Lettre de Mgr Lebrun aux curés, aux équipes d’animation, pastorale, à tous les prêtres et diacres, et aux responsables de service

Lebrun Dominique - Saint-Etienne

Chers amis,

Depuis quelques jours, la question des lefebvristes revient sur le devant de la scène.
D’une certaine mesure et paradoxalement, elle est venue troubler la fin de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.
Et, pourtant, l’unité de l’Eglise est bien en jeu. L’un d’entre vous m’a fait remarquer qu’il s’agissait des derniers dont nous sommes séparés … est-ce si anormal de faire un geste au moment où tous nous avons prié avec plus de ferveur pour l’unité ?

A vrai dire, je regrette qu’un communiqué officiel n’ait pas pris soin d’ajouter l’engagement complet de l’autorité suprême de notre Eglise dans la poursuite du chemin marqué par le Concile Vatican II, en particulier en matière d’oecuménisme et de dialogue inter-religieux. Je suis certain que telle est bien l’intention de notre Pape, Benoît XVI. C’est la mienne.

Sur les faits eux-mêmes, je me permets d’apporter quelques précisions pour aider à la compréhension. Dans un partage d’Evangile, vendredi dernier, l’un d’entre nous rappelait un conseil de St Ignace de Loyola, en substance : quand une phrase te gêne, essaie de la comprendre avant de la condamner. Je m’y emploie :

1. L’excommunication a été prononcée en 1988 en application du droit qui la prévoit en cas d’ordination d’évêque sans le consentement du Pape. La levée de l’excommunication n’est rien d’autre que la fin de la peine pour cette faute. Elle ne dit pas que la faute n’a pas existé. Elle ne dit pas que l’autorité est d’accord avec les convictions ou les propos des condamnés. Simplement, elle remet la peine encourue et vécue pendant 20 ans pour la faute en question. Ceux qui ont des amis condamnés par la justice savent ce que cela veut dire qu’une libération anticipée ou une remise de peine. Elle permet souvent aux intéressés de revivre et d’avoir un autre regard.

2. Les évêques et leurs fidèles sont, me semble-t-il, revenus à la situation antérieure à celle des ordinations illégitimes, c’est-à-dire suspens. Cela est confirmé par le fait que le décret parle d’un « pas » vers la pleine communion. Celle-ci n’est malheureusement pas acquise. Le même décret du préfet de la Congrégation des évêques dit qu’il permettra, espère-t-on, un dialogue plus stable pour aller vers une complète réconciliation avec la fraternité Saint-Pie X.

3. Cet acte du Pape est un acte de gouvernement ordinaire avec lequel nous pouvons ne pas être en accord. Personnellement, je m’interroge sur le fait qu’il soit intervenu après des déclarations de l’un des évêques tout à fait inacceptables. Cependant, il requiert un accueil dans la foi, l’espérance et la charité pour un vrai discernement. Dans cet esprit, je voudrais qu’un geste juste soit posé en direction de la communauté de la fraternité Saint-Pie X qui est sur notre diocèse. J’en parlerai avec l’équipe épiscopale et avec la paroisse Saint-Martin en Ondaine.

Vous avez sans doute déjà lu les commentaires des cardinaux André Vingt-Trois et Jean-Pierre Ricard (voir le site de la conférence des évêques). Ils peuvent nous aider. Le second dit justement : « La levée de l’excommunication n’est pas une fin mais le début d’un processus de dialogue. Elle ne règle pas deux questions fondamentales : la structure juridique de la Fraternité Saint Pie X dans l’Eglise et un accord sur les questions dogmatiques et ecclésiologiques. »

En soulignant que « le ministère du Pape ne se réduit pas à s’occuper de la fraternité Saint-Pie X », l’archevêque de Paris nous encourage à l’imiter ! Pour ma part, je m’apprête à rencontrer cette semaine l’équipe diocésaine de funérailles, le groupe de concertation des ALP, les évêques de la Province, le conseil du diaconat, et à célébrer samedi et dimanche prochain une confirmation, la fête de la lumière avec Foi et lumière, et la vocation des consacrés …

Bonne mission à tous,
Avec amitié et, je l’espère, dans l’action de grâce pour nos pas vers l’unité.

Mgr Dominique Lebrun
Evêque de Saint-Etienne
Le 25 janvier 2009
50 ans après l’annonce de l’ouverture du Concile Vatican II
Fête de la conversion de saint Paul

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