il n’y était plus présent, mais son souvenir était resté très fort, en particulier à la paroisse Saint-Maurice d’Épinal dont il avait été vicaire. Il est resté d’ailleurs fidèle au diocèse, notamment en aidant discrètement, par des gestes d’entraide, les prêtres en difficulté.

Devenu aumônier de la JOC dans les années trente, il s’est fait connaître au plan national en contribuant de manière remarquable à l’organisation du dixième anniversaire du mouvement au Parc des princes. Autoproclamé, non sans audace, aumônier militaire pendant l’occupation allemande, il visite les camps de prisonniers, muni de sa « valise-chapelle », créant par là même l’Aumônerie des prisonniers de guerre.

À la sortie de la guerre, l’Épiscopat réorganise les œuvres de service et d’entraide. C’est alors que le P. Rodhain fonde le Secours catholique, en y intégrant notamment le comité catholique accueillant les réfugiés espagnols chassés par la guerre civile dont le Secours catholique est en quelque sorte l’héritier.
J’ai surtout rencontré le P. Rodhain pendant que j’étais président de la Conférence des évêques de France. Les locaux de la Conférence et du Secours catholique étaient déjà à cette époque situés à la même adresse, rue du Bac, à Paris. Bien souvent, il me faisait la faveur d’attendre que j’aie fini de dire la messe pour venir « prendre son petit-déjeuner avec son évêque ». Il a également accepté de célébrer les cinquante ans de son sacerdoce presbytéral dans ma chapelle privée, à Épinal. Ce fut un moment fort émouvant pour lui.

Le P. Jean Rodhain était un homme d’intuition et de grand cœur, très réservé dans l’expression de ses sentiments. J’ai été impressionné par la créativité de sa personnalité, y compris en ce qui concerne les moyens matériels. Par exemple, il avait demandé l’installation d’une ligne téléphonique privée supplémentaire dans sa chambre pour être contacté en cas de besoin urgent, ce qui était très exceptionnel il y a plus de trente ans.

Le P. Rodhain avait une dévotion particulière pour Lourdes. Il a été à l’origine de la construction de la Cité Saint-Pierre, dont il a souhaité faire un lieu particulièrement beau « pour les pauvres gens ». Les bénévoles et les séminaristes s’y relayaient. C’est d’ailleurs dans cette Cité Saint-Pierre de Lourdes qu’il aimait tant qu’il meurt, après avoir écrit deux « Je vous salue Marie », le premier reprenant les mots exacts de la prière et le second s’achevant par « et à l’heure de la mort ». C’est dans le jardin de cette même Cité Saint-Pierre qu’il sera enterré, en toute humilité.

Mgr Jean Vilnet, évêque émérite de Lille

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Jean Rodhain et l’Aumônerie générale des Prisonniers de guerre

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Monseigneur Jean Rodhain (1900-1977) met en place dès l’été 1940 l’Aumônerie des prisonniers de guerre. Il organise le secours spirituel pour les prisonniers en Allemagne (oflags et stalags) et fait parvenir à ses confrères détenus des « valises-chapelles » dotées d’hosties, de vin de messe, de linge d’autel, de missels ou d’Évangiles… Lumière sur l’histoire du « Diocèse des barbelés » grâce aux archives de l’Aumônerie générale des prisonniers de guerre, conservées actuellement au Centre national des archives de l’Eglise de France (CNAEF).

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