Les caractéristiques d’une communauté qui incarne la Civilisation de l’Amour

4 octobre 2016 : Mgr David MACAIRE, archevêque de Saint-Pierre et Fort de France (Martinique).

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Bonne nouvelle ! Les jeunes attendent de l’Église un « signe prophétique de communion dans un monde déchiré[1] ». C’est exactement LA CIVILISATION DE L’AMOUR QUE NOUS LEUR AVONS PROMISE au nom du Christ ![2]

1.       La vie fraternelle (1er critère) : des « communautés authentiques »[3], familiales[4], militantes contre les discriminations et charismatiques (où chacun discerne et épanouit sa vocation[5]) avec un clergé disponible et joyeux[6].

2.       L’expérience spirituelle intense : des liturgies profondes et des homélies adaptées.

3.       L’accompagnement individuel pour discerner son chemin personnel [7].

4.       Un discours moral ouvert et miséricordieux[8], équilibré[9], mais sans relativisme (sinon ils se tournent vers les évangélistes, l’Islam et les mouvements sectaires divers).

5.      L’envoi en mission et l’accueil de leurs projets. L’engagement pour l’écologie intégrale.

Mauvaise nouvelle : LA PLUPART DES COMMUNAUTÉS PAROISSIALES N’EST PAS ADAPTÉES AUX JEUNES[10]. Après le catéchisme et la Confirmation, ils désertent les paroisses pour d’autres types de « communautés » : religieuses, culturelles, sportives ou virtuelles… Pourquoi ?

·         Anonymat, « esprit de clocher », immobilisme… et des prêtres qui n’ont jamais le temps[11].

·         Les jeunes qui se sentent relégués au second plan[12] au moment le plus délicat de leur vie : on ne sait pas leur parler, on se méfie de leur génération et de leur culture[13]. Il y a peu de pastorale spécifique…

La structure paroissiale est pertinente, mais elle doit connaître une « conversion institutionnelle »[14]. Repenser la structure communautaire paroissiale et le ministère des prêtres est une des tâches de notre synode.

2éme Bonne nouvelle : dans l’Église catholiques d’autres expériences correspondent AUX NOUVELLES GÉNÉRATIONS. (Toutes ou presque sont dirigées par des laïcs et le ministère spécifique des prêtres[15] s’en trouve valorisé et libéré pour l’essentiel) :

  • Les rencontres internationales font vivre des expériences joyeuses et prophétiques de la Civilisation de l’Amour.[16]
  •  Les mouvements et les communautés[17] sont un modèle authentique, fraternel, missionnaire et intergénérationnel.
  • les paroisses étudiantes savent proposer des messes adaptées à la pratique et au rythme de vie de leur génération.
  • Les écoles et universités catholiques[18] offrent un accompagnement spécifique et personnalisé.
  • Les patronages ou les aumôneries misent sur la confiance aux initiatives des jeunes les actions variées, attractives[19] et adaptées à la culture des jeunes[20] (rencontre, musique, sport, internet…).

S’il faut une conversion institutionnelle[21], définissons pour finir LE CAHIER DES CHARGES DE CETTE COMMUNAUTE PROPHETIQUE[22] dont nous rêvons :

1.       Une communion de fraternités[23] de disciples missionnaires, dont le leadership matériel et organisationnel serait confié à des hommes ou des femmes, sous la responsabilité de pasteurs disponibles avant tout pour la rencontre.

2.       Une pastorale spécifique pour les jeunes (patronages, aumôneries, groupes, horaires…) avec un accompagnement personnel[24].

3.       Des expériences spirituelles[25] fortes dans une liturgie communautaire expressive et participative[26].

4.       Une mission basée sur un témoignage communautaire radical[27] par la rencontre[28], l’ouverture au dialogue avec miséricorde[29], et l’engagement de tous pour la gloire de Dieu et le salut du monde !

[1] IL 140. « Le parcours synodal, en tant que « chemin parcouru ensemble », contient une invitation pressante à redécouvrir la richesse de l’identité du « peuple de Dieu » qui définit l’Église comme un signe prophétique de communion dans un monde souvent déchiré par les divisions et les discordes. Dans cette dynamique, l’Église devra faire du dialogue son style de vie et sa méthode, en favorisant la conscience de l’existence de liens et de connexions dans une réalité complexe qu’il serait réducteur de considérer uniquement comme une réalité fragmentée. »
[2] IL 68. « D’innombrables Conférences Episcopales affirment que les jeunes désirent une Église « moins institutionnelle et plus relationnelle », capable d’« accueillir sans juger à l’avance », une Église « amie et proche », une communauté ecclésiale qui soit « une famille où l’on se sent accueilli, écouté, protégé et intégré ». Une Église miséricordieuse, qui reconnaisse ses racines et sa tradition, qui aime chacun, y compris ceux qui ne correspondent pas à ses standards » (RP 1).
[3] IL 175 « Une idée évangélique de communauté chrétienne.        Durant le SI, on a clarifié que l’expérience communautaire demeure essentielle pour les jeunes : si d’une part ils sont « allergiques aux institutions », il est tout aussi vrai qu’ils sont à la recherche de relations significatives dans des « communautés authentiques » et cherchent des contacts personnels avec des « témoins lumineux et cohérents »
[4] IL72. « La première concerne le thème de la fraternité : provenant de contextes fortement marqués par la compétition et l’individualisme, ils demandent une vie authentiquement fraternelle, dont le cœur repose sur les liens et les affections partagés ».
[5] IL 97.  « La vocation baptismale réalise son appel à être un signe réel de l’Évangile accueilli au sein d’une communauté fraternelle ».
[6] IL67 / RP 11. « une Église authentique. Nous voulons dire plus précisément à la hiérarchie de l’Église, qu’elle devrait être une communauté transparente, accueillante, honnête, attirante, accessible, joyeuse, une communauté qui communique et où chacun peut participer »
[7] IL 1. « L’Église est invitée à accompagner tous les jeunes, sans exception, vers la joie de l’amour ».
[8] IL 53. « Les études sociologiques montrent que beaucoup de jeunes catholiques ne suivent pas les indications de la morale sexuelle de l’Église. La question de la sexualité doit être discutée plus ouvertement et sans préjugés ».
[9] IL 59 & 60. « La déception institutionnelle et les nouvelles formes de participation 59. L’absence de leadership fiable, à différents niveaux et dans le domaine civil aussi bien qu’ecclésial, est souvent dénoncée par les jeunes. 60. Bon nombre de CE font remarquer que, dans un contexte d’insécurité et de peur de l’avenir, les jeunes se relient non plus à des institutions en tant que telles, mais aux personnes qui, en leur sein, communiquent des valeurs par le témoignage de leur vie. Tant au niveau personnel qu’institutionnel, cohérence et authenticité sont des facteurs fondamentaux de crédibilité. »
[10] IL 65. « Dans certaines parties du monde, de nombreux jeunes confirmés quittent l’Église » et elle reste loin de beaucoup. « Il est très important de comprendre ce phénomène pour aller de l’avant »
[11] IL 200. « Là où les prêtres sont libres des soucis financiers et organisationnels, ils peuvent se concentrer sur le travail pastoral et sacramentel qui touche la vie des personnes ».
[12] IL 66 & 33. « Les jeunes ont l’impression que dans l’Église on les considère comme trop jeunes et inexpérimentés pour prendre des responsabilités, comme s’ils n’allaient faire que des erreurs » (RP 7)
[13] IL 66 & 179. N°66 « le manque de préparation des ministres ordonnés qui ne savent pas comprendre correctement la vie et la sensibilité des jeunes ; le rôle passif attribué aux jeunes au sein de la communauté chrétienne ; le mal que l’Église a à répondre de ses positions doctrinales et éthiques devant la société contemporaine » N°179 « un grand nombre de pasteurs n’ont pas de sensibilité éducative. »
[14] IL 198. « Pour accompagner les jeunes dans leur discernement vocationnel, il ne suffit pas d’avoir des personnes compétentes, il faut aussi des structures d’animation appropriées non seulement efficaces et performantes, mais surtout attractives et lumineuses par le style relationnel et les dynamiques fraternelles qu’elles génèrent » Voir Evangelii gaudium N°28 « Si elle est capable de se réformer et de s’adapter constamment (…) La paroisse n’est pas une structure caduque ; précisément parce qu’elle a une grande plasticité, elle peut prendre des formes très diverses qui demandent la docilité et la créativité missionnaire du pasteur et de la communauté. »
[15] IL 200. « l’acteur principal reste quoi qu’il en soit l’Église particulière, que l’évêque préside et anime avec ses collaborateurs, en favorisant les synergies et en valorisant les bonnes expériences de communion entre tous ceux qui œuvrent pour le bien des jeunes. (…)Du point de vue territorial, la paroisse, Église au milieu des maisons, est le lieu ordinaire de la pastorale, et sa validité a été clairement réaffirmée en notre temps (cf. EG 28). Un jeune affirme dans le QoL que « là où les prêtres sont libres des soucis financiers et organisationnels, ils peuvent se concentrer sur le travail pastoral et sacramentel qui touche la vie des personnes ». Si certaines CE font remarquer la vitalité des paroisses, pour d’autres elles ne semblent plus être un espace adapté pour les jeunes qui se tournent vers d’autres expériences d’Église qui correspondent mieux à leur mobilité, à leurs lieux de vie et à leur recherche spirituelle. »
[16] IL 208. « Le rapport entre événements extraordinaires et vie quotidienne. À la RP, les jeunes se sont demandé comment « faire le lien entre les grands évènements de l’Église et la paroisse» (RP 14). Si les grands événements jouent un rôle important pour beaucoup de jeunes, on a souvent du mal à réinsérer au quotidien l’enthousiasme provenant de la participation à de semblables initiatives qui risquent ainsi de devenir des moments d’évasion et de fuite par rapport à la vie de foi quotidienne. »
[17] Cf IL 203. « Associations et mouvements Beaucoup de jeunes vivent et redécouvrent la foi par l’intermédiaire de l’appartenance convaincue et active à des mouvements et associations qui leur offrent une vie fraternelle intense, des parcours de spiritualité exigeants, des expériences de service, des lieux appropriés pour l’accompagnement et des personnes compétentes pour le discernement. (…): le style communautaire et l’esprit de prière, la mise en valeur de la Parole de Dieu et le service des plus pauvres, l’appartenance joyeuse et la prise en compte du corps et des émotions, l’implication active et l’ardeur pour leur donner des responsabilités sont quelques-uns des éléments clés qui expliquent leur grand succès auprès des jeunes. Certaines CE, bien que reconnaissant la fécondité de tout cela, demandent que le Synode réfléchisse et propose des orientations concrètes pour vaincre la tentation d’autoréférentialité de certains mouvements et associations, parce qu’il est nécessaire de « rendre plus stable la participation de ces groupements à la pastorale d’ensemble de l’Église » (EG 105). Dans cette direction, il serait opportun de mettre en valeur les critères fournis par IE 18. »
[18] IL 146. « L’accompagnement scolaire et universitaire. Pratiquement toutes les CE soulignent l’importance des écoles, universités et institutions de formation en tous genres pour l’accompagnement des jeunes dans leur interrogation quant à leur projet personnel de vie et au service du développement de la société. Dans beaucoup de régions, celles-ci sont le principal sinon l’unique lieu non ouvertement ecclésial où les jeunes entrent en contact avec l’Église. Dans certains cas elles deviennent même une alternative aux paroisses que beaucoup de jeunes ne connaissent pas ni ne fréquentent. »
[19] IL 180 « Une communauté éducative sait se mettre au service, avec un regard prospectif sur la réalité et sait s’en remettre à l’Esprit Saint pour agir de manière prophétique. Là où il y a un patronage, les jeunes générations ne sont pas oubliées et ont un rôle central et actif dans la communauté chrétienne ». Exemple : Accueil fraternel, repas, créations artistiques, pèlerinages, camps, visite des personnes âgées, retraites, maraudes dans les rues auprès de sans-abris, soutien aux migrants, soutien scolaire aux plus jeunes, aide à l’orientation, etc.
[20] IL 32. « la piété populaire demeure une porte d’entrée importante pour la foi des jeunes générations qui trouvent dans la dimension du corps, de l’affectivité, de la musique et du chant des canaux d’expression importants. Conjointement aux autres rencontres nationales, internationales et continentales, la JMJ… »
[21] IL 138 « Un changement monumental d’attitude, d’orientation et de pratique ».
[22] IL 178 La nature familiale de l’Église ; les modèles formatifs de nature spirituelle qui touchent les affects, génèrent des liens et convertissent les cœurs ; l’éducation et l’accompagnement des jeunes générations et des familles elles-mêmes ; la valorisation des célébrations qui manifestent une Église convoquée par Dieu pour être sa famille ; les solides relations dans la communauté ; une maison spirituelle au milieu d’une vie bruyante et affolante ; l’authenticité familiale d’une communauté en mesure d’« adopter » comme ses propres enfants ceux qui sont en difficulté.
[23] IL 21. « Il n’y a pas que l’école : comme l’affirme la RP, « l’identité des jeunes est façonnée par des interactions avec d’autres et par le sentiment d’appartenance à des groupes, des associations et des mouvements dans et en dehors de l’Église. »
[24] IL 105. (les célibataires) « Enfin, certaines CE se demandent quelle est la vocation des personnes qui choisissent de demeurer célibataires (« single ») sans aucune référence à une consécration particulière ni au mariage. Vu leur nombre croissant dans l’Église et dans le monde, il est important que le Synode réfléchisse à cette question. »
[25] IL 183. « L’écoute et le dialogue avec Dieu : journées de retraite, exercices spirituels, moments de coupure par rapport à la routine quotidienne, pèlerinages nationaux et diocésains, expériences partagées de prière. Sanctuaires, centres de spiritualité et maisons d’exercices spirituels ayant une sensibilité à l’accueil et à l’accompagnement des jeunes exercent une grande attractivité dans diverses parties du monde ».
[26] IL 187. « Une CE affirme que les jeunes « ne vont pas à l’Église pour trouver quelque chose qu’ils pourraient obtenir ailleurs, mais cherchent une expérience religieuse authentique et même radicale ». Beaucoup de réponses au questionnaire signalent que les jeunes sont sensibles à la qualité de la liturgie. »
[27] IL 211. « Séminaires et maisons de formation. L’organisation de temps, d’espaces et d’activités dans les maisons de formation devraient rendre possible une vraie expérience de vie commune et fraternelle. »
[28] IL 36, 38 & 39. L’importance de la musique, des autres formes d’expression artistique  et du sport « (N°36) Comme le notent un très grand nombre de CE, la musique est un langage essentiel pour les jeunes : elle constitue l’arrière-fond sonore de leur vie, (N°38) Bien que moins envahissante que la musique, la pratique ou la consommation de beaucoup d’autres formes d’expression artistique revêt un rôle fondamental dans la formation de l’identité personnelle et sociale des jeunes : peinture, sculpture, cinéma, arts visuels, danse, théâtre, photographie, bandes dessinées, graphisme, « web art », écriture, poésie, littérature, etc. (N°39) Les experts estiment que nos sociétés sont désormais « des sociétés du sport », et cela vaut en particulier pour le monde des jeunes. »
[29] IL 176. « Le risque de se renfermer dans une appartenance élitiste qui porte un jugement est une tentation »

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