Tunique d’Argenteuil, des grâces de paix intérieure

Vénérée depuis des siècles aussi bien par les rois de France que par les plus humbles pèlerins, la sainte Tunique d’Argenteuil est au cœur veillées « Eleison » de prière, guérison, libération, proposées à la basilique Saint-Denys. L’abbé Guy-Emmanuel Cariot, recteur et curé de la paroisse, témoigne de leur grâce de miséricorde. Article extrait de la revue « Église en périphérie » (2019). Vous pouvez la vénérer ce week-end (17 mars 2024), à la basilique Saint-Denys d’Argenteuil (diocèse de Pontoise).

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Rythmée par les Kyrie eleison entonnés par la chorale et repris avec ferveur par la foule, la procession parcourt à pas lents la nef. Pendant plus de vingt minutes, ce long fleuve humain de près de 600 participants – dont de nombreux Antillais et deux tiers de personnes venues de diocèses voisins – s’écoule ainsi, saisissant de gravité et de recueillement. Pendant qu’à différents points de la basilique des fidèles se présentent à des prêtres pour recevoir le sacrement de la réconciliation.

Symboliquement, pour cette première veillée de l’année 2019, le parcours traverse de gauche à droite le transept, « du bois de la crèche au bois de la croix, comme un résumé de la vie de Jésus », ainsi que l’explique le recteur, l’abbé Cariot. Parvenus devant l’autel de la sainte Tunique, les pèlerins remettent à un bénévole leurs bougies puis déposent dans une corbeille les intentions de prière et de libération qui seront honorées lors de la messe du vendredi matin. Puis chacun passe par le passage aménagé dans l’autel et vient vénérer – en se prosternant ou en l’embrassant – le reliquaire tenu par un prêtre de la basilique encadré de deux chevaliers de l’Ordre du Saint-Sépulcre (1) avant de regagner sa place. La veillée, qui s’est ouverte avec la lecture de la Parole de Dieu, se poursuit par trois séries de litanies. (pour les personnes malades, pour leur guérison, pour la libération des âmes tourmentées), un long temps d’adoration eucharistique dans un impressionnant silence avant de se conclure par un chant à Marie et une invitation à venir confier les grâces reçues au cours de cette soirée.

La basilique déserte, les lumignons prolongeront la prière des fidèles, incarnant – ainsi que l’a exprimé le recteur en commençant son homélie – « le désir de l’aube de celui qui veille d’un souffle paisible et serein, sûr qu’il est de l’accomplissement de la promesse. »

À la charnière du matériel et du spirituel

Cette grâce d’une « paix intérieure visible, palpable » est ce qui avait le plus frappé l’abbé Cariot lors de l’ostension exceptionnelle de 2016 pour les 150 ans de la basilique, les 50 ans de la création du diocèse de Pontoise et le Jubilé de la miséricorde. 230 000 personnes en quinze jours, 24 évêques et 4 cardinaux ! Une ferveur « saine, sans débordements ; j’étais le plus heureux des hommes », se souvient l’abbé Cariot. Et il raconte : « Je voyais dans la foule un enfant tamoul près d’un vieux colonel versaillais, l’aumônerie de Sarcelles aux côtés de la fraternité Saint-Pie-X, j’étais assez fier et heureux de cette Église bigarrée ».

La Tunique symbolise toute la Passion du Christ et sa victoire sur le mal

Cette mixité se retrouve lors des soirées « Eleison » avec des assemblées mélangeant gens du voyage, handicapés, personnes tourmentées (sur lesquels veille une équipe d’« anges gardiens »), personnes en bonne santé venant prier pour tous ceux qui sont dans l’angoisse d’attente d’examens ou parce qu’on leur a annoncé un cancer, ainsi que pour leur guérison. Le groupe à l’origine de ces soirées en 2018 a perçu comme un encouragement la publication, par le SNPLS (Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle), du livre Protection, délivrance, guérison (2). Célébrations et prières.

« Eleison (“ Prends pitié ”), c’est un cri, la prière de supplication de ceux qui souffrent. Or, dans l’Écriture, on retrouve souvent les possédés et les malades dans le même verset. Les soirées Eleison visent à articuler ce cri », explique l’abbé Cariot, par ailleurs exorciste diocésain. La Tunique symbolise toute la Passion du Christ et sa victoire sur le mal, « il est le Bien qui se communique à nous quel que soit notre degré d’appartenance à l’Église ». Quant aux gestes de vénération traditionnels qui consistent à toucher ou embrasser le reliquaire, ils sont « à la charnière du matériel et du spirituel ». « Cette piété populaire, ajoute-t-il, il faut absolument la chérir car elle est un sas d’entrée dans la foi. »

  1. L’ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem est un ordre de chevalerie religieux, de droit pontifical, qui s’inspire des Croisades.Il est doté de la personnalité juridique canonique et est reconnu en France par la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur.
  2. Protection, délivrance, guérison. Célébrations et prières, Éd. Desclée/Mame, 2017, 22 euros.

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