Carême et Ramadan, est-ce la même chose ?
Au cours du temps de Carême, il n’est pas rare de l’entendre comparer au Ramadan des musulmans. Il est utile de prendre le temps de revenir à la signification propre de ces deux temps de jeûne pour en saisir toute la différence, sortir d’une « compétition » et se recentrer sur le cœur de ces démarches. Le Ramadan commence le 11 mars 2024.
Ramadan des musulmans, Carême des chrétiens : la ressemblance des deux démarches conduit sans doute quelques personnes à utiliser le vocabulaire chrétien qui nous est familier en parlant du « Carême des musulmans ». À la vérité, cette confusion du vocabulaire n’est pas sans signification : petit à petit, la culture française devient le cadre où se vit l’Islam des musulmans de France et le langage dans lequel il s’exprime. Les pratiques ainsi désignées par le même mot n’en demeurent pas moins très différentes.
Les chrétiens savent bien que le Carême est essentiellement une période de préparation à la fête de Pâques. Comme le peuple hébreu avait vécu au désert pendant quarante ans avant d’atteindre la terre promise, ainsi le peuple chrétien accepte une épreuve de quarante jours pour se préparer à la vie nouvelle que le Christ nous offre à nouveau, Lui qui est maintenant au-delà de la mort et de la souffrance. Il y a donc, dans le Carême chrétien une dimension de tension vers un évènement festif, une démarche de repentance pour nos refus et nos péchés. Plus récemment, l’accent s’est déplacé : les privations dans le boire et le manger se sont adoucies, l’insistance s’est faite plus forte sur la conversion intérieure et le partage.
Les fêtes de l’Islam, à l’inverse des fêtes juives ou chrétiennes, n’ont pas pour but d’évoquer l’Histoire passée ou à venir. Le Ramadan n’est pas la préparation d’une fête, ni le souvenir d’un évènement.
Éclairage du père Vincent Feroldi, prêtre du diocèse de Lyon.
Durant le mois de Ramadan, le croyant doit être à la recherche du pardon et du repentir. Il doit tout faire son possible pour attirer sur lui la Miséricorde Divine, en pratiquant et multipliant des œuvres pieuses. Il permet de purifier et de développer la conscience de sa relation avec Dieu. Ainsi ce mois d’abstinence permet au croyant d’adorer Dieu sans penser à autre chose qu’à Lui.
Avec le jeûne du mois de ramadan, le musulman découvre que tous ces actes sont sacrés. Il prend conscience de la grandeur de Son Créateur. Il mange, il boit, il aime en louant Son Créateur. Il élève son âme durant ce mois en étant détaché de son quotidien terrestre, prêt à faire le bien.
Le jeune est une école de vie, une école de patience. Durant ce “mois béni”, il n’est plus l’esclave de ses désirs et de ses plaisirs. Il se contrôle, réforme son comportement, s’éduque pour Dieu.
Temps de solidarité, le Ramadan permet au musulman de vivre des temps de convivialité, de fraternité, et de se mettre à la place du démuni, du pauvre, de celui-ci qui ne mange pas à sa faim. Il apprend à partager avec autrui. Le jeûne permet de plus de vivre pendant une journée ce que les pauvres vivent eux toute l’année, de prendre conscience de leur dénuement, et de raviver en soi l’idée qu’il est du devoir de ceux qui ont quelque chose d’aider ceux qui n’ont rien.
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