Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi , par le P. M. Prigent

Marc Prigent, curé de Mazères Ariège, diocèse de Pamiers

En cette année sacerdotale, des prêtres partagent leur façon de vivre et de voir le Carême.
Eclairage et témoignage du père Marc Prigent, curé de Mazères, en Ariège, dans le Diocèse de Pamiers.
Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi ; tu nous as dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage ; écoute l’aveu de notre faiblesse.

Beau programme que cette oraison du 3° dimanche !

Guérir de la blessure de l’être. La relation brouillée, brisée. Par la mise en œuvre de ces conseils bibliques à déployer sous l’impulsion de l’Esprit : jeûne, prière, partage.

D’abord l’aveu de faiblesse, dépendance au confort, à la nourriture, à l’image, à l’agitation. Ce Carême me permet d’expérimenter les fruits du silence et de la sobriété : plus de solitude, moins d’images, d’infos. Repas fraternels, un cierge illuminant la table joliment décorée, partage du Pain comme Essentiel : le pain d’épeautre savoureux et riche arrosé de tisane de fenouil, le pain de la Parole ou d’un enseignement biblique accueilli en silence.

Expérience du manque, vivifiant le Désir au plus profond de l’être. J’y retrouve la source de toute bonté qui peut jaillir, me nourrir, me donner joie, à la méditation de la Parole dans l’Office dégusté, l’Eucharistie si nourrissante, la Catéchèse biblique qui font grandir notre paroisse dans ses membres les plus affamés.

Expérience de beauté, dans la redécouverte d’une musique inspirée, Bach, Farinelli, Tallis, Victoria… La contemplation de la nature généreuse de l’Ariège, des collines enneigées du Lauragais aux sommets pyrénéens. Et tout simplement du jardin du presbytère.

Expérience de combat, où je me retrouve en vérité, poussé par l’Esprit comme Jésus au désert. Cette année j’ai été frappé par l’appel au cœur de la liturgie des Cendres, dans cette traduction rafraîchissante :

« Souviens-toi que tu es poussière… Vers la poussière, retourne-toi ! » (Gn 3)

Faire mémoire ! De la source, de l’Amour Créateur. De qui je suis : fils dans le Fils, en croissance. Marqué par le multiple, les tensions… poussière d’énergies si souvent dispersées, passions et pulsions contradictoires et tyranniques.

« Va vers toi » dit le Seigneur à Abram. « Lève-toi, et rentre chez toi » propose Jésus au paralytique. Chemin de Vie : retournement vers la adamah (1) à défricher, labourer, féconder. Découvrir le trésor dans le champ, intégrer la Terre Promise en moi sous peine de continuer d’exploser en mille fragments épars. Trouver la Paix pour la rayonner en vérité !

Pour le reste, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite (Mt 6).

P. M. Prigent

(1) Le mot « adamah » signifie en hébreu la glèbe, la terre dont nous sommes pétris. On retrouve en français le même lien entre humus et humain, tel adamah et Adam, l’humain (mâle et femelle) du livre de la Genèse.