« Unité du témoignage chrétien dans la diversité des présences » : Interview du P. Michel Mallèvre
Le dernier jour du pèlerinage de Benoît XVI en Terre Sainte, vendredi 15 mai 2009, est marqué par des rencontres avec les chefs religieux orthodoxes et arméniens. Eclairage du Père Michel Mallèvre, o.p., Directeur du Service National pour l’Unité des Chrétiens.
Pourquoi Benoît XVI conclut-il son pèlerinage en rencontrant les autres confessions chrétiennes ?
Chaque voyage du pape a une dimension œcuménique, parce que l’unité des chrétiens est une exigence du message évangélique et que nous avons à donner ensemble un témoignage d’espérance dans un monde traversé par de multiples fractures. Rappeler cette exigence œcuménique est important sur cette terre ensanglantée par tant d’années de conflits armés. D’ailleurs il ne faut pas oublier que sur toutes les questions politiques et humaines de la Terre sainte, il y a eu des prises de position communes de la part des responsables de toutes les confessions chrétiennes : orthodoxes, catholiques latins et orientaux, anglicans et protestants… Le Conseil d’Eglises Chrétiennes en France (CECEF), dans son message du 2 janvier 2009, avait fait référence à la prise de position de ces responsables au moment des événements à Gaza.
Le pape se rend au Saint Sépulcre. Peut-on parler d’un lieu saint œcuménique ?
Du fait du caractère symbolique de Jérusalem et de l’histoire, toutes les confessions chrétiennes y sont présentes et forment une véritable mosaïque, avec les traditions de chacun, les préoccupations des communautés humaines liées à ces traditions chrétiennes. Les affrontements entre membres de ces communautés, que les médias nous montrent périodiquement, sont évidemment affligeants. Mais, comme je l’ai dit, ces incidents ne les empêchent pas de parler d’une même voix sur les conditions de la paix en Israël. La diversité des confessions présentes au Saint Sépulcre ne doit pas être perçue de manière négative : comme partout, cette diversité de traditions chrétiennes doit permettre un enrichissement mutuel. Ce qui est regrettable, ce n’est pas qu’on soit divers mais que l’on ne soit pas en pleine communion.
Benoît XVI rencontrera le patriarche gréco-orthodoxe de Jérusalem puis le patriarche de l’Eglise apostolique arménienne. Quel est le sens de ces rencontres ?
Je pense que le pape a le souci de manifester deux choses : depuis le pèlerinage de Paul VI en 1964, lors duquel il avait rencontré le patriarche de Constantinople, Athenagoras, tout pape éprouve le besoin de donner à ce pèlerinage une dimension œcuménique. La rencontre avec des patriarches a une valeur symbolique car elle nous renvoie au temps où nos Eglises étaient en pleine communion. La deuxième chose, c’est que dans les situations tragiques qui sont vécues, il y a une hémorragie des communautés chrétiennes qui fuient. Il est donc important de souligner la solidarité de l’ensemble des chrétiens catholiques avec ces chrétiens du Proche Orient, qu’ils soient catholiques ou d’une autre tradition. Les communautés gréco-orthodoxes et arméniennes sont emblématiques, même si elles ne sont pas les seules. Face au monde qui regarde les événements, et en dialogue avec l’Islam et le judaïsme qui sont évidemment présents, sera manifestée l’unité du témoignage chrétien, dans la diversité des présences. Le pape conclut avec ces rencontres. C’est sans doute un signe.